Appel Elliot > Agathe

Ouais, j’ai tout perdu, faut dire ce qu’il est. En amour, en famille, en amitié, en crédibilité, en loyauté, en réputation. "Ouais, le bro code. J’suis sûr que Philip ne m’adressera plus jamais la parole, Eliot et Margot j’pense pas non plus. Sullivan encore moins mais lui j’m’en bats les couilles, il a toujours tout ce qu’il veut dans la vie, ça lui tombe dans la main direct, ça me gave." Ses études, son ambition, sa famille, la femme de sa vie, ses amis, la présidence de la WH. Tout lui sourit et ouais, c’est rageant. En face, t’as l’impression de rater tout ce que t’entreprends. "Qu’est-ce que je vais foutre dans une confrérie où personne ne veut de moi?" Sérieux, c’est un coup à faire une nouvelle dépression ça. "J’ai pas envie de me calmer." J’ai envie de retourner la baraque. Mais j’ai mal à la main, d’avoir balancé mon poing dans le mur quelques minutes plus tôt, après avoir raccroché de mon appel avec Meghan. J’espère que rien n’est cassé mais j’pense pas. Je ne t’écoute qu’à moitié, et ouais, je sais que techniquement, t’as raison. J’devrai pas me préoccuper de ma réputation, ceux qui me tournent le dos pour cette histoire et bien tant pis, c’était pas des vrais amis. "C’est pas moi qui ai brisé son couple hein, c’est une grande fille, elle a fait ses choix toute seule. Moi j’étais célibataire. Et ça faisait perpet’ que je la repoussais." Est-ce que j’essaye de trouver des excuses pour me convaincre que j’ai rien fait de mal? Ouais, j’crois. Mais j’avais rien fait de mal, si?

« C'est con ce code si tu veux tout savoir. Commence par lui parler à Philip plutôt que de t'imaginer des scénarios qui te mettent au plus bas. Eliot et Margot continueront de te parler, j'veux dire en général ce sont des personnes neutres ils prennent le parti de personne. Crois-moi. » quand j'avais pété un câble contre Marla et que j'voulais la défoncer, le couple m'avait mise à l'écart pour me calmer et pour la propre sécurité de l'autre. « Ça arrive à tous de merder, si y'a tes vrais potes là-bas ils te tourneront pas le dos. » j'savais pu quoi dire pour le rassurer, d'être là pour lui et d'apaiser sa conscience. J'lui disais de se calmer mais il en avait pas envie, au fond je le comprenais mais il allait se rendre malade avec ses réfléxions. J'savais même pas s'il prenait en considération ce que je disais, tout ce qui l'importait c'était sa réputation à la Winthrop et l'image qu'il projetait. C'était pas un trouduc et c'était ça que j'essayais de lui dire putain.  «  ELLIOT MAXWELL TU VAS M'ÉCOUTER MAINTENANT? T'es responsable de rien, y'avait déjà un truc qui fonctionnait pas dans leur couple. Elle t'a sauté dessus, t'étais célibataire et voilà putain, c'est tout. Les gestes ont été posés, tu peux pas revenir en arrière pour corriger ça. T'as rien fait de mal, t'as pas à remettre en doute ce que t'as fait, ni à te sentir coupable. Tu dois rien à personne et tu devrais t'en foutre. La seule fautive dans l'histoire c'est elle, parce que c'est elle qui prend les gens pour des cons.  »  

Parler à Philip, Eliot et Margot. Ouais non sans façon. Marre de me prendre des vents. Que ce soit en amour ou en amitié. "J’veux parler à personne." J’sais pas pourquoi c’est toi que j’ai appelé. Ça m’est juste venu naturellement? Bizarre, ouais, je sais. Et là, tu me gueules dessus. "C’EST BON. J’ai compris. C’est pas de ma faute." Et je soupire, grandement, longuement. "Ça me gave. J’vais te laisser, j’me sens mal." Genre, vraiment. J’ai encore envie de gerber et j’ai mal à la main. "J’ai envoyé mon poing dans le mur, j’ai mal, mais j’crois que c’est pas cassé." C’est le principal non? Et j’ai les larmes qui montent aux yeux, alors je respire, comme si ça allait arrêter la cascade qui se prépare. Spoiler alert : ça ne marche pas, ça a même l’effet inverse.

Je fronçais les sourcils tandis qu'il me balançait qu'il avait envie de parler à personne. Okay mais c'était moi qu'il avait appelé, il devait y avoir une raison non? Plutôt que de répliquer à ses mots, je lui gueulais dessus. Je m'en foutais de l'avoir un peu plus énervé à cet instant, au moins mon ton de voix l'avait fait réagir. Maintenant il avait compris que c'était pas de sa putain de faute. Elliot me prévenait qu'il allait me laisser parce que toute cette histoire le gavait et pourtant.. il restait là. Il m'avouait qu'il avait envoyé son poing dans le mur et du coup, sa main lui faisait mal. « Mets de la glace sur ta main. » j'me sentais un peu impuissante en étant à l'autre bout du monde. Et là, un bref silence rompu par la respiration entrecoupée de sanglots étouffés. Je devinais rapidement qu'il était en larmes et cette fois-ci j'gardais le silence, je le laissais pleurer. Il en avait de besoin. Inutile de dire quoi que ce soit, je restais là avec lui. 

J’veux pas parler, j’veux pas la voir, j’veux juste oublier cette histoire. J’suis le genre de gars à ne jamais rien regretter, mais pour le coup, là, ça fait tellement mal que j’aurais préféré ne jamais coucher avec elle. Ne jamais avoir cette discussion ambiguë y’a des semaines, cette discussion qui a tout changé. J’en revenais pas que j’allais tout perdre pour un truc qui n’est encore une fois pas réellement de ma faute. Les gens vont me tourner le dos parce que Madame Harrison n’a pas su rester fidèle à son homme. Moi, jamais j’aurais trompé Vega. Si elle ne m’avait pas quitté, il ne se serait jamais rien passé avec Meghan. "Non ça va." J’veux pas de glace. La douleur de ma main me fait penser à autre chose. La douleur physique étouffe la douleur psychologique. Mais est-ce que ça allait vraiment? Visiblement pas, puisque mes yeux décidaient de se la jouer chutes du Niagara. Great. Ça durait une bonne minute, la minute de silence, avant que je ne renifle, me passe les mains sur le visage et toussote un peu pour m’éclaircir la voix. "J’vais te laisser Agathe. Merci." D’avoir décroché. D'avoir gardé le silence quand j'ai craqué. De m'avoir défendu. De ne pas m'avoir jugé. D'avoir pris la peine de m'écouter cracher ma haine. D’avoir été là quand j’en avais besoin alors que techniquement, on se doit rien. Mais j’crois que je peux te compter parmi mes amies maintenant, alors c’est le principal.