healing doesn't mean the damage never existed. - (kami)

Lorsque tu lui demandes si tout le monde dans son entourage se porte bien, il te retourne la réponse. T’es contente de savoir qu’à priori ses proches sont sains et saufs ; toi, t’es pas une fille très entourée, t’as peu d’amis et parmi eux, aucun n’était visiblement de la partie. « Non, personne n’y était… peut-être un mauvais pressentiment, qui sait. » T’hausses les épaules, t’en sais rien en fait. Tu te dis surtout que parmi eux, personne ne devait être particulièrement intéressé par le speech du nouveau maire et tu les comprends assez. Tu ne peux t’empêches de sourire lorsqu’il te dit qu’au moins le café est bon, ici. T’es plutôt d’accord avec lui mais… « Si seulement les repas l’étaient aussi, ce serait parfait. » lui réponds-tu. Pas particulièrement difficile comme fille, t’es malgré tout pas éblouie par les repas de cet hôpital ; disons que t’as connu mieux. « Tu sais combien de temps tu vas rester ici ? » que tu lui demandes, sait-on jamais que vous vous tombiez encore dessus à la cafétéria… par pur hasard ou volontairement d’ailleurs.

Tant mieux pour toi, ça me rassure que tu n'aies aucun proches qui n'ont été touché par ces attentats, pour ma part, je n'ai aucune nouvelles d'amis mal en point. La seule personne dont je n'ai aucune nouvelle, c'est Iris, mais il me semble qu'elle n'ait rien eu, c'est le pressentiment que j'ai. Sauf que, je ne veux plus rien avoir à faire avec elle, ça ne m'intéresse pas. Je te dis qu'ici, au moins, le café est plutôt bon, mais tu rétorques que les repas ne le sont pas pour autant. Un hôpital avec de la bonne nourriture, ce ne serait pas un hôpital, je pense. Je ris légèrement, grimace encore en sentant mon ventre se contracter et m'élancer dans la douleur. Non... Je pense que je vais pouvoir partir bientôt, vu que l'opération s'est bien passée et pour désencombrer l'hôpital, et toi ? On est vraiment beaucoup, ils ne doivent pas voir la capacité pour nous garder, c'est bien normal, il y a des cas bien plus graves que moi.

C’est sûr qu’un hôpital avec de la bonne nourriture, c’est rare. Mais ça existe, ou du moins avec de la nourriture un minimum goûtue et agréable à avaler. Lorsqu’il se met à rire, tu grimaces en constatant qu’encore une fois, il souffre de ses blessures. Tu te sentirais presque coupable de le voir affronter sa douleur pour une simple discussion avec toi, tu sais pas si ça en vaut la peine. « Je devrais sortir demain, après-demain au plus tard selon les médecins… j’ai hâte de retourner chez moi en tout cas. » lui réponds-tu en souriant avant de vider la tasse qui te fait face. « J’espère qu’on aura l’occasion de se revoir dans de meilleures circonstances ? » que tu lui demandes finalement. Il t’a l’air sympa Kale, alors t’apprécierais autant de le revoir et de pouvoir réellement faire connaissance, dans un meilleur état, plus présentable pour ta part et moins élancé par ses douleurs de son côté.

Ce n'est pas un hôpital s'il y a de la bonne nourriture pour moi, plus une clinique privée, bien côté. Je me souviens qu'au début de la saison sportive des Patriots, on m'a amené dans la clinique du club et j'ai halluciné tant les repas étaient luxueux comparé au Massachussetts General Hospital. Rien à voir. Je t'avoue ne pas savoir combien de temps je vais rester dans cet hôpital, mais je me doute qu'ils vont me faire partir le plus vite possible avec le nombre de victimes qu'il y a eu en si peu de temps. Même presque sûr qu'il y a des victimes dans d'autres hôpitaux plus proches. Tu m'étonnes, on est dans le même cas... Être dans mon lit, sous ma couette, c'est mieux que de rester ici et attendre que les journées passent. Je finis mon café, souris légèrement quand tu m'avoues espérer me revoir dans d'autre circonstances qu'à l'hôpital. Oui... J'imagine qu'on sera souvent disponibles dans les prochains jours, tu n'auras qu'à m'envoyer un SMS quand tu voudras me voir... De préférence, pas dehors, je pense pas que je supporterai de sortir avec ce qu'il s'est passé pour le moment.

Bientôt. Tu comptes les jours jusqu’à ta sortie de cet hôpital, tu trouves l’ambiance trop glauque quand bien même ça paraît logique. Tu préfères de loin rester chez toi, auprès de ton colocataire, en espérant qu’il soit suffisamment disponible pour pouvoir t’aider parce que t’es pas certaine de pouvoir te débrouiller toute seule avec cette fichue cheville plâtrée. Tu souris lorsqu’il te dit que lui aussi a hâte de retourner chez lui, vous devez être dans le même cas qu’à peu près tous les patients ici de toute façon. Pour autant, t’espères avoir l’occasion de revoir Kale dans d’autres circonstances et il te répond positivement. Tant mieux. « J’y penserai… à condition de trouver quelqu’un pour m’aider à venir te voir, je vais tâcher de trouver une âme charitable. » lui réponds-tu en lui adressant un sourire sincère. A voir si Moses sera à même de t’aider mais t’en es pas certaine.

De toute façon, j'ai juste reçu une balle dans l'abdomen, alors je me doutes bien qu'il y a eu pire ici. Entre ceux ayant perdu un bras ou une jambe, ceux ayant reçu plus d'une balle dans le corps, ceux qui sont réellement traumatisés et amenés en psychiatrie... Je dois m'estimer heureux d'être encore en vie, je le sais et surtout de n'avoir aucune séquelle et de pouvoir encore jouer au football. Ma vie serait fichue si ça n'avait pas été le cas... On parle déjà de se revoir, je te propose de m'envoyer un SMS quand tu en aura l'envies. Ou... je peux t'envoyer un Uber, tu sais. Ou, me déplacer moi. Toujours la solution à tout, tu l'apprendras bientôt. Je suis content qu'on se voit quand même, je me suis inquiété après tout ça.. Mais genre, vraiment.

Tu sais que plein de possibilités s’offrent à toi pour retrouver Kale une fois sortis d’ici, des taxis, Uber, peu importe. Mais t’aimerais autant que quelqu’un soit capable de t’aider à sortir de chez toi avec ces pauvres béquilles qui risquent de te suivre encore un petit moment. T’es pas habituée, toi, c’est bien la première fois que tu peux pas marcher par toi-même et tu vas probablement mettre un temps à t’y habituer. Peut-être même jusqu’à ce que t’en aies plus. Sa proposition t’arrache un sourire, presque timide. T’envoyer un Uber, se déplacer lui-même ? « Galant, en plus de ça. Je verrai avec mon colocataire et, si vraiment, je t’appellerai au secours. » t’amuses-tu. « C’est gentil, mais t’aurais pas dû t’inquiéter… ils avaient pas encore envie de me supporter là-haut. » Tu préfères en rire, tu supposes qu’il vaut mieux. Vous êtes là, en vie ; d’autres n’ont pas eu la même chance alors tu supposes qu’il vaut mieux aller de l’avant, quand bien même ça te désole au fond.

Je ne peux que m'en vouloir, je me sens coupable auprès de toi ou mes autres amis que j'ai entraîné dans ce bar. Si je ne l'avais pas fait, vous n'en serez pas là... Malheureusement, c'est arrivé. Et, je suis tellement triste de te voir dans cet état là, d'apprendre que d'autres proches sont bien amochés également. C'est mon deuxième prénom. Je te fais un petit clin d’œil, avant que tu me dises que le paradis n'est pas prêt à te voir encore. C'est parce qu'ils ont voulu que tu me vois avant, c'est pour ça. A croire que je vais te supporter. Je te regarde et te tire la langue, même pas une heure qu'on parle, on va commencer déjà à se taquiner. Harvard du coup ? Tu étudies quoi ? Changement radical de conversation, mais on peut déjà profiter de cette occasion pour apprendre à mieux se connaître non ?

Malgré tout ça, malgré cette ambiance glauque, malgré les malheurs, t’arrives encore à trouver une petite lueur d’espoir, celle qui te fait sourire malgré tout. Et t’es heureuse de voir que t’es pas la seule, que Kale aussi arrive à passer outre. Tu sais que bien d’autres ont du mal à le faire et tu ne peux que les comprendre. « Je vais t’appeler galant à partir de maintenant dans ce cas. » Tu rebondis toujours. T’as pas envie que la conversation s’arrête là, t’as pas envie de retrouver ta chambre d’hôpital tout de suite. T’es bien, avec lui, ça te change les idées. « Hm, bon courage dans ce cas, j’espère que t’as les nerfs bien accrochés parce que j’en ai peut-être pas l’air, là… mais faut se coltiner la Stormi. » que tu t’amuses en lui adressant un franc sourire. L’instant d’après, il change de sujet pour te demander ce que tu fais dans la vie. T’hoches la tête pour confirmer que t’es bien étudiante à Harvard. « Oui. Sixième année de médecine vétérinaire, je commence à en voir le bout. Et toi, sportif professionnel pas vrai ? » T’es pas très axée sur le sport, de nature. T’es plutôt du genre à profiter des espaces verts de bons bouquins, à aller boire un verre entre amis, trop loin des écrans par moment.