(reach) you'll be fine

A peine avais-je raccroché avec lui que j'avais couru jusque ma voiture pour m'engouffrer côté conducteur, et mettre le contact. Ryu-Jin avait un problème, et si j'étais pas tout à fait sûre de la nature du problème, je savais qu'il était blessé, et en mesure de passer un coup de fil. Sur le moment, je médite pas tellement à la dangerosité de la situation. Trop spontanée ? Sans doute. Peut-être qu'un jour ça me fera défaut, mais dans l'immédiat, je m'en inquiète pas tellement. Mon téléphone en haut parleur, je parvenais à joindre les urgences après une attente interminable, pour signaler un blessé, tout en donnant l'adresse que le coréen m'a transmise. L'état du blessé ? « J'en sais rien moi, j'suis en chemin pour le rejoindre ! » Et je pense qu'à ma voix qui grimpe dans les aigus, ils peuvent deviner sans peine qu'il vaut mieux pas me poser trop de questions, parce que j'ai du mal à gérer la pression. Quand je raccroche avec eux, je ne suis plus qu'à quelques minutes de l'adresse qu'il m'a donnée. Une ruelle ? J'peux définitivement pas rentrer là avec ma voiture, alors je me gare au bout, dans une artère principale, et j'active mes feux de détresse pour que les secours sachent mieux me repérer. Il fait beaucoup trop froid. Je souffle dans mes mains et je les frotte l'une contre l'autre, tout en m'avançant à tatillons. « Ryu ? » J'le vois pas, il fait noir, et y a cette silhouette par terre, qui se tient la jambe. J'approche encore un peu, avant de discerner ses traits. « Oh putain ! » Il est blessé. J'vois du sang par terre, trop de sang pour qu'il se soit juste éraflé ou que sais-je. Sans réfléchir plus longtemps, je m'agenouille devant lui pour retirer l'écharpe autour de mon cou que j'ai récupéré dans ma voiture, et l'enrouler autour de la blessure pour effectuer une meilleure pression. « Je croyais que tu voulais un lieu public, pour notre premier rendez vous.. » que j'essaie de dire pour ironiser la situation, et surtout pour éviter qu'il tourne de l'oeil. Il est beaucoup trop pâle. Sans doute le choc de la blessure. « Les secours arrivent, tiens bon. »

T’es pas à l’article de la mort non plus, mais à l’entendre, elle doit sûrement s’imaginer le pire. Tu sais pas quoi dire pour pas l’inquiéter trop, t’as même pas le temps d’y réfléchir que t’entends le tututu significatif de la fin de conversation. Elle a raccroché et tu te retrouves à nouveau seul. Tu tiens compte de ce qu’elle a dit, mais tu ne vas pas néanmoins cherché à faire la conversation avec un mur ou plutôt l’une des poubelles, car c’est ce qui est le plus proche de toi. Gémissant toujours de douleurs, t’as l’impression que les secondes qui s’écoulent sont aussi longue que des heures à cause de cette douleur qui te lacère le pieds. Un petit bout de métal peut réellement faire très très mal. Tu l’aurais pas imaginé, tout comme t’aurais jamais eu l’idée de te dire qu’un jour, t’allais te faire tirer dessus de la sorte.

Tu traines sur ce sol sale alors qu’elle arrive finalement, comme un ange tomber du ciel, elle vole à ton secour. Les rôles des célèbres comédies sont inversé, c’est elle le preux chevalier et toi la princesse en détresse. Tu pourrais en rire, ou plutôt tu en riras plus tard, tu lui feras probablement la remarque. Pour l’heure, tu te crampones à ta jambe et continue de serrer les dents. Tu relèves néanmoins le regard sur elle alors qu’elle se permet une petite remarque. T’affiches un sourire, mais cela finit par une crispation de douleur. Ton corps arrive pas à s’habituer à cette douleur. Elle est pas naturelle, elle est trop vive. “Merci.” C’est tout ce que t’arrive à dire alors que tu voudrais dire tellement plus. Merci d’être venue, merci de me secourir, merci pour ton écharpe. Ou tu pourrais aussi bien lui faire un compliment sur le fait qu’elle est très belle, qu’elle te plait, que tu es ravi de la voir pour la première fois… Tout comme tu pourrais lui souffler que t’aurais réellement aimé une autre première rencontre, moins sanglante, bien plus appréciable, limite un peu plus romantique. Après tout, t’as quand même pour but de la faire craquer pour toi pour lui montrer qu’elle peut ressentir de l’amour et s’attacher. Un jeu dangereux dans lequel tu pourrais toi aussi perdre quelque plumes… Mais t’en peux rien, t’aimes passer du temps du temps à lui parler.

Sans réellement réfléchir, tu tends ta main libre et légèrement maculée de sang vers elle, ton cellulaire reposant sur le sol crasseux, tu cherches à caresser son visage, comme pour tenter de te persuader que ton esprit ne te joue pas des tours. Tu veux esquisser une caresse sur sa joue, douce, mais fuyante.

Y a trop de sang, et même si j'arrive pas à distinguer exactement ce qui s'est passé avec son pied, c'est sans trop réfléchir que j'enroule mon écharpe autour, faisant un noeud pour effectuer une pression sur la plaie probable. Et surtout, surtout, j'espère que les urgences vont se dépêcher, parce que sinon je vais lui faire un malaise et il a pas forcément besoin de ça. Lèvres pincées, je secoue frénétiquement la tête de gauche à droite quand il me remercie. Y a pas de quoi dire merci, c'est normal, j'dis pas que je l'aurai fait pour le premier venu puisque un inconnu, j'me serai probablement barré en courant - et appelé les urgences parce que j'suis une fille correcte m'voyez - mais pour lui, c'était normal. Naturel. « Qui t'a fait ça ? » Comment il a atterri ici ? J'ai trop de questions à poser, et une boule au ventre dont j'arrive pas à me débarrasser. « Faut appeler la police aussi, on verra ça l'hôpit... » Mais je me fige, coupant ma phrase en plein élan alors que Ryu tend la main dans ma direction. Je fronce les sourcils, soucieuse, mais malgré tout, j'esquisse un bref sourire quand sa main passe sur ma joue dans une caresse légère. Ca fait bizarre. Quand bien même les circonstances ne sont pas les meilleures... j'suis contente de le revoir. Je prend sa main entre les miennes, quand les sirènes des secours se font entendre au bout de la rue. « Je pense qu'ils seront plus qualifiés que moi pour s'occuper de ... ça. » sur ces mots, je baisse les yeux vers son pied, avant de relever les yeux vers lui. « Tu.. veux que j'appelle quelqu'un de ta famille ? » Sa soeur, peut-être ? Il m'en a parlé par sms. Et j'me doute que si c'est moi qu'il a appelé, c'est probablement parce que je devais être dans ses derniers contacts ou une bêtise du genre. Le personnel médical arrive finalement, pour venir prendre soin de lui et regarder sa blessure, alors que je reste en retrait, bras croisés. Cet éternel regard soucieux alors que je le quitte pas des yeux.

Tu l’as coupe dans son élan alors qu’elle te pose trop de questions, qu’elle réfléchit trop alors que toi, tu peines à pas subir juste la douleur, t’essaie de penser à autre chose, à elle, tu te concentres sur son visage, parce qu’au final, c’est la première fois que tu le vois et t’essaie de fouiller dans tes souvenirs, voir si tu l’as déjà croisé avant, si tu l’avais remarqué dans le métro. Mais sans réel résultat. Tes pensées sont bien trop perturbée par la douleur qui ne cesse de te rappeler que t’es blessés. Tu piges pas comment ils font dans les films pour marché avec une balle dans le pieds ou dans la jambe. T’es peut-être un douillet au final. Enfin, t’as jamais prétendu être comme Rambo non plus, mais t’as l’impression d’être trop fragile, de pas supporter la douleur comparé à ce qu’on voit dans les films et ce que tu peux avoir entendu ou lu comme récit de héros de guerre. Sur un champs de bataille, tu ferais pas long feu… Ou bien t’es cloué au sol parce que justement tu sais que tu vas t’en tirer, tu sais pas trop dans quel état, mais t’espères que tu pourras encore danser ensuite. C’est l’une de tes passions, enfin, dans le pire des cas, il te restera la musique, mais ça sera pas la même chose…

T’apprécie la chaleur de ses mains autour de la tienne alors qu’elle vient d’accepter que tu lui touches le visage, détaillant ainsi du doigts la courbe de son menton. T’espères qu’elle va rester et pas partir après, quand tu auras été pris en charge par les ambulanciers qui arrivent juste après qu’elle t’ai demandé si tu voulais qu’elle prévienne quelqu’un. Elle a accès à ton téléphone vu qu’il est toujours à côté de vous, sur le sol, t’as pas la tête à le ramasser. T’es juste mal et t’as pas envie de voir l’inquiétude que tu peux lire sur le visage de la jeune femme venir sur celui de ta frangine, tu lui fais ainsi un signe négatif de la tête. Juste elle au courant, cela ira très bien. Tes parents le sauront plus tard quand ils devront payer la facture et t’espères que d’ici là, t’auras plus rien au pieds.

Ils sont maintenant autour de moi et regarde mon pieds, elle se retrouve éloigné de toi, mais tu ne la quittes pas des yeux, tu te concentres sur elle et pas sur le charabia que les médecins disent pour faire les premiers soins. Une plaie par balle dans le pieds, c’est pas mortel, mais c’est pas rien, ils te mettent alors sur le brancard pour te conduire jusque dans l’ambulance qui te mènera à l'hôpital. Tu sais pas si elle y sera, si elle va suivre alors que t’es un pauvre mec pas capable de te montrer fort face à une blessure par balle minime…

J'en ai déjà vu des vertes et des pas mûres quand Hardin ou Zayn cherchaient la bagarre dans les bars, mais ça avait jamais été jusque là. Alors ouais, je sais pas forcément comment agir. Mais il a l'air apaisé par la chaleur de mes mains autour de la sienne, qui est beaucoup trop froide. Depuis combien de temps il est dans c'te rue ? Pour quelle raison est-ce qu'il était là ? Je gardais une nouvelle fois mes questions pour moi, me contentant de lui demander s'il voulait que j'appelle sa soeur. Mais non. Je hoche simplement la tête de haut en bas avec une moue, avant de le relâcher, le temps que les secours s'occupent de son pied.. Quand les secours se tournent vers moi pour me poser des questions, je me contente de secouer la tête. « J'en sais pas plus que vous. » Puis évidemment, ils demandent la nature de notre lien, et mon regard pivote en direction de Ryu, avec une hésitation. « C'est mon... petit ami. » Sérieux ou pas sérieux, ça restait le cas, et au minimum, j'pouvais dire sans crainte qu'il faisait partie de mes bonnes connaissances maintenant. Et pourtant c'est rare que j'estime qui que ce soit. Alors qu'ils commencent à l'entraîner vers l'ambulance, on me demande si je veux monter. Je montre rapidement ma voiture au bout de la rue. « Je vais vous suivre. » Te suivre, Ryu. Parce que j'rentre pas chez moi tant que je suis pas sûre que tout va bien.

Arrivés à l'hôpital, j'attends un moment jusqu'à ce qu'on m'autorise à aller le voir. Il venait d'être soigné et installé dans une chambre pour se reposer. La police viendrait le lendemain matin pour déterminer pourquoi le jeune homme avait terminé avec une balle dans le pied en plein Boston. J'écoutais qu'à moitié, ne retenant que le numéro de la chambre avant de me rendre jusque là bas. Quelques coups à la porte, et j'entrais pour le voir, assis, le pied lourdement bandé. « Ouch. » dis-je en m'approchant avec précaution, jusqu'à m'asseoir sur la chaise à ses côtés. « Comment tu vas ? »

T’es largement dans les vapes quand tu passes sur la table d’opération pour qu’ils te retirent la balle. T’as d’ailleurs pas trop suivi ce qu’il s’est passé à partir du moment où ils t’ont mit sous anti-douleur. Le soulagement et l’aide pour ne plus sentir la douleur ayant fait un effet assez fort sur ton esprit qui se relaxe enfin. Ton corps ne se crispant plus sous la douleur, t’avais juste réussi à faire un sourire à la belle sans comprendre réellement qu’elle allait vous suivre, qu’elle t'attendrait ensuite.

Il te faut d’ailleurs un moment pour recouvrer tes esprits, pas une anesthésie générale, mais probablement une trop grosse dose de Morphine. Faut dire, ton corps est pas habitué à toute ses merdes. Tu te pensais du genre costaud, mais là, t’es forcé de réaliser que c’est pas le cas…

Tu lui adresse un sourire alors qu’elle est maintenant à côté de toi, t’as clairement perdu la notion du temps depuis que tu t’es fait tirer dessus. Ça fait combien de temps d’ailleurs ? T’en sais rien. Tu l’observes en silence, préférant rivé ton regard sur elle que sur ton pieds. T’oses pas poser les yeux dessus, t’as peur de voir les bandages et t’as encore plus peur de ce que les médecins te diront ensuite, quand ils viendront t’annoncer le diagnostic. T’es pas sûr que c’est pour tout de suite non plus, peut-être demain matin.

Elle te demande comment tu vas et tu prends quelque secondes pour répondre, rassembler tes idées, mais surtout, trouver quelque chose de pas trop sinistre à cause de ta blessure et de tes craintes de plus pouvoir danser. Parce que ça, maintenant tu le réalises plus que bien… T’aurais réellement dû faire plus attention à ton corps. Si t’avais obéi à ce type, pour sur qu’il ne t’aurait pas tiré dessus. Ton téléphone et ton porte-feuille, c’était pas grand chose, surtout que t’as l’argent pour en racheter, mais non… T’as été plus que stupide sur le coup.

“Je te vois enfin, alors ça ne peut qu’aller.” Phrase cliché, du mec totalement in love, mais c’est pas le cas, c’est un moyen de fuir ton état réel.”Et toi?” Par politesse, mais surtout tu espères qu’elle t’en veut pas de l’avoir appelé elle, c’est un moyen de le savoir que de lui retourner la question… Après tout, elle a toujours été assez franche jusque là, donc t’imagine qu’elle le sera encore.

Il est pas loin d'une heure du matin, et j'suis soulagée de me dire que demain, c'est le week end. Trop d'émotions en un soir pour moi, et j'sais déjà que demain, ça sera grasse matinée et gros dodo en perspective. Assise sur le siège à ses côtés, jambes croisées, lèvres pincées, je secoue la tête en laissant échapper un léger rire à ses propos. Je roule des yeux au ciel, avant de répondre : « Tu sais, t'étais pas obligé d'aller aussi loin pour me voir, il suffisait de demander. » Evidemment, je le taquine, jusqu'à ce qu'il me retourne la question. Je hausse une épaule. C'est pas moi qui ai pris une balle dans le pied. « Ca va. Un peu surprise de cet appel surprise, mais au moins tu vas bien. » Et c'est le principal. Je m'étais fait tous les scénarios possibles et imaginables après son appel, et heureusement, il n'avait pas été blessé ailleurs qu'à son pied. « Qu'est-ce qui s'est passé Ryu... ? » Quelqu'un t'a attaqué ? T'as des ennuis ? Après tout, je sais pas grand chose de lui, et j'crois que pour la première fois, ça me frustre un peu. Puis finalement, je me tortille pour fouiller dans la poche de mon jean. « Au fait, je t'ai récupéré ça. » Je lui tend son téléphone, que j'ai légèrement nettoyé parce qu'il était plein de sang. D'ailleurs, après ça, je me suis lavé les mains peut-être quatre ou cinq fois. « Je me suis dit que ça te serait plus utile qu'au sol. » Et je fais un nouveau sourire, léger, pour tenter de détendre l'atmosphère comme je le peux. Il a l'air épuisé. Probablement que l'opération a pas aidé, faut dire. Je jette un oeil à l'heure, avant de pincer à nouveau les lèvres d'un air contrit. « Tu veux sans doute te reposer. » Je devrais peut-être y aller ? J'en sais rien. En fait, j'avais prévu de le rencontrer au milieu de je ne sais quel bar, bien habillée bien maquillée, un air malin sur les lèvres comme à mon habitude avec un homme ou une femme, sauf que là, j'arrive pas à me détacher de ce regard contrarié. Qui est le connard qui lui a tiré dessus comme ça ? On est à Boston merde, pas à New York.

Tu restes centré sur elle, sur votre conversation alors que t’es quand même dans un état légèrement vaseux à cause des anti-douleurs dans ta perfusion. Tu l’observes, détaille son visage, sa façon de se tenir, ce qu’elle est dans son entièreté alors que jusqu’à présent tu n’avais eu droit qu’à des bribes de son physique. T’as d’ailleurs encore un peu de mal à réaliser qu’elle se tient réellement là à tes côtés. “C’était pour te faciliter la tâche si jamais t’étais réellement une tueuse en série.” Tu sourit doucement avant de chercher à te redresser un peu plus dans ton lit, jouant un peu avec l’oreiller pour être mon à plat. Le tout en évitant toujours de regarder vers ton pieds…

Elle te signale alors qu’elle va bien et tu baisses un peu le regard, affichant un léger sourire triste à ses mots. Un appel surprise que t’aurais aimé ne pas avoir à passer, pas dans de telle condition en tout cas et elle vient d’ailleurs te questionner pour en savoir un peu plus sur les évènements qui se sont déroulé pour toi ce soir… Tu sais même pas comment expliquer ce qu’il sait passé. Tu piges pas toi-même, t’as filé rendez-vous à Ezechiel et c’est un autre type qui est venu, mais qui le connaît visiblement pas… Un larbin de celui-ci qui le connaît sous un autre nom ou bien… Tu sais pas… “Une tentative de vol.” Lances-tu alors simplement, pour tenter de résumer, parce qu’au final, ce mec avait tenté de prendre ton téléphone et ton porte-feuille, mais comment pourrait-elle te croire alors que les deux sont toujours en ta possession. Parce que c’est une tentative et pas un vol, c’est là la différence, mais toi-même t’as du mal à y croire, parce que tu sais pas ce qu’il s’est réellement passé. Tu sais pas comment t’en es arrivé là… Et tant que t’as pas les idées un peu plus clair sur ça, tu peux pas réellement dire à Bleach ce qu’il s’est passé outre ça…

Tu regardes alors ton téléphone qu’elle te rend et le pose sans plus sur la tablette à côté de ton lit. T’en as pas réellement besoin, bien que t’aurais pu prendre la peine de regarder l’heure. Elle t’invite alors à te reposer et tu la regardes un instant, sans savoir si c’est pas plutôt son désir à elle. “Je…” T’es fatigué, c’est vrai, mais en même temps, t’as pas spécialement envie de la voir partir si vite alors qu’enfin tu la vois devant toi et ce même si t’es pas à ton meilleur jour. Faut dire qu’il y a bien plus classe comme vêtement que cette robe d'hôpital. T’es pas vraiment à ton avantage… “Merci d’avoir répondu Bleach…” Tu sais pas trop ce que tu peux lui dire en réalité. Lui demander de rester ? De squatter ton lit d’hôpital avec toi parce que t’as pas envie d’être seul et de penser à l’état de ton pied ?

Tu déglutis alors, te retenant de jouer trop franc jeu sur tout ça, parce que t’as déjà eu l’air assez pitoyable aujourd’hui et ça ne t’étonnerait même pas qu’elle disparaisse ensuite, coupant les contacts et si cela venait à se faire, tu ne lui courrais pas après. C’était un jeu et là, c’est devenu un peu trop compliqué pour être amusant...

Et malgré la situation chaotique, j'arrive à faire un sourire en coin, léger, infime. Une main que je laisse glisser dans mes mèches blondes, et je hausse les épaules. « Pas de chance, il semblerait que j'en sois pas une. » Suffisait de voir ma réaction devant son pied en sang, si j'avais été une meurtrière, j'aurai tourné de l'oeil avant d'avoir le temps d'achever mes victimes. Il tente de se redresser un peu, et je grimace en tournant rapidement les yeux vers son pied. Il devrait pas rester allongé ? J'en sais rien, j'regarde pas les séries médicales, et si pour réparer un violoncelle, je m'en tire, tout ce qui concerne le corps humain... disons que c'est pas dans le médical que mes connaissances se regroupent. Et je l'interroge, parce qu'au fond, j'me demande s'il est vraiment en sécurité. Pourquoi lui tirer dans le pied ? Un règlement de comptes ? Une menace ? Ryu finit par prendre la parole, pour évoquer une tentative de vol. Et moi, je fronce les sourcils, avant de lui tendre son téléphone. « Eh bien au moins... il aura raté sur ce point. » Par contre, ton pied, il l'a pas raté. Je soupire, avant de lui tendre son téléphone qu'il prend sans trop y faire attention, le déposant à ses côtés. Il a l'air... vidé. Et sur le coup, j'me dis que je suis peut-être invasive. Qu'il est tard, et qu'avec mon besoin d'être sûre qu'il allait bien, je l'empêche probablement de dormir. J'suis crevée, moi aussi. Mais sur le coup... j'ai pas tellement la foi de partir. Il commence à prendre la parole, pour finalement suspendre sa phrase, et je penche la tête sur le côté, regard vert braqué sur lui, attendant qu'il reprenne la parole. Un merci, encore. Mes lèvres s'agrandissent, alors que je tend une main pour surplomber la sienne. Réflexe tactile. « C'est normal. J'me demandais quand t'allais appeler. Je suppose que le karma a voulu se foutre de moi. » Parce que clairement, si j'attendais un sms ou un coup de fil, c'était pas vraiment de ce genre là.

Puis finalement, je décolle ma main de la sienne en fronçant le nez. J'ai l'habitude d'être tactile de deux façons différente : y a le côté doux avec Hardin - et parfois dans de rares cas où on se chamaille pas, avec Zayn - et y a le côté joueur, provocateur. Avec Ryu, j'ai l'impression d'être dans un entre-deux, et j'sais pas encore tellement comment appréhender tout ça. Finalement, avec un léger sourire, je me redresse et j'attrape ma veste que je remet sur mes épaules, et tourne le dos au coréen pour me diriger vers la sortie de sa chambre. Du moins, jusqu'à ce que je m'arrête à mi-chemin pour me tourner vers lui. Je passe rapidement ma langue entre mes lèvres, avant de demander « T'as mangé ? » C'est peut-être balancé avec un peu trop de spontanéité, Bleach. Mes dents martyrisant ma lèvre inférieure, je propose alors plus simplement : « Si tu veux... je peux te monter quelque chose à boire ou à manger avant de partir. » Je dis ça, je dis rien.

”Tu espérais un appel ?” Tu restes un peu surpris parce qu’elle vient de dire et ce malgré ton état actuel.Tu ne la quittes pas des yeux, cherchant à comprendre. Si elle avait envie d’entendre ta voix, elle pouvait t’appeler d’elle-même, faire le premier pas et pas toujours attendre que toi tu le fasses. Après tout, tu ne la connais pas encore assez pour pouvoir prétendre deviner le minimum de ses envies.

Elle s’écarte de toi, retirant sa main, ce petit contact que pourtant tu appréciais et t’as bien envie de la retenir. T’es pas assez rapide, elle s’éloigne, se rhabille pour partir. T’as vraiment pas envie d’être seul là, mais t’as pas envie de l’ennuyer plus. Peux-tu réellement te montrer égoiste avec elle ? N’en a-t-elle pas déjà trop fait ? Pourquoi, d’ailleurs, te soucies-tu autant du regard qu’elle peut avoir sur toi ? T’es pas amoureux, c’est une connaissance, une fille que tu commences seulement à bien estimer et avec qui tu t’amuses.

Tu l’observes alors qu’elle se tient maintenant dans l’encadrement de la porte, te proposant de te ramener à manger ou même simplement à boire. T’as pas faim, ni même soif, t’as l’estomac serré dès lors, t’es même pas sûr de pouvoir avaler quoi que ce soit. “Restes…” Un murmure qui finit par franchir tes lèvres, peut-être pas assez fort pour qu’elle puisse l’entendre et ce malgré le silence qui règne dans la pièce, mais à ton regard posé sur elle, peut-être qu’elle comprendra que tu veux fuir cette solitude qui prendra place si elle franchit réellement cette porte, qui te forcera à penser uniquement à ta blessure, à ton pieds et ton incapacité à danser, que celle-ci soit temporaire ou bien définitive…

“S’il te plait.” Tu baisses alors la tête, comme si t’étais un enfant qui venait de faire une bêtise et qui se fait disputer par ses parents. T’as honte de toi sur le coup, d’être si faible, si fragile devant elle alors que t’aimerais tellement lui montrer une autre image de toi, celle d’un mec plus fort, passionné et non pas d’un pauvre peureux blessé.