Il n'y a que vers Davi que je peux me tourner actuellement, un des rares amis à me soutenir dans mon combat contre l'alcool. Sauf que là j'ai un autre combat à mener. J'ai l'impression qu'on me dévore de l'intérieur. Au lieu d'ouvrir ma bouteille de vodka, je préfère l'appeler, espérant que sa vois puisse me calmer. Appel en cours
Enfin une journée libre pour me reposer après tous ces heures passer à suer pour le road trip. Couché sur mon lit à l'hôtel, mon téléphone sonne. Lorsque je regarde sur l'afficheur pour connaître l'expéditeur, mon coeur commence à battre beaucoup trop rapidement. Je crains déjà le pire. Je décroche sans plus attendre. « Asia ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu vas bien ? »
Un malheur n'arrive jamais seul comme on dit. J'essayais de remonter la pente, mais voilà qu'une jumelle venait bousculer ma vie. Je suis abonnée aux mauvaises nouvelles mais celle-ci je ne l'avais pas vu venir. Tu décroches paniqué. Et je m'en veux de te faire paniquer. J'aurais aimé te répondre oui mais ce serait mentir. Enfin au final j'esquive la question." J'avais besoin de te parler. " Enfin j'aimerais surtout que tu sois près de moi, mais c'est impossible. Je gâche assez ton été comme ça." J'ai la poisse. " Que je dis de but en blanc.
Le coeur commence à me battre encore plus rapidement lorsque j'entends ta voix. Elle semble si désespérée. Besoin de me parler, "je suis là". Comme toujours, je serai toujours là, peu importe de quoi il peut s'agir. Et c'est bien ça le pire. "La poisse ? Comment ça ?" Ma voix se fait plus craintive. J'ai tellement envie de te prendre dans mes bras, simplement pour te rassurer, te murmurer à l'oreille que tout va bien aller. J'aimerais être à tes côtés, caresser tes cheveux pour que tu te laisses aller.
je suis là ces trois petits mots ont étonnamment un effet apaisant. ta voix est un bien remède que l'alcool, du moins à cet instant. Je ne te mérite tellement pas et pourtant tu es à mon écoute. Je met les deux pieds dans le plat mais je me rends compte que je ne sais pas trop par où commencer, enfin comment expliquer., sans avoir des pincements au coeur. Je déglutis." Y'a une fille qui a sonné chez moi l'autre jour. " Je prends une inspiration, sans doute la plus longue de ma vie." Ma jumelle. " T'es le premier à le savoir. Je n'ai pas encore osé le dire à mon frère, refusant certainement d'y croire.
Je te sens fébrile. J'ai l'impression que tu vas m'annoncer quelque chose d'énorme. Une bombe peut-être et je commence à ne pas apprécier ça. J'entends ton souffle de l'autre côté du combiné. Tu commences à me parler et plus rien, tu t'arrêtes. "Oui... y'a une fille qui est venue..." Je ne veux pas te brusquer, loin de là, mais plus t'encourager à me parler. Tu sais que tu peux tout me dire. Et puis là... trou noir. "Euh... Okay. Comment ça s'fait ? C'est vraiment... wow. Elle est arrivée comme ça, comme une fleur ? Elle t'a dit quoi ?" En quelque sorte, je suis soulagé qu'il ne te soit rien arriver à toi, mais j'avoue que ça ne doit pas être facile à accepter, avoir une jumelle. Lorsque j'ai appris pour la mienne, c'était le choc, alors je comprends très bien.
Je ne sais pas pourquoi toutes ces merdes me tombent dessus et qui plus est les unes après les autres. Comment voulez vous que je m'en sorte si on arrête pas de m'enfoncer. Je suffoque, perd ma respiration quand il est question de te révéler ce secret qu'on m'a caché pendant 27 années. Evidemment tu me submerges de questions, demande des détails sur cette rencontre." J'ai pas encore eu le cran d'appeller ma mère. Je crois que je n'ai pas envie de savoir. " Parce que peu importe les raisons, je sais que je ne les accepterai pas." En fat elle m'avait contacté sur FB y'a quelques semaines, m'envoyant des photos, je l'ai bloqué. " Enfin tu sais que je peux être têtue pas besoin de te faire de dessin." Je ne suis pas prête pour ça, pour avoir une soeur. " Encore moins jumelle. Les gens à Boston vont la détester et moi j'ai certainement pas assez d'amour à lui offrir.
Une jumelle, rien que ça. Je ne comprends plus rien. Comment une mère peut abandonner un de ses enfants à la naissance et garder l'autre ? Je ne trouve vraiment pas ça logique et surtout improbable, alors oui cette nouvelle me choque et je n'ose surtout pas penser à ce que tu peux ressentir. "j'veux pas te dire quoi faire ma belle, mais soit certaine que je serai là pour toi, quoi que tu décides." C'est quelque chose d'énorme à encaisser pour toi. Tu dois prendre ton temps, voir ce qui est mieux pour toi et prendre tes décisions. Je serai là, je serai toujours là. "J'aimerais trop être à tes côtés-là, toute suite. J'me sentirais moins impuissant ! J'veux être présent pour toi, Asia." Et c'est bien vrai. Si je ne m'étais pas engagé pour ce road trip, je serais déjà en route pour la rejoindre.
J'aurais préféré continuer ma vie sans qu'elle fasse irruption dans celle-ci. Maintenant il m'est difficile de ne pas penser à cette jumelle, à remettre toute ma vie en question. Je crois que c'est impossible de faire comme si elle n'existait pas." J'ai peur de prendre une mauvaise décision. " Parce que c'est l'histoire de ma vie. J'ai ce manque de confiance en moi qui commence à m'envahir et bien du mal à respirer. Et ça ne s'arrange pas lorsque tu culpabilises de ne pouvoir rien faire. C'est vrai que moi aussi j'aimerais pouvoir te serrais dans mes bras à cet instant, je me sentirais plus en sécurité." Tu es là. Tu me parles. C'est déjà beaucoup. " Plus que certains. Alors je ferme les yeux et je t'imagine avec moi. Je me remémore ton sourire.
Tu es la personne la plus forte que je connais. Tu as passé au travers des abandons, des morts... Alors, je suis certain que tu arriveras à gérer cette jumelle, dans ta vie. " Tu ne prendras jamais de mauvaise décision, parce qu'elle va t'appartenir et tu fais toujours ce qui a de mieux pour toi. " Et malgré tout, je souris de l'autre côté du téléphone, j'essaye de te donner un peu de mon positivisme, bien que je ne suis pas certain que ça puisse fonctionner. " Prends le temps d'y penser, ne prends pas de décision hâtive. " C'est tout ce que tu pouvais faire pour l'instant. Tu devais te laisser du temps pour assimiler les choses et peut-être que demain, ou la semaine prochaine tu seras prêtes à connaître ta soeur, connaître les explications de ta génitrice. " Je suis là, je te parle, mais c'est pas assez. J'peux pas te tenir contre moi, j'peux pas être là comme j'voudrais l'être. " Je suppose que je dois m'en contenter... " Qu'est-ce que tu fais là ? " Je veux être certain que tu vas bien, que tu ne feras pas de bêtises.