MY STORYJe suis née un jeudi 16 septembre de l’année 1992. Déjà, tout semblait s’offrir à moi. C’est vrai, je suis née de parents aimants, qui avaient les moyens. Bon pour ne pas vous mentir, ils avaient largement les moyens. Mon père, Cleyton était le premier ministre anglais, un proche de la famille royale, et ma mère Isabelle, était une avocate française de renom. Autant vous dire que je suis née une cuillère en or dans la bouche, je n’étais certainement pas à plaindre. Je suis fille unique. Et dans ces cas là, je peux vous assurer que j’ai toujours eu ce que je désirais, et j’ai toujours tout fait pour. Adorable avec mes parents, avec les gens qui pouvaient obtenir ce que je voulais, et odieuse avec le reste du monde … voilà comment je fonctionnais, simplement parce que ce pauvre reste me paraissent petit, inutile et aussi … vulnérable. Oui, dès ma plus tendre enfance, je suis une pourriture. Enfin … à l’intérieur. J’ai vécu dans cette grande demeure londonienne jusqu’au début de mon adolescence. C’était une bien grande demeure pour une jeune fille seule comme moi. Je n’ai jamais eu de frères ou de sœurs. En gros, personne en travers de mon chemin dans le couloir entre ma salle de danse et ma chambre.
Mes parents travaillaient souvent, alors ils m’ont collée une préceptrice aux fesses. Il y avait aussi la gouvernante de la demeure, Anna. Elle s’occupait de moi, une sorte de nounou et aussi confidente si l’on veut … Au début, je la détestais. D’ailleurs, elle ne devait pas beaucoup m’aimer non plus ! J’avais à peine six ans que je la traitais comme une moins que rien, connaissant déjà la signification du mot ‘hiérarchie’. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs alors qu’elle laissait ses propres enfants chez elle pour s’occuper de moi afin de gagner sa vie. Moi, en attendant, je portais ces jolies robes hors de prix de chez Dior enfant ou Bonpoint, ces mocassins noirs vernis ou encore ces serre-têtes de perles qui ressemblaient d’ailleurs plus à des couronnes sur ma tête. Simplement parce qu’aux yeux de mes parents, rien était trop beau pour moi, leur fille unique. Evidemment, j’aimais les rendre fiers. Je travaillais pour récolter les meilleures notes, bien que j’aie des facilités au vu de mon quotient intellectuel de 139. J’aimais la perfection, et l’incarnais aux yeux de mes parents. J’étais pour eux une sorte de petite chose parfaite qu’ils surprotégeaient comme un trésor qu’on veut être le seul à en savoir l’existence. Et pendant qu’ils s’occupaient de me préparer un avenir digne d’une princesse, moi je m’occupais de voir mes désirs devenir réalité, car inévitablement, lorsque je désirais quelque chose, je l’obtenais. C’était comme ça. Point.
Au fil du temps, bien que ma mère essayait du mieux qu’elle pouvait d’être présente pour moi, je me suis bien rendue compte que l’éducation, c’était Anna, la gouvernante qui me la donnait. J’aimais ma mère, de tout mon cœur, seulement, Anna était bien plus présente. Je crois d’ailleurs que c’est la première fois que j’ai aimé un être qui n’était pas de mon milieu, et la dernière, aussi. Mais il n’y avait pas qu’elle pour me faire mon éducation. Mes parents tenaient à ce que je m’adonne à la danse classique comme on le faisait depuis des générations dans la famille de ma mère. J’ai toujours été douée dans ce domaine là, bien que je n’ai jamais souhaité en faire ma profession. J’ai toujours voulu faire de la politique, prendre la relève de mon père, ou faire encore mieux que lui. Il y avait également le chant et le piano que je pratiquais, il faut dire que mes parents étaient de grands amateurs d’art, sous toutes ses formes.
Je n’ai jamais eu beaucoup d’amies filles, pour ne pas dire aucune. Je ne sais pas ce que j’avais avec elles, elles ne m’aimaient pas. Pourtant, j’ai essayé, mais je ne sais pas. Je crois que c’est moi finalement, la plupart sont dénuées de toute matière grise, … inintéressantes. Et il faut dire que lorsque je pense quelque chose, je ne me gène pas pour le dire ! En tout cas, seuls les garçons me comprenaient. Non pas que j’étais un garçon manqué, loin de là, mais je les trouvais déjà plus intéressants, fascinants. J’avais deux meilleurs amis. Les grands frères que je n’ai jamais eus, en quelques sortes. Peter et Maxwell. Inutile de préciser qu’ils faisaient également partie de l’élite sociale anglaise. Leurs parents étaient des proches de notre famille. Ils avaient un an de plus que moi, ils auraient très bien pu me lancer des vannes ou rester entre eux parce que je suis une fille, mais au lieu de ça, ils m’ont toujours protégée comme une petite sœur, et parlée avec respect. Ils venaient souvent passer des après-midi dans notre demeure, j’y ai passé de si bons moments …
LE 16 SEPTEMBRE 2007Je me souviendrais toute ma vie de ce jour là. C’était le jour de mes quinze ans. Ma première sortie officielle approchait, encore un grand diner mondain, mais pas n’importe lequel. Comme d’habitude, il y allait avoir tout le beau monde londonien, mais cette fois-ci, c’était un peu comme mon entrée officielle dans ce monde prestigieux et j’imagine qu’on allait me faire les présentations toutes aussi officielles d’un potentiel prétendant. Je rêvais de cette soirée depuis l’enfance à vrai dire. Toujours est-il que mes parents m’avaient promis cette magnifique parure sertie de diamants, assortie à ma robe rouge Valentino que j’avais prévu de porter à cette fameuse soirée. Le chauffeur était en avance, et mes parents et moi nous empressèrent alors de monter dans la voiture qui nous conduirait alors jusqu’à la prestigieuse boutique où j’allais trouver mon bonheur à un prix faramineux. J’étais toute excitée, je n’attendais que d’arriver à destination au plus vite, mon père était si content de voir un sourire se dessiner sur mon visage. Je me souviens qu’elle était loin, cette boutique et j’étais pressée d’y être, vite. Le chauffeur qui s’occupait de prendre mes désirs pour des ordres accélérait alors sans même comprendre en changeant de voie qu’une autre voiture avait la même idée. Ma mère senti le danger, je vis ses grands yeux bleus écarquillés de stupeur lorsqu’elle aperçut la voiture nous foncer inévitablement dedans, elle cria avant de m’attraper par réflexe maternel certainement, me poussant contre le parterre de la voiture. Et là … BAM ! Gros choc, trou noir.
J’ouvre les yeux, du moins, j’essaye, une lumière blanche m’éblouit. Je vois une silhouette floue s’approcher de moi, une femme. Elle m’observe, je crois. Ou suis-je bordel ? Je vois de plus en plus clair, et je fronce les sourcils lorsque je comprends que je suis allongée sur un lit d’hôpital. Je regarde mes mains, il y a pleins de tubes qui vont de mes veines aux perfusions, ou l’inverse, j’en sais trop rien. Un médecin s’approche de moi avec un grand sourire.
‘ Bon retour parmi nous mademoiselle Archibald ‘ Comment ça, bon retour ? Je le regarde avec insistance, attendant qu’il m’en dise plus sur la situation actuelle. A vrai dire, je ne comprends pas vraiment ce qui se passe. Il s’approche de moi l’air plus sérieux
‘ Vous avez eu un grave accident de voiture … vous ressortez d’un coma de trois mois. ‘ Moi dans le coma ? Trois mois ? C’est juste pas possible.. c’est même carrément une grosse blague. Je me souviens alors de cet accident. Enfin ce qui s’est passé juste avant, le visage effrayé de ma mère. Ma mère, elle est où d’ailleurs ? Et mon père ? J’essaye de me redresser d’un coup
‘ Mes parents ! J’veux voir mes parents ! ‘ Mais c’est trop dur de me lever, j’ai des fils de partout. Je vois le médecin prendre un air plus grave. Je me redresse finalement avec un peu plus de facilité, l’écoutant avec attention, mais ce dernier met un peu plus de temps à répondre. Je fronce les sourcils de plus belle lorsqu’il finit par me répondre.
‘ Vos parents n’ont pas eu votre chance mademoiselle. Ils sont morts sur le coup, le chauffeur également. ‘ Je le regarde inexpressive quelques secondes. Je sens ma tête qui tourne. Je sens mes bras sur lesquels je m’appuyais se transformer en coton. Je tremble. Ce n’est pas possible. C’est un cauchemar, et je vais me réveiller … Mais je comprends peu à peu que tout ça est réel. Je hoche une nouvelle fois la tête comprenant que tout mon petit monde s’effondre comme un château de cartes, alors je fais comprendre au médecin et à son assistante de sortir de la pièce d’un regard. Et lorsque je suis enfin seule, je me permets de fondre en larmes. Comment est-ce possible ? Pourquoi j’ai survécu et pas eux ? Dans ma tête, tout s’entremêle, je peine à voir ce qui m’entoure tant ma vision est brouillée par mon chagrin. Je suis désormais orpheline.
EXTRAIT DU JOURNAL INTIME D’HARPER, le 19 Septembre 2008
«
Cher Journal,
Ma nouvelle famille ? Ma tante et mon bel oncle, du coté de mon père. Duc et Duchesse d’Hamilton. Autant vous dire que c’est pas la joie de vivre chez la grande sœur de mon père. Non pas qu’elle ne soit antipathique, loin de là ... C’est juste que ça manque de chaleur dans ce château. A ce qu’on dit, elle me ressemble un peu. Parfois, on pense qu’elle est ma mère. Mais même si elle essaye du mieux qu’elle peut de me faire sentir chez moi, j’ai du mal. Ca fait maintenant un an que j’ai perdu mes parents, ils me manquent affreusement. D’ailleurs, mes crises d’angoisse ont recommencé, je m’efforce toujours de les contrôler lorsque je ne suis pas seule. J’aurais aimé continuer de vivre dans notre grande maison familiale, continuer de voir Anna. »
EXTRAIT D’UNE LETTRE RETROUVÉE DANS UN VIEUX BOUQUIN«
Ma chérie,
Au moment ou tu me lis, je ne suis plus de ce monde, saches alors Harper que tu n’es pas seule pour autant. Même si je ne suis plus là physiquement, contente-toi désormais de ma présence spirituelle. Je sais que tu es forte, je vais te demander de l’être encore plus pour moi, parce que tu es une battante, comme tous les Archibald. Telle que je te connais, tu travailles dur pour réussir dans tes études, peut-être qu’à l’heure où tu lis cette lettre, tu as déjà finis le secondaire … Saches que tout as été prévu pour ton avenir, ma princesse. Lorsque tu auras l’âge légal, tu hériteras de l’intégralité de notre fortune, ainsi que nos biens. Dans cette lettre, tu trouveras toutes les informations dont tu auras besoin maintenant que tu n’es plus sous ma responsabilité. J’aurais aimé être là pour toi, ne pas avoir à te dire tout cela, vivre encore assez longtemps pour te serrer dans mes bras lors de ta remise des diplômes, ou encore te tenir le bras jusqu’à l’autel le jour de ton mariage, malheureusement, les circonstances font que je n’y serais présent que dans ton cœur. […]Lorsque tu auras la force de retourner dans ton ancienne demeure familiale, tu me feras le plaisir de passer dans la bibliothèque, et de jeter un coup d’œil dans certains livres … Harper ma chérie, j’y ai laissé pour toi nombreuses lettres, notes et adresses importantes pour toi, ton avenir et aussi ton moral.
Tendrement, ton papa qui veille sur toi. »
EXTRAIT DU JOURNAL INTIME D’HARPER, le 28 Mai 2010
«
Cher Journal,
Bientôt les examens de fin d’année ! Je n’ai franchement pas de quoi stresser vu mes excellents résultats scolaires, d’ailleurs, j’ai déjà envoyé mon dossiers aux universités de la Ivy League comme Dartmouth, Brown, Harvard, … hors de question que je reste en Angleterre, ça va me manquer, mais j’ai besoin de changer d’air, voir autre chose … voyager. Les lettres de mon père m’ont beaucoup aidée à surmonter mes crises, et maintenant je crois que je me sens enfin prête à vivre ma propre vie. Je n’attends plus que les résultats ! »
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