(jilann) jeu d'acteur pour un fake date

Le rendez-vous est fixé à 22h30 pour une séance à 22h45, tu finis à 21h00. En toute logique t’as une bonne heure et demi pour prendre une douche et rejoindre le cinéma. Sauf que tu traines la patte et t’arrives en retard. Ils sont pourtant tous dehors. Les filles de la dernière fois, leurs hommes aux bras, et puis Jill, juste Jill. Tu écrases le mégot de ta cigarette dans le caniveau et t’approches de la brune, glissant une main dans de bas de son dos et plaquant tes lèvres sur les siennes. Bonsoir, vous. souffles-tu en frottant ton nez contre le sien, un sourire aux lèvres. Et puis tu t’retournes pour faire face à la petite bande, tu sers la main aux bonhommes et fais la bise aux copines de Jill. Désolé du retard, ma coloc’ s’est perdue sous la douche. En fait elle avait monopolisé la salle de bain, te laissant grognon derrière la porte à lui hurler de s’activer. Yann, enchanté. Tu t’présentes, surtout pour les mecs, et reposes ta main dans le dos de Jill.

En retard, il est en retard et la séance commence dans cinq minutes. Je vais le tuer. inutile de dire que je l'harcèle de messages, il ne prend même pas la peine de répondre. Je suis là, à faire la file avec mes potes qui ont déjà acheté leur ticket. Moi, j'attends Yann, patiemment. Puis tout à coup, il arrive. Je ne sais pas si je suis soulagée ou paniqué. Je remarque l'effort vestimentaire, ça le change de le voir en pull d'hiver odeur sapin. Mais il pue quand même la cigarette. Je souris et il m'empêche de le saluer verbalement. il le fait... bucalement on va dire. Ses lèvres ont eu le don de me lancer une décharge électrique dans tout mon corps. Pardon mais c'est pas tous les jours que j'autorise quelqu'un à embrasser mes lèvres. D'ailleurs, petit morveux, je pensais que tu n'allais pas m'embrasser. Merde, j'aurais dû porter mon gloss fraise des bois. Sa coloc ? Ou était-il avec une autre fille juste avant ? Roh qu'est-ce que ça change de toute façon. « bon et bien, allez-y, on vous rejoint. on doit prendre nos tickets. » mes copines et leurs mecs s'en vont dans la salle et je me retourne vers Yann avec de gros yeux. « tu t'es moqué de moi. j'te préviens, c'est le seul bisou que tu auras cette soirée. et arrête de me toucher tout le temps ! » que je dis discrètement mais avec une certaine autorité. J'affiche ensuite un sourire puis nous achetons nos tickets. « sinon, merci d'être venu. »

Elle est surprise. Tu l’sens à la façon dont elle se tient raide à tes côtés. Finalement, après avoir salué ses amis, Jill les invite à rejoindre la salle pendant que vous achetez vos tickets. C’est ça ouais, allez nous réserver les meilleurs sièges. Et tandis qu’ils s’éclipses vers les salles obscures, une petite Jill toute remontée se retourne vers toi. tu t'es moqué de moi. j'te préviens, c'est le seul bisou que tu auras cette soirée. et arrête de me toucher tout le temps ! Ses p’tits poings sur les hanches. Tu t’mets à rire, enlevant ta main de son dos pour les foutres dans tes poches. J’ai dit que j’t’embrasserais pas pendant le film, pas que je le ferais pas avant. J’allais pas t’faire la bise devant tes potes, Jill ! Ton plan aurait pas tenu cinq minutes. lui expliques-tu en levant les yeux au ciel, le sourire au coin des lèvres. sinon, merci d'être venu. Tu hoches la tête, c’est ta façon de dire de rien. Les petits tickets en poche, tu montres le stand de gourmandises. Du pop corn ? Une boisson ? J’ai la dalle ! que t’avoues. T’avais rien mangé entre la fin de ton travail et ton arrivée au cinéma. Et puis tu pouvais te le permettre avec les pourboires que t’avais eu aujourd’hui.

Je lève les sourcils. il m'énerve, il essaye toujours d'avoir le dernier mot. A croire que c'est son idée à lui de faire un faux-couple et non la mienne. Je fais une petite grimace. « quoi que je dise, t'as toujours raison de toute façon. » non je boude pas, même si ça ressemble un peu à une dispute de couple, mine de rien. Je le remercie quand même d'être là, car honnêtement, il a surement mieux à faire que me voir. Mais c'est le deal, il ne peut pas jeter l'éponge dès le premier rendez-vous. « pop-corn mouais, mais sucré ! » je suis pas très salée, voir pas du tout. Le sucre, c'est ma vie. Et je garde la ligne, c'est plutôt cool. Je le laisse acheter sa bouffe et une fois chose faite, je le tire par le bras pour rejoindre les autres dans la salle. On se met aux extrémités, Yann à côté d'une de mes amies et moi, de l'autre côté. J'ai tendance à me mettre en retrait, même au cinéma. Elles rigolent toutes avec leurs mecs, elles ont leur tête posée sur leur épaule, elles leur chuchotent des mots doux, ricanent encore comme des connes et moi, je suis figée sur mon siège, en train de jouer avec mes doigts. Comme. je. me. sens. mal.

quoi que je dise, t'as toujours raison de toute façon. Un sourire satisfait sur les lèvres. C’était le cas, t’avais toujours raison. Et qu’à cela ne tienne, c’était que le début. Ouaip. que tu confirmes avant de lui proposer de boire ou manger un truc. pop-corn mouais, mais sucré ! Mouais ? Cache ta joie Jill, putain. T’es d’accord sur le sucré, le pop corn salé c’est dégueulasse. Clairement dégueulasse. T’achètes un coca et un énorme pot de pop corn – qui te revient moins cher que deux moyens, y’a pas de petites économies dans ta situation – et vous filez dans la salle rejoindre les amis de Jill. Avachi dans ton siège, piochant dans le pot de maïs éclaté, tu poses les yeux sur la brunette. Elle est raide, elle te parle pas et elle semble stressée. C’est ridicule. T’es la pire actrice que j’ai jamais vue. lui murmures-tu en penchant la tête vers elle, avant de fourrer une poignée de pop corn dans ta bouche. Détends-toi Jill. dis-tu en posant une main sur sa cuisse, la retirant presque aussitôt en voyant son visage se crisper encore plus. Tu lèves les yeux au ciel et soupire doucement en laissant ta tête retomber sur ton siège.

Je suis mal à l'aise ? Ouais, totalement. Yann, il est comme un poisson dans l'eau. Et vas-y que je te bouffe un pop-corn et que je te fous mes phalanges sur ta cuisse. ça, j'étais pas prête. J'ai presque sursauté mais il la retirée aussitôt avant que mon corps réagisse. Putain, il se moque encore de moi. J'arrive pas à me détendre ok ? Je suis pas comme ça, j'ai pas l'habitude de faire semblant et puis en plus, j'ai jamais été intime à ce point avec un mec. Yep, jamais personne ne m'a accompagné au cinéma. Je ne sais pas ce qu'il faut faire, comment me comporter. Le malaise m'étouffe. Je me lève. « je vais aux toilettes. » je le laisse là, lui et son pop-corns et je pars m'enfermer dans les toilettes des filles. Vous pensez que je me fais une beauté ? Non. La grosse commission ? Encore moins. Je me tiens devant le miroir, énervée, triste de pas pouvoir gérer, les larmes au bord des yeux, je suis en train de m'insulter dans mon reflet, dans ma tête. Et pendant ce temps, Yann est tout seul, et le temps passe...

Putain. Elle avait eu une idée pourrie… mais elle avait le jeu d’acteur qu’allait avec. C’était même pas la peine de continuer. T’avais dis deux mois, elle avait dit deux semaines, deux minutes auront suffit quoi. je vais aux toilettes. Tu murmures un ouais.. en poussant tes jambes pour la laisser passer. Tu la regarde s’éloigner alors que les bandes annonces commencent. Une, puis deux, le pot de popcorn que tu manges tout seul. Mais qu’est-ce que tu fous là, putain ? Et puis Jill qu’est pas revenue. Tu t’lèves à ton tour, souris à ses amis et quittes la salle pour rejoindre le couloir tout tapissé de moquette. Les toilettes des dames, rien à foutre tu rentres. Jill, putain, tu fous qu.. Une dame sort, tu la bouscules. Tu râles et repères la brune contre les lavabo. Elle a les yeux larmoyants. Super, génial ! Garde ça pour l’jour où j’t’annonce que j’te quitte, tu seras parfaite. que tu souris en appuyant tes fesses contre les lavabo, la tête tournée vers Jill. C’est quoi le problème, meuf ? Ta main qui plonge dans le pot de popcorn – t’allais quand même pas l’abandonner tout seul dans la salle – pour en attraper une poignée que tu fourres dans ta bouche.

Allez Jill, fais pas chier putain. il te faudrait un petit verre pour te lâcher, ouais de l'alcool ça pourrait m'aider. Là, je suis tendue comme une crampe. Super, je pense à boire, mais qu'est-ce que je deviens ? Je tourne la tête quand une femme sort des toilettes et je me sens toute gênée quand Yann se retrouve ici. « eh les pénis c'est de l'autre côté. » que je dis en lui faisant signe de sortir. Mais il s'en fout, il reste là. Oh, il s'inquiète pour moi ? Je vois pas pourquoi je me mets tant de pression. Yann est gentil, vraiment. il me rend service. Pourquoi je ne suis pas capable d'y mettre du mien ? Je prends un mouchoir et j'essuie les défauts de mon maquillage autour des yeux. « c'est... moi. je suis tout bonnement ridicule ! je... j'ai jamais été au cinéma avec qui que ce soit en rendez-vous, j'ai jamais eu de mec ou de plan cul ou je sais pas quoi ! j'ai jamais... fait tout ça. alors faire semblant, j'y arrive pas. » je soupire et je chasse une larme qui est sortie toute seule. « fais chier. » que je siffle entre mes dents en levant les yeux au ciel en espérant que ça va empêcher mes larmes de couler.

eh les pénis c'est de l'autre côté. Comme si sa p’tite voix mal assurée allait te persuader de quitter les toilettes des meufs. Vraiment, c’était mal te connaître. Pas surprenant finalement, Jill ignorait tout de toi comme t’ignorait tout d’elle. Acteurs inconnus. c'est... moi. je suis tout bonnement ridicule ! […] alors faire semblant, j'y arrive pas. fais chier. Tu secoues la tête. Ah putain les meufs, phénomène trop compliqué pour les bonhommes comme toi. Alors fait pas semblant. dis-tu comme si c’était tellement logique Mais putain, ça l’est, en fait. C’était ton idée Jill. Soit t’assumes jusqu’au bout, soit tu retournes dans cette salle sans moi et t’envoie chier tes copines bordel. Mais étrangement, t’as pas envie qu’elle opte pour la deuxième option même si voir ce p’tit bout de femme s’énerver contre les pimbèches aux bras de leur chéri pourrait s’avérer épique. Tu te redresses, poses le pot de popcorn à côté des lavabos et te place derrière elle. Tu la prends par le bras pour qu’elle se retourne et soit face à toi, tout près. Ton pouce qui vient cueillir la larme qui coule le long de sa joue. Petit bout de femme innocente. T’attrapes ses deux petites mains et vient les poser contre ton torse. Arrête d’être si crispée, Jill ! que tu ris en voyant à nouveau l’expression de son visage à ce simple contact. Y’avait du travail si elle voulait continuer sa mascarade…

Rah, encore une fois, il a raison. Y'a pas mort d'hommes, t'as qu'à arrêter ce stupide jeu putain. Tu vois pas que ça te stresse tellement que ça te bouffe ? Je soupire, je pince mes lèvres, je cherche mes mots face à Yann. Yann qui me déstabilise en attrapant mes mains pour les poser sur son torse. Whut. Qu'est-ce que tu essaies de faire là ? Je lève un sourcil en l'observant d'un air interrogatoire. « j'essaye. » que je dis avec un petit sourire peu convainquant. Puis je plante mes yeux noisette dans les siens. « mais tu me crispes. j'sais pas comment tu fais. » tu me rends nerveuse, à fond. A chaque fois j'ai l'impression de trembler comme une feuille morte ou de m'écrouler à tout moment comme un château de cartes. Sans doute à cause de ton charme, de ton sourire, de tes conneries qui sortent de ta bouche. Vraiment Yann, faut arrêter de me retourner le ventre comme ça.