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Je n’ai pas sommeil. La tisane n’a pas fonctionné. Je suis agitée. Je tourne en rond. J’agace mes deux chiens. Ils rouspètent, calés l’un contre l’autre dans leur panier. Moi aussi je veux ça, je veux être en boule contre celui pour qui j’ai érigé un mur tout autour de moi. Est-ce que lui le veut aussi ? Ah Laszlo, l’énigme du siècle. Un mystère australien. Un trésor bien fermé, une clé introuvable. J’y arrive pas. J’arrive pas à percer sa bulle et à me faufiler près de lui. Et aujourd’hui, Zoey m’a totalement déboussolée en revenant sur notre passé. Elle m’a aimé comme je l’ai aimé. Je n’en reviens pas. Si je lui avais transmis ma lettre, peut-être qu’on serait déjà marié. Ou alors c’était écrit ainsi, je ne devais pas la lui donner pour être ici, à cet endroit précis, sur le départ pour aller rejoindre cet homme. Ma destinée était peut-être auprès de lui, pour je ne sais combien temps. Ce qui me chagrine, c’est la perte de mon sourire, de mes grimaces, de mon énergie au quotidien. Je deviens de plus en plus pensive et inquiète. L’avenir me terrorise. Je chante plus à tue-tête dans mon tas de ferraille, je danse plus avec mon balai en pleine séance de ménage. J’suis éteinte, au point mort, pesant les pour et les contre pour que dalle. Je dois aller lui en parler, ça peut plus durer. J’dois me confier, lui expliquer d’où je viens, ce qui s’est passé aujourd’hui pour que j’en arrive à cet état qui ne me ressemble guère. Embrassant mes toutous, je chope mes clés pendues près de la porte et je disparais dans la nuit. Le moteur met une plombe à démarrer, mais me voilà sur la route. Musique en fond, un truc bien déprimant. J’allume une cigarette, la fenêtre grande ouverte. Le froid ne m’atteint même plus. J’suis ailleurs, dans mes pensées qui s’accrochent et se décrochent. Très vite, j’arrive en bas de chez toi. Je coupe tout, j’respire un bon coup et je sors de ma bagnole pour rejoindre ta porte. Je cogne trois fois, assez discrètement. Est-ce que ta coloc est ici ? J'sais pas, je m'en fous. J'ai besoin de tes bras, de ton odeur et de quelques mots. Sors moi quelques mots, sois pas radin encore. Putain. « Las’, je suis là, ouvre, la flemme de lancer un sort » Ouais, ouvre à ta petite-amie que t'oublies pour une autre. @Laszlo Griggs
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