L’infirmière tenait la nouvelle née dans ses bras, un léger sourire affiché sur le visage. Elle avait assisté à un grand nombre de naissance, mais à chaque fois elle retrouvait cette sensation magique et unique : l’émerveillement, l’émotion, une émotion si particulière qu’elle ne ressentait que dans ces moments-là. Le sourire qui illuminait en ce moment le visage des jeunes parents étaient également magique, à lui seul il prouvait à quel point ils étaient heureux que leur enfant soit là. Cependant il n’y avait pas de temps à perdre. En effet, ce bébé était un prématuré, né quelques semaines avant terme. Pas d’inquiétude à avoir pour sa santé, cependant il fallait faire quelques examens de routine, juste pour être totalement sûr.
«
Je vais emmener votre fille en salle d’examen et, ensuite, elle restera durant quelques jours en couveuse. Devant la soudaine inquiétude, particulièrement visible des deux parents, l’infirmière se reprit immédiatement :
tout va bien, tout va très bien même, ne vous en faîtes pas, simple précaution que nous prenons toujours pour les prématurés. »
Les parents eurent l’air rassurés et, après un dernier sourire, l’infirmière quitta la chambre, le nourrisson dans les bras. Elle se dirigea vers la salle d’examen et expliqua la situation au médecin présent. Il hocha simplement la tête, n’ayant lui non plus pas vraiment l’air inquiet. Alors l’infirmière installa le bébé dans un berceau, juste à côté d’une autre petite fille, elle aussi née avant terme.
«
Ah et Beverly ? N’oubliez pas de leur mettre le bracelet autour du poignet. J’ai vu que ça n’était pas encore fait, il ne faudrait pas commettre d’erreur avec cela. rappela tout de même le spécialiste.
Bien sûr, je fais cela tout de suite. »
L’infirmière, Beverly de son prénom donc, se dirigea vers la table au fond de la salle sur laquelle étaient posés les dossiers des nourrissons présents ici. C’est ici qu’elle commit l’erreur à ne pas commettre : elle hésita quelques instants. Deux des petites filles, celle de tout à l’heure et celle se situant près d’elle, dans le berceau voisin au sien, étaient nées le même jour, à la même heure dans ce petit hôpital de Brooklyn. Bien sûr l’infirmière avait relevé l’identité de chacune mais là, elle avait un véritable doute. La porte de la salle d’examen s’ouvrit à nouveau et Ginny, celle qui était censé prendre la relève de Beverly, fit son apparition.
«
Désolé, je suis en retard… grogna-t-elle pour toute excuse.
Une heure trente c’est plus vraiment ce qu’on appelle un retard mais bref, c’est pas grave, une fois encore c’est pas grave, répliqua sa collège, soudainement hargneuse »
Elle voulait rentrer chez elle désormais, son petit-ami l’attendait, ils devaient aller au cinéma durant l’après-midi et elle était déjà très en retard. Alors elle ne fit pas vraiment attention à son acte : machinalement elle écrivit le nom et le prénom des petites filles sur deux bracelets différents et le leur noua autour du poignet. Erreur.
C’est ainsi qu’en ce 4 mars 1994, la vie de ces deux nourrissons fut bouleversée à jamais. Leurs identités échangées. La véritable fille de Scarlett et Aaron Silver, devint celle d’une jeune mère célibataire, Amélie Brown, qui la prénomma Julia Andréa. Cependant cela elles l’apprirent toutes deux plus tard, bien plus tard…
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La petite Julia avait bien grandi, elle était maintenant âgée de six ans et voilà maintenant quelques mois, elle avait fait sa toute première rentrée, à l’école primaire. Sa mère, Amélie, était soulagée car visiblement, tout se passait très bien pour elle. Il faut dire que Julia était vraiment une enfant adorable, assez en avance pour son âge. Son éducation n’avait pas vraiment posé de problème jusque là, au contraire, c’était un véritable petit rayon de bonheur, un ange. Toujours prête à apprendre de nouvelle chose, très éveillée, très attentive au monde qui l’entourait. Cette petite fille était toujours de bonne humeur, un petit rayon de soleil, qui adorait donnée la joie de vivre aux personnes autour d’elle. Très énergique elle ne supportait alors pas de rester en place et surtout elle détestait la solitude, il fallait constamment l’occuper pour qu’elle ne s’ennuie pas trop. Cependant elle se contentait de peu : entendre sa mère lui lire des histoires, encore et encore, lui convenait très bien. Elle n’était jamais plus heureuse que lorsque des amis d’Amélie venaient leur rendre visite, dans leur petit appartement à Brooklyn. Elle se mettait alors sur les genoux d’Amélie et l’écoutait parler avec ses amis, finissant généralement par se blottir contre elle et par s’endormir, un petit sourire satisfait et aimant affiché sur le visage. A l’école, Julia s’était fait beaucoup d’amis en peu de temps, car elle était très attentive avec eux, et surtout elle n’hésitait pas à aller vers les gens pour faire de nouvelle rencontre.
Ce jour là, Amélie était venue la récupérer à l’école. Une grande surprise pour la petite fille car il était prévue qu’elle rentre à pied aujourd’hui. En effet, leur appartement n’était vraiment pas loin de l’endroit où Julia étudiait et elle pouvait donc rentrer seule sans trop de risque. Lorsqu’elle aperçue sa mère, la petite fille se jeta dans ses bras sans plus de cérémonie. Certains auraient peut être eut honte, même à cet âge là, mais pas elle, au contraire, elle était même fière. De toute manière lorsqu’elle était avec sa mère le monde extérieur n’existait plus. Très proche, elles l’avaient toujours été, Julia confiait absolument tout à Amélie. Elle adorait passer de long moment avec elle, à l’écouter parler, lui lire des histoires ou même jouer de la guitare. Car oui, Amélie avait quasiment élevé sa fille en musique, se plaisant à lui en faire écouter le plus possible depuis sa plus tendre enfance. Aujourd’hui cela portait ces fruits puisqu’il y a quelques semaines, Julia avait demandé à sa mère de lui apprendre à jouer. Chaque soir Amélie enseignait donc à la fillette les bases de la guitare et, bien qu’encore très jeune, Julia se montrait assez douée pour cela. Bref, en l’instant Julia était blotti dans les bras de sa mère, un immense sourire affiché sur le visage. Cependant, une de ses camarades de classe passa devant elle et ce sourire se fana immédiatement. Amélie fronça les sourcils et repoussa sa fille en douceur, pour pouvoir plonger son regard dans le sien.
«
Que se passe-t-il Ma Julia ? » demanda-t-elle avec douceur, une lueur d’inquiétude dans la voix.
L’intéressée grimaça, gênée. Effectivement, il y avait bien quelque chose qui la gênait, de toute façon sa mère la connaissait bien trop bien pour qu’elle puisse ne serais-ce que penser à lui mentir. Alors elle se contenta de se forcer à sourire pour la rassurer.
«
On rentre ? On pourra discuter à la maison comme ça… »
Amélie acquiesça, assez inquiète tout de même. Cependant elle sourit tout de même à son tour et souleva sa fille pour la tenir dans ses bras. Elle marcha comme cela jusqu’à leur petit appartement, où elle déposa Julia sur le fauteuil. Le goûté était déjà prêt : lait, cookies, tout ce que la fillette adorait.
«
Alors ma chérie, quelque chose ne va pas à l’école, tu peux tout me dire, tu le sais hein ? »
Julia attrapa sa tasse de lait, un cookie et le mordilla avec une nervosité bien visible. Ce dont elle s’apprêtait à parler était un sujet sensible, même du haut de ses six ans elle le savait.
«
Des filles de ma classe se sont moqué de moi aujourd’hui, déclara-t-elle enfin.
Ah bon ? Mais ça ne se passe pas bien à l’école?Si… mais elles me trouvent bizarre, différente…Pourquoi cela, tu n’es pas différente Julia. De toute façon c’est quoi différente ? Tu es unique, c’est vrai, mais tu es seulement toi, la plus merveilleuse petite fille dont une maman puisse rêver. »
Un immense sourire vint illuminer le visage de la fillette suite aux paroles de sa mère et elle reposa sa tasse afin de pouvoir à nouveau se blottir contre elle. Comme cela elle se sentait bien. Sereine, en sécurité…
«
Différente parce que… parce que les autres ont un papa et une maman… et pas moi. »
Amélie hocha la tête, compréhensive. Elle ne montrait rien du trouble qui l’habitait en l’instant. Cette conversation, la jeune mère se doutait qu’il faudrait qu’elle l’ait un jour avec Julia, mais elle avait espéré qu’elle arriverait plus tard, pour qu’elle puisse préparer ce qu’elle allait dire. Trop tard. Maintenant il allait falloir répondre aux interrogations de la fillette. Interrogations qui étaient tout à fait légitime de toute façon.
«
Oui, c’est vrai. Toi tu n’as qu’une maman ma chérie. Tu aimerais avoir un papa, il te manque ton papa ? »
Julia fit un signe de la tête négatif. Non, un papa ne lui manquait pas, pour la simple et bonne raison qu’elle ne savait pas vraiment à quoi il pourrait lui servir. Elle avait toujours vécu seule avec sa mère et cela lui convenait parfaitement. Amélie faisait toujours tout pour être le plus présente auprès de sa fille, pour qu’elle ne manque jamais de rien.
«
Non, je ne crois pas que je voudrais avoir un papa. C’est bien quant ont est toutes les deux non ? Mais… Il est où mon papa. Pourquoi il n’est plus avec nous Maman ? »
Amélie sourit, oui, elles étaient très bien toutes les deux et elle, elle était vraiment soulagée que sa fille ait formulé cette réponse et non une autre. Qu’aurait-elle put faire si Julia lui avait dit que son père lui manquait ? Cela aurait été un échec pour elle, elle aurait très certainement eut l’impression d’avoir raté quelque chose d’important.
«
Oui, nous sommes très bien toute les deux ma puce, je n’ai besoin de personne d’autre que toi à mes côtés, commença-t-elle, caressant avec tendresse les cheveux blonds de la fillette.
Mais tu sais tu n’es pas la seule dans ce cas là. Plein de petite fille et de petit garçon vivent sans papa, exactement comme toi. Ton papa à toi… c’était un homme extraordinaire. Très gentil, très attentionné envers moi, très drôle aussi. Mais c’est également un aventurier ton papa, il déteste n’aime pas rester en place, lui ce qu’il veut c’est faire le tour du monde, encore et encore. Et moi je n’étais pas d’accord avec lui pour cela. Parce que tu étais là et que tu étais tout ce dont j’avais toujours rêvé dans ma vie. Je t’ai beaucoup attendu tu sais, avant que tu n’arrives enfin. Je ne voulais pas de cette vie là pour ma fille. Je voulais une vie calme, une vie où tu pourrais te faire des amis sans avoir peur de devoir les quitter du jour au lendemain. J’aime encore très fort ton papa, et lui aussi il m’aime je crois. Mais nous ne voulons pas de la même vie, voilà tout. Aujourd’hui… cela fait longtemps que je ne l’ai pas revu, je ne sais pas où il est. Sur un bateau peut-être, à parcourir les océans, comme il en a toujours rêvé. »
Julia était toujours blottit dans les bras de sa mère, souriant, comme si elle venait d’entendre une belle histoire. Elle avait des étoiles dans les yeux, s’imaginant son papa qui voyageait, qui allait et venait au grès du vent, au grès de ses envies. Il était libre, il n’avait pas d’accroche et cela la petite fille l’admirait. Elle était encore trop jeune pour se rendre compte du mal qu’il avait dû faire à sa mère en l’abandonnant. Tout ce qu’elle avait en tête lorsqu’elle songeait à son père s’était un papillon. Un papillon qui volait où il le souhaitait et quand il le souhaitait.
«
Dis Maman, tu crois que je pourrais le rencontrer un jour ? Juste pour voir comment il est ? »
Amélie sourit mais d’un sourire triste que sa fille ne put pas voir. Elle ne vit pas non plus ses yeux humides et les larmes qui coulaient lentement le long de ses joues sans qu’elle n’arrive à les arrêter. Oui, elle l’aimait le père de Julia. A ses yeux c’était le plus extraordinaire des hommes. Avec elle il s’était montré tendre, amoureux, attentionné, elle garderait éternellement cette image de lui en tête. Celle de l’homme parfait, celle du prince charmant. Quand il était parti, la laissant seule avec son bébé, ça avait été extrêmement difficile à vivre pour elle et aujourd’hui, alors qu’elle en parlait à sa fille, elle se rendait compte que la blessure n’était pas encore refermée. Se refermerait-elle un jour d’ailleurs ? Parviendrait-elle à l’oublier ? Non, c’était impossible. Jamais son image ne s’effacerait entièrement d’elle, il était là, dans son cœur et il le resterait à jamais.
«
Non Julia, je ne crois pas que tu pourras le rencontrer. Je ne sais pas où il se trouve et le voir te ferait, non, nous feraient à toutes les deux, plus de mal que de bien. »
Julia hocha simplement la tête, la déception se lisant tout de même sur son visage. Ce jour là, elle resta un long moment blottit contre sa mère, en silence, profitant simplement du moment présent. Jusqu’à ce qu’elle s’endorme et qu’Amélie la dépose avec douceur dans sa chambre. Elle embrassa tendrement sa fille et s’assit auprès d’elle, la regardant dormir.
Je t’aime Ma Julia, je t’aime tellement… murmura-t-elle, juste avant de quitter la pièce.
Ce soir là, Amélie se rendit dans sa propre chambre et après avoir longuement hésité, elle sortit une boite de son placard. Une boite dans laquelle elle retrouva de nombreux souvenirs de Lui, l’homme qu’elle avait tant aimé, et qu’elle aimait encore tant aujourd’hui malgré ce qu’il lui avait fait. Elle regarda de nombreuses photos, relue de nombreuses lettres et malgré les larmes qui coulèrent durant de longues minutes le long de son visage, cela lui fit du bien.
Ce fut la seule et unique fois que Julia parla de son père à Amélie. Elle rêva bien souvent de lui durant son enfance et au fil des années cette présence paternelle se mit à lui manquer, un peu. Mais elle n’en dit rien, comprenant que sa mère puisse elle aussi souffrir de cette absence. De toute façon Amélie était là, et c’était le plus important, jamais elle ne pourrait vivre sans elle.
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Par la suite, Julia mena une enfance tout à fait banale. A l’école, elle se montrait plutôt douée, prenant plaisir à ramener de bonne note à la maison. Perfectionniste, elle n’hésitait pas une seconde à passer des heures à réviser jusqu’à connaître la moindre de ses leçons par cœur. Mais ça n’est pas pour autant qu’elle a perdu sa bonne humeur légendaire au fil des années, bien contraire, cette dernière n’a fait que s’amplifier avec le temps. Lors de son entrée au collège, Julia était plutôt populaire mais dans le bon sens du terme. Elle était connue pour être la jeune femme souriante, toujours prête à aider les autres en cas de besoin. Autant ses amis que ses ennemis d’ailleurs, ce qui lui fit défaut à de nombreuses reprises. Beaucoup de fille enviaient le style de Julia, car même si elle venait de Brooklyn et que par conséquent elle n'avait pas particulièrement beaucoup d'argent, elle était toujours bien habillé. Et pour cause: la mode est la grande passion de la jeune femme et ce depuis toujours. Petite déjà elle adorait passer de longs moments avec sa mère dans les boutiques, à contempler les magnifiques robes de princesse qu'il existait. Son plus beau noël fut sans aucun doute celui où Amélie lui offrit l'une d'entres elles. Plus tard elle rêve de devenir styliste afin de pouvoir créer ses propres tenus. Ce qu'elle a toujours fait d'ailleurs, elle se fournissait en tissus un peu où elle le pouvait et avec une vielle machine à coudre elle faisait des miracles. Elle a son propre style que personne ne pourra jamais lui piquer. Cependant malgré cette popularité Julia n'a jamais changé. Aimante, elle est vraiment prête à tout pour protéger ses proches et, à ses yeux, la famille est plus importante que tout. C’est pourquoi, même si elle avait de nombreux amis avec qui elle se plaisait à passer du temps elle n’en oubliait pas sa mère pour autant. Lorsqu’elle rentrait le soir chez elle, elle restait longtemps avec elle, à discuter et à jouer de la guitare. Au fil du temps le lien si fusionnel qu’elles avaient n’a fait que s’amplifier et leur passion commune pour la guitare n’y est pas étrangère.
Si Julia ouvre facilement son cœur en amitié, il n’en est pas de même en amour. Au collège elle a eut de nombreuses petites aventures mais elle n’est jamais vraiment tombé amoureuse. Très idéaliste et fleur bleue, elle l’est sans aucun doute. Ses amis d’avant se moquaient d’ailleurs bien souvent d’elle à cause de cela. Mais ça n’a jamais vraiment touché Julia. Oui, elle aime profiter de la vie et c’est pour cela qu’elle a eut de nombreux petits-amis, mais personne ne pourra un jour changer sa vision de l’amour. Pour elle, il ne peut être imaginé qu’avec un grand A. Elle rêve du prince charmant, de celui qui viendra un jour la chercher et qui l’emmènera loin de tout durant quelques temps. De celui qui fera s’affoler son petit cœur lorsqu’il est prêt d’elle, de celui qui lui déclenchera des frissons à chaque contact, à chaque baiser échangé avec lui. Elle rêve également d’un homme qui sera la surprendre à chaque instant, de qui elle en apprendra un peu plus chaque jour. Ce genre d’homme n’existe pas me direz-vous, eh bien Julia est persuadé que si. Auparavant, c’était une véritable boule d’énergie, impossible de la stopper. Cela est toujours le cas, mais elle a su se calmer grâce à la guitare et au chant. Parfois vous la trouverez simplement assise seule, son petit carnet à la main tandis qu’elle compose les paroles d’une nouvelle chanson. Cependant elle reste très secrète à propos de tout cela, c’est une part d’elle-même qu’elle ne veut dévoiler qu’à ses plus proches amis.
Cependant, le bonheur est quelque chose d’éphémère. La roue tourne et cela ne pouvait pas durer éternellement pour Julia. C’est ainsi qu’il y a quelque mois, alors qu’elle était âgée de 17 ans, sa mère lui a annoncé qu’elle était malade, gravement malade. Amélie avait besoin d’une greffe de rein mais la liste d’attente était extrêmement longue et rien ne garantissait qu’elle pourrait survivre jusqu’au moment du don. C’est ainsi que Julia s’est proposé de subir l’opération destiné à sauver sa mère en lui donnant un rein. Au début Amélie s’y est opposé, cette opération était dangereuse et pour rien au monde elle ne voulait perdre sa fille, surtout car elle avait tenté de la sauver. Cependant Julia a insisté, ne laissant pas vraiment le choix à Amélie d’accepter ou non. Les médecins ont donc fait des examens, pour être sûrs que la jeune femme était compatible avec sa mère et pouvait donner sans trop de danger. Julia est tombé de haut lors de l’annonce fatidique : elle et sa mère n’était pas du même sang, il était donc impossible aux médecins de lui prélever un rein pour le donner à Amélie.
La première réaction de la jeune femme a été de douter de sa mère. Etait-elle finalement une enfant adoptée ? Lui avait-on menti durant toute son enfance ? Mais Julia s’est vite rendue compte qu’Amélie était en fait aussi étonnée et aussi choquée qu’elle. Là ce fut l’incompréhension, et surtout le désespoir pour l’adolescente. Car elle était incapable d’aider sa mère alors que c’est ce qu’elle souhaitait le plus au monde. Elle ne pouvait pas lui donner un rein et elle allait très certainement en mourir. Julia ne s’imaginait pas une vie sans sa mère, pas une vie sans elle, qui avait toujours été là, qui avait su l’écouter, la consoler, la serrer dans ses bras dès qu’il y en avait eut besoin. Alors elle s’est mise à faire de nombreuses recherches, pour découvrir pourquoi elle n’était pas la fille biologique d’Amélie et, à force d’insister et de fouiller dans son propre passé, elle a finit par découvrir la vérité. Le 4 mars 1994 un nourrisson avait vu le jour en même temps qu’elle. Elle avait été échangée à la naissance, c’était l’unique explication possible. Par chance, l’hôpital où elle est née existe toujours et elle a donc pu avoir le nom de sa famille biologique : les Silver. C’est une famille aisée, la mère, Scarlett, est une célèbre photographe et le père, Aaron, dirige une grande chaîne d'hôtels, très réputé aux Etats-Unis. Julia a également découvert qu’en plus de la véritable fille biologique de sa propre mère, il avait eut un autre enfant : une fille également, Sateen. Par chance elle est elle-même assez connu et la jeune femme a donc pu savoir assez facilement où la trouver. A Cambridge, à l’université d’Harvard.
C’est ainsi que cette année, alors qu’elle est âgée de 18 ans, Julia a tout abandonné et est parti de Brooklyn pour aller à la rencontre de Sateen. Elle a laissé son lycée, elle a laissé ses amis. Mais elle ne peut pas regretter ce choix car elle sait pourquoi elle fait tout cela. Pour sauver sa mère. Il faut absolument qu’elle dise la vérité à Sateen, pour qu’elle la mène vers la file biologique d’Amélie. Ainsi elle pourra la sauver. De plus désormais elle sait qu’elle une sœur, ce dont elle a toujours rêvée. Elle espère de tout son cœur que tout se passera bien, qu'elle parviendra à sauver Amélie à temps. Mais elle espère aussi qu'à Harvard elle saura trouver sa place, elle saura être heureuse comme elle l'a toujours été avant tout cela...