Rain et les 7 verres - Railan

T’arrêtant brusquement en l’entendant te traiter de lâche, tu ne te retournes pas. Tu serre les poings jusqu'à ce que tes ongles rangé à ras bord, entaillent légèrement ta paume. Tu ne te retourne toujours pas, arrêtant presque de respirer, t’attends d’entendre le bruit de ses pas qui repart de l’autre côté, avant de relever la tête, te secouer, et repartir toi même.
Tes répliques gardes les pour toi même Rain. Ne sois pas si emotionnelle ! Tu ne l’es normalement jamais. Laisse le partir, continuer sa vie, essaie de ne plus aller aux mêmes endroit qu’il fréquente, et tout ira bien.
Va t en! T’ordonne tu.
Tu n’as, de toute façon, pas la force nécessaire ce soir. Ni pour une confrontation, ni pour des explications. Tu dois gérer ce mal de crâne qui t’aveugle d’abord, rentrer chez Hakeem, te laisser tomber sur un lit bien douillet et dormir.
Mais avant, tu vas devoir trouver un Uber.
Tu as à peine le temps de retirer ton téléphone de ton sac, que le bruits de pas s’approchant de toi te fais te retourner, puis relever les yeux au ciel
“Tu n’es obligé de rien faire Alan. Lâche moi” lui demande tu calmement “Il ne va rien m’arriver d’accord? Je peux m’occuper de moi même” te tournant de l’autre côté tu continue “je l’ai tout le temps fait, je n’attends pas que tu vienne me secourire” tu prononce le dernier mot d’un air narquois.

Il fut un temps où je te comprenais, ou j'avais l'impression de te comprendre plutôt... Puis tu t'es fait incarcérer, tout tes secrets ont fait volé en éclats le semblant de solidité qu'on avait. Et quand je te regarde dans les yeux en ce moment-même alors que tu joue la femme forte que tu es sans aucun doute, j'ai du mal à déceler ce qui a changé en toi. Ou peut-être que c'est moi qui porte un regard différent sur toi désormais. Tu me parles sur un ton des plus calme pour énoncer une évidence et j'utilise la même intonation pour te répondre:

"Je sais très bien que tu sais te défendre toute seule, je n'en ai jamais douté de ça..."

Je l'ai su dès les premiers instants de notre rencontre que tu n'étais pas du genre à attirer les faveurs des mecs pour qu'ils te protègent. Mais allez savoir pourquoi, le sentiment de protection que j'avais envers toi est toujours là et te voir rentrer avec dans les veines un liquide qui a plus le goût de l'alcool que du sang ne me rassure pas des masses. Mais je suis fatigué de me battre ce soir, j'ai d'autres problèmes, l'un bien plus grave que les autres. Tes prunelles bleutés me font comprendre que je suis de trop, que je n'aurais pas dû revenir, je vais donc rentrer, me poser dans mon lit avec mes pensées négatives qui m'octroieront le droit à un nouveau cauchemar et une nouvelle journée merdique commencera demain matin.

"Tu te débrouilles très bien sans moi c'est vrai.".

C'est blasé que je te sors cette affirmation pleine de sous-entendus et sans te jeter le moindre regard, je me retourne dans le but de repartir vers la Mather House où j'irais surement embêter Scarlett qui ne dort sûrement pas à cette heure-là.

Tes paroles ont pour seul but de le faire partir. Tu n’as plus envie de ressentir ce pincement à la poitrine, résultant certainement de sa proximité, de ses mots, de son regard. Il te donne envie de lui hurler dessus… mais tu n’en fais rien. Principalement, parce que tu as l’impression que toutes tes forces ont quitté ton corps…
Il te réponds que oui, tu n’a jamais eu besoin de lui.
Arrête s’il te plaît.
Tu te débrouilles très bien sans moi…
Va t on.
Là encore aucun mot ne sort de ta bouche. Bien sûre que tu l’as cherché, mais est ce qu’il faut vraiment qu’il soit aussi ...con !
Accédant à ta demande, tu ne vois plus que son dos, tandis qu’il se retourne et te laisse tranquille. Tout comme tu l’as souhaité.
Bien! Tu vas finalement reprendre ton téléphone et trouver cet Uber qui tarde à arriver.
Peut être qu'il faudrait le commander avant ? Si t’arrives à voir l’écran bien sûre. Pourquoi tu as autant de mal ? Qu’est ce qui t'arrive.
“Alan” Tu chuchotte. Progressivement ta vision s’assombrit, le bruit de la rue presque déserte ne semble plus atteindre tes oreilles. ”Alan” as tu l’impression d’ajouter tandis que le noir qui t'entoure, t’enveloppe toute entière.
J'ai besoin de toi.

J'en ai marre Rain, je ne te comprends plus, je ne te reconnais plus et ça déclenche en moi un énervement que je ne veux plus te montrer. Ou est passé notre complicité ? J'espère au fond de moi qu'elle se cache profondément sous cette couche de haine et de rancœur tenace que j'ai envers toi en ce moment. Suis-je un lâche de fuir un nouvel affrontement avec toi, ou est-ce mon agacement qui me fait tourner les talons ? Je ne saurais dire...
Je m'éloigne de toi, comme tu me le demande et je ne me retournerais pas, pas ce soir, je suis bien trop blasé pour ça. Comme tu le dis si bien, tu te débrouilles très bien sans moi. Cent mètres nous séparent, puis deux cents, puis toujours un peu plus avant que l'envie de me retourner ne se fasse trop sentir et que je pose une nouvelle fois les yeux derrière moi.

"Rain ?"

Mon intuition me dit que quelque chose cloche, tu as disparus et en lieu et place de ta personne, un attroupement. Je marche vite, puis je me mets même à courir avant de gueuler un "Dégagez !" tout en essayant de me frayer un chemin entre tout ces moutons. Puis mes yeux se pose sur ton corps inanimé jonchant le sol. Putain de merde Rain, qu'est ce que tu me fais là ! Je me penche au dessus de ton corps, trouve avec soulagement ton pouls et mon diagnostic rapide en arrive à une conclusion moins grave que ce que la situation pourrait laisser imaginer. Je ne suis pas l'homme le plus balèze, mais bien assez pour te porter jusqu’à ma voiture, tu vas avoir le droit de rentrer de nouveau dans cette chambre où je ne pensais plus te voir, mais tu vas avoir aussi le droit à une remontrance de ma part. Si cet évanouissement est vraiment dû à ce que je pense, compte sur moi pour t'engueuler salement Rain...