(jilann) I got issues, and one of them is how bad I need you

T’enchaînais ces derniers jours. Et ouais, toutes ces filles te paraissaient fades, incipides. T’avais même repris contact avec Jess, surement le meilleur coup d’Boston ouais. Et là, t’avais un peu réussi à t’oublier, à prendre ton pied, à la faire jouir. Et merde, ça faisait un bien fou. Tu te rhabilles en vitesse, enfiles ta veste et tes pompes et sort sur le perron de sa maison. On remet ça quand tu veux, Jess. Une main contre ses fesses, tu la serres contre toi avant d’agripper ses lèvres une dernière fois, jouant avec sa langue et elle t’le rend bien. Elle fini par te lâcher et retourner dans sa maison, et toi tu descends les quelques marches pour accéder au trottoir.

Écouteurs dans mes oreilles, je laisse aller ma playlist du moment. Je quitte mon rendez-vous chez le kiné pour la rééducation de mon genou. J'espère qu'un jour, je pourrais courir de nouveau, faire tous les sports que je veux, surtout la danse. Mais les chances sont minimes. J'ai dansé au nouvel an, enfin si on peut appeler ça danser, et le lendemain, ma jambe était tétanisée. Stop les folies, j'ai du rester au calme avec des antidouleurs pendant trois jours. Je m'apprête à aller à la pharmacie pour prendre de la crème chauffante lorsque je vois un couple à l'entrée d'un appartement. Je fais pas attention. Mais je reconnais cette tête, ses cheveux, ce corps de dos. Je retire un écouteur pour entendre la voix et mon sang se glace. Yann putain. Yann qui roule une pelle à cette fille que j'ai envie d'étriper. J'arrête de marcher, je me fais violence à assister à ce spectacle. Puis enfin, mon faux-mec arrive sur le trottoir et tourne dans ma direction. Merde, t'aurais pu tourner à droite non ? Je le fusille du regard. ça me fait mal. Aucun son ne sort de ma bouche. Je soupire et je l'ignore totalement, je marche à côté de lui comme si de rien était. Je bouillonne, je sens même les larmes me monter. C'est quoi cette réaction ? Qu'est-ce qu'il m'arrive bordel ? Je comprends pas...

Tu te sentirais presque plus léger comme gars. T’as le sourire au bord des lèvres quand tu sors une clope que tu glisses entre tes lips, le long du trottoir. Puis en face de toi, y’a Jill. Elle fou quoi ici ? Tu lui souris, un léger signe de la main. Salut. Mais elle te lance un de ces regard, putain, à croire qu’elle s’est mal levée ce matin. Elle te passe à côté sans s’arrêter, te calculant à peine. T’arques un sourcil, quelque chose n’allait visiblement pas. Jill, ça va ? lui demandes-tu en la rattrapant par le bras, attrapant ta clope entre des doigts et l’agitant pour en faire tomber les cendres.

Oh mon dieu je vois rouge, je suis dégoûtée, je me sens blessée. Pourquoi ? Je sais pas trop. Voir Yann emballer cette meuf, lui toucher le cul, imaginer les voir ensemble dans le même lit, ça me donne la nausée. il prononce mon prénom et je fuis. Mais il me rattrape et chope mon bras. Je fais volte-face pour le regarder et je dégage mon bras de sa poigne. Ne me touche pas avec tes mains qui ont traînées je-ne-sais-où. oups, c'est sorti tout seul. Je déteste cette sensation qui prend le contrôle de moi, de mes mots. Laisse moi, tu veux ? je veux faire un pas de plus mais je sais pertinemment qu'il ne me laissera pas partir comme ça. Quoi que, peut-être que si. Finalement, je suis plus tellement son fantasme absolu, il a trouvé une remplaçante puisque avouons, trop nul le sexe avec une vierge !

Ne me touche pas avec tes mains qui ont traînées je-ne-sais-où. qu’elle râle en se dégageant de ton emprise. Putain, elle t’a fait tomber ta clope dans la bouche d’égout à côté, boulet. C’était ta dernière en plus, bordel. Allez, tu fais un effort, c’pas grave. Tu lui demandes si ça va, juste histoire de comprendre son état. Laisse moi, tu veux ? Et elle a ce regard qui te tuerais sur place si elle le pouvait. Non. C’est quoi le problème, Jill ? Qu’est-ce que t’as fait ? Faut pas la saluer dans la rue, c’est ça ?

C'est quoi le problème ? Je pense que je commence à bien t'aimer, ouais, tête à claques et je me sens coincée car on est pris dans ce jeu qui devient beaucoup trop dangereux à mon goût. Mais te le dire pour me ramasser un vent ? Pour que tu te moques ? Non. Alors je dis n'importe quoi. Je croise les bras et je me fais violence à te regarder droit dans les yeux. je sais pas yann, te voir avec cette... meuf, ça me fait chier. bien plus que ça, le mot est faible. et ça me fait encore plus chier d'te le dire ! pauvre gamine jalouse et prétentieuse.

C’est peut-être pas toi, elle était peut-être déjà énervée. Elle a ses règles même ? Les hormones, un truc de filles. Willa le dit tout l’temps ces derniers temps et, putain, tu trouves ça chiant au possible ! Alors Jill, c’est quoi ton problème merde ? je sais pas yann, te voir avec cette... meuf, ça me fait chier. Ses p’tits bras croisés contre sa poitrine, ses yeux qui te quittent pas une seule seconde. Putain, si tu t’attendait à ça. et ça me fait encore plus chier d'te le dire ! Tu penches légèrement la tête sur le côté. Jess ? dis-tu en montrant du bout des doigts la maison que tu venais de quitter. C’est bon, tes potes en sauront rien Jill. Détends toi. T’es con, tu sais qu’elle parle pas d’ça. Tu sais qu’elle en a plus rien à foutre de ça, surement autant que toi. T’as réfléchi et tu sais très bien c’qui se trame, c’que tu ressens quand elle est pas là et l’effet que ça t’fait quand tu penses à elle. Et t’aimes pas ça du tout, ouais.

Super, j'ai pas besoin de savoir ce prénom à cette conne. Oula, je me mets à penser à des trucs horrible dans ma petite tête, ça ne va pas du tout. Moi qui ai l'habitude d'avoir des fleurs et des paillettes comme pensées... Yann, tu es en train de me changer, de chambouler mon monde. Arrête ça ! Je lève les yeux au ciel. tu le fais exprès d'être con ou quoi ? je crois qu'il est né con, et ses parents l'ont fait en étant cons, tout simplement, c'est dans ses gênes. Calme Jill. Je suis à deux doigts de laisser tomber, de le fuir pour la troisième fois mais mes pieds restent là. on s'en fout de mes potes. c'est comme le soir du nouvel an quand tu m'embrassais. c'est... nous, tout simplement ? Notre relation réelle ? Je n'arrive même pas à m'exprimer. je me demande parfois quand est-ce qu'on joue et quand est-ce qu'on ne joue pas. je souffle, je dégage une mèche de mes cheveux sur mon visage et je serre les dents.

tu le fais exprès d'être con ou quoi ? Là, t’avoue, t’as fait l’con. Pas en couchant avec cette meuf, putain. Non. Mais en faisant celui qui comprenait pas l’sens de ses mots alors que tu comprenais très bien ce qu’elle insinuait. Merde, Jill. Tu n’dis rien, tu l’écoutes continuer. on s'en fout de mes potes. c'est comme le soir du nouvel an quand tu m'embrassais. c'est.. Le soir du nouvel an, on en parle putain ? Cette putain de soirée où t’aspirais à plus pour Jill, où t’avais juste envie d’être là pour elle, la regarder sourire, la regarder rire, la regarder porter ton tee-shirt indéfiniment, l’obliger à ne porter plus que ça. Lui enlever, lui prouver que tu la désires comme c’est pas permis. Putain. C’est reparti. C’est quoi ? que tu lâches alors que c’est d’autres mots qui glissent entre ses lèvres. je me demande parfois quand est-ce qu'on joue et quand est-ce qu'on ne joue pas. Tu secoues la tête, d’abord tout doucement puis légèrement plus vite. M’fait pas ça Jill. M’fait pas le jeu de la nana jalouse ; les sentiments, tout ça. C’est pas mon truc ok ? T’accroches pas à moi Jill, tu vas t’faire mal quand j’vais t’lâcher. J’suis pas un mec bien, tu l’as dit. Tu vois Jill, moi je prends, je prends, je prends. J’ai rien à donner, rien du tout. Sauf que toi, t’es entrain d’tout faire basculer. Tu t’en rends pas compte, j’te jure. Sache juste qu’au nouvel an, je jouais pas. J’ai pensé chaque chose que j’t’ai dite. Et j’le pense toujours Jill. Elle t’attire, irrémédiablement. Un aimant.

La façon dont il me parle, ça me frustre. Faut dire que je suis pas tendre avec lui non plus, de l'appeler sale con et j'en passe. J'ai mal, ça brûle dans ma cage thoracique et je peine à reprendre ma respiration. C'est comme ça qu'il me voit ; une nana chiante, jalouse qui éprouve des sentiments pour lui. Là merde... j'ai pas dit ça, et il l'a deviné. Rien que pour ça j'ai envie de le gifler. si je prends le prochain mec qui passe dans la rue et que je lui roule une grosse pelle, ça va rien te faire ? parce que moi, tellement remontée, je suis prête à le faire pour tester ça. Yann essaye de m'attendrir en m'expliquant qu'il n'y avait pas de jeu à la soirée du nouvel an. j'aurais préféré que tu me dises que tu jouais, tout le temps. je réponds sans mâcher mes mots. J'aurais préféré que tu restes froid et distant avec moi, que tu fasses la comédie, ça m'aurait empêché de craquer totalement pour ta gueule de con.