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you ain't lived' in a woman's world // @sullivan wright ※※※ je chiale. c’est dingue ce que je ne fais rien d’autre que chialer. c’est la faute à roxanne tout ça. elle a poussé trop loin, elle a gratté un peu trop la carapace que je construis. et elle a fait exactement ce que je redoutais : faire sortir tout ce que je pouvais ressentir. j’ai eu l’air d’une dingue à hurler comme ça en pleine rue. à hurler ma rage, ma peine et mon dégoût. mais elle avait tord sur un point, ça m’aide pas à aller mieux, ça ne change rien. ça me libère pas d’exprimer enfin tout ça. j’faisais blocus contre tout ça et maintenant, je me sens encore plus mal. j’ai passé ma journée à l’hôpital, à entendre désespérément qu’on me prenne en charge. à conter mon histoire pour la première fois à des inconnus qui m’ont regardés sidérés avant de procéder à tous les examens dont j’avais besoin. grossesse, possible mst, tout ce que j’avais écarté volontairement préférant faire comme s’il n’était rien arrivé. et je crois que dans tout mon malheur, j’avais au moins eu de la chance sur ça. une infirmière avait tenté de prendre la place d’un psy, à donner des conseils, à écouter. à me mettre en garde aussi sur pas mal de chose. y compris mes joues creusés. trop maigre pour la taille que je faisais, j’étais en train de m’abîmer encore plus que ce qu’il n’avait fait. j’ai les mains qui tremblent tellement fort quand je sors enfin de là avec les résultats en main pour prouver que ça va. que physiquement ça va même si mentalement, c’est toujours la tempête. et j’ai l’impression d’errer dans la rue sans but, à finalement monter dans un bus pour rentrer. rentrer où ? j’ai l’impression que c’est nul part chez moi. et je crois que j’ai besoin de te parler à toi en fait. j’descends à l’arrêt suivant et change de ligne jusqu’à arriver devant chez tes parents. c’est ta mère qui ouvre, étonnée puis l’air compatissant. elle dit rien, me sert juste dans ses bras alors que ton père lève la tête du journal pour regarder. ça me fait du bien tu sais ? ils sont ce qui se rapprochent le plus de parent. j’fonds en larme encore une fois alors que ton père passe sa main dans mon dos. comme une promesse que tout iras bien, que je dois juste accepter de recevoir de l’aide. c’est ta mère qui me dit finalement que t’es rentré y a peu de ton week end et que t’es dans ta chambre. j’inspire puis expire, serre un peu les poings alors que j’hoche la tête pour prendre la direction. et j’ai l’impression de rester devant ta porte une éternité sans bouger. j’me demande même si j’oublie pas de respirer. puis j’ouvre doucement ta porte et t’es, tu me tournes le dos, sur ton ordinateur, à jouer avec un crayon. toujours en train de bosser, ça change pas. t’as même pas remarqué que j’étais là, t’es dans ton monde comme à chaque fois. j’avance doucement jusqu’à être derrière toi et pose finalement les papiers devant toi. désolée pour le sursaut. j’aurais peut être dû prévenir que j’arrivais, j’sais pas. j'ai la lèvre inférieure qui tremble et j'crois que c'est parce que je vais craquer une nouvelle fois. maudite roxanne ouais, j'suis en train de me noyer sous mes propre larmes. « j'essaie mais ça part pas. c'est dans ma tête tout le temps » les images, les rires, cette nuit. « j'fais comment pour sortir de là si même toi tu penses que je le mérite ? » dis moi s'il te plaît.
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