La grande comédie

Grande mission aujourd’hui. Nos deux acteurs recrutés, Maverick qui jouaient Cole, Valentin qui jouait son nouveau meilleur ami, nous allions les lancer ‘dans la gueule du loup’ ou plutôt dans les pattes de miss Burberry. « J’espère qu’ils vont réussir leur coup… J’ai un peu déconné avec Lucky dernièrement… » avouai-je à Abe, mon acolyte dans ce nouveau plan foireux. Il m’avait aidé à caster les deux acteurs, dont celui qui était censé jouer mon rôle. Bref, il était là pour moi, comme toujours, mais je savais que mon aveu suivant aller me valoir des réprimandes de la part de mon BF. « J’ai couché avec elle à Halloween… Alors faut vraiment qu’ils assurent pour déjouer ses soupçons. » Espérons que notre faux Cole allait faire son petit effet. Abe et moi étions planqués non loin de là, dans une piole d'hôtel aménagée en studio d'écoute, de vrais agents dignes des meilleurs films d'espionnage. Les smartphones de nos acteurs étaient en mode ‘micro’ pour qu’on suive tout de la scène à distance, et j’avais équipé Maverick d’une espèce d’oreillette, discrète, indétectable, afin de lui souffler quelques éventuelles réponses si jamais Lucky lui posait des colles. J’avais confiance en ses talents d’improvisation, il nous l’avait prouvé à l’audition, mais il y avait certaines réponses qu’il ne pourrait inventer. Et l’idée qu’Abe et moi étions toujours en contact avec lui était rassurante. Maverick et Valentin devaient donc entrer en contact avec Lucky prochainement, cette dernière avait été repérée entrant dans un café. Seule. L’occasion parfaite pour lancer notre faux Cole. Un. Deux. Trois… Action. Silence on tourne…

HJ : Donc ABE et DANIEL ne sont pas dans le café, ils suivent ça depuis un bâtiment plus loin, donc n'attendez pas nos réponses pour avancer
@A. Valentin De Bourbon-W. @Maverick Tenenbaum @Abelard Z. de Belgique-S. @Lucky Burberry

Soufflant au rythme de mes foulées, au milieu de cette forêt que je connaissais comme ma poche. Les écouteurs dans les oreilles, la musique faisait battre mon cœur à toute vitesse, me motivant à toujours aller plus loin, à dépasser mes limites. Je m'étais levée très tôt ce matin, pour profiter du soleil bien que celui-ci ne se soit pas montré très longtemps. Le temps grisonnait mais cela ne m'empêcha pas de faire mon footing quotidien. Il fallait que je reste en forme, que je ne me laisse pas aller, que je ne perde pas mon corps derrière cette grossesse. Je voulais paraître aussi sexy avec un bide rond, que sans bide. Le footing me permettait aussi de penser à autre chose, de m'oxygéner la tête, d’oublier les soucis, l’ivresse de la vitesse était grisante et occultait tout. C'était mon petit plaisir à moi. Au bout d'une heure et demie, entre pause, je jugeais bon qu'il était temps de m'arrêter et d'aller plutôt m'offrir une boisson chaude, mais avant, je me saisissais de ma bouteille d'eau pour la vider d'une traite, me versant un peu aussi sur le visage. Les cheveux remontés en une queue de cheval, quelques mèches en batailles, je retrouvais ma voiture à la sortie de la forêt, direction, un café. Le premier que je croisais dans le centre-ville. Pénétrant l'enceinte, je rejoignais le comptoir pour faire directement ma commande. Une fois servi, je payais, mais en me retournant pour aller me choisir une table, je percutais malencontreusement quelqu’un en renversant le contenu chaud de mon verre. Relevant la tête en grimaçant, je constatais que la personne que je venais de rencontrer assez fortement, était un jeune homme. « Oh gad je suis désolé, pardonnez-moi ma maladresse ! » je sortais rapidement une lingette de mon sac pour tenter d'abréger les souffrances de cet inconnu en le nettoyant. Du moins, empêcher qu'il tâche davantage et n'osant plus vraiment regarder l'homme, par peur qu'il m'engueule.

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Honnêtement, Abélard t'avait appelé un soir pour te dire que tu avais retenu sur ce casting débile, sérieusement ? T'as même pas auditionné mais il avait dit que tu devais le cacher à ta soeur. T'aimes pas cacher des choses à ta soeur, encore moins quand il s'agit de chose que tu réussis mais bon, tu avais accepté de jouer le jeu. Une pièce de théatre en grand air, tu devais jouer un certain Albert truc bidule, t'as pas retenu le nom mais qu'importe. Si c'est grave ? Et merde bah tant pis. Tu étais rentré avec ce gars que tu ne connaissais pas, sérieusement tu aurais pu rentrer avec Abélard ou ce Danny. Non, c'était avec le mec qui avait été hyper méchant avec toi mais qu'importe. En plus, tu portais un sorte de costume, tu étais mal à l'aise et tu n'arrêtais pas de bouger en remettant ta cravate On va pas à un mariage, pourquoi je porte ça ? Et pourtant toi tu en portes pas ? C'est de la triche t'es pas censé jouer le rôle du méchant en plus. Mais tu finis par ouvrir la porte avant de tourner les yeux dans le café. Tu n'aimes pas te plaindre et tes mains dans tes poches, tu souffles. Oui tu n'aimes pas ça, ça se voit non ?

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La plupart des gens seraient en stress de connaître une situation pareille. Mais pas toi Maverick. En vérité, t'es plutôt excité. Ce goût de l'adrénaline, cette promesse du challenge, il t'en faut pas plus. Pour l'occasion, on t'a vêtu de fringues classes et sobres. Tout ce que tu n'es pas habituellement. Dans ces conditions, c'est aisé de ne plus être toi. Et pour cause, t'es Cole Wildingham, homme d'affaires de renom. Tu arbores cet air suffisant qu'affectionne les riches plein de promesse et tu entres dans le café avec ton acolyte de toujours que tu ne connais pas le moins du monde. Celui-ci semble pas très heureux de porter un costume. Tu poses sur lui un regard en coin et un petit sourire. « Peu importe, tu es classe comme ça et je ne m'entoure que d'hommes classes. » Cole's style ladies and Gentlemen. Tu repères Lucky qu'on t'a montré quelques jours plus tôt en photo et tu te rapproches doucement quand elle te percute de plein fouet. Tu as un léger mouvement de recul parce que la boisson est carrément brûlante, tu parviens à en esquiver une bonne quantité mais ta chemise est tout de même trempée. « Je pensais que tu manifesterai autrement la joie de me revoir Lucky. » Tu y vas cash, parce qu'autant entrer dans le personnage immédiatement. Ce sera bien plus drôle pour argumenter. « Albert, peux-tu aller me chercher une chemise de rechange s'il-te-plaît ? » C'est pas ton domestique mais ton meilleur pote, mais c'est censé être une personne sur laquelle tu peux compter non ?

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Ma maladresse spontanée venait de frapper encore une fois sur ce pauvre homme sortit de nulle part et se prenant ma tasse en plein torse. Heureusement pour lui, il avait eu un bon reflex, évitant au maximum que la boisson chaude brûle la moitié de sa peau. Je m'excusais rapidement, m'attendant à tout sauf aux paroles que cet inconnu me balançait. Je levais la tête en haussant l'un de mes sourcils avant de dévaler la place du regard. Je réfrénais difficilement un léger gloussement tout en désignant mon visage du bout de mon index. « Pardon ? C'est à moi que tu parles ? » surprise. Bah oui, tu t'appelles Lucky blondie. Remarquez que je venais d'adopter le tutoiement étant donné qu'il avait commencé le premier. Franchement, je n'avais jamais vu son visage de ma vie, alors je ne savais pas d'où et comment, cet inconnu connaissait mon prénom. Ce jeune homme semblait accompagné par un autre homme. Albert si j'ai bien saisi étant donné qu'il venait de lui asséner un ordre. « à moins que ma mémoire me fasse défaut, je ne pense pas t'avoir déjà rencontré. On se connait ? » questionnai-je une nouvelle fois, assez perturbée. J'avais beau observer chaque trait de son visage, mais ce garçon ne me disait absolument rien. Je laissais cependant mes yeux vaguer le long de sa tenue, remarquant le style plutôt snobe. Encore un qui croisait ma route, décidément...

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Naturellement, elle te reconnaît pas. Evident, puisque tu campes la peau d'un autre mais tu sens le doute qui s'insinue en elle et tu comptes bien t'y engouffrer. « Oui je ne parle pas encore aux murs. » rétorque-tu d'une voix plate mais non dénuée de sarcasme. Puisque apparemment c'est un trait particulier de ce Cole. Daniel et Abélard t'ont briefé là dessus. Un sourire discret vient peindre tes lèvres pour le moment muettes. Elle te demande l'endroit où vous auriez pu apprendre à vous connaître. Tu te contentes d'abaisser le sombre de tes prunelles aux siennes. Histoire de nourrir le doute. « On s'est rencontré, plus de fois que nécessaire. Mais disons que ton esprit doit sans doute s'attendre à n'importe qui sauf à moi. » Évident encore puisque l'homme que dois camper est censé être disparu et mort. Une part de toi se dit que c'est sans doute mal de jouer de la sorte avec elle mais l'autre se réjouit de l'adrénaline sournoise qui s'infiltre dans tes veines à jouer ainsi avec le feu. Sauras-tu vraiment relever ce fou challenge Maverick ? « Tu n'as pas une petite idée ? » demande-tu finalement sans te priver d'annoncer par ton expression que l'inverse te vexerait.

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Ha ha ha vive le sarcasme. Est-ce que j'étais censée te connaître ? Parce que j'avais beau te regarder, t'analyser que je ne me souvenais pas t'avoir déjà croisé quelque part. D'ailleurs, tes paroles commençaient à me faire légèrement flipper. C'est trop bizarre que tu saches qui j'étais alors que moi, j'étais dans le déni total. Qu'est-ce que tu me voulais ? Puis pourquoi j'étais encore là à t'écouter moi ? Ma curiosité me perdra un jour. « J'ai beau te regarder, mais je ne crois pas t'avoir déjà rencontré. T'es qui ? Un cousin éloigné peut-être ? » demandais-je en arquant un sourcil. Ce qui était fort possible puisque tu connaissais mon prénom. « Si tu allais droit au but ? Je n'aime pas trop les devinettes. » surtout que j'étais en face d'un homme que je ne connaissais, ni d'adam, ni d'eve. Toi par contre, tu semblais vouloir insister en me demandant si je n'avais aucune idée de qui tu pouvais être et moi je commençais à perdre patience tu vois ? « J'crois que tu te trompes de Lucky en fait. Vraiment, j'ai un verre de chocolat chaud à terminer alors tu m'excuseras, mais je suis pressée... Excusez-moi messieurs et bonne journée. » Allez, fuyons. Je vous accordais cependant un léger sourire avant de m'enfuir et de sortir du café. Il m'arrivait de ces choses en ce moment, c'était un truc de dingue. Et même que j'avais peur que tu sois un de ces dingues, peut-être même un psychopathe qui m'observe depuis un moment avec des photos de moi dans ta chambre et des cœurs partout, non sérieux, c'était flippant. Manquait plus que tu me suives à la trace maintenant.

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Piquante la Lucky. Tu aimes ça en bon crétin que tu es. Voilà un challenge de taille et que t'y engouffres avec un plaisir malsain. Une moue accroche tes lèvres mutines quand elle cherche un possible lien de parenté. « Oh non on ne fait pas ce genre de choses entre cousins normalement. » Puisque elle et ce Cole avaient partagé une toute autre relation. « Je ne peux pas te dire les choses aussi franchement, il faut que tu trouves par toi même. » Puisque après tout, le retour de ce Cole ne pouvait pas faire trop de bruit. La supercherie se devait d'être bien entretenue. Elle choisit de s'enfuir finalement, tu restes à l'aguet d'un possible commentaire de Daniel dans ton oreillette mais le silence résonne. Alors tu décides d'improviser, après tout c'est une qualité qu'on te demande. Tu la suis rapidement au dehors alors qu'elle est déjà à quelques pas de toi. « Il n'y a pas dix Lucky mais si tu ne préfère pas savoir tant pis, sache que c'est spécialement pour toi que je suis revenu ! » lance-tu alors qu'elle peut encore parfaitement t'entendre. Tu restes ainsi figé avec du café encore plein ta chemise. Tu décides finalement de faire demi-tour, jouant le tout pour le tout après tout tu n'as pas grand chose à perdre si ce n'est un peu de blé.

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On ne fait pas ce genre de chose entre cousins ? Mais t'es qui à la fin ? Tu commençais sérieusement à me faire peur et en plus, t'étais vraiment décidé à ce que je devine toute seule qui tu étais. Et comme je n'avais pas envie de m'y attarder longtemps, de peur d'être en train de parler à type dangereux, je prétextais être pressée pour prendre la fuite. Mais ce que je craignais, arrivait. Tu m'avais suivi pour me balancer cette phrase qui m'obligeait à me stopper dans ma course. Mon air un peu perdu et les sourcils froncés. Est-ce que t'es en train de jouer ? Parce que si c'est le cas, c'était vraiment de mauvais goût. Au moment où je me retournais pour en placer une, t'avais déjà tourné le dos pour t'éloigner. Je pressais le pas pour te rejoindre et me placer de nouveau devant toi. « Qu'est-ce que t'insinues par "C'est spécialement pour toi que je suis revenu" ? » te questionnais-je le regard ancré dans le tien ? Maintenant un suspens d'une minute. Tu voulais jouer, très bien, on allait jouer... « Non...non.. C'est pas possible !... » feignant un regard surpris, une main contre ma bouche, je fais un pas de recule. Si t'étais bon acteur, t'en seras étonné de découvrir que moi aussi. « C'est juste impossible... Comment ? Depuis quand ? Qu'... » ça fait à peu près trente minutes que t'étais en train de jouer aux devinettes, maintenant, ça allait sortir tout seul. Poussant encore le jeu plus loin, je glissais mes doigts dans mes boucles blondes pour les agripper, empruntant un air dépité et affolé. « Non... J'dois rêver, c'est complètement absurde ! » partons du principe que si t'es revenu, c'est que principalement, tu n'étais pas censé être là.

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Toi tu comprends rien, tu comprends strictement rien et pourtant t'es là. Abélard a besoin de toi pour un truc stupide et tu as accepté. Tu savais pas que cela allait être aussi dur en fait. Tu soupires quand il t'appelle truc, mais dans le fond, tu t'en fous. Tu passes ta main dans tes cheveux et tu quittes le café pour en profiter et soupirer. Tu en marres. Tu ne veux pas t'empêcher de regarder face à toi dehors pour regarder l'homme qui te donne une chemise. Tu sais même pas quoi faire et quand tu reviens, ils sont tous les deux dans une bonne discussion que tu n'oses même pas parler ou faire un geste mais t'es comme un idiot avec ta chemise à la con dans les mains et tu souffles doucement comme si de rien était en fait.

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