On fire (-) Elliot

with @Elliot Maxwell

Ah ça, pour en dire il en dit, des bêtises. Je le regarde, à la fois ébahi et amusé par les propos qu’il tient et par ces perches au nombre croissant qu’il ne cesse de me tendre pour réagir et le mettre mal à l’aise. Parce qu’il est bel et bien question de le pousser dans ses retranchements. Regardez-le, l’archétype même du beau mec populaire qui revendique une hétérosexualité pour ne pas prendre le risque d’affronter la réalité de sa propre situation. Monsieur est aussi hétérosexuel que Kim Kardashian est virginale. Il n’est pas prêt à se l’admettre, pas encore préparé psychologiquement à accepter le fait que son cœur – que dis-je, son corps – soit malmené par des pulsions à l’égard d’autres garçons. Chacun avance à son rythme, certains n’acceptent jamais… Une question de tempérament et de volonté d’en découdre. Le climat social qui entoure l’individu dans le déni contribue pour beaucoup à un éveil éventuel ou a un prolongement du déni vers une forme aigüe, malsaine et plus douloureuse qu’elle n’y parait. Je me demande quelle direction Elliot empruntera, parce qu’il est dorénavant impossible de douter de sa bisexualité. Il n’y a qu’à l’écouter. Le mec est peut-être en couple avec une jeune femme très charmante, Agathe, mais il vient de se justifier pendant deux ou trois bonnes minutes pour un truc qui ne nécessitait aucune justification, comme s’il devait se défendre d’avoir considéré donner suite à une blague potache. Ouais, parce que je ne lui proposais pas réellement de se mettre à genoux pour m’offrir une fellation digne de ce nom, je ne dis pas que j’aurais boudé mon plaisir, on sait tous que j’aurais sauté sur l’occasion si elle s’était présentée mais… Non, il ne s’agissait que d’une phrase orientée provoc’ qui aura eu le mérite de le faire sortir de sa zone de confort et de se trahir. Je pourrais rebondir à mon tour, en faire des tonnes, le mettre mal à l’aise, aller encore plus loin mais à la place… Ouais, je sais où trouver les limites et quelle ligne ne pas franchir lorsque je sens que l’heure n’est pas arrivée. Ce n’est ni le lieu, ni le moment. Je n’en suis pas encore là. « Un hétéro par nature peut être considéré hétéro s’il n’a couché qu’avec un mec pour la beauté de l’expérience sans avoir éprouvé suffisamment de plaisir pour avoir envie de donner suite. Quand l’acte est répété au-delà d’une simple tentative motivée par la curiosité… J’crois qu’on tend réalistement vers la bisexualité. » J’analyse, je ne donne pas mon avis… Parce qu’il n’est clairement pas prêt à entendre ce que je pense de tout cela et que je n’ai pas à m’exprimer sur quelque chose qui ne me regarde pas. « Mais je vois… » Je lui adresse un petit clin d’œil et l’embarque avec moi vers un sujet nettement moins sérieux mais bien plus fun pour lui : la soirée qui nous attend et qui, je le sais, sera fortement alcoolisée. « Vodka pour tout le monde alors ! » Je nous commande un mètre de shots, de quoi nous éveiller. « T’es prêt ? Je vais t’allonger en un rien de temps… Dix shots chacun, cul sec, et place à l’exploration des lieux. » L’ambiance est, certes, au beau fixe ici… Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est le cadre, les lieux… J’ai envie de me faire peur cette nuit.