La grande comédie

T'as réussi à la retenir et c'est déjà une prouesse en soi. Tu te demandes pourquoi tu as accepté ce truc et en même temps , ça te fait marrer. Elle change soudain de comportement, comme si elle comprenait qui tu pouvais être. Tu ne sais pas si elle se fout de ta gueule ou si t'es sincère, alors tu la regardes quelques instants. Tu hausses les épaules et tu vois le mec qui joue ton meilleur ami revenir un peu raide avec la chemise. Tu enlèves ton manteau puis ta chemise en pleine rue, ouais, tu t'en fous, de toute façon c'est la catastrophe ce truc. Tu enfiles la neuve, puis ton manteau. « Merci mec ! » que tu dis en lui prenant légèrement l'épaule. Tu remarques qu'il se raidit encore plus, non franchement comment être crédible ? Tu te retournes vers Lucky qui te regarde en mode what the fuck. « C'est une longue histoire, mais fallait que je te revois. Je me souviens pas de tout, mais je me souviens de toi. » Continuons, tout de même. The show must go on.

T'es en train de te foutre de ma gueule. Toi et ton acolyte. Je pouvais le voir, je pouvais le sentir. Mais pour te faire tomber dans le panneau, il fallait que je joue le jeu. Alors, j'empruntais la même voie que toi, car je savais à quoi tu jouais, Albert, nom du mec que Cole avait fait passer pour son meilleur ami, cette façon de parler -pas identique, mais l'on voit bien que tu essayais de te faire passer pour lui-. Et comme une évidence, cela me frappait au visage. Une semaine avant, je découvrais qui était Cole et voilà qu'un autre sortait de nulle part pour jouer la comédie. Quelqu'un essayait de brouiller les pistes et je connaissais tellement mon ex-petit ami, que ce ne serait pas étonnant de le voir impliquer dans cette magouille. « Comment se fait-il que tu sois en vie ? Comment t'as survécu ? On te pensait tous mort putain ! » Okey, celui que j'avais en face de moi jouait très bien la comédie, mais il était loin de pouvoir jouer à la perfection, le rôle de mon ex. On voit que tu connaissais quelques bases, mais tu étais loin de connaître le véritable Cole. Déjà que tu n'avais pas du tout la même lueur dans les yeux, mais en plus, Cole n'aurait jamais cherché de lui-même à me revoir. Il serait resté dans l'ombre, il m'aurait évité. Et il l'avait fait, mais le destin avait voulu que je le croise à ce défilé. « Et pourquoi tu voulais me revoir ? J'te pensais heureux avec ta chère Hippolyte ! » je fronçais les sourcils continuant de jouer la comédie. Mon regard virait sur ton soi-disant meilleur ami. « Et toi, dans mes souvenirs, tu étais plus bavard... » parce que oui, évidement, Cole avait choisi un gars avec qui je couchais pour jouer ce fameux rôle. On n’avait pas dû les mettre au parfum à mon avis.

La scène se jouait là bas, dans un café non loin de notre ‘centre de contrôle’. J’écoutais avec attention l’échange qui se jouait, principalement entre Maverick et Lucky puisque ce cher Valentin s’était absenté pour aller chercher un haut propre pour son ‘ami’. Il revint au moment où Lucky finissait par mordre à l’hameçon, devinant alors que son interlocuteur était son ex décédé. Un petit sourire victorieux naquit sur mon visage, pensant que la demoiselle marchait dans notre plan. Sauf que forcément, elle posait plein de question, que ça risquait de mal tourner si nos acteurs en herbe se lançaient dans des explications farfelues, alors je pris la parole, soufflant dans l’oreillette de Mav : « Ne dis plus rien, embrasse la. Ca fera sûrement taire ses questions. » Et probablement que c’est ce que moi j’aurais fait. D’ailleurs, c’était ce que j’avais fait. J’avais pas du tenir dix minutes de discussion avec Lucky avant de finir mes lèvres collées aux siennes. Donc si Mav voulait être crédible et se mettre véritablement dans ma peau, le contact physique était inévitable, même si l’idée n’était pas la plus plaisante pour moi. C’était pour son bien, pour déjouer ses soupçons, et pour l’envoyer sur une autre piste que sur la mienne…

Elle est folle cette fille. Une vraie furie franchement. On dit de toi que t'es fou mais elle alors. Elle te harcèle de questions et tu te dis que ce Cole a eu du mérite pour encaisser autant de questions. Il est censé être mort et du coup, tu joues un mort revenant à la vie. Tu passes tes doigts sous ton menton. On t'a pas briefé là dessus, tu sais pas quoi dire. Mais alors tu entends la voix de Daniel dans ton oreillette. Il te  dit de l'embrasser pour la faire taire. Tu la regardes avec un peu d'insistance, tu te demandes vraiment si tu dois faire une chose pareille. Tu vas t'en manger une dans la tronche. En même temps tu as connu pire Maverick. Rappelons que tu as faillit y passer cet été alors une mandale à côté c'est pas grand chose. Tu te rapproches donc d'elle et attrape sa taille avec autorité, tu l'inclines un peu vers toi, parce que ça fait plus gentleman et tu poses tes lèvres sur les siennes. Elle est sans doute déconcerté et un peu choquée, mais toi t'es décidée, un peu comme un mec qui va braver le feu et ton soit-disant meilleur pote doit vraiment se demander ce que tu fous. T'espère avoir une prime au moins.

Oui je te harcelais de question parce que c'était trop facile, parce que t'avais peut-être des talents cachés de comédien, mais tu étais tout sauf l'homme dont j'étais tombée amoureuse. Alors je jouais peut-être moi aussi la comédie, mais à ma façon, en essayant de soutirer un peu plus d'informations, en te bombardant de questions et crois-moi, j'en avais une tonne encore sous la langue. Je fronçais soudainement les sourcils te voyant marquer cette courte pause. Après ce temps de réflexion, tu réduisais à néant la distance qui nous séparait pour agripper ma taille et m'attirer autoritaire, à toi. « Qu'est-ce que tu fous ? » t'interrogeais-je surprise par ton geste, encore plus lorsque tu m'inclinais légèrement le corps pour poser tes lèvres contre les miennes et me voler un baiser. Ouvrant grandement les yeux, c'était tellement le choc, que le réflexe de te repousser, me passait complètement à l'esprit. Mes bras retombaient lourdement le long de mon corps et pourtant, je ne te rendais pas ton baiser, m'efforçant d'empêcher ta langue de traverser la barrière. Je restais juste immobile, sentant mes lèvres s'humidifier à mesure de ton baiser. J'étais tellement choquée que même quand tu me relâchais, je restais pétrifiée, sentant juste les larmes remonter. Je ne pouvais malheureusement pas les empêcher de couler. « Est-ce que vous prenez plaisir ? » terminée la comédie, j'en avais plus la force. C'était au-dessus de ce que j'aurais pu imaginer. « Est-ce que vous prenez plaisir à jouer avec les sentiments d'autrui ? » tu n'es pas Cole et l'initiative que tu venais de prendre en m'embrassant, t'avait grillé. Il me suffit d'un seul contact avec mon ex pour que mon corps réponde au sien. Il me suffit d'un seul contact avec lui pour que mon cœur le reconnaisse et toi, tu n'es pas mon ex. D'un point de vue, j'en étais rassurée, mais de l'autre, abasourdie que tu puisses te moquer ainsi de moi. Tu ne me connaissais même pas, tu ne savais pas à quel point tu venais de blesser ce cœur déjà meurtri par le passé. Les larmes continuaient de glisser contre mes joues, malgré le nombre incalculable de fois que je les balayais. « Bravo ! Votre comédie mérite un applaudissement... » et j'applaudissais, faux sourire sur mes charnues humides et salés par les larmes. « J'espère ne jamais plus croiser vos chemins... » ça allait donc de même pour ce fameux Albert qui ne l'était pas. Si pour vous, jouer cette comédie était un bon moyen de vous amuser et passer votre temps, pour moi, c'était un putain de calvaire et vous n'avez juste pas idée. T'es horrible de faire ça et je plaignais celle qui devra partager ta vie. Je tournais les talons pour m'en aller, parce qu'il n'était pas question de rester une minute de plus ici.

Toi t'es paumé, tu sais pas ce qu'il se passe, déjà t'es au courant de rien en plus, tu te retrouves dans ce truc bizarre un peu, totalement perdu par les évènements et ça te soule en fait. Tu fronces les sourcils, tu mets tes mains dans tes poches pour soupirer et voir qu'elle te regarde. Tu baisses les yeux vers Maverick, mais t'es pas convaincu, tu restes dans ton coin en silence jusqu'à le voir l'embrasser. Mais bordel à cul ? C'est quoi ce délire ? Pourquoi il l'embrasse ? Qu'est qu'elle a fait pour mériter ça ? Qu'est qu'il se passe en fait réellement dans leur tête ? Tu fronces les sourcils pour regarder les deux jeunes gens mais tu ajoutes On peut y aller maintenant ? Mais ta question est noyée dans les paroles de la blonde. T'es perdu, tu ne sais pas ce qu'il se passe et tu joues mal la comédie en plus, tu la vois partir pour tirer sur la veste de l'autre Tu l'as embrassé sans son autorisation, tu aurais pu lui faire mal ! Et tu aurais pu lui faire très mal ! Elle a mal au coeur à cause de toi ! T'es méchant et tu le pousses parce que tu sais même pas pourquoi tu as accepté ce truc. Abelard a dit que tu devais rester à côté de Maverick et rien dire, autant dire que c'est la dernière fois que tu fais ça, idiot lui aussi. Tu pars de là en soufflant, les américains sont des tarés sérieux ..

@Lucky Burberry @Maverick Tenenbaum

T'avais suivi les ordres, t'es un impulsif. Un putain de crétin Maverick. C'est pas nouveau ça. Toi tu vois un jeu et tu t'y engouffres. Tu calcules pas que ça peut faire mal aux autres, toi tu vois juste le jeu, le défi. Alors ouais tu l'as embrassé et elle a plutôt mal réagit. Elle commence à t'incendier, en chialant en plus, c'est un peu gênant. Franchement, tu sais pas quoi répondre. Alors tu hausses les épaules. Tu sais pas ce que ces mecs avaient derrière la tête quand ils t'ont engagé, au lieu de s'en prendre à toi, elle ferait mieux de te demander. Mais non, elle préfère se donner en spectacle. Et puis celui qui joue Albert s'énerve aussi et te traite de méchant. « Ouais c'est ça. » Que tu répliques. T'es méchant, peut-être, t'en sais rien en fait. Tu t'en fous pour être honnête. Elle s'éloigne d'un côté et lui de l'autre. T'es l'idiot du milieu. Tu t'allumes une cigarette impassible. « ça a foiré ton truc Daniel. » Tu rejettes la fumée et tu restes ainsi quelques minutes pensif. « Tu ferais mieux de lui expliquer pourquoi tu fais un truc pareil, je tiens pas à ce qu'elle me tape une crise si je la recroise sur le campus. » Oh des nanas hystériques t'en avais eu un paquet, mais si tu pouvais éviter. « Bon moi, je vais prendre un café, tu passeras récupérer ton truc. » Tu termines ta clope tranquillement et tu vas boire et bouffer parce que y'a que ça de vrai et qu'apparemment la comédie a trop duré.