Hello darling - Camille

La journée a été bourrée de petits problèmes qui ne m'arrivent quasiment jamais. Je l'ai commencé en arrivant en retard en cours, ensuite j'ai faillit mourir écrasée par un bus puis j'ai cassé l'une des cordes de mon harpe, et pleins d'autres choses dans le même genre. Pourtant j'étais de bonne humeur. Pourquoi ? Parce que je savais que ce soir j'allais voir Camille. Ca fait plusieurs jours que je suis installée à Boston et je ne l'ai toujours pas vu ! J'ai espéré le croiser par hasard mais ça n'a pas été le cas et maintenant je ne peux plus attendre, je dois le voir. Me procurer son adresse n'a pas été très difficile et c'est assez inquiétant. J'arrive en bas de son immeuble aux alentours de vingt-deux heures, ou 10pm comme disent les américains. Je pensais venir plus tôt mais comme je l'ai dit, j'ai eu pleins de petits problèmes. La façade extérieure est très joli et il est très facile de deviner que les prix des appartements à l'intérieur sont très élevés. Ca ne m'étonne pas que Camille ait choisi cet endroit pour y vivre, je le vois mal habiter dans un endroit mal entretenu, de toutes façons si ça avait été le cas, je ne serais pas en train de chercher son nom à côté de l'interphone. Des Bonaparte il n'y en a pas cinquante à Boston et donc quand je vois son nom je suis sûre que c'est lui. Je sonne sans trop réfléchir, mais après coup je me rends compte de ce que je viens de faire. Et si il était occupé ? Je n'ai même pas pensé une seule seconde qu'il pouvait être en train d'étudier ou de voir quelqu'un. Cependant si la deuxième option est la bonne alors je suis bien contente d'intervenir. Peut-être aussi qu'il n'est pas chez lui... On verra bien !

Ah, j'adore la vie américaine. Non pas que la vie en France me déplaise, mais c'est juste qu'ici... Tout es plus facile. Ouais, j'veux dire, j'sors mon accent français et hop, dans la poche. Au pire des cas, si ça ne marche pas, j'lui dis mon nom de famille et l'argent que j'ai à disposition, dans la poche. J'adore ma vie, vraiment. Vingt et une heure trente, ma proie est toute trouvée dans ce club, on finit même la soirée chez moi. Assis sur le canapé, elle m'embrasse un peu partout, déboutonne ma chemise jusqu'à ce que cette fichue sonnette retentisse dans l'appartement. Hm, attends là, toi... Des baisers sur sa poitrine, ses lèvres, je me lève sans même refermer ma chemise et ouvre la porte pour te découvrir toi. Je bégaye, j'en perds déjà mes mots. Bar-Barbara ? Je... Qu'est-ce tu fous ici ? Complètement incompréhensible.

Je sors un petit miroir de mon sac à main et me regarde dedans pour vérifier que je suis bien prête. Mon maquillage n'a pas encore bougé, mes lèvres sont toujours aussi rouges, cette brume fixatrice marche plutôt bien ! Je range le miroir et j'attends environ une petite seconde avant que la porte s'ouvre. Ouf, c'est bien lui ! Au moins je ne me suis pas trompée de porte. Je le regarde rapidement de haut en bas, sa chemise est ouverte. J'en déduis rapidement qu'il n'est pas seul et la fille assise sur le canapé que je peux apercevoir derrière son épaule me le confirme. Il n'a pas changé et quelque part ça me rassure ; mais putain qu'est-ce que j'ai envie d'envoyer mon genou entre ses jambes ! Non, j'ai une meilleure idée. Je prends un air offensé et je suis sûre que je suis crédible. Je ne veux pas devenir actrice pour rien ! Très vite ma main s'abat sur sa joue dans un claquement. Ca doit faire mal mais certainement beaucoup moins que si j'avais opté pour ma toute première idée. "Chéri comment oses-tu ?! Ca fait déjà trois fois cette semaine !" Toujours dans mon rôle, je le contourne pour entrer dans l'appartement. L'intérieur est très joli mais je n'ai pas le temps de m'attarder sur la décoration. Je me dirige droit vers la pauvre demoiselle qui semble figée sur le canapé. "En plus, je t'ai déjà dit de ne pas ramener tes putes ici !" J'empoigne fermement le poignet de la pauvre fille puis retourne vers la porte d'entrée en sa compagnie. A peine une minute plus tard, elle se retrouve à l'extérieur de l'appartement et je referme la porte. Bon débarras ! Je soupire ce qui marque la fin de mon petit jeu et me tourne vers lui pour le regarder, un joli sourire aux lèvres. Je suis plutôt fière de moi. "Salut ! T'es pas content de me voir ?" Il m'a manqué. J'espère que c'est réciproque.

Ouais, j'suis littéralement sur le cul en te voyant là devant ma porte. Qui plus est, j'ai pas vraiment une tenue appropriée et tu doutes bien que je ne suis pas seul. Je me prends une gifle, ma tête tourne sur le côté pour revenir sur toi et je fais rien, je m'y suis pas attendu. Pas le temps de répondre que t'es déjà rentrée dans l'appartement et fait même déguerpir la fille que j'ai ramené du club tout en m'engueulant, te faisant passer pour ma femme. Le pire dans tout ça ? C'est qu'une fois partie, tu me regardes et me parles comme si rien ne s'est passé à l'instant. What ? Putain, t'es une putain de comédienne toi. T'étais obligée de me gifler ? Je calcule pas le fait que t'es virée cette fille, je la reverrai si je veux, j'ai son numéro, j'suis pas idiot quand même. Tu fous quoi ici ? Parce que ouais, normalement, t'es censée être à Cannes, dans le sud de la France là où je t'ai bien laissé au chaud.

Je hoche vivement la tête à sa question, comme si c'était évident. "Oui." Non. Mais j'avoue que ça m'a fait du bien de le gifler. Il le mérite bien. Disons que c'était pour toutes ces fois où il m'a fait du mal en France, et je ne suis même pas sûre qu'il s'en soit rendu compte. Je ne veux pas aborder le sujet maintenant, j'ai pas tellement envie de me disputer avec lui alors que je viens de le retrouver, ça peut attendre quelques jours je pense. Je fais quelques pas dans l'appartement en regardant un peu partout autour de moi. C'est très spacieux et je me demande si il est en colocation avec quelqu'un, c'est beaucoup trop grand pour une seule personne. "Je vais terminer mes études à Harvard." Bon d'accord, concernant ma présence à Boston Camille y est aussi pour quelque chose mais je me retiens bien de le lui dire, je n'ai pas envie qu'il me prenne pour une stalkeuse alors que c'est pas du tout mon genre ; en temps normal. "Et puis ça fait super longtemps que je ne suis pas venue à Boston, ça a beaucoup changé. Tu pourrais m'en faire la visite un jour !"

Ta présence est clairement inattendue, 'fin j'la comprends pas, limite. Je t'ai laissé là-bas dans le sud de la France malgré cette année folle qu'on a pu passé ensemble, maintenant t'es là et je comprends pas trop. Putain, la merde quoi. Et directement, j'te demande ce que tu trames ici, j'me pose des questions et je tombe de haut quand tu m'annonces que tu comptes finir tes études ici, à Harvard. Genre, y'avait pas d'autres endroits, fallait que tu viennes ici ? Non, allez, tu te fous de moi hein ? Mais, apparemment non, tu me dis même que Boston a changé depuis ta dernière visite, que je devrais te faire visiter. Heu. Non, pourquoi j'ferai ça ? T'as qu'à aller à l'office de tourisme. Je te tourne le dos, prend la bouteille de vodka et m'en sers un verre. Je bois quelques gorgées avant de le reposer. Sérieux, tu m'as suivi. Dis-le. Parce que j'peux pas y croire.

Plus il me parle et plus j'ai l'impression de le déranger, pour ne pas dire que je le fais chier.  Et moi qui pensait qu'il allait être un minimum content de me voir. Bravo Barbara t'as bien anticipé les choses ! J'ai l'impression qu'il me pose les mêmes questions, et je n'aime pas me répéter. "Camille si je te dis que je suis à Harvard c'est que je suis à Harvard !" On peut entendre dans ma voix qu'il commence à me taper sur les nerfs. Nan, sérieusement ? Il vient vraiment de me répondre d'aller à l'office de tourisme ? Putain mais il est con ou il le fait exprès ?! "J'ai dis ça pour passer du temps avec toi trouduc !" Je suis à deux doigts de lâcher cette phrase mots pour mots mais je me contente de lever les yeux en soupirant. Il comprend vraiment rien. Rien ne se passe comme je l'avais prévu ! "Je dois te le dire en quel langue pour que tu comprennes que je suis ici pour étudier ?" C'est vrai en plus ! "Tu me trouves trop débile pour aller à Harvard peut-être ?" Ok maintenant je suis à deux doigts de rentrer chez moi.

Évidemment que je te crois pas, comment ça que tu es à Harvard ? Tu m'as jamais parlé de tes envies d'aller dans cette université auparavant quand toi et moi, on était limite presqu'un couple sans officialisation et tout. Et là, tu m'annonces ça. J'suis sur le cul, c'est sûr. Mais, t'insistes à me dire que tu vas étudier là. Et tu finis même par te vexer. T'étais moins susceptible, c'est l'avion qui t'a rendu comme ça ou quoi ? Bah ouais, quoique... J'exagère, on s'est toujours parlé comme ça, depuis le premier jour, toi et moi, c'est comme ça. Oh, puis merde. Je m'approche de toi, te plaque contre le mur derrière toi et viens t'embrasser. Et dire que j'ai parlé de toi à Aurora, j'aurais pas pensé que tu m'aies manqué et que je suis content de te voir, surtout quand Louison m'a recalé. Mais, toi t'es là.

C'était une mauvaise idée de venir ici. Je n'aurais pas dû chercher à le contacter, depuis que je l'ai vu je n'ai pratiquement ressenti que de la déception et même un peu de tristesse. J'ai pas besoin de ça, pas ce soir en tout cas. Je m'apprête à retourner vers la porte d'entrée quand il me pousse contre un mur. J'avais même pas remarqué qu'il y avait un mur derrière moi. En tout cas, en m'y adossant je crois que j'ai fait tombé quelque chose parterre. Mais franchement sur le moment je m'en fiche parce que Camille m'embrasse, enfin ! Je n'hésite pas un seul instant pour lui rendre son baiser, même si quelques secondes plus tôt j'étais prête à m'en aller. Je pose mes mains sur sa nuque comme pour le maintenir contre moi et qu'il ne s'échappe pas. Après tous il est assez volatile, non ? Il embrasse toujours aussi bien. Ses lèvres me sont très familières et ça me plaît beaucoup. C'est comme si on revenait quelques mois en arrière. Après un certain temps, je détache ma bouche de la sienne pour reprendre un peu d'air. "T'aurais dû commencer par ça." Ce sont les seuls mots que je trouve à dire mais ils sont vrais. Je ne me serais pas montrer aussi susceptible comme il l'a dit.

Ouais, c'est ça, et puis merde. Je peux pas cacher ce que je ressens intérieurement, mais extérieurement, ça ressort avec ce baiser mélangeant passion, folie et autre choses entre nous. Tu m'as manqué, j'te le dirais jamais, mais tu m'as manqué. J'suis content de te revoir quand même... Le baiser est long, passionnel alors que tu me maintiens tout contre toi. Finalement, on s'écarte légèrement et je souris à ce que tu me dis. Je suis bon comédien, hm ? Il faut avouer qu'avec toi, j'ai eu un bon professeur. Je prends ta main, je t'amène vers le canapé où je t'y allonge et je viens sur toi pour t'embrasser encore. Elles m'ont manqué. Tes lèvres. Elles ont toujours ce petit goût sucré qui m'a fait craqué à l'époque où je t'ai rencontré et embrassé la toute première fois.