(alexis) soirée foireuse

Ah, le Lord Hobo m'a manqué sur cette ville de Cambridge. J'y ai mes habitudes et, même après un an, elles sont encore là. Les agents de la sécurité du club se souviennent encore de moi, ça me paraît louche mais j'apprécie cela. Pénétrant dans le bâtiment de nuit, je me commande un premier verre et vois directement cette jeune petite blonde très jolie. Allez, c'est parti et en selle. Je m'approche d'elle, commence à lui parler et le courant passe plutôt bien. Je décide de m'absenter le temps d'une petite second et lorsque je reviens, cette dernière me balance son verre à mon visage. What ? Incompréhension totale alors qu'elle quitte le Lord Hobo. Euh... Je me retourne, et je te vois, toi, rire. Sourcils froncés, je m'approche de toi. T'as foutu quoi ? Parce que je te connais.

C'est simple, tu sais. J'suis là, pas loin, avec quelques Eliots, on discute de combien cette confrérie prend l'eau, de combien j'ai bien fais de la quitter, au moins pour le moment. J'en ai encore les atouts, je porte aux poignets la richesse, et mon corps se revêt de peu. Suffisamment pour cacher nos échanges houleux avec Caleb. Mon sang s'enivre, mon rire raisonne, et mes prunelles se fixent sur toi. Sur toi et elle. Pauvre agneau coincé dans tes griffes acérées, encore rouges de ta précédente victime. Ce n'est pas la plus éclairée de mes connaissances, ni même la plus attachante, pourtant, va savoir pourquoi, il me prend comme une envie de lui porter secours. Tu t'éclipses. T'aurais pas dû. Il ne me faut que quelques minutes, secondes peut-être, pour lui glisser des informations à l'oreille. Fausses, pour la plupart. Qu'importe, c'était définitivement une bonne action. Tu reviens, ta belle se venge, et s'enfuie. Et, moi, je rie, les lèvres à peine dissimulées dans mon verre. T'as foutu quoi ? Hausse les épaules, non-chalante, mauvaise innocente. « J'ai vu que tu galérais, alors j't'ai donné un petit coup de pouce. » J'ai marché sur la minuscule flamme que tu t’efforçais d'embraser. Sort un mouchoir de son sac, et tapote délicatement le visage adverse, non sans se lasser de son léger sourire amusé. « Daikiri, non ? » Moqueuse, la brune. Allez, j'ai sauvé un animal innocent ce soir.

Je te connais, je sais que tu n'y es pas pour rien dans cette situation cocasse qui vient tout juste de m'arriver. Oh, ça m'est déjà arrivé mais là, j'ai bien travaillé au corps pour réussir et toi... toi, tu viens tout gâcher. Ce n'est pas la première fois que tu me fais ce coup-là, à croire que t'es jalouse. Doucement, je repousse ta main qui vient m'essuyer le visage d'un mouchoir. Tu m'suis ou quoi ? Je garde mon calme, tente de me préserver parce que je ne veux surtout pas m'énerver. Je suis impulsif, c'est très compliqué. Tu cherches quoi en fait ? Si tu veux ma bite, faut le dire de suite. Te lances-je alors, buvant ma bière restée sur le comptoir pendant que je suis allé au petit coin. Je te regarde, te défie même du regard.

Attiser la colère, la rage, le désir, tout ça, j'sais faire. J'sais pas dans quel art je me distingue le plus, mais tous ces sentiments, je vais les faire pousser sous ta peau. Nos échanges ne sont jamais cordiaux, sauf le premier. Le premier, où nos lèvres se sont confrontées, où tes doigts commençaient à arpenter ma peau, quand je t'ai repoussé. Oh, il en a fallu de la volonté, pour résister à tes prunelles incendiaires. Le prix de la vengeance. Maintenant, j'crois que ça tient davantage du jeu. « J'suis littéralement obsédée par toi Camille. J'peux jamais être trop loin de toi, tu sais bien. » Qu'elle souligne de son sourire doucereux, suintant l'ironie. J'te pousserai à bout. « Pourquoi ? Parce qu'elle est disponible de suite ? » Le serveur pose son cocktail sur le bar, et demoiselle l'attrape du bout des doigts. Y trempe ses lèvres acides. « Elle méritait mieux. » La fille, cette fille-là, celle que tu rêvais dans tes draps ce soir, elle s'attache aussi vite qu'on respire. Et toi, t'es plutôt du genre à faire expirer quelques soupirs, et à te barrer. J'fais peu de bonnes actions dans ma vie, mais laisse-moi celle-la.

Passablement énervé, je n'apprécie pas le fait que tu te mêles de mes affaires. Tu veux jouer avec moi, je n'apprécie pas vraiment ça. Je soupire, buvant mon verre d'un seul trait. J'ai juste envie de me bourrer la gueule, flemme de recommencer à draguer une autre femme. Disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour toi, tu le sais bien. Je te regarde longuement dans les yeux, alors que tu me dis que cette fille mérite mieux que moi. Et donc quoi ? Tu joues les super-héroïnes maintenant ? Laisse moi juste rire. Je commande un autre verre, cette fois-ci quelque chose de plus fort, une vodka citron. Tu me fais rire, t'es plutôt le genre à penser qu'à toi normalement. Je tourne la tête de gauche à droite.

J'sais même plus pourquoi je fais tout ça, si c'est pour elles, si c'est pour moi, ou si c'est pour finir par avoir ton attention. Qu'importe, on s'en fout après tout. Personne ne croit plus en mes bonnes intentions, même pas toi. J'ai à peine le temps de glisser un suintant de sarcasme : « T'es un vrai service public Camille. », que tu frappes. Relève la tête, le menton, légèrement, se mordant l'intérieur de la joue. Touché. C'est vrai que ça ne te ressemble pas, demoiselle. Tu penses qu'à toi. Ouais, ça se voit à ce point ? « C'était trop facile, c'est presque indigne de toi. » Retourne les argument dans tous les sens, comme ça l'arrange. Je me contredirais à chaque réplique, si ça va dans mon sens. L'alcool rejoint son sang, et elle le suit dans le rythme des verres. Provocation. Le sourire s'esquisse. « Ca te fait du bien, d'apprendre un peu l'échec. » Délicate référence à nos échanges, à tes doigts sur ma peau, et moi qui me fait violence pour les écarter. Parce que cette fille-là, celle à laquelle tu t'étais attaqué, j'l'appréciais vraiment. Entame sérieusement son verre, alors qu'elle s'appuie contre le bar, observant les futures victimes autour d'eux. « Tu crois que tu peux séduire n'importe laquelle de ces filles ? » Prend ça pour un défi, je suis d'humeur joueuse. J'sais pas si c'est mieux quand tu les regardes, ou quand tes prunelles se portent sur moi.

Comme la préfecture, et ouais. Je ris doucement, m'en fiche de mettre pris un gros vent, je peux me rattraper. Je le sais bien ça. Madame veut que j'ai l'élite, c'est ça ? Et pourtant, je peux bien me contenter de la facilité quand je ne veux pas me prendre la tête et maintenant que t'es là... Une idée commence à germer dans mon esprit, une idée assez tordue en effet. Je finis mon verre que j'ai entre les mains, demande au serveur de me resservir un nouveau verre. Quand j'veux, ouais... J'aime bien aussi l'inaccessible. M'asseyant à tes côtés, regard charmeur en ta direction. Je te souris, invite le serveur à te servir d'un nouveau verre. Allez, montre moi un peu tes talents. A part... fuir. Comme à cette précédente soirée où tu m'as laissé en plan, ou t'as clairement fui.

Tu t'en fous, tout te passe au-dessus Camille. T'as pas l'air de voir les regards rougis des filles qui pensent à plus, qui pensent à mieux. Alors, j'crois que j'me suis sentie l'âme d'une vengeresse, l'espace d'un instant. Puisqu'il en fallait bien une, pour redescendre ton ego de quelques étages. Surement que ça me plaisait aussi un peu, d'être dans ce rôle. J'vois ce que tu leurs fais, j'comprends la séduction de ce type qui déborde de confiance. « Ils finissent toujours leur service trop vite. » Qu'elle ironise, de ses lèvres amusées. C'était facile, certes, mais toujours efficace. Porte son verre à ses lèvres, et observe le bellâtre, du coin de l'oeil. « Tu te lasses jamais ? » Tu vas me dire que chaque femme est différente. C'que je peux comprendre, mon corps obéit aux pulsions primaires, mais avec un peu plus de sélection que toi. Moins de régularité, à c'que j'en vois. « Camille aurait-il le besoin constant d'être aimé ? » Tes aventures m'intriguent, je dois dire. Je devrais passer à autre-chose, me contenter de ce que tu sers au monde, j'sais pas pourquoi je gratte un peu la surface. Pourquoi mon verre se remplie à nouveau, venant garnir mon sang d'un peu plus d'ivresse. « C'était pour ton bien, j'voulais pas que tu tombes amoureux Napoléon. » Souffle avec malice, la bouche goût vodka. « J'ai beaucoup trop de talents, il va falloir que tu précises. » Sans prétention, aucune.

Un jeu dangereux auquel nous jouons toi et moi, mais j'apprécie, petit à petit. C'est drôle, vraiment drôle et intéressant. Ce petit jeu de séduction, sauf que cette fois-ci, non, je ne me laisserai pas avoir par toi, pas du tout. Pourquoi m'en lasserai-je ? J'aime la chair. Pourquoi le cacher ? Je ne fais clairement pas parti de ces gens-là qui n'assument pas leurs actes. J'aime baiser, j'aime baiser avec différentes femmes mais il est vrai que derrière ça se cache également le fait que je ne veux pas penser à elle. Elle, qui m'a brisé le cœur. Je ne cache pas aimer les câlins. J'hoche la tête doucement, souriant. Assis à tes côtés, nos verres rapidement resservis, je porte le goût âpre et amer du liquide alcoolisé à mes lèvres, ce même liquide me brûlant la gorge. Oh... Pas la peine de préciser... Je pense que tu es le genre de personne à souvent fuir, tu sais ? Main habile parcourant tes cheveux, jouant avec une de tes boucles brunes.

J'crois qu'en te regardant, en essayant de gratter un peu, cette surface que tu me présentes, je cherche à trouver des réponses qui me concernent. C'est jamais qu'un mec qui baise n'importe qui, n'importe quoi, c'est jamais que ça. Pour toi, en tout cas. « Et le lendemain, y a plus personne. » Les lèvres s'ornent d'un fin sourire, qui comporte une certaine mélancolie. Ouais, j'fais pareil. Le matin, je les garde parfois un peu, pour le match retour. Et après, j'veux qu'ils partent, qu'ils disparaissent. Hommes jetables après consommation. « Les câlins, c'est mignon. » S'amuse l'amazone, la bouche à son verre. « Ca sonne si peu chaste à tes lèvres. » Tu transpires le plaisir, Camille, ça s'voit à ton regard, à ta manière de poser tes prunelles sur la gente féminine : sur moi, à cet instant. Tu sais faire, Bonaparte. Le problème, c'est que moi aussi. Tes doigts dans ma crinière, et moi qui libère ma nuque, par provocation. J'te libère la peau, et ma langue se fait acerbe, joueuse. « Tu crois que j'ai envie de toi ? Que j'veux finir dans des draps qui en ont connu beaucoup trop avant moi ? » Pourquoi je serais un numéro après les autres, alors que j'pourrai stagner dans le podium de celles qui persistent à rester à quelques centimètres de tes lèvres ?