(coopsen) and the wind is so icy, I am numb

J'ai la tête qui tourne, l'estomac retourné, partagée entre l'envie de me servir un autre verre ou de tituber jusque la sortie de la villa de Freya. J'ai beaucoup trop bu, et j'entends d'ici la voix rieuse de Zayn pour me rappeler combien je ne tiens pas et n'ai jamais tenu l'alcool, et que j'y ai été trop vite et trop fort. Sauf que j'ai toujours été impulsive, et qu'il m'aura suffit de voir mon jumeau pour que les nerfs lâchent. Je sais pas quelle heure il est. On est en 2019, ça c'est déjà une certitude. Y a pratiquement plus personne, je sais pas si ils dorment, je sais pas si ils sont partis. Est-ce que j'en ai réellement quelque chose à foutre ? Si. Zayn. Hardin. Ils sont encore là eux ? Frey, forcément, c'est chez elle, mais Zay, il s'est cassé ? Hardin, on est venus ensemble, il serait jamais reparti sans moi. Et merde, j'ai la nausée. Les talons qui vacillent, je cherche la sortie, je cherche de l'air. Je pousse une porte fenêtre sans prévenir personne pour rejoindre l'extérieur, le froid qui mord mes épaules nues, et accentue ma migraine. J'entends la fenêtre qui s'ouvre encore derrière moi, et malgré mes paupières closes et mes deux doigts pressés contre ma tempe, je murmure automatiquement : « Hardin ? » Dis moi que c'est toi. Dis moi que c'est toi et pas Miles, ou n'importe laquelle de ces personnes qui me connaissent pas et me jugent ou m'ont toujours jugée. Ces gens faux et malhonnêtes qui pullulent autour de nous depuis qu'on est gamins.  

Il était aux alentours de cinq heures et demi, et alors que j'étais en train de fumer à la fenêtre, Zayn et Freya se chauffaient pour un dernier cul sec avant de partir. C'était pas comme si nous avions déjà tous trop bu, mais c'était ça aussi le truc: plus t'es bourré, plus tu te crois invincible. Ou du moins, tu crois ton foie invincible. Ça faisait un bon quart d'heure qu'on était en train de baragouiner en français, ce genre de délires que tu comprends pas quand t'es sobre, et en entendant l'accent de Zayn je repartais dans un fou rire incontrôlable. On se faisait ce dernier shot, et je me rendais compte que je n'avais pas vu Bleach depuis qu'elle était partie aux toilettes. Elle était où ? Il faut dire qu'avec tout ce qu'elle avait bu, il y avait moyen qu'elle se soit perdue dans la villa. J'écrasais ma clope, je partais à sa recherche et... ouaaais j'étais pas mal plein moi aussi dans l'histoire, je le sentais. Mais pas assez pour être mal. Et alors que je commençai à m'inquiéter, je la vis soudain ouvrir une des porte fenêtre menant à l'extérieur en vacillant. « C'est moi » répondis-je en l'entendant m'appeler. Puis en voyant qu'elle n'avait pas l'air bien, je m'approchais d'elle. « Tu te sens mal ? Oh là ! » m'exclamai-je en la voyant vaciller à nouveau, avant de lâcher un léger rire en lui prenant fermement la taille pour ne pas qu'elle tombe. « Aller, je te ramène. Viens tu vas attraper la crève » dis-je en la laissant s'appuyer sur moi et en la ramenant à l'intérieur. J'appelais mon chauffeur pour qu'il vienne nous récupérer - il s'occuperait de la mustang plus tard - et pendant ce temps, Freya et Zayn étaient déjà en train de la couvrir de câlin. « Laissez-la respirer, faut qu'on rentre entiers » dis-je avec un sourire. On sortait à l'extérieur, et je vis clairement qu'elle n'était pas bien. J'enlevai ma veste et la lui posai sur ses épaules. « Tu veux venir à la suite ? » demandai-je plus par formalité qu'autre chose parce que clairement, il était hors de question que je la laisse seule comme ça.

Evidemment que c'était lui. Probablement s'est-il demandé où j'avais disparu. Ca fait combien de temps que j'ai laissé le groupe en plan ? J'en sais rien. Je ne me souviens même pas pourquoi je suis partie en premier lieu. Tout ce que je sais c'est que je tangue un peu trop, un peu dangereusement, jusqu'à ce que la prise d'Hardin autour de ma taille ne vienne me stabiliser. « Je... Juste un peu. » Et il riait. Y avait que lui ou Zayn pour s'amuser de mon état après avoir trop bu. Freya, elle, va probablement me dire que j'ai abusé et trop tiré sur la corde, mais je m'en fiche. « J'vais bien » que je marmonne tout en pivotant pour le suivre à nouveau à l'intérieur, mais toutefois, ma main accrochée fermement à son épaule semblait dire l'inverse, jusqu'à ce que je me laisse tomber sur le canapé entre Zayn et Freya le temps qu'Hardin appelle son chauffeur pour mieux revenir me tirer des pattes de nos meilleurs amis. Un bref signe de main en guise d'au revoir, et je me dirigeais déjà vers la sortie de la villa qui m'aura vu passer de l'année 2018 à 2019. Et cette migraine qui refuse de partir. Je me masse la tempe douloureusement, avant de sentir la caresse du tissu de la veste d'Hardin sur mes épaules. Rapidement, je tourne les yeux vers lui, les lèvres pincées, tout en resserrant les pans de sa veste autour de moi pour mieux couper le froid. « Non ça va. » que j'affirme d'abord en regardant à nouveau devant moi pour rejoindre le chauffeur du brun. Puis je m'arrête devant la portière, avant de soupirer. « Ouais. » Que je corrige finalement, avant de m'engouffrer à l'intérieur, rapidement suivie par le jeune homme. Quand la voiture démarre, je reste silencieuse, les yeux tournés vers la fenêtre. C'est au bout de quelques minutes seulement que je me décide à parler à nouveau. « Il savait que je serais là. Il le savait mais il est quand même venu. Est-ce qu'il est totalement idiot ? » Les lumières qui défilent devant mes yeux verts, je songeais à nouveau à lui. A mon frère, venu puis rapidement éjecté de la soirée de Frey, malgré les protestations d'Anya. « A cause de moi, Anya et Freya vont probablement se prendre la tête. » Finis-je par dire plus bas encore, en soupirant et en appuyant mon front contre la vitre froide, les paupières closes.

J'acquiesçai pour moi même en l'entendant finalement répondre positivement, tandis que James nous ouvrait la portière de la voiture. Elle tenait à peine debout, et elle pensait que j'allais la laisser passer le reste de la nuit seule ? Je pense pas non. Je m'installais à sa suite sur la banquette de cuir, indiquant notre destination à James, et sentais mon téléphone vibrer dans ma poche, indiquant un sms. C'était déjà Freya qui s'inquiétait à coup de "elle n'aurait jamais dû boire autant". Je rangeais l'appareil dans ma poche, laissant tout ça à demain, et regardais Bleach qui restait silencieuse, jusqu'au moment où elle prit à nouveau la parole. Pas besoin de la questionner, je savais très bien de qui elle me parlait. A peine Duncan était-il entré dans la pièce quelques heures auparavant que je m'étais moi-même tendu, sachant à quel point cela pouvait la remuer. Moi non plus je ne lui avais pas pardonné quelque part, même si les raisons étaient différentes de celle de sa soeur. Je ne lui avais pas pardonné de l'avoir abandonnée elle, au moment où elle avait été au plus mal. Au moment où elle avait véritablement eut besoin de son jumeau. Pas besoin non plus de chercher à savoir pourquoi Bleach avait bu autant et si rapidement... « Je ne sais pas à quoi il joue, mais il va rapidement devoir comprendre qu'il doit rester à l'écart » dis-je en regardant par la vitre à mon tour, Boston défilant rapidement sous nos yeux. Et évidemment, elle s'inquiétait pour Freya maintenant. « Laisse tomber, Freya sait qu'elle a bien fait » dis-je en venant prendre sa main dans la mienne dans un geste réconfortant. Nous arrivâmes devant l'hôtel. Je remerciais James et pris le chemin habituel vers l'ascenseur tout en continuant d'empêcher Bleach de se casser la tronche. « Je dois dire que tu m'impressionnes quand même à réussir à marcher malgré tout avec tes talons, même dans un état pareil » dis-je pour la taquiner, et chercher à lui faire oublier son frère, aussi.

On nous façonne à grand renfort de déceptions. Les coups bas, les critiques, les faux jugements, c'est le cycle de la vie new-yorkaise, et même jusque ici, il me suit. Chaque fois que je vois Duncan, je me rappelle notre famille qui n'en est plus une depuis dix ans. Depuis qu'il a pris le parti de notre mère sans même chercher à innocenter notre père. Depuis qu'il m'a tourné le dos et a choisi le camp opposé au mien. Dès lors, j'ai su que cette famille n'était plus qu'un nom et un compte en banque à mes yeux. Par ailleurs, le manque d'efforts de notre mère pour arranger la situation n'aidait en rien, puisque chacune de nos entrevues, même pendant les fêtes, se soldaient par quelques paroles froides échangées et de longs silences qui n'étaient même plus gênants. Alors les tentatives d'approche de Duncan ne me faisaient ni chaud, ni froid. C'est trop tard pour tenter de m'amadouer. « Je suppose ouais. » soufflai-je en retour aux deux phrases d'Hardin, avant de hausser une épaule avec nonchalance. Néanmoins, mes doigts qui se serraient autour des siens parlaient bien plus que le reste de mon corps ou mes quelques mots d'une apparente lassitude. Une fois la voiture arrêtée, je poussais la portière sans attendre que le chauffeur vienne m'ouvrir, passant devant celui-ci sans un mot pour rejoindre Hardin et entrer à l'intérieur de l'hôtel dans lequel il réside. La démarche loin d'être aussi assurée qu'à notre arrivée, j'atteins néanmoins l'ascenseur sans faire la moindre chute, à la grande appréciation d'Hardin. « Les talons c'est une seconde nature chez moi. » Sur ses douces paroles, alors que les portes de l'ascenseur se ferment sur nous, je lève une jambe en prenant appui sur lui pour retirer un escarpin, puis le second, perdant soudain une bonne quinzaine de centimètres pour redescendre pieds nus sur le sol. « Ca ne les empêche pas de me faire un mal de chien. » Je grimace, et sans regarder les étages qui défilent, je m'appuie contre Hardin, les paupières closes, mes deux mains qui viennent s'accrocher à sa chemise. Ca tangue toujours, talons ou non. Ca ne m'empêche pas de demander tout en gardant les yeux fermés « Dis moi que tu seras toujours là, toi. » Mes doigts se serrent un peu plus autour du tissu, j'ai la gorge sèche, j'ai vraiment, vraiment trop bu. « Frey, Zayn, toi... Vous êtes ma seule famille. » Mais alcool ou non, ça retire rien à la véracité qui plane dans mes mots, alors que les portes de l'ascenseur s'ouvrent.

Je ne doute pas un instant que c'est une seconde nature, depuis tout ce temps où je la vois grimper là dessus sans faillir. Un objet de torture pour les femmes, mais un plaisir pour mes yeux. Je l'observe se tenir à moi, et se concentrer un instant pour enlever ses talons l'un après l'autre. Elle perd quelques bons centimètres en un seul coup, et je souris à ses mots, ne pouvant m'empêcher d'être séduit par cette simple scène. C'est comme ça avec Bleach. Elle parvient toujours à me faire craquer. Je soupire de contentement lorsqu'elle vient contre moi, sentant ses doigts se refermer sur ma chemise. Je ferme également les yeux l'espace d'un instant. Profitant de cette proximité qui recharge mes batteries. C'est le pouvoir de Bleach. Abaisser mes défenses et apaiser mon âme. J'ouvre les yeux, et ma main vient caresser sa nuque avec tendresse. « Je serai toujours là Bleach. Toujours » dis-je doucement, mes mots criant de vérité. Moi aussi j'ai trop bu. Bleach me fait tourner la tête, et je sens toute l'affection que j'ai pour elle me submerger. Un ange passe après sa déclaration, et j'embrasse doucement ses paupières quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent au dernier étage. Je décide de la prendre dans mes bras telle une pricesse, sachant très bien qu'elle adore ça, et m'arrête pour la déposer devant la porte de la suite. « Euh.. » dis-je soudain en fouillant mes poche, un instant de vide s'imposant dans mon esprit. J'ai foutu où mon pass putain ? « Ah c'est bon » dis-je finalement en le découvrant, ayant presque eu envie de rire en voyant l'air affligé de mon amie. La porte s'ouvre, et je balance les clés sur le meuble à l'entrée. « Tu veux que je te coule un bain ? Boire une tisane au pieu ? » demandai-je en déboutonnant le col de ma chemise, avant de la faire passer par dessus mes épaules.

C'est toujours naturel, automatique. Avec les autres hommes, tout est calculé, prémédité, factice. Mais avec Hardin ou avec Zayn, je peux juste être moi. Quand je m'appuie sur lui, j'ai pas peur de flancher. La seule véritable crainte que je puisse avoir, c'est de les perdre un jour. De me retrouver seule, comme quand Duncan a pris le parti de notre mère. Mais pas Hardin. Hardin, il me répète qu'il est là, qu'il sera toujours là, et plus que jamais je le crois. Peut-être parce que l'alcool me rend crédule. Peut-être parce que c'est lui, tout simplement. Et je soupire d'aise quand il vient presser ses lèvres sur mon visage, comme une égarée qui viendrait enfin de passer le pas de la porte de sa maison. Je tourne la tête lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent, et après avoir rapidement ramassé mes talons, je laisse Hardin me soulever dans ses bras, sourire fin sur les lèvres, bras noués derrière sa nuque, le visage caché dans son cou jusqu'à rejoindre la porte de sa suite. Dont il ne trouve pas les clés. Appuyée sur le mur, je hausse un sourcil. « Un jour je vais devoir songer à te la faire greffer au bras. » Mon rire accompagne le sien, jusqu'à ce qu'il ouvre la porte de la suite pour nous faire entrer tous les deux. Je jette presque immédiatement mes talons dans un coin de l'entrée, retirant la veste de Hardin de mes épaules pour l'accrocher au porte-manteau. « Hm.. boire une tisane dans un bain. » Pourquoi choisir un seul quand on peut avoir un peu des deux. J'ai besoin de me détendre les muscles. De décuver au moins un peu, aussi. J'ai pas sommeil, pas encore. Zig-zaguant vers la salle de bain, les deux mains dans mon dos, je me bat avec la fermeture de ma robe noire que je ne parviens à descendre qu'à moitié. Et forcément, la robe reste trop serrée au niveau de mes hanches, ne découvrant ainsi que le haut de mon corps. Je pouffe de rire devant mon propre ridicule, me tortillant avant d'appeler le blond. « Je crois que j'ai besoin d'un coup de main ! »

La suite, cela fait plusieurs années que j'y habite déjà. Et même si cela peut paraître très impersonnel comme lieu de vie, il n'y a pas un endroit où je me suis plus senti chez moi. L'espace est.. immense, bien sûr. Luxueux et chaleureux. Les grandes baies vitrées donnent une vue imprenable sur Boston, où l'on voit scintiller les lumières de la ville pas tout à fait endormie. Et puis, les souvenirs des moments passés ici avec Bleach et Zayn sont tellement fort qu'il m'est impossible de ne pas aimer cet endroit. J'enlève ma chemise pour me mettre à l'aise - il faut dire qu'il faisait vraiment bon comparé à l'extérieur - et je souris en entendant la réponse de Bleach qui se dirige déjà vers la salle de bain. Je marche à sa suite, le regard amusé en la voyant se tortiller pour défaire sa robe. Elle est bien bourrée, je confirme. Je m'arrête dans l'encadrement de la porte, croisant les bras sur ma poitrine en la voyant galérer, hésitant un quart de seconde à sortir mon téléphone pour la filmer et envoyer la vidéo sur notre groupe whatsapp. Mais non, je ne suis pas horrible à ce point. Enfin s'il s'agissait de Zayn, j'aurais clairement eu moins de scrupules. Je m'approche d'elle avec un rire sur les lèvres lorsqu'elle m'appelle à l'aide, posant mes mains sur sa taille. « A votre service » dis-je avec un sourire, faisant glisser le zip de sa robe jusqu'au bas de ses reins. Hm. Non, je ne suis décidément pas prêt à partager une vue pareille à mes amis. Je l'aide à faire passer sa robe par dessus ses épaules - parce que clairement mon aide n'est pas de trop - et observe nos reflets dans le miroir un instant. Elle est belle.. elle l'a toujours été. « Tu es sublime » lâchai-je en embrassant malgré moi son épaule nue, l'alcool me faisant céder à mes envies. Puis je m'éloigne d'elle à regret pour ouvrir les robinets et lui faire couler son fameux bain, mousseux bien sûr. « Je reviens » dis-je pour aller lui préparer sa tisane, et lui laisser le temps de se mettre à l'aise.

Si je continue comme ça, je vais finir par déchirer ma robe, et vu le prix qu'elle m'a couté... Je risque clairement de le regretter demain matin. Alors dans un éclair de conscience - si on peut appeler ça comme ça - j'appelle Hardin à l'aide, lequel ne tarde pas à me rejoindre, chevalier servant qu'il peut être à ses heures perdues. Je m'immobilise dès que je sens ses mains se poser sur ma taille, arrêtée devant le miroir de la salle de bain. Et à mesure que ma robe libère mes hanches et qu'il la remonte par dessus mes épaules et ma tête, moi, je décroche pas mon regard de son visage dans le reflet de la glace, à regarder les traits du visage d'Hardin, son expression concentrée. Rivée sur moi. Un instant, nos regards se croisent, à se regarder mutuellement à travers ce miroir. J'esquisse un sourire à son compliment, mais mes lèvres se pincent rapidement pour réprimer le frisson qui glisse le long de mon échine au contact de ses lèvres sur mon épaule dénudée. « Merci du coup de main » La gorge toujours aussi sèche, les mots peinent à quitter mes lèvres cette fois, toujours figée jusqu'à ce qu'il recule pour préparer le bain et allumer l'eau. Je hoche la tête quand il repart, probablement pour me faire la tisane que j'aie demandé. Moi, je reste plantée là, au milieu de la salle de bain, le regard tourné vers le miroir puis vers la baignoire qui se remplit. Du bout du pied, je pousse ma robe dans un coin de la pièce, et sans trop réfléchir ni retirer le surplus de vêtements qu'il me reste, je m'asseois au bord de la baignoire en sous vêtements puis je glisse jusque l'eau qui atteint déjà ma taille. Quand Hardin revient, j'ai déjà entrepris de couper l'eau moi même, confortablement calée dans la grande baignoire, l'eau montant jusque mes épaules et jusqu'aux pointes de mes cheveux. Je tend la main vers la tasse qu'il me tend, et je demande avec une moue, irréfléchie, la brûlure de ses lèvres sur mon épaule toujours présente : « Pourquoi tu viens pas ? »

Bien sûr que je la désire. Je l'ai toujours désirée, poussé par cette affection et cette complicité qui nous lie. Pourtant, il ne s'est jamais rien passé entre nous, malgré ces moments d'ambiguïté et d'attirance. C'est ainsi. Je suis lié à Bleach, de cette manière qu'on n'arrive pas à décrire, de cette manière qu'elle est liée à moi, ainsi qu'à Zayn. Les choses sont claires, limpides, et à la fois tellement compliquées. C'est notre manière à nous d'être ensemble, inséparables, voilà tout. Je cherche à avoir les idées claires tout en lui préparant la boisson chaude, avant de revenir quelques minutes plus tard dans la salle de bain. Elle est déjà installée dans son bain, apparemment à son aise et entourée de mousse. L'air clairement mieux qu'il y a pratiquement une heure maintenant lorsqu'elle était dans le jardin chez Freya, ce qui me rassure immédiatement. « Pourquoi tu viens pas ? » Je suis censé résister comment à ça ? Moi aussi sous l'emprise de l'alcool, je ne vois clairement pas le mal. C'est Bleach. Et j'ai envie de la rejoindre dans ce bain moussant. « Fallait le dire que tu voulais me voir à poil » dis-je avec un sourire en coin pour plaisanter. « J'arrive, attends » dis-je en m'éloignant vers le salon. J'attrape mon paquet de clope, mon briquet - celui qu'elle m'a offert - et la télécommande de l'enceinte audio. Je mets du Led Zeppelin, pas trop fort, et reviens dans la salle de bain où je me désape. Bon pas complètement, même si elle m'a déjà vu plus dénudé encore que ça. Je rentre dans l'eau à mon tour, lâchant un « Aaah.. » de satisfaction en sentant la chaleur hérisser ma peau. C'est vrai qu'on était bien là. Je m'allumais une clope, et posais mes coudes de chaque côté de la baignoire en faisant face à Bleach. « Tu connaissais cette fille qui accompagnait Philip ? La princesse de Belgique ? » demandai-je soudain, repensant à la soirée.