mad world (cal²)

Ce soir, il ne faisait pas spécialement chaud, mais la piscine du campus possédait un chauffage immense qui réchauffait l’entièreté de la bâtisse. Peu de personne avait décidé de venir à la projection de nuit qu’avait proposée le club d’informatique, une sorte de ciné-piscine, pour un vendredi soir calme. Mais les gens ne s’étaient pas précipités, peu de personnes étaient présentes, et c’était plutôt une bonne nouvelle pour Caleb qui avait envoyé un message à Cali pour lui proposer. Il savait qu’elle était à Harvard, et au moins, elle ne serait pas dépaysée. Et puis, il avait envie de la revoir, sa Lowell. Lui parler toute la nuit, et chantonner dans son oreille tous les morceaux de Mariah Carey qu’il a envie d’hurler pour la faire pleurer de rire. Alors quand il reçut une réponse positive de la blonde, un sourire d’enfant s’afficha sur ses lèvres et il partit se préparer en vitesse. Il passait le prisonnier d’Azkaban, le tome et film favori de Caleb. Tant mieux ! Il enfilait alors un polo gris relativement simple et un jean bleu foncé, laissant ses cheveux sans attache. De toute façon, avec l’humidité de la piscine, ils allaient n’en faire qu’à leur tête, autant les laisser libre à leurs folies. Il donne rendez-vous à Cali devant la piscine, et il se pointe rapidement au lieu de rendez-vous, presque en courant. Si ce n’était pas un Caleb plein de papillon ça ! Il passait une main dans ses cheveux en se frottant les mains l’une contre l’autre. Il faisait froid, il sentait son nez se congeler petit à petit sur place, mais il prenait sur lui. Tout ce qu’il voulait, c’était revoir Blanche-Neige, après leurs mésaventures dans le désert.

T’avais littéralement couiné quand t’avais vu le nom de Caleb apparaître sur ton écran. Une fois encore quand t’avais lu son message. T’avais un sourire jusqu’aux oreilles, des yeux pétillants et tu n’écoutais plus c’que disait le prof qui se raclait la gorge en te regardant. Hm, oui, désolée. Tu ravales ton sourire, prends un air plus que sérieux et pianotes ta réponse sur ton clavier. Un truc hyper sobre alors que tu mourais d’envie d’écrire n’importe quoi genre « aolzklgkklzmlfk !!! oui j’le veux ». Sobre, rester sobre.
Un ciné-piscine, c’est quoi au juste ? Un film projeté sur l’eau visible depuis les gradins ? Un film qu’on regarde dans l’eau ? Purée, tu sais pas toi, tu connaissais les cinéma en plein air mais pas les ciné-piscine. Tu files à la douche, te prépare, te parfume, tu t’fais belle. Numa serait là qu’elle se moquerait de toi, pour sûre. Un jean, un chemisier sympa, des converses, une énorme doudoune à froufrou, un p’tit sac à la baba cool dans lequel t’as glissé tes affaires de piscine ne sait-on jamais et tu quittes la Lowell House direction la piscine. Prenant les p’tits raccourcis, t’arrives par derrière le bâtiment. Tu le contournes pour te rendre à l’entrée et remarque la tignasse bouclée de Caleb. C’est le premier truc qui t’saute aux yeux. Le sourire aux lèvres, tu t’approches de l’étudiant qui te tourne le dos et te hisses sur la pointe des pieds pour venir poser tes petites mains froides sur ses yeux. C’est qui ? Tu essayes de prendre une voix qui ne t’appartient pas mais t’es incapable de garder ton sérieux, grande enfant. Salut. Les joues rosies par cette petite marche dans le froid. Et par Caleb qui s’tient devant toi, surement.

Caleb attend patiemment dans le froid quand il sent deux petites mains chaudes venir lui cacher les yeux. Ses lèvres s’étirent sur son visage et il entend la voix déformée de la blonde lui faire deviner qui elle est. « J’sais pas, le Grinch ? » Il se mit à rire et se retourne pour lui faire face. Et là, il ne sait même pas comment lui dire bonjour. Parce que tout se déforme dans son cerveau, et son cœur déjà bien meurtri par sa rencontre avec la mère de son fils se remet à battre en se pansant petit à petit. Il avait peut-être des plaies, mais Cali était ses sutures. Finalement, il passe sa langue entre ses lèvres et casse le silence gênant mais plutôt drôle qui se passe entre eux. « Le prisonnier d’Azkaban, ça te dit ? » Parce que c’était le potterhead enfoui tout au fond de Caleb qui parlait, il était excité comme un gosse de voir son film préféré de la saga. Il glissait sa grosse patte d’ours dans la main de Cali, et il poussait la porte pour qu’elle entre en premier. De grosses bouées immenses flottaient sur l’eau et étaient retenus avec des cordes pour les rapprocher du bord. L’air était humide, mais des fenêtres étaient ouvertes vers le haut pour évacuer l’humidité un peu oppressante. Il vendait à manger dans le coin, et Caleb avait une dalle d’enfer. « Tu veux manger quoi ? » C’était un rencard, il n’en avait même pas conscience. Il s’approcha du petit stand tenu par un élève du club. « J’voudrais une barquette de frites avec beaucoup de ketchup, et une bière s’il vous plait. » Puis il attendit que Cali prenne sa commande. « Et si t’es pas sage, j’te fous à la flotte, ok ? » Et il montra ses dents dans un sourire innocent et rieur.

J’sais pas, le Grinch ? Perdu. que tu réponds en souriant alors qu’il se retourne en riant. Et ses yeux qui percutent les tiens, tu pourrais fondre comme glace au soleil là. Le prisonnier d’Azkaban, ça te dit ? Tu jettes un coup d’œil à travers la baie vitrée de la piscine pour voir ce qu’il se passe à l’intérieur et reposes les yeux sur Caleb en haussant les épaules. J’suppose que oui. Harry Potter, l’une des sagas préférée de ta sœur. Ah t’en a mangé du p’tit sorcier à lunettes quand vous étiez chez vos parents. T’aimes bien mais tu te considérais pas non plus comme tous ces super fans. Comme Caleb par exemple vu le sourire qui trônait sur ses lèvres. Sa main glisse dans la tienne, tu la serres surement un peu trop fort avant d’entrer dans le bâtiment où l’odeur de chlore mélangée à celle de friture te chatouille les narines. T’ouvres ton manteau et l’enlèves, il fait chaud là dedans. Et puis tu regardes un peu l’agencement de la piscine. Un écran géant, quelques bouées géantes dans la piscine, un petit stand de nourriture et c’était tout. Tu reviens à Caleb lorsqu’il te pose une question et réfléchit en lisant la p’tite carte plutôt sommaire tandis qu’il passe sa commande. Et bien… la même chose ! Mais avec sauce andalouse, s’il vous plait. dis-tu en désignant l’énorme pot de sauce qui trainait sur la table. Et si t’es pas sage, j’te fous à la flotte, ok ? Tu baisses la tête en haussant les sourcils. Si je suis pas sage ? Tu reprends ses mots en riant. J’suis toujours sage. reprends-tu en hochant la tête, attrapant ta petite barquette de frites dégoulinante de sauce orangée et ta bière. Club informatique alors ? T’en fais parti c’est ça ? dis-tu en mordant dans une frite avant de rejoindre les gradins de supporters. Vous n’alliez quand même pas manger dans l’eau, si ? Et l’idée c’est d’aller s’poser dans ses énormes bouées pour regarder le film, c'est ça ? Cali Holmes, enchantée.

Cali passait donc sa commande, et l’étudiant préparait le tout devant eux. Il se tournait vers Cali qui se demandait si elle était oui ou non, sage. La question était drôle et à la fois… L’homme tendit une barquette à Cali et une barquette à Caleb qui s’empressa d’en mettre quelques une dans sa bouche, puis il récupéra enfin sa bière fraîche qu’il posa sur son front tant la chaleur de l’endroit était impressionnante. Caleb enleva sa veste. « Passe-moi ta veste, veux-tu. Tu n’as pas envie de la retrouver trempé dans l’eau, non ? » Caleb prit son manteau et partit la ranger dans un casier avec un cadenas à code. Il bloqua la ferraille et partit vers une des cordes. « Tu crois vraiment qu’on va s’caler là-haut pour mater le meilleur des Harry Potter ? T’as rêvé toi ! » Il se mit à rire et il posa sa barquette sur celle de Cali, puis sa bière sur le sol. Il sortit la corde de l’eau et attira la bouée géante vers eux. « Blanche-Neige, l’informatique et moi c’est l’amour fou. Tu vois ce nerd à lunettes fan de WoW, de la pop-culture et qui ne jure que par Gandalf ? C’est moi. » Il hocha la tête plusieurs fois. « Désolé de casser le mythe du mec sportif. » Il se mit à rire en haussant les épaules et la bouée tapa enfin sur le bord de la piscine. Enfin ! Il y avait des poids plus ou moins léger sous les bouées pour se stabiliser lors de la montée à bord, alors Caleb en profita pour aller enfin sur la structure gonflable et allait s’asseoir. « Tu veux que j’te tire dans l’eau pour venir ou tu vas me rejoindre ? » Il adorait voir Cali dans cet état de confusion, c’était risible. Et son nez tout froncé là… Il récupéra sa barquette, sa bière, celle de Cali et la barquette de Cali pour qu’elle n’ait plus qu’à penser à se jeter à l’eau. Métaphoriquement, évidemment.

Passe-moi ta veste, veux-tu. Tu n’as pas envie de la retrouver trempé dans l’eau, non ? Euh non, surement pas. Tout comme ton jean, ton chemiser, tout en fait. Faut dire que pour aller dans l’eau ils avaient inventé un truc génial qui s’appelle un maillot de bain mais les geeks du club informatique ne semblaient pas en avoir connaissance. Et puis y’avait vraiment personne en maillot, à croire qu’ils avaient tous confiance en l’équilibre de ces bouées-là. Toi, pas vraiment. T’avais passé suffisamment d’été dans des piscines avec des gonflables en tout genre pour savoir que ça s’retourne ou ça s’remplit à un moment où l’autre. Hm, tu lui files ta veste et croques quelques frites à nouveau. Sauf que Caleb il est pas spécialement d’avis pour s’installer dans les gradins le temps de gober ces frites et cette bière. Les bateaux, direct. Tu l’regardes tirer l’une des bouées – une verte – vers le bord de la piscine tandis qu’il te raconte combien l’informatique compte pour moi. T’avais un peu l’impression qu’il te décrivait ta sœur, c’était drôle. Où sont passés les boutons d’acné, les muscles en pattes à modelé et les cheveux gras ? On nous aurait menti ? plaisantes-tu en faisant faussement les gros yeux. Caleb était tellement tout l’contraire de tout ça, il était beau. Ouais. Tu l’regardes grimper dans la bouée – toujours verte – et y déposer votre nourriture. Tu veux que j’te tire dans l’eau pour venir ou tu vas me rejoindre ? Tu hoches la tête. Deux secondes, oh ! que tu souffles, un sourire aux lèvres, en délaçant tes converses. Si au moins elles pouvaient être sauvées, elles. Tu planques tes chaussettes à l’intérieur et met un pied dans le bateau qui tangue, évidemment. Cali Holmes, le retour. Alors que t’as un pied dans la bouée, un autre sur le bord, la bouée – encore verte, cette info est inutile mais j’fais genre elle est hyper importante – décide de partir au large. Ah, mais.. Gnuh, tu bondis dans la bouée et t’y étales comme… une Calicrêpe. T’étais ridicule, c’est horrible. Tu t’redresses en t’appuyant sur les cuisses de Caleb, t’assois en tailleur à ses côtés et glisses une main dans tes mèches blondes pour les dégager de ton visage. Tu récupères ta barquette de frites que tu poses devant toi et ta bière que tu portes haut devant toi. A Harry Potter et ce drôle de cinéma improvisé. que tu lâches avant de porter la cup en plastique à tes lèvres. Des gens continuent d’arriver, le film commencerait surement d’ici quelques minutes, tout au plus. La peinture. Tu tournes la tête vers Caleb. C’est mon truc à moi. Tu vois cette artiste à grosses lunettes pour faire genre, une blouse pleine de tâche et d’la peinture partout sur le visage ? C’est moi. souris-tu, lui offrant un nouveau petit bout de toi.

Puis finalement, elle se décide à venir en grimpant d’une manière hyper maladroite dans la bouée. Il la regarde faire, pinçant les lèvres. Allait-elle utiliser la manière forte ou la manière douce ? Comment allait-elle atterrir surtout ? Et puis la réponse se dessine sous ses yeux et il finit par mourir de rire en la voyant tomber directement dans la bouée. Elle s’aide de ses cuisses pour se relever et ils sont bien trop proches pour que le palpitant de Caleb ne manque pas un raté. Elle s’assoit en tailleur et remet ses cheveux en place. Caleb, lui, il aimait bien ses cheveux en bataille, parce qu’ils étaient beaux, sauvages. Il leva son verre en plastique en le faisant claquer contre le verre de Cali, et cela ne fit aucun bruit. « A tes cheveux qui vont finir trempé avant la fin de la soirée ! » Il en était sûr, elle allait finir par tomber. Il y avait une chance sur deux que ça arrive. Même que Caleb n’avait pas prévu de provoquer le destin, cette fois. La poisse de Cali allait l’emporter sur son combat contre l’équilibre. Il l’écoutait parler de sa passion pour la peinture, en caricaturant le personnage de l’artiste pleine de couleur sur tout le corps. Chacun avait son cliché attitré, et il avait eu cette chance, peut-on dire, d’être quelqu’un qui ne subisse pas les moqueries que ses camarades informaticiens subissaient à longueur de journée. Il passait sa langue entre ses lèvres en mangeant à nouveau une frite qu’il venait de tremper dans la sauce tomate. « Tu fais des tableaux ? Tu fais quel genre d’art ? » Il avait même envie de voir ce qu’elle dessinait. « En parlant d’art… tu fais des dessins de tatouage ? » Il était intrigué. En fait, il avait envie de se faire tatouer depuis longtemps, il n’en avait pas un seul sur le corps. Est-ce que Cali pourrait retranscrire ses idées ? Il savait que la réponse serait oui, parce qu’étrangement, il avait pleinement confiance en elle.

Tu mentirais si tu disais ne pas un peu trop apprécier les moments passés en compagnie de Caleb. Quand tu repenses à cette nuit dans ta voiture, cette drôle de parenthèse que vous vous étiez accordée, t’as un sourire jusqu’aux oreilles et de drôles de frissons dans le ventre. Quand t’es avec lui t’as l’impression d’être… toi. Toute entière. Ecoutée, comprise, pas jugée. Et ça fait du bien. A tes cheveux qui vont finir trempé avant la fin de la soirée ! Est-ce que c’est une menace ? ris-tu en portant ton gobelet à tes lèvres avant de le reposer sur le fond de la bouée. C’était surement une mauvaise idée ça, d’ailleurs t’étais étonnée qu’ils soient encore pleins malgré ton atterrissage en douceur dans cette grosse bouée – verte –. A ton tour t’attrapes une frite et la plonge dans la sauce de Caleb, histoire de goûter le ketchup des geek, c’est tout. Tu fais des tableaux ? Tu fais quel genre d’art ? Est-ce que t’avais seulement un genre ? Tu touchais à tout, tu ne t’étais pas encore trouvé ton propre style même si tu vouais un amour tout particulier à ces choses plutôt simples, enfantines. Des toiles oui, j’dois en avoir des dizaines dans ma chambre à la Lowell, ça rend folle ma coloc’. Faut dire que t’étais un brin envahissante comme fille. Je peins c’qui me passe par la tête. Des paysages, des objets, des personnes. C’qui m’inspire, en fait. Et il était bien là le problème, t’avais parfois tellement de projet en tête que tu commençais une toile sans avoir terminé la précédente.. et tu mettais des semaines avant de les terminer, du coup, prise dans trop de choses pour trouver le temps de peindre, parfois. En parlant d’art… tu fais des dessins de tatouage ? Tu secoues la tête. Autant t’arrivais à faire d’énormes choses avec un pinceau, autant te donner un crayon revenait à s’attendre à voir le chef d’œuvre d’un bambin de quatre ans. Non, c’est trop fin. Enfin ça n’a rien à voir avec c’que font les dessinateurs. J’suis peintre moi. Peintre. Comme ci tu pourrais en vivre un jour, ce petit bout de rêve qui prends de plus en plus de place dans ta tête. T’as une envie de tatouage en tête ? lui demandes-tu avant de montrer ton avant bras. Si j’devais m’faire tatouer, j’ferais un patin ici. Tout petit, pas très gros. Juste de quoi attirer la curiosité de ceux qui le remarquent et toi, de le voir tous les jours. Et une palette ici, ou simplement un pinceau. T’as les yeux qui brillent, tout ça ça te tient tellement à cœur, petite Cali.

Des portes-gobelets se trouvent à leur disposition pour y poser leurs verres et Caleb pose le sien avant de s’asseoir contre le dossier gonflable, qui fait un peu tanguer l’embarcation. C’est fluide, ça respire le repos, et il est à l’aise, là, assis aux côtés de sa Blanche-Neige. Il passe sa langue entre ses lèvres et il l’écoute parler de ce qu’elle dessine, de la façon dont elle voit les choses pour son art, surtout qu’elle préfère la peinture aux traits bien trop invisibles d’un tatouage. Tant pis, il aurait été ravi d’avoir un truc signé Cali Spencer sur le dos, ou le bras. Puis elle lui donne des informations de tatouage qu’elle rêverait de posséder. Il suit son petit doigt qui se dirige pour montrer les zones appropriées et Caleb rêve un peu. Pendant une seconde, il s’imagine à la place de cette encre, ou de ce doigt et il contracte sa mâchoire, déconnecté. Tout en lui était fébrile, et c’était par effet gentleman qu’il ne sautait pas sur Cali à l’instant. Faire les choses proprement, ça ne lui était jamais arrivé. Alors pour sa blonde favorite, il voulait rester un peu plus sage. Puis il relève la tête. « Ouais… J’aurais voulu me faire tatouer un animal marin sur l’épaule et le bras. Peut-être une pieuvre qui prendrait tout le bras. » Il illustrait ses propos en passant sa main sur son bras. Il en avait envie depuis longtemps mais il n’était pas sûr d’être capable de passer le pas. Pour un premier tatouage, se dessiner tout un membre, n’était-ce pas risqué ? « Pourquoi tu ne te les fais pas ? Et surtout, pourquoi un patin ? Tu n’es pas le genre de nana à tomber sur la glace ? » Il fit semblant de bouder. « C’est bien dommage ! Comment j’te sauve moi ? » Il se mit à rire en prenant une nouvelle gorgée de sa bière.

Tu t’ouvres, tu veux qu’il apprenne à te connaître toi, Cali. Cali, cette petite femme pleine de défauts, débordante de passions, un trop plein d’énergie souvent. Et tu l’écoutes, tu bois ses paroles, tu veux qu’il te parle, toujours. Sa voix grave et masculine. Une pieuvre, sur le bras. Tu l’imagines, torse nu, avec les tentacules de l’animal lui entourant le biceps, jusqu’au coude. Ca change de tous ces tatouages tribaux que t’avais l’habitude de voir sur les plages, l’été. Pourquoi tu ne te les fais pas ? Et surtout, pourquoi un patin ? Tu n’es pas le genre de nana à tomber sur la glace ? Tu te mordilles la lèvre avant de rire devant sa fausse mine boudeuse. J’pourrais te retourner la question. J’le fais pas parceque.. Tu secoues la tête en haussant les épaules. J’ai peur d’avoir mal ? C’est con, je sais. Et puis tu arques un sourcil. Tu des patins, t’étais une pro. Sur des patins, tu devenais une autre Cali. Une fonceuse, une hargneuse, prête à tout pour gagner. Tu charges, tu glisses, tu fonces. J’fais du hockey. Ouais, ça fait toujours cet effet là quand on t’voit toi, petit bout de femme. Je joue plus trop en équipe, j’ai plus l’temps, mais j’arbitre les matchs des juniors du coup. C’était différent mais t’aimais ça tout autant. Bien qu’un jour t’adorerais retrouver une équipe et claquer quelques buts au fond des filets. C’est bien dommage ! Comment j’te sauve moi ? Tu croques quelques frites et te lèche le bout des doigts. Hm, en m’emmenant au cœur d’une attaque de zombie ? J’suis une grande fille Caleb, j’ai pas besoin d’être sauvée. Et tu lui coules un doux regard avec un sourire sur le coin des lèvres avant de boire un peu de ta bière. Tu regardes l’espace entre ses jambes et t’imagines lovée contre lui, ton dos contre sa poitrine, entourée de son odeur. De lui. Tu dérailles complètement, il te rend niaise, c’est pas croyable. Tu fais quelque choses de spécial pour les fêtes ? lui demandes-tu sans trop savoir si Caleb appréciait cette période de l’année.