(magique) ask no questions and you'll get no lies

ask no questions
and you'll get no lies
@agathe a. de belgique-s

T’ouvrais le mauvais tiroir. Enfin, non, c’était le bon, y’avait bien la boite de capotes dedans. Mais pas que. Y’avait aussi mon matos tout frais. Quelques seringues encore emballées, une usagée, des fioles de morphine prête à être injectée, un élastique en caoutchouc que j’utilisais pour me faire un garrot. Ouais, ça faisait pas longtemps que j’étais tombé là-dedans mais j’étais un bon élève quand j’m’y mettais et j’apprenais vite à faire les choses bien. Sauf que pour l’heure, c’était mon truc, j’avais pas prévu que quiconque soit au courant. J’étais pas préparé à ce que tu tombes dessus par hasard. Surtout pas toi. À qui j’ai fait la promesse d’être clean, de ne pas replonger. ‘Si tu plonges, je plonge’. Mais j’voulais pas que tu plonges moi. Alors j’essayais de te faire oublier ce que t’avais vu, de semer le doute, de t’amadouer avec des baisers, de te détourner l’esprit avec des caresses. Sauf que j’crois comprendre que ça ne fait que t’énerver encore plus, et tu m’ordonnes de te lâcher, ce que je fais immédiatement. Je lève les mains en mode ‘ok c’est bon panique pas’. J’suis pas un violeur, j’allais pas te forcer juste pour préserver mon secret. Secret qui n’en était plus un, puisque tu te relevais pour aller ouvrir le tiroir en grand et exposer mon mal-être. Et là, tu commences à gueuler. Mais tu dramatises, sérieux. "J’étais— je suis clean. Qui te dit que j’ai utilisé ce qu’il y a là? Personne. J’ai rien touché. T’énerves pas comme ça Agathe, y’a aucune raison qui le justifie." Je me relève aussi pour être debout face à toi, te tendant le t-shirt que je t’avais enlevé. Oui, à me gueuler dessus à poil, t’es pas trop crédible et ça me déconcentre, j’ai trop les yeux baladeurs.

Il essayait par tous les moyens de détourner mon attention, faire le mec innocent qui savait pas de quoi j'parlais. C'était une véritable claque que je recevais en plein dans la gueule. J'comprenais pas, depuis quand on se cachait des trucs? Depuis quand il crachait sur notre amitié en me mentant? J'voulais même pas comprendre en fait, je pétais littéralement un câble en gueulant sur lui. Je m'énervais, limite comme une vraie furie en lui ordonnant de me lâcher. Quand j'étais énervée, fallait pas m'toucher mais ça il le savait pas puisque il me lâchait en levant ses mains. Je me levais pour rouvrir son tiroir en grand et je m'énervais encore plus, au point que j'lui laissais pas le temps de placer un mot. Je l'envoyais chier en lui citant mot pour mot ce qu'il m'avait dit en  me faisant la promesse que si je replongeais pas il replongerait pas. J'avais l'impression d'être pris pour une conne et j'aimais pas quand on me prenait comme telle. « Ah, quelqu'un l'a posé là oklm en se disant '' hm j'vais mettre ça là tiens '' » je prenais le t-shirt qu'il me tendait mais je l'enfilais pas, j'étais en train de faire des guillemets avec mes doigts en parlant. «  Y'a rien qui le justifie? Vraiment? Ok Elliot, si t'as rien à cacher tu m'laisses vérifier. » s'il n'avait rien à cacher il essayerait pas de se défiler hein? Gros lol quoi. 

Tu gueulais comme une hystérique et… ouais, j’peux comprendre. T’avais tes raisons au final. Et des bonnes raisons, même si j’refusais de l’avouer. Bah ouais, c’était plus simple de mentir que d’assumer ses torts et faire face à sa lâcheté, tu comprends? Moi, j’voulais pas que ça se sache. J’voulais rester dans ma bulle, j’comptais garder ça absolument secret, que ce soit auprès de mes potes, de ma soeur, peu importe la personne en fait. Techniquement, ça ne regardait que moi. Si j’avais envie de me foutre en l’air, c’était moi que ça concernait et personne d’autre. Je balance un coup dans le tiroir une deuxième fois pour le refermer sèchement. Ouais, ça me dérange que ce soit sous mon nez en présence de quelqu’un d’autre. J’assume pas, j’ai honte. Et puis, ça me dérange aussi parce que… ça fait naitre l’envie. J’attrape la bouteille d’eau et bois à nouveau quelques grosses gorgées, la gorge nouée. Pourtant, je continue à jouer l’innocent. C’est sûrement pas la meilleure des solutions, surtout pas face à toi, mais j’suis incapable de le dire en fait. J’suis incapable d’admettre que j’ai replongé, que je retouche à ces merdes et que c’est encore pire qu’avant. J’veux pas vivre avec moi-même en fait, ça me rend malade. Alors la solution que je trouve, c’est le mensonge. Tant que c’est pas dit à voix haute, c’est pas réel. C’est comme ça que je fonctionne. "Vérifier quoi? Y’a rien à vérifier, t'es ridicule." Les seringues étaient emballées puisque dès que j’en utilisais une je la jetais, les fioles de morphine à peine commencées puisque je les avais eu il y a quelques jours seulement. Ça pourrait presque passer comme : oui, j’ai acquis le matos, oui j’ai failli, mais non, je ne l’ai pas encore fait, j’ai pas encore craqué. Sauf que si. J’ai craqué. Et pas qu’une fois. "Arrête ça ok? Tu te fais des films pour rien, il se passe rien." Je prenais le t-shirt de tes mains et faisais un pas vers toi pour te l’enfiler et donc te rhabiller un minimum. Je passe mes bras autour de toi pour venir tirer tes cheveux hors du col du t-shirt et les laisser retomber dans ton dos. "C’est bon, t’es calmée?" La crise est passée?

J'en avais rien à cirer de gueuler comme une hystérique, j'assumais d'avoir ce putain de caractère. En fait c'tait comme si à ses yeux j'étais pas sa pote, que j'étais qu'une putain de sous-merde pour lui. C'était une trahison venant de sa part, comment il pouvait me regarder droit dans les yeux et nier les faits? J'étais difficilement manipulable et ça, il le savait très bien j'lui avais dit. Il jouait sur le fait que j'étais insécure ces derniers temps pour m'rassurer ou comment ça s'passait? Fuck you. Plus il essayait de se défendre, plus il s'enfonçait. Il voulait vraiment recevoir ma main dans sa gueule pour lui remettre les idées en place? J'tolérais bien des trucs mais l'hypocrisie et le mensonge, pas du tout. Il donnait un coup pour refermer le tiroir sèchement. Je serrais la mâchoire en l'entendant me dire que j'étais ridicule. « Ouais c'est ça, je suis ridicule. » j'disais ça dans un sarcasme. J'étais ridicule, ah bon première nouvelle. J'me retenais pour pas donner des coups sur son torse, dans ma tête je l'avais buté 1000 fois au point de le mettre ko. Je tenais le t-shirt dans ma main sans l'enfiler, j'avais pas que ça à faire moi l'enfiler putain. J'avais plus important à faire, engueuler Elliot. Je prenais de grandes inspiratons pour me calmer. « Mais oui j'ai que ça à faire. Me faire des films pour péter un câble sans aucune raison. » mon hobby préféré quand j'savais pas quoi faire, tg Elliot. Il prenait le vêtement en faisant un pas vers moi et il me rhabillait, chose que j'autorisais à faire sans répliquer. Il passait ses bras autour de moi pour dégager mes cheveux hors du col du t-shirt. Il demandait si j'étais calmée, ptêtre pour se préparer si je devais réagir avec mes mains. « Non, j'ai pas encore une extinction de voix. J'vais aller vérifier toutes les poubelles de ta villa pour trouver les putains de seringues. »  et je partais vers la porte de sa chambre, d'un pas déterminé. J'allais probablement me perdre dans sa baraque mais je m'en foutais.  

Tu me gueulais dessus comme si t’engueulais un gosse, et moi, j’étais aussi con qu’un gosse qui se faisait engueuler. Un gosse qui avait fait une connerie et qui s’était fait prendre la main dans le sac. Et t’sais, y’avait les preuves juste sous ses yeux, mais le gosse continuait de nier en bloc sous le regard accusateur de sa mère qui a envie de le défoncer. Ouais, c’était nous là. Sauf que t’es pas ma mère. T’as pas à me dire quoi faire ou pas. Puis merde quoi, laisse-moi tranquille, laisse-moi ne pas assumer mes conneries non? Si j’suis pas prêt, j’suis pas prêt. Genre t’as pas été dans le déni toi quand on t’a dit que t’étais une addict. Si tu me disais que non, j’te croirais pas une seule seconde. Parce qu’on passe tous par là. Cette phase de honte, de secrets et de mensonges. Alors me la fais pas à moi Agathe parce que c’est de l’hypocrisie. Tu m’énervais là, mais j’tenais quand même à toi alors je prenais soin de t’enfiler un haut et d’en sortir tes cheveux. Et étonnamment, tu te laissais faire. Mh. Mais tu partais, tu sortais de la chambre direct en élevant encore la voix. Et là, ça m’agace. Et moi aussi j’élève la voix, te suivant dans les escaliers. « Bah va si ça te chante! J’t’en prie, va retourner ma baraque, apparemment ça te dérange pas vu que tu fouilles déjà dans les tiroirs au calme! » Putain mais respect de la vie privée tu connais pas? « Et puis qu’est-ce que ça peut te foutre de toute façon? » Tu me gaves, c’est pas comme si on était mariés, lâche-moi un peu. C’est pas ton problème si je choisis de me détruire.

Ça me faisait un peu chier de devoir m'énerver contre lui mais il me laissait pas le choix. Il niait encore et encore, moi j'étais censée rester là à hocher la tête en essayant d'être compréhensive? J'savais pu si j'étais énervée contre lui parce qu'il avait pas tenu sa promesse ou parce qu'il m'en avait pas parlé. Pour l'instant, je partais en vrille sans chercher à comprendre quoi que ce soit. Plutôt que de rester là à continuer de l'engueuler jusqu'à une extinction de voix, j'me barrais de sa chambre parce que je me connaissais et si je restais là, mon impulsivité sortirait et j'voulais pas en faire baver à Elliot. Je pensais être seule mais il me suivait dans les escaliers en élevant la voix à son tour. « Je m'en bats les couilles, j'fais ce que je veux! » gros lol fouiller dans les tiroirs, j'voulais des capotes. Il avait qu'à foutre sa merde ailleurs putain. Pourquoi il me suivait aussi? J'allais trouver les seringues avec ou sans lui, ça changeait rien. Je m'arrêtais dans mon élan lorsqu'il me demandait qu'est-ce que ça pouvait me foutre. « T'aurais pu m'en parler, quand tu m'as dit qu'on se soutiendrait c'était des paroles en l'air? » en fait, je réalisais que c'était la promesse que j'arrivais pas à digérer. « Je veux juste la putain de vérité Elliot, me mens pas j'crois que je vaux mieux que ça. » je le regardais droit dans les yeux en quête d'une réponse et mon regard se posait sur son biceps. J'voyais une piqûre. Je m'approchais de lui pour prendre son bras. « Tu m'expliques? » il avait le choix de continuer de nier ou de me dire la vérité.

Tu décidais de te barrer, déterminée à fouiller toutes les poubelles de la villa à la recherche d’une pauvre seringue qui te donnerait la preuve ultime que tu cherchais. T’sais quoi? Le pire, c’est que y’en avait dans le fond du tiroir, des seringues usagées. J’avais finalement peut-être été plus rapide que ce que je pensais pour le refermer. Mais ça m’agaçait, ta crise d’hystérie là, alors moi aussi j’élevais la voix en te suivant à la trace dans la villa. Pourquoi tu t’en souciais? Ça changeait rien à ta vie en fait, que je me pique ou pas. Et putain, tu me fais avoir des bouffées de chaleur meuf, j’te jure, tu m’épuises. Tu t’arrêtais en plein milieu du salon pour faire volte face devant moi. Et ouais, je comprends, t’es blessée que je t’en ai pas parlé. Mais de un, j’assume pas, j’veux pas me l’avouer. Et de deux, on a fait un pacte toi et moi. Et j’veux pas que tu replonges, juste parce que moi j’ai pas de jugeote et je suis le roi pour sauter à pieds joints dans les conneries. Tu vois? J’avais des raisons. Mais même quand tu me quémandais la vérité, j’restais là, silencieux, planté devant toi à ne pas savoir quoi dire, la bouche s’ouvrant avant de se refermer, perplexe. C’est alors que tu fais un pas vers moi pour attraper mon bras sur lequel se trouvait une malheureuse piqûre. Ouais, j’étais à nouveau devant le fait accompli et je détestais ça. « Piqûre de moustique. » que je rétorquais, alors qu’on savait très bien tous les deux que je mentais. Tu le voyais dans mes yeux, j’le voyais dans les tiens. Mais... « J’peux pas... » J’peux pas Agathe. Je peux pas le dire, ça veut pas sortir, j’y arrive pas. Et encore moins face à toi, à qui j’ai fait une promesse importante que j’ai lâchement brisée.

Je pouvais pas cacher le fait que j'étais blessée, difficile de le dissimuler dans le ton de ma voix et dans mon regard. J'avais l'impression d'occuper le titre de la mauvaise pote. Je me souciais de mes proches et Elliot en faisait partie. Pourquoi il avait replongé? Il s'était passé un truc dernièrement qui m'avait échappé? C'était quoi l'élément déclencheur putain? J'allais devenir folle à me poser ces mille et une questions. Je finissais par me calmer toute seule rendu au salon alors que me stoppais en entendant sa question. Y'avait pas tort, au fond je devais m'en foutre et basta mais non, j'pouvais pas m'en foutre. Je faisais volte face et je le confrontais un peu moins sauvagement pour lui laisser la chance de m'expliquer, j'avais besoin de réponses à mes questions. Je lui disais que je voulais la vérité, même si ça risquait de me blesser encore plus. J'voulais l'entendre de sa bouche putain. Il restait planté devant moi en silence, en ouvrant la bouche avant de la refermer. En baissant mon regard, je remarquais une piqûre au niveau de son biceps. Je m'approchais en attrapant son bras, en lui demandant des explications. Tout ce qui trouvait à dire c'était une piqûre de moustique. Je savais pertinemment que c'était un mensonge et il savait qu'il me mentait, sauf que rendu à ce stade j'avais pu la force de lui gueuler dessus. J'étais fatiguée avec ce voyage, fatiguée à cause de ma grossesse, j'avais pu l'énergie de péter à nouveau un câble. Il détournait le regard en me disant qu'il pouvait pas me fournir c'que j'attendais. « Elliot regarde-moi. » je posais mes deux mains sur ses joues pour le forcer à me regarder dans les yeux. « Oui tu peux, est-ce que t'as confiance en moi? » entre toxicos on se soutenait, j'pouvais pas faire autrement même si j'étais blessée. 

C’était trop dur en fait. J’arrivais pas à assumer. Mis devant le fait accompli, j’trouvais pas les mots. Que voulais-tu que je te dise? Je t’avais fait une promesse, on avait fait un pacte et je l’avais rompu. Mais justement, si j’t’avais rien dit, c’est parce que je savais ce que disait notre pacte. Je plonge, tu plonges. Ouais sauf que j’voulais pas te faire plonger moi. Laisse-moi dans mes conneries, t’as pas besoin d’être aussi idiote que moi. Moi en revanche, j’ai besoin de la morphine. Ça me calme, ça m’aide à gérer la colère et la douleur. Ça les renvoie au second plan, ça me permet de pouvoir prétendre, de jouer le mec pour qui tout va bien plus facilement. Alors j’te le dis en détournant le regard, honteux. Je peux pas te donner ce que tu veux. La vérité, elle ne sortira pas de ma bouche. C’est physiquement impossible, y’a aucun son qui sort. Et tu réclames que je te regarde alors je roule un peu des yeux. À quoi bon? J’ai pas envie que tu vois mon regard et ce qu’il peut dire mieux que la parole. Sauf que t’en décides autrement, tu me forces à planter les yeux dans les tiens, tes mains contre mes joues. « Oui j’ai confiance en toi... » Même si toi t’as plus confiance en moi. Y’a une larme qui s’échappe de mon œil brillant pour rouler sur ma joue et se perdre entre tes doigts contre ma peau. Je lâche un petit rire ironique face au pathétique dont je fais preuve. Super. Manquait plus que ça.

Mains posées contre ses joues, je le forçais à me regarder droit dans les yeux. J'savais que ça servait à rien de m'énerver à nouveau contre lui, je devais lui faire comprendre que peu importe ce qu'il avait fait, j'étais là pour lui. Je tenais à lui, j'étais la plus placée pour comprendre ce qu'il traversait. J'le sentais vulnérable vis-à-vis de moi parce qu'il avait rompu notre pacte et ça se voyait dans son regard qu'il s'en voulait de m'avoir blessé. J'avais pas le droit de le juger, c'était hypocrite venant de ma part. Il avait rechuté et j'avais pas le droit de lui tourner le dos, c'était impossible. « Tu sais que tu peux compter sur moi, j'te lâche pas. » une larme coulait sur sa joue en venant s'écraser entre mes doigts. Elliot lâchait un petit rire ironique, alors que je venais essuyer la larme avec mon pouce. Moi je me hissais sur la pointe des pieds pour déposer un long baiser sur sa joue avant de le prendre dans mes bras et le serrer contre moi le plus fort que j'pouvais. « Pleure pas, je suis pas fâchée.. après tout si tu plongeais, je plongeais avec toi. On s'en bat les couilles de ce pacte maintenant. » ptêtre que le pacte était brisé mais la promesse de tomber avec lui, je la tenais. C'était pas dans mes valeurs d'abandonner les gens qui comptaient énormément pour moi.