things are bad again (pluson)

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{ things are bad again }
crédit/ tumblr ✰ w/@Pluton Westerberg  

Elle était partie pour toujours. Plus jamais je n’entendrais le son de sa voix, plus jamais je ne sentirais son parfum de Barbie, plus jamais je ne verrais son regard malicieux. Serah s’était éteinte. Overdose. Je le savais, j’avais très bien entendu le médecin le chuchoter aux autres, c’était d'ailleurs le seul mot que mes oreilles avaient pu capter. Tous m'avaient ignoré en débarquant. J’étais ainsi restée recroquevillée dans l’couloir, abandonnée face à ma découverte macabre. J’étais spectatrice d’une agitation insignifiante à mes yeux. Plus rien ne transitait jusqu'à mon cerveau. J’étais gelée. Mon téléphone continuait de vibrer à côté de moi, mais je répondais plus. Je laissais le légiste s'occuper de mon amie. Le petit corps tout frêle de ma plus fidèle camarade Mather allait être embarqué dans un de ces sacs mortuaires qu’on ne voudrait jamais voir de sa vie. J'avais la rage au fond. Une rage immense. La police m'avait ensuite isolé pour relever ma version des faits et celle du concierge m’ayant aidé à entrer chez la blondinette. Depuis, j’étais à l’extérieur, devant son immeuble, plantée au milieu du trottoir, agrippée à un lampadaire, mes prunelles dans le vide. Son visage livide revenait encore et encore dans chacune de mes pensées. J’avais envie de crier, de pleurer, de tout casser, mais rien ne sortait. Mon coeur se disloquait pourtant dans ma minuscule poitrine. J’avais mal, si mal. Je me sentais impuissante. Coupable. Des idées stupides me traversaient aussi l’esprit. La mort faisait partie de chacune d’elles. Alors ouais, face à tant de souffrance que je ne savais absolument pas gérer, je t'attendais désormais comme le messie. Il fallait que j’éteigne tout ça avant que cela ne parte en freestyle complet. De base, je n'étais pas la fille la plus équilibrée du monde et cette perte n'allait rien arranger. Finalement, après ce qui me paraissait être une éternité, j’apercevais ta silhouette se profiler à l'horizon et se diriger vers moi « Tu l’as trouvé ? Le flacon ? Sous le lavabo ? » Aucun geste d'affection. J'étais juste obsédée par ces cachets qui pourraient me délivrer de mes tensions. J'avais que ça en tête. Les petits cachets. C’était devenu vital, je voyais qu'eux pour calmer mes putain de palpitations insoutenables et mes tremblements incontrôlables. « Dépêche.. Steplait. Donne »

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crédit/ tumblr ✰ w/louison chamberlain

Ok, ok. On parle d'un corps inanimé. Un corps mort. Un corps qui n'avait plus aucune vie. Et c'est Louison qui l'a retrouvée. Putain, comment j'allais faire pour la réconforter ? J'avais pas forcément les mots ni les gestes face à la mort. Mais je voulais pas la laisser tomber alors j'avais insisté pour être présent, pour avoir l'adresse où la retrouver et... ouais, j'allais récupérer ce qu'il fallait dans sa chambre à la Mather juste avant. Ca me foutait en l'air qu'elle puisse elle aussi bouffer de ces merdes, de les ingérer. Enfin, je suis le premier à vouloir essayer mais pas au point de le faire régulièrement, d'en être accro et d'être totalement sous l'emprise de ces substances. Est-ce qu'elle était accro elle ? Est-ce qu'elle avait besoin de sa dose quotidienne pour survivre ? Je crois pas... je pense pas. Mais dans le fond, je n'en sais rien. Je ne connaissais pas cette fille, dont la vie avait été ôtée, mais je connaissais Louison et je savais qu'il fallait pas que je la laisse tomber maintenant, sinon ça pouvait partir en freestyle complet, chose qu'il était préférable d'éviter. Voyant les pompiers, la police, je me doutais que j'arrivais au bon endroit. Le coeur battant, je cherchais ma copine dans les alentours, ne la trouvant pas immédiatement. Finalement, je la voyais lâcher un lampadaire pour venir vers moi, sans rien dire de très affectueux, voulant simplement avoir ses cachets. Mon visage se refermait aussi sec, avant que je ne prenne du recul. Ne pas le prendre personnellement. « Tiens » Je sortais la boite de ma poche de veste, la lui tendant avant de détourner le regard pour ne pas la voir ingérer tout ça sous mes yeux. Non, j'allais m'accommoder à ce qu'elle pouvait me donner, ne pas faire l'égoïste puisque là, c'était elle le plus important. Elle et son chagrin. Mains libres, je les glissais dans mes poches avant de venir me caler contre le lampadaire le plus proche. Je sais pas trop si elle veut parler, se changer les idées... pour le coup, j'étais dans le flou et j'attendais simplement un geste de sa part.

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crédit/ tumblr ✰ w/@"Pluton"  

J’ai l’impression d’être figurante dans un film. J’y crois pas. Le fameux déni comme on dit. Je m’accroche alors au réel pour ne pas tomber plus bas. Ouais, je m’accroche à un maudit poteau jusqu’à ce que ma nouvelle béquille arrive. Mes cachets. Ce sont eux ma béquille lorsque le monde s’effondre. Et merde, j’suis pas fière, ça fait un moment que je n’ai pas tapé dans les pilules magiques pour masquer mes souffrances. Mais là, c’est au dessus de mes forces. J’en ai ma claque de lutter. J’abandonne. J’ai besoin de m’oublier quelque temps. Il faut être idiot pour croire que je me suis remise de tout ce qu’il m’est arrivé. J’ai trop encaissé, serré les dents et fait « comme si » tout allait bien. C'est ma spécialité ça, berner mon monde, mais c’est faux, j'vais pas toujours bien. Et cette mort, elle me rappelle exactement ce que j’ai pu perdre ces derniers mois. Bref, t'arrives enfin, pour me délivrer de mon mal. Je me rue alors sur toi et je te vole sèchement des doigts le flacon orangé que tu sors de ta veste. Combien j’en prends hein ? Combien il en faut pour que cette image de son visage recouvert de vomi disparaisse ? Trois ? Dix ? « Merci » marmonnais-je en faisant glisser deux comprimés dans le creux de ma main. Ta faute. Si tu n'étais pas là, je me serais bien foutu la moitié dans l’gosier. Mince, j’ai pas d’eau. Tant pis. Je jette quand même les deux bonbons au fond de ma gorge et je me force à avaler avec le peu de salive qui me reste. Allez, plus qu'une petite demie-heure à attendre et j'sentirais mon corps se décontracter. Captant ensuite que tu t'es un peu éloigné, je me rapproche de toi pour chercher ton regard fuyant « Elle s'est pas suicidée. C’était un accident, il n’y avait aucune lettre.. Des gens l’aimaient, je l’aimais.. C'est pas possible. Je rêve hein ? Dis moi que je rêve ! » Pourquoi tu m’ignores ? J’savais que c’était une mauvaise idée, tu ne devais pas venir ici. Cette histoire d’overdose, j’suis persuadée que ça remue beaucoup trop de trucs en toi. Je m’arrête alors de déblatérer pour attraper ta main congelée « Tu peux rentrer si tu veux.. J'attends juste que.. » J'attends qu'ils descendent son corps, que les portes de la camionnette se ferment violemment et qu'elle disparaisse sans que je ne puisse avoir le choix..

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Je sais pas, j’étais pas forcément à l’aise de la voir ingurgiter ces cachetons. Elle était jeune et pleine de vie, elle n’avait pas besoin de ça. Mais vu l’état dans lequel elle était, je préférais ne rien dire, la laisser gérer ça à sa façon. S’il y avait bien quelque chose que j’avais appris avec le temps, c’était ça. Laisser la personne faire son deuil, être présent et attendre que l’aide soit réclamée. Mais sinon, ne jamais dire quoi faire à la personne endeuillée, ça aura l’effet totalement inverse que celui souhaité. Je sais, j’ai remballé tellement de personnes il y a quelques années quand j’étais moi-même dans la position de l’endeuillé. « De rien… » finissais-je par dire, m’éloignant pour la laisser seule face à ses cachets. Me calant contre le lampadaire, j’attendais qu’elle ait fini, sûrement qu’elle me rejoindra. Peut-être, j’en sais rien en fait. Les gens étaient tellement imprévisibles quand ils perdaient une personne qui leur était chère que ouais, je ne connaissais pas cet aspect d’elle que j’étais tout bonnement incapable de prédire ses réactions. Elle m’expliquait alors ce qui s’était passé, enfin selon elle. Un accident, pas un suicide. Ouais, c’était plausible. Mais je n’avais aucune idée de si c’était vrai ou pas. Alors sûrement que j’attendrai le rapport de la police quand l’autopsie sera faite. J’sais pas… « J’suis désolé que tu doives subir ça… Elle… » Je n’avais pas les mots. Accident qu’elle disait ? Sûrement. « Ce sont des choses qui arrivent malheureusement » que je disais, simplement réaliste. Des overdoses, il y en a plusieurs par heure, par minute dans le monde. Et Serah avait été une victime de plus des drogues. C’est pas parce qu’on est habitué à en consommer que ça veut dire on maîtrise tout, au contraire. Une overdose, c’est bien ce que ça veut dire. Trop dosé. Elle a pris le gramme de trop et voilà où elle se retrouve. « Je bouge pas, pas sans toi » Elle comprend pas ou quoi ? Je lui avais déjà répété par message et là. Je ne l’abandonnerai pas, un point c’est tout.

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Elle s’était pas suicidée. C’était un accident, point. Je refusais d’admettre le contraire et peut-être qu’on ne saura jamais, faute de lettre. J’allais devoir avancer avec ce mystère, je n’avais pas l’choix. Serah n’était pas ma meilleure amie, mais elle avait beaucoup compté pour moi à une époque où je découvrais les États-Unis pour la toute première fois. Cette poupée blonde allait me manquer bordel. D’ailleurs, je lui en voulais déjà de m’abandonner dans ce bas monde. Quelle garce. Ma salope. Et toi, pourquoi t’es aussi frigorifique ! Pas un câlin, pas un mot doux, rien. « Des choses qu’on peut éviter.. » rectifiais-je en passant ma main sur mon front. Et là, je me rends subitement compte que toute cette histoire de drogue et d’overdose pourrait te faire penser à ta femme partie au bout du monde. « J’suis désolée » Je m’excuse de la mort de ma pote, logique. Soudain, un brancard sort de l’immeuble, un sac noir gisant dessus. Serah. Quelques flics, médecins, pompiers s’agitent tout autour pour le transporter jusqu’au camion en double-file. Une boule se forme dans ma gorge. Les larmes que je cherchais tant remontent. À l’aveugle, je pars attraper les doigts de ta main et je les serre. Je les serre fort dans ma paume. Une ou deux de tes phalanges craquent sous ma force et mon émotion. Les petits bonhommes soulèvent le lit et le rangent dans le fourgon, la routine quoi. « Tu sais ce qu’on a fait ensemble la dernière fois qu’on s’est vu ? On a acheté des soutifs et des petites culottes » Je pouffe de rire et essuie immédiatement une larme qui roule lourdement sur ma joue. Les portes se ferment et là, mon coeur se contracte. Mon sourire s’éteint. Le policier m’ayant interrogé me fait un salut à la con et tout le monde remballe. « Je la déteste » Ma voix se brise, je me retourne vers toi et j’encercle ta taille tout en collant mon nez humide sur ton tee-shirt tout frais. J’éclate en sanglots. Mon visage brûle sous mes larmes bouillantes. Qu’est-ce que je fais maintenant ? J’peux plus accéder à son appartement, son corps part direct à la morgue, j’ai plus rien pour me raccrocher à elle, juste quelques souvenirs.. J'ai mal. Les cachets font rien pour cette douleur. Mes muscles ont beau être détendus, mon palpitant reste le seul organe tout crispé dans ma poitrine. Me détachant finalement de toi, je te fixe de mes yeux troubles, mes lèvres tremblotantes n'arrivant pas à prononcer un seul mot. J'suis paumée. Entre ce décès inattendu, toi et ton bordel, nous. J'sais plus rien.

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crédit/ tumblr ✰ w/louison chamberlain

Je voulais pas la voir comme ça, la voir triste et désemparée. Mais voilà, la vie a frappé une nouvelle fois et il a fallu que ça tombe sur une de ses proches. J'aurais aimé la protéger de tout ça, de la mort en général. Je ne l'avais que trop côtoyé pour savoir qu'elle faisait des dégâts. « Elle savait ce qu'elle faisait... je suppose. Elle pensait avoir une marge mais... » soufflais-je. Les overdoses, c'était assez compliqué. Des fois, elles sont juste inattendues. La preuve, Serah en avait été la victime. « Désolée de ? » demandais-je en fronçant les sourcils, pas sûr de comprendre. Le fait est qu'elle faisait sûrement un lien avec quelque chose quand moi, je n'y pensais pas forcément. Mais qu'importe, mon attention était tournée vers ces personnes qui transportaient le corps sans vie de l'amie de Louison. C'était glauque, je me sentais mal, mais il fallait que je sois présent pour elle alors je ne faisais rien qui puisse la mettre plus mal qu'elle ne l'était déjà. C'est à ce moment là qu'elle initiait le premier contact entre nous, ses doigts entourant ma main pour chercher un réconfort que j'essayais de lui donner. « Ca devait être un moment cool alors... Entre amies, sans prise de tête, juste... vous et des sous-vêtements » Mais rapidement, son état empirait. Elle essuie la première larme mais la suite, c'était pas un torrent, c'était plutôt un tsunami. Elle fondait alors en larmes, cherchant le réconfort dans mes bras cette fois. Son corps se collait au mien et j'enroulais mes bras autour de son corps frêle et fragile, tremblant même. « Je sais.. » On déteste toujours les personnes qui nous quittent, égoïstement. Je glissais ma main dans sa chevelure, tentant de la calmer mais pas possible. Elle était en deuil, elle devait faire face à cette image bien trop fraiche et affreuse dans son esprit. Et il fallait qu'elle tourne la page, mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Je la sentais se reculer légèrement, voulant me regarder avec ses yeux embués, rougis et je me contentais de caresser ses joues de mes deux pouces. « Ne dis rien, t'as pas besoin.. Laisse-toi aller, t'as besoin d'évacuer tout ça » Je posais mes lèvres sur son nez, sur ses lèvres, et je la reprenais dans mes bras. En vrai, j'avais initié ça mais elle pouvait possiblement me repousser, estimant qu'elle ne voulait pas de ce câlin. La mort nous rendait tous imprévisible et c'était bien pour ça que j'avais pris cet air détaché. Parce que je savais à quel point on pouvait changer, et je savais à quel point ça pouvait m'affecter si elle me repoussait.

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Soit j’hallucine complet depuis le début, soit on a échangé Pluton Westerberg contre une copie impitoyable. J’ai juste l’impression que t’as perdu toute ton humanité, comme si tu te coupais de toutes tes émotions et que tu objectivais à fond la mort. J’pige pas. Je reste bouche bée et je finis par m’excuser, parce que c’est peut-être toute cette situation qui te perturbe et qui te fout mal à l’aise. « Rien, laisse » soufflais-je avant que le corps de mon amie se fasse avaler par le camion du légiste. Ma main moite vient alors trouver la tienne, faute de poteau auquel me raccrocher. Un faible sourire traverse bizarrement mon visage en observant toute cette scène surréaliste. Elle était si drôle, pleine de vie et douée. Mais what ? Qu’est-ce que tu racontes ? « Euh ouais » Je te regarde furtivement du coin de l’oeil et je reporte mon attention sur les véhicules dans lesquels toutes les personnes s’engouffrent tour à tour. J’y arrive plus. Je craque. Les chutes du Niagara. Je pleure à chaudes larmes, je me blottis contre toi pour éviter que les petits curieux lorgnent mon chagrin. Qu’ils se barrent ces charognards, y a rien à voir ! Mon corps sursaute à chaque sanglot. J’peux plus arrêter, j'suis prise dans la tempête. Ça coule, encore et encore. Finissant par manquer d’air, je me recule, mes doigts se nouant à tes coudes, mon regard embué se plantant dans le tien. Totalement abattue, je jongle entre tes pupilles, laissant tes lèvres caresser la pointe de mon nez et mes lèvres salées. Tes bras me reprennent ensuite et me serrent contre toi. Je me laisse faire, complètement amorphe. La joue collée au-dessous de ton coeur, je regarde le corps de Serah s’éloigner en m’étouffant sous mes pleurs « Ramène moi chez toi, chez moi, où tu veux, peu importe, j’veux m’allonger, je tiens plus » Me décollant de toi, j’ouvre mon sac en bandoulière pour y sortir la clé de ma caisse. « Tu dois conduire s’il te plait, les cachets commencent à m’engourdir » Pas assez tout de même. Je serais bien tentée d’en prendre un ou deux de plus pour m'éteindre intégralement. Je veux uniquement m’endormir pendant des jours et des jours, le temps que la douleur se dissipe. Bref, déverrouillant ma bagnole garée au bord du trottoir, je déplie ensuite tes doigts pour y déposer la clé dans ta paume « Je te fais confiance, t'es le meilleur.. » dis-je en reniflant et te quittant pour m’faufiler dans l’habitacle. Ok, j’viens de voir un cadavre. Tout va bien. On inspire, on expire. J’peux plus rien y faire. Elle n’est plus là. J’aurais beau hurlé et pleuré toute l’eau de mon petit corps, elle ne reviendra plus.. Question, comment j’fais pour m’y faire ? Ça existe le deuil pour les nuls ?

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crédit/ tumblr ✰ w/louison chamberlain

Fallait pas se méprendre, j’avais envie qu’elle me prenne dans ses bras. Mais pour avoir été à sa place - en quelque sorte - je ne voulais pas l’oppresser. Alors je cherchais la distance et je ne m’empêchais d’être comme je suis en temps normal. Elle avait peut-être besoin d’espace ou je ne sais quoi. Et puis, égoïstement, j’avais pas envie qu’elle me repousse. Alors ouais, j’agissais comme ça, sans vraiment savoir si elle appréciait ou non. Je fronçais les sourcils avant de finalement capter mon attention sur le brancard  tout recouvert de noir. D’un sac noir précisément, celui contenant le corps sans vie de la certaine Serah. Ouais bon, je n’étais pas à l’aise avec tout ça et sûrement que ça se ressentait sur comment j’agissais, sur ce que je pouvais dire ou faire. Mais finalement, elle trouvait place dans mes bras, à chercher un certain réconfort et rien que ça, ça me réconfortait. Au moins, j’étais suffisamment important pour elle pour qu’elle veuille de moi à ses côtés, de mes bras autour d’elle et de mon torse pour essuyer ses larmes. Seulement, au bout d’un moment, c’en était trop pour elle d’être ici et elle se décollait pour la seconde fois, me demandant de l’emmener quelque part ailleurs. Chez elle, chez moi. Qu’importe, nos deux maisons étaient côte à côte. C’était bien là l’avantage de sortir avec une Mather. « D’accord » Je prendrai soin d’elle de toute façon, tout le temps qu’il le faudrait, je serai là pour elle. Elle était mienne à présent et il fallait que je sois digne de sa confiance, digne de son amour. Soufflant un coup avant de la suivre, je récupérais les clés une fois que l’auto était déverrouillée. Elle se mettait côté passager et je prenais place côté conducteur. Ce n’était plus la même voiture que la dernière fois et je ne connaissais pas trop ce modèle. Bon, ça ne serait pas compliqué, je crois. J’espère. J’attrapais sa main, glissant mes doigts autour des siens après avoir fait la manœuvre pour sortir de la place. Roulant tranquillement, j’étais aux aguets pour ne pas avoir d’accident, mais aussi envers la jeune femme qui venait d’être traumatisée. Finalement, on arrivait devant la Mather House et je coupais le contact. « Tu préfères quelle maison ? La tienne ou la mienne ? » Après tout, deux pas et on était à la Dunster. Mais je trouvais que c’était possiblement le bon moment pour la rassurer également. Sur moi, sur nous. « J’veux que tu saches… J’suis là pour toi. Pour cette épreuve ou une autre. Tu peux compter sur moi »

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J’veux partir, avant que mes jambes ne me lâchent totalement. Je t’offre alors mes clés dans ta paume et je pars me réfugier dans ma Chevrolet. Me coupant du bruit en fermant ma porte, je passe ma ceinture sur ma poitrine, je l’attache et je fixe ta silhouette à travers le pare-brise, complètement stoïque. Sans tarder, tu t’engouffres à ton tour à l’intérieur et je déporte machinalement mon regard trouble vers toi. Dans d’autres circonstances, je serais sûrement taquine, à te dire où introduire la clé etc, mais aujourd’hui, je n’y arrive pas. Je suis vide, meurtrie, affaiblie. Je te laisse ma vie entre tes mains. Je m’appuie sur toi, complètement. T’es le centre de mon univers désormais, le soleil peut être jaloux. Bref, assez facilement, tu t’extrais de la place et tu attrapes ma main frigorifiée sur ma cuisse. Je pleure en silence. Le paysage défile, mais je n’enregistre rien à ce que mes prunelles croisent. J’suis ailleurs. Ce n’est que lorsque tu coupes le contact que je sors progressivement de mon monde parallèle « La tienne » Sans hésitation, il y a trop de Serah à la Mather. Accrochant la poignée, prête à sortir de la voiture, tu reprends la parole alors je la relâche instantanément pour planter mon regard dans le tien. « Je sais, enfin, je crois.. » Je voudrais tellement te croire, mais on ignore tous de quoi l’avenir est fait. J’ai arrêté de me fier aux promesses. « J’sais plus où on en est Pluton.. » Ma voix s’émiette. Les larmes grimpent. J’viens de voir le corps inanimé de ma pote et je parle de sentiments. Quelle putain d’égoïste. « J’en ai marre d'ailleurs » Ouvrant la portière pour de bon, je me glisse à l’extérieur et je la referme violemment derrière moi. Pardonne-moi. J'ai conscience que tu me rattraperais si je me vautre. La preuve, tu as volé jusqu'à moi en un temps record dès que je t'ai prévenu. Tu es là, à côté de moi, quand d'autres ne seraient jamais venus, mais c'est temporaire, j'le sais. « J’en ai marre de ta putain de bague et tout le reste » criais-je en portant mes mains à mon crâne. Je pète une durite. Je me plante devant la voiture et je tape du poing sur mon capot comme une folle. Je te dévisage ensuite à travers la vite nous séparant, mes paumes sur la carrosserie, le souffle saccadé « C’est faux ! Je peux pas compter sur toi ! Tu vas encore te casser sale menteur » Tiens, je t’offre ma bagnole, je me tire, il vaut mieux. J’suis pas dans mon état normal. Je tourne alors les talons et je presse le pas en direction de la Mather, tant pis si je croise l’ombre de Serah. « Allez tous vous faire foutre ! TOUS ! » hurlais-je en levant mes deux doigts d’honneur. Théâtrale ? Toujours. J’en peux plus. Si tu savais à quel point je t’aime. Je veille des heures le soir pour te parler alors que je suis éreintée. Le mot que je prononce le plus dans une journée, c’est ton prénom. Pluton, pluton, pluton. Ça tourne en boucle. J’veux te réparer depuis que je t’ai rencontré et j’ai toujours échoué. J’suis pas celle que tu veux et je m’obstine. Je crèverais dans d’atroces souffrances pour sauver ta peau. Je ferais tout pour toi et j’ai pas l’impression que tu le saisisses réellement. Je te veux entièrement bordel. J’ai pas envie de te partager et c’est encore le cas. Pour combien de temps encore ? J’en ai ma claque de tes ‘j’vois au jour le jour’. Tu veux qu’on inverse les rôles ? Je te connais pas si bien que ça au final. Je connais rien de toi ouais. J’suis amoureuse de qui en fait ? De qui hein ? Cachets, vite. M’arrêtant en plein milieu du chemin, j’ouvre mon flacon et je déverse une bonne quantité de comprimés dans ma paume. Elle avait peut-être raison Serah, à quoi bon se faire chier ici..

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crédit/ tumblr ✰ w/louison chamberlain

Cette situation était oppressante mais plus vite on s’en irait d’ici, mieux ce sera. Je faisais signe à mon chauffeur de s’en aller, et sa consigne dans ces cas là était de retourner à la Dunster. De toute évidence, qu’importe si j’allais à la Mather ou la Dunster, les deux étaient juste à côté. Alors je prenais place côté conducteur et je mettais le contact. Je cherchais également à lui faire prendre conscience que j’étais là pour elle, que j’allais pas la laisser tomber, en gardant ma main dans la sienne. Vive les voitures automatiques qui ont très peu besoin d’utiliser la boite de vitesse. Juste pour s’arrêter aux feux. Le pied. Une fois arrivé sur place, je demandais quelle maison et c’était sans hésiter qu’elle mentionnait la mienne. La Dunster ce sera. Mais je ne voulais pas m’arrêter là. Il fallait que je clarifie quelques points. Seulement, il faut croire que c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. « Qu- » Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas trop. Elle sortait, claquait la porte avant de se mettre devant l’automobile. Et elle se mettait alors à crier, contre moi notamment, contre cette bague qui lui faisait du mal par sa simple présence. Et l’enfant aussi je suppose. C’était dans “tout le reste”, avec Camila. Mais elle me touchait avec ses mots mine de rien. Et ouais, elle pétait totalement une durite là, au point de s’en aller vers la Mather - le contraire de ce qu’elle m’avait dit juste avant - le tout en faisant des doigts d’honneur. Mais putain, qu’est-ce qui se passe dans sa tête ? Ok, elle avait vu une fille qu’elle appréciait morte, totalement vide de vie. Mais là ? Ouais bon, chacun a une façon différente de réagir, je le sais. Il fallait juste que j’agisse et réagisse plus vite que mon ombre. Je voulais pas qu’elle fasse la moindre connerie. Finissant par sortir de la voiture, je la voyais s’arrêter. Faire demi-tour ? Non, elle semblait s’arrêter pour choper la boite de cachets qu’elle avait dans la poche. Est-ce qu’elle foutait tout dans sa main ? Non, non, elle avait pas intérêt de faire ça. Je lui interdisais. Alors je me mettais à courir pour arriver le plus rapidement à son niveau et j’attrapais sa main pleine de cachets que je balançais dans la rue pour pas qu’elle puisse les récupérer. « MAIS T’ES COMPLÈTEMENT FOLLE ? » disais-je, haletant, le regard fixé sur elle. « Je t’interdis de faire ça, je t’interdis de me quitter, tu m’entends ? Je peux pas, ok ? Je peux pas te perdre » Et mes yeux commençaient à s’embuer, la vision devenait difficile. « J’peux pas te perdre Louison… Fais pas ça, s’il te plait » Le cœur battant, les flashs de Tanja me revenaient en pleine tronche. C’était pas une overdose qu’elle avait fait, mais c’était une mort soudaine qui nous avait séparé. Et ajouté à ça que Camila et Jupiter ont voulu se donner la mort eux aussi… ouais, j’étais pas prêt pour ça.