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London, december 24th 2018 - on nage en eaux troubles, les yeux bandés, et ça fait trois ans qu'on arrive pas à trouver le terrain sur lequel s'arrêter tous les deux. sauf qu'y a un moment où faut qu'on arrête les faux semblants, qu'on arrête de croire que les choses vont se résoudre toutes seules, j'pense que toi comme moi on sait maintenant que le temps n'a pas été de notre côté ces dernières années, et encore moins ces deux dernières semaines. j'suis obligée d'être honnête, obligée de faire ce pas vers toi et d'te dire de but en blanc combien tu me fais perdre la tête. et j'm'en rend compte un peu plus encore avec le poids de ton corps contre le mien, et la caresse de tes lèvres contre les miennes. j'le sens à mon coeur qui s'anime dès que tu fermes les yeux à mon contact. j'ai passé les deux dernières semaines à essayer de me convaincre que c'était juste du désir, de l'attraction physique. mais penser comme ça, c'est de la pure connerie. quand tu mentionnes à nouveau les deux dernières semaines, et cet espoir que t'avais qu'on mentionne ce "nous" sans étiquette, je pince les lèvres, mes doigts qui courent toujours sur ta joue avec précaution. « j'avais peur de l'issue que prendrait la conversation. peur de devoir rempiler pour des années de conversations bateau au détour d'un couloir. » peur qu'on en vienne à se fuir, cette fois pour de bon, si j'précipitais les choses, si j'te laissais pas d'espace. mais peut-être qu'au fond, celle qui en a eu besoin sur le moment, cette fois c'était moi, pas toi. et j'voudrais te demander de le répéter inlassablement. t'es à personne d'autre. est-ce que j'peux espérer te garder rien que pour moi ? essayer au moins de savoir ce que ça fait de pouvoir te clamer comme mien ? j'ai l'coeur qui bat trop vite, trop fort à chacun de tes mots, et ce sourire que j'arrive pas à retenir, malgré moi, quand tu rappelles que cette fille n'est pas moi. j'ignore tout, même la jalousie chaque fois que tu prononces le nom de cette fille, pendant que toi, t'as l'air d'avoir besoin d'entendre de ma bouche ce que je veux. mes deux mains sur tes épaules, mes doigts liés derrière ta nuque, j'veux pas que tu quittes mon regard quand enfin, je me décide à poser des mots sur mes pensées. « j'veux qu'on essaie, tae. qu'on essaie de mettre de côté nos a priori, qu'on arrête un peu de se prendre la tête à se demander ce qui est correct ou ce qui ne l'est pas. j'te veux toi, et je crois que tu me veux tout autant. et j'pense que ça devrait nous suffire pour l'instant. » j'te demande pas de me promettre le plus beau des avenirs à deux. j'te demande rien d'autre qu'une chance de mettre une autre étiquette que voisins ou amis sur nous deux. et tu me plais, même avec ton pull moche, que tu défends presque aussitôt, m'arrachant un rire, probablement le premier sincère depuis le début de ce réveillon chaotique. « c'est tellement cliché, c'est injuste que ce genre de pull t'aille si bien. » c'est injuste que tu sois beau avec n'importe quoi sur le dos. et maintenant ? on fait quoi ? on reste là, à se regarder l'un l'autre, ou on se décide à bouger, à savoir ce qu'on fait ? pourtant, ton premier geste, c'est celui de réduire la distance entre nos deux visages le temps de frôler mes lèvres avec les tiennes, et c'est mon myocarde qui fait encore des siennes, me coupant le souffle que je reprends presque aussitôt dans un rire quand tu mentionnes mon père. ah. « on va éviter si tu veux bien. » j'ai pas envie de plus de dramas pour ce repas de noël, m'voyez, j'pense qu'on a déjà assez mal commencé. lèvres pincées, sourire espiègle qui pointe malgré moi, je baisse les yeux avant d'avouer « je suppose que j'ai bien choisi ma robe, après tout. » ma façon à moi d'admettre que ouais, j'me suis pris la tête parce que j'voulais que tu me trouve belle ce soir. « mon père te fera rien dans ta propre maison. et il te connaît depuis toujours. mais pour ce soir, on a qu'à... descendre et être plus discrets. » pas besoin de créer un scandale alors qu'on sait pas encore comment ça va se passer entre toi et moi. mes mains quittent ta nuque, rejoignent rapidement ton col et la peau à la naissance de ton cou, que j'effleure distraitement en reprenant : « se porter volontaires pour débarrasser la table, pour voler quelques secondes à l'abri de leurs regards. » puis après tout, c'est juste le temps d'un repas, on devrait y survivre, et être de bons acteurs, non ? tant que mon père te pète pas le nez, moi ça me va.(Invité)