Invité
est en ligne
Invité
Mon corps doit sécréter une hormone de la connerie, ou quelque chose dans le style. Un truc qui se déclenche que lorsque Cali m'entraîne dans des plans foireux. Je glousse comme une pintade, je sautille sur le pont, un sourire d'enfant fend mon visage. "Parce que t’as une âme de pirate, Numa !" Je pouffe de rire, je m'imagine avec la jambe de bois et borgne. "Combien d’hommes partent en mer sur ce bateau, tu penses ?" Cali s'est assise contre le mât, je reste d'abord les bras ballants à la fixer : "C'est là la limite de mon savoir." je glisse avec un petit haussement d'épaules et je m'allonge sur le pont, le crâne contre les planches de bois moisi. Il fait un froid de canard sur ce bateau, d'autant que je sens mes habits, mes cheveux s'imprégner de l'humidité qui règne à bord. Je laisse mon regard s'égarer dans le ciel, on devine à peine les étoiles avec toute la pollution lumineuse de la ville. Guère que l'étoile polaire. Je la fixe, je sais pas ce que j'espère, que cette boule de feu à des années lumière vienne réchauffer mon petit corps transi de froid. "Peut-être une dizaine, une petite dizaine, un petit groupe de bonshommes tu vois. De bonshommes et de bonnes femmes !" Enfin, j'étais pas convaincue qu'il y en ait des tas, des femmes qui embarquaient sur ce rafiot. Un monde d'hommes hein ? Je soupire, toujours les yeux rivés sur le ciel sombre. "Si tu pouvais choisir de rejoindre l’univers d’un film ou d’une série, t’irais où ?" Je pouffe de rire. On était vraiment les maîtresses des conversations décousues, du saut du coq à l'âne. Sans doute pour ça que j'aimais toujours passer des soirées avec Cali, l'ennui était absolument inconcevable. "Si je te dis Gossip Girl, je suis qu'un sombre cliché de moi-même ?" Ouais, Numa, clairement. Je pouffe de rire. M'enfin, côté séries ni Westeros et ses marcheurs blancs, ni les vampires de toutes les séries de bit-lit ne me tentaient vraiment. "Je suis allée au cinéma l'autre jour, First Man j'ai vu, l'histoire de Neil Armstrong." Je pose mes mains sur les planches et relève mon buste, me voilà assise sur le pont à regarder Cali, toujours le dos contre le mât. Elle a les yeux qui se perdent sur l'eau. "Je crois que c'est là où j'irais, sur la lune." Numa sur la lune, on aura tout vu. J'étais bonne en sciences au lycée, j'aurais sûrement pu. Mais je l'avais jamais envisagé, le droit, les affaires, ça semblaient fait pour moi. Sûrement Marla et son astrophysique qui m'ont contaminé. Je hausse les épaules, je passe une main dans mes boucles humides et emmêlées, elle doit sonner bête ma réponse. "Tout doit être tellement serein quand t'es là haut, puis t'es loin de tout, t'es bien." Numa toujours entourée de monde, nageant dans des bains de foule, de toutes les soirées, cette Numa là rêvait d'atterrir sur la lune en solitaire. Je raconte des bêtises. Je secoue la tête en pgloussant : "Enfin, t'es bien si t'enlèves les turbulences, les chances que t'as de jamais rentrer, tes copains astronautes qui meurent en missions." Clairement le film avait pas peint ça de la manière la plus optimiste, je sais même pas comment ça a pu me passer par la tête. J'ai des drôles d'idées glauques parfois. "Et toi ? Je te verrais bien dans un monde de lutins et de petites fées?" Je lui glisse, rieuse, et puis mon regard se pose sur l'eau, la lune se reflète dans le clapot. N'empêche ça me plairait bien, la lune.
(Invité)