this fire (alexis & caleb)

Il y avait une certaine danse dans les mouvements fluides que Caleb menait. Une grâce d’outre mer qui laissait libre court à la chorégraphie marine des poissons, des algues, du sable, des requins et raies. Finalement, c’est Alexis qui lui lâche la main pour qu’il aille nager un peu plus loin. Et là, il devient quelqu’un d’autre. Une raie danse autour de lui, pendant qu’il nage en arrière, et il va chercher derrière un rocher un requin qui dormait profondément. Il revient vers Alexis en riant comme il put parce qu’elle n’était pas du tout à l’aise, et il repart ensuite pour avancer sans trop de mouvement et ne pas effrayer les animaux qui étaient en train de sombre. Une pensée pour le fait que Caleb les avaient nourris auparavant, c’était plutôt une bonne nouvelle pour leur santé vitale à tous les deux. Puis il voit que l’air manque dans son appareil, alors il nage vers Lex pour récupérer son oxygène et constater qu’il est l’heure de rentrer à la surface, de briser cette bulle hydrophile. Il lui fait signe de tête qu’elle doit remonter à la surface. Il remonte enfin et il enlève le tuyau d’oxygène de sa bouche pour prendre une grande inspiration. Le comparatif entre l’air dans la boîte en fer, et l’air à l’extérieur… tellement différent qu’il manque de s’étouffer en reprenant de l’air, et il récupère Lex. Putain, elle est plus trempée que quand ils boxent, et elle a une lueur qui brille dans les yeux qui rend Caleb… qui le rend quelque chose. Son palpitant manque un battement, il flanche un peu mais il reprend ses esprits. « Tu vois, c’est pas les requins, les méchants. » Et il aurait peut-être voulu changer, peut-être qu’il aurait aimé être un homme différent qui soit tendre et avenant, mais c’était pas le cas. Il s’appuya sur le rebord pour remonter complètement, et il attrapa la serviette pour venir se frotter le torse, les bras surtout les cheveux. Il enleva l’élastique pour se frotter la tête et il attrapa le bras de Lex pour qu’elle évite de retomber arrière et réveiller le monde qui gronde sous les algues. « La prochaine fois, j’te jette dans l’bassin après avoir affamé les bêtes. » Et il fronce son nez avec un sourire un peu sadique. Il envoie une serviette à Lex et il regarde l’heure. Il allait devoir rentrer, il avait des choses à faire. Mais il garda cette information pour lui. Tant pis s’il était en retard, tant pis ça avait des répercussions, il n’avait pas envie de bouger. C’était comme s’il était du béton, et il fondait en Lex pour ne pas disparaître de son champ de vision.

— with @CALEB EDELSTEIN

L'élève laisse le prof lui faire une démonstration, et, elle s'attendrit un peu, ça lui entame le roc qui lui sert de cœur. Ca le lisse un peu. Je m'engouffre dans le tendre de l'être Caleb, je vois un monde plus coloré, moins instable, tremblant. Ici, tout semble paisible. On nage avec des créatures terrifiantes, et il n'y a que mon ventre qui semble s'en apercevoir, à se contracter comme ça. Le reste du corps se laisse absorber par la beauté des lieux. Par la sienne, aussi. Peignez-moi vite ce tableau, avant que l'image ne disparaisse. Allez cerveau, enregistre. Demain, tu retourneras à l'électricité des nerfs, au goût du sang. Demain, ces doigts qui t'attrapaient si délicatement le poignet, finiront contre ta joue. On dansera autrement. Je serai plus à l'aise, pour sur. Ici, c'est ton monde, et je ne suis qu'une intrue. Même les poissons le savent. Ils ne m'épargent quelques frayeurs, que pour tes beaux yeux. Les miens leur sont indifférents. Je ne suis que cette visite, qui nage un peu, qui reste dans cette zone qu'elle estime sécurisée, qui s'approche, mais reste toujours à distance. Et, le temps est passé. Il faut choisir entre remonter et suffoquer, ce qui n'est pas un choix en soi vous en conviendrez. Elle choisit la vie, évidemment. Elle s'y accroche comme une furie, à son existence. Retrouve l'eau plus claire, quitte le monde souterrain. C'était bien trop court. J'avais encore des choses à leur raconter, à tes amis d'en bas. S'accroche au rebord, ôte le plastique de sa bouche et relève le regard vers l'homme. Tu veux que j'te réponde quoi ? Ouais, c'était pas les pires du bassin, et on a davantage de sang sur les mains qu'eux. Les animaux sont plus purs, ils ne répondent qu'à leurs instincts, n'agissent que par nécessité. Je me sens quand même plus en sécurité avec toi qu'entre leurs nageoires. Ca aussi, ça restera derrière mes lèvres. Se hisse à la surface, non sans avoir besoin de l'aide du guide. C'est qu'elle est un peu chancelante la demoiselle. Les variations de qualité d'air, l’adrénaline qui retombe, ça épuise une femme. Passe ses mains sur ses yeux, puis sur son visage entier, retrouve une respiration régulière. Esquisse un fin sourire, aux commissures. « J'ai la peau trop dure, ils me recracheraient à peine goûtée. » J'les empoisonnerai, à coup sûr. La serviette sèche son corps, et fini par frictionner sa crinière libérée. J'ai vu ton regard sur les aiguilles, et je sais ce que ça veut dire. Le sourcil se hausse. « T'es demandé ailleurs, Cendrillon ? » Tu pars toujours quand il faut pas, t'as aucun sens du timing. « Tu peux pas y aller ainsi coiffé. » Qu'elle empire, d'une main dans les bouclettes masculines en passant à côté de lui. Ouais, j'fais comme si je connaissais les lieux, j'vais me paumer. La serviette autour de la taille, et quelques gouttes qui dégoulinent sur son corps pas totalement sec. L'équipement abandonné près du tien. Jette un regard vers la petite sirène, par dessus son épaule. « Maintenant je comprends ce que tu lui trouves, à cet endroit. » Puisque t'as distribué quelques étoiles, et qu'elles stagnent dans mes prunelles. T'as trouvé l'apaisement. Ca ne dure que quelques minutes, mais ça te permet de vivre toutes les autres de la journée. Se tourne entièrement vers lui, la moue amusée. « Mais ça ne vaut pas mes poings, quand même. » Me remplace pas par des requins, où j'vais devoir m'attaquer à eux. Et, j'leur fais pas spécialement confiance.

Les cheveux ébouriffés encore plus par Lex, Caleb s’met à rire un instant. C’était différent, cette fois. Il se passait quelque chose dans l’air qui était respirable. Un tournant dans l’électricité qu’il y avait toujours eu entre eux, mais Caleb prenait ce qu’Alexis était bien capable de lui donner. C’était des inadaptés, autant l’un que l’autre. Ils auraient pu à deux réécrire les étoiles, mais ils les arrachaient pour les contenir et en eux et exploser quand bon leur semblant. Généralement, ça s’passait sur un terrain de boxe, là où ils étaient le plus à l’aise. Parce que même si Caleb faisait le beau dans son basson aux requins, c’était en cognant avec des gants qu’il arrivait à être profondément lui-même. Il aurait pu se professionnaliser dans le milieu mais il n’avait jamais pu l’faire à cause de sa famille défoncée. Mais Lex, elle remarquait qu’il était dans les nuages, parce qu’elle l’avait cramé regarder l’horloge. Puis merde, tant pis. Il avait pas envie de rentrer. « Ouais, c’est rien. J’m’en fous. » Il enfila son pantalon après avoir séché complètement ses jambes pour revenir vers Lex. Elle dégageait un truc puissant, quelque chose de bestiale qui faisait déconnecter Caleb pendant un instant. Il laissa ses cheveux goutter sur le sol en regardant l’eau qui se calmait petit à petit, les animaux reprenant une vraie sérénité dans ce monde silencieux qu’était les océans. « C’est mon havre de paix à moi, dans les bassins. » Parce que là, il pouvait hurler, personne l’entendrait, il pouvait frapper, l’eau n’aurait pas mal, et il pouvait fermer les yeux, rien ne pourrait lui arriver le temps d’un instant. Puis il s’était rendu compte d’un truc : c’était la première fois qu’il partageait le secret de son endroit favori au monde. Coïncidence ou pas, c’était la Callaghan qui avait franchi les portes de son paradis. Et ça l’confortait dans l’idée que malgré tout, c’était peut-être quelque chose de bien. Caleb enfila son tee-shirt et laissa la casquette sur le bord du bassin, puis il redescendit l’échelle. Il attira sur ses deux pieds joints et il leva la tête. « Tu comptes pioncer avec les requins ou il faut que j’vienne te chercher ? » Il riait, plus en se moquant qu’autre chose. « Et après, on reparlera des coups que tu me mets dans la gueule quand j’suis pas en défense. » Parce qu’elle avait le chic de taper à la seconde même où Caleb baissait le poing pour changer de position. Elle était forte, Callaghan.