demisia → nice to meet you where you've been ? i could show you incredible things

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crédit/tumblr → w/@asia i. ferrari

je crois que finalement, arriver jusqu’à boston et emménager avait été la partie la plus facile du truc. alors ouais, j’étais bien, mon appartement me plaisait finalement et en tant que personne plus qu’ordonnée, j’étais fière de la netteté des lieux. sauf que toute cette occupation, c’était avant tout pour me distraire. pour peut être me détourner de mon réel but. mais est-ce que j’allais vraiment pouvoir jouer à l’autruche maintenant que j’étais ici ? probablement pas. et ouais, je me devais de prendre mon courage à deux mains. j’avais pas quitté mon irlande et mes proches pour finalement me terrer dans ce nouveau pays et ne strictement rien faire. j’étais là pour une raison et il fallait impérativement que je puisse avoir une conversation avec cette fille : asia. je savais que j’avais été adoptée, j’crois qu’au fond, ça n’avait pas été si choquant. bon, ok, je mens. avoir de la famille quelque part, c’était une probabilité dont j’étais plus que consciente. découvrir que j’avais un double identique ? ça, par contre, c’était pas du tout ce que j’aurais pu imaginer. et me voilà, maintenant, dans le quartier rital de boston, à jouer nerveusement avec mes mains comme si je me précipitais dans la gueule du loup. clairement, je lui avais adressé la parole une fois et j’avais eu l’impression de me heurter à un mur de glace. disons que ce n’était pas très encourageant pour le face à face. mais, j’y étais, à la bonne adresse -c’était dingue comme on pouvait trouver des informations beaucoup trop facilement- et j’avais l’impression de rester bloquée devant cette porte pendant une éternité. puis finalement, je laissais mon doigt appuyer sur la sonnette et mon coeur se mettait à battre à vive allure. good lord, faites que le sort me soit favorable.

Est ce que j'étais 1000 fois mieux ici qu'en Grèce ? Je ne sais pas. Le seul bon point à Boston, c'est que j'avais mes repères et c'est sans doute de cela dont j'avais besoin ces derniers temps: me sentir en sécurité auprès de mes quelques amis. Parce que bon c'est pas la famille qui va m'aider sur ce coup. Ces derniers ont sans doute trop honte de moi, en ont marre de me porter tel un boulet depuis des années. Je les comprends, même moi j'ai du mal à me supporter, je n'arrive plus à me regarder dans le miroir. Je me fais peur et j'en ai marre d'avoir un coeur si faible. Ca fait 10 heures que je me fais violence, pour ne pas toucher à une goutte d'alcool. J'ai promis à Davi de faire un effort, de me soigner mais est ce que j'y arriverai ? Seule ? Pas sûre. Je suis sur les nerfs, j'ai les mains qui tremblent et je sens mon coeur battre si fort dans ma poitrine que celui-ci pourrait exploser à n'importe quel moment. Je ne sais pas comment contrôler le manque. La douche froide n'a pas fonctionné, alors j'ai tenté l'option numéro 2 : la nourriture. L'envie de manger n'est pas là mais en commandant ma pizza préférée peut être que l'envie viendra. Enfin le livreur s'annonce à ma porte. Pieds nus, je porte ma lourde carcasse jusqu'à l'entrée, mes quelques dollars en main. Sauf que ce n'est pas une pizza que je trouve derrière la porte, mais mon exact reflet. Je cligne des yeux plusieurs fois. Mon imagination me joue un mauvais tours, signe flagrant que j'ai besoin d'un bon verre de vodka. Pourtant après deux bonne minutes, l'image ne disparait pas. Puis je me souviens. Cette tarée qui m'a contactée sur internet prétextant qu'on était lié. J'y ai pas cru. Je ne veux pas y croire, pas même quand t'es juste en face moi. Je veux croire en un cauchemar, pas en une autre tragédie." Dégage de chez moi. " Je veux pas de toi. Retourne d'où tu viens et laisse moi en paix.

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c’est normal d’avoir la trouille non ? je m’apprête à me retrouver face à la personne qui pourrait changer toute ma vie. que ce soit en bien ou en mal. et ouais, j’ai peur. j’ai terriblement peur parce que j’ai aucune idée de ce qui va se passer, de ce qui va se dire et.. j’sais pas, je me fais des tas de scénarios dans ma tête. sauf que j’y suis. j’y suis et j’ai pas d’autre choix que de faire face à tout ça. je me conforte avec le fait que j’ai besoin de réponse et qu’elle en voudra certainement aussi. j’peux comprendre au final son refus total de me parler la première fois. j’avais débarqué comme ça sur le net, elle avait dû penser que j’étais une genre de tarée qui en avait après son argent ou une connerie dans le genre. là, maintenant, elle ne pourrait clairement plus penser la même chose. on partageait le même physique et par la même occasion, sûrement le même adn. alors ouais, j’voulais qu’on discute même si je ne savais pas forcément de quoi et maintenant que j’avais sonné à sa porte, je n’avais plus qu’à croiser les doigts pour qu’elle soit là. et finalement, cette même porte que je fixais depuis ce qui me semblait être une éternité finissait par s’ouvrir. ouais, ça faisait un choc. un putain de choc d’ailleurs parce que là, c’était pas une photo. j’pouvais pas parler d’un montage, d’une blague ni rien de tout ça. on était identique, vraiment. même longueur de cheveux, noir ébène, les yeux foncés et ce teint halé. putain, c’était flippant. tellement flippant. sauf que sa réaction, elle était la même que sur internet. elle fermait la conversation, était limite virulente, et moi, je restais un peu sur le cul. puis sa voix.. bordel sa voix. on avait le même timbre même si je pouvais discerner son accent italien dans le lot. « tu n’as pas envie d’avoir des réponses toi ? » j’sais pas, je comprends pas. j’crois qu’on le mérite toutes les deux. en tout cas, moi, je pense que j’ai le droit d’en avoir. et j’sais que c’est beaucoup, que ça doit être dur à avaler mais j’ai rien demandé de tout ça en premier lieu. si mon collègue n’était pas un fouineur, j’aurais probablement jamais entendu parler de ton existence de toute façon. alors j’sais, j’te demande pas de m’accueillir à bras ouvert mais fait un effort. juste un petit. « j’ai pas de mauvaises intentions j’veux juste.. j’veux juste savoir qui je suis. » et qui tu es. pourquoi est-ce que je ne te découvre que maintenant et.. j’sais pas, tu vas m’enlever ça ?

J'essaye de me sevrer, de retrouver un sens à ma vie. Je suis à peu près certaine que seule, je n'y arriverai pas. La meilleure solution c'est d'aller dans un centre spécialisée sauf que j'ai pas envie de me faire diagnostiquer pendant des heures, d'écouter ces putains de psy et leur putain de morale. Je sais très bien que si je leur parle de mes idées suicidaires, ils vont m'enchainer et m’enfermer je sais pas où. Finir en psychiatrie, c'est pas du tout ce que j'ai prévu. Je n'ai pas non plus demandé à ce qu'une folle frappe à ma porte. J'ai beau la voir en face de moi avec ses - enfin mes - longs cheveux noirs, je n'ai pas envie d'y croire une seule seconde. Toutes les théories sont possibles. Un sosie parce qu'il paraît qu'on en a tous un sur Terre. Ou même une psychopathe stalkeuse qui aurait fait de la chirurgie esthétique pour me ressembler et avoir la chance de s'approcher de moi en inventant un histoire rocambolesque comme quoi on est jumelles. Ouais un bon scénario de film ça mais non désolée je ne suis pas intéressée pour t'entendre parler. J'ai d'autres trucs à gérer qu'une folle aux idées pas nettes." J'ai pas de questions donc non je ne veux pas de réponses. " T'as toujours pas compris que je ne veux pas te voir. J'ai pourtant été assez claire quand tu m'as contacté et là tu oses te pointer chez moi. Est ce que t'as conscience que je pourrais porter plainte pour harcèlement. Et surtout c'est pas le moment pour me faire chier. Je lève les yeux au ciel en t'entendant encore ouvrir la bouche. Si tu savais à quel point je me retiens de pas te mettre une gifle." Je vais te dire qui tu es. Une folle. " Peut être que personne n'a jamais osé te le dire avant aujourd'hui mais moi je ne vais pas me gêner." Crois ce que tu veux sur toi. Mais viens pas me mêler à ta vie. " J'ai l'estomac totalement retourné en te fixant du regard. Ca me rend malade de voir mon reflet, en si bonne forme alors que ça doit faire des jours que je ne brille plus comme avant.

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ouais, en fait tu pourrais totalement me l’enlever. mais ça ferait de toi une personne égoïste, est-ce que c’est ce que tu es ? j’crois que je pourrais pas m’en montrer spécialement étonnée en fait. les familles riches sont souvent concernés que par eux même alors je dois clairement être le dernier de tes soucis à vrai dire. et je me sens bête d’un coup d’être venu ici en pensant sincèrement que tu m’ouvrirais la porte et que tu m’offrirais au moins un verre d’eau histoire de discuter cinq minutes. donc quoi ? j’ai lâché toute ma vie à dublin pour tomber face à une nana totalement aigri qui semble avoir envie de me cracher au visage ? semblerait-il que oui. « ah » je ne sais même pas quoi te répondre. en fait, j’crois que je ne me suis jamais retrouvée face à autant de froideur. t’es pire qu’un glaçon meuf, c’est totalement flippant. j’ai l’impression que tu viens de me faire rentrer dans une chambre froide et ouais, c’est douloureux. « d’accord » je lève les mains pour te montrer que je capitule. si tu veux penser que je suis folle, très bien. j’ai pas traversé des milliers de kilomètre pour me faire insulter. crois moi, je pense que je suis bien plus saine d’esprit que la majorité des gens sur cette planète. je le suis même probablement plus que toi parce que t’as l’air complètement dérangée. j’te jure, je me sens tellement stupide là, j’ai la gorge nouée mais je tends quand même l’emballage cadeau que j’ai transporté jusque là. et comme je suppose que tu ne le prendras pas de ton plein gré, je le pose juste devant moi. « j’avais acheté ça pour.. ton anniversaire. enfin le notre du coup mais.. j’ai pas pu arriver en juin comme prévu alors.. voilà. » c’était pour toi, j’ai pas envie de le garder. fais en ce que t’en veux maintenant moi je fais demi-tour. va juste falloir qu’on m’explique ce que je suis supposée faire ici pendant un an maintenant parce que j’ai clairement plus de but.

Te voir là face à moi, ça me donne des hauts le coeur. J'ai jamais demandé à avoir  un double. Enfin c'est ce que tu prétends alors que je préfère penser que t'es juste une folle dingue qui essaye de s'introduire dans ma vie. D'ailleurs c'est complètement fou comme une idée. Je suis un déchet, bonne à mettre à la poubelle alors pourquoi tu souhaiterais partager ma vie hein ? Crois moi c'est sans doute mieux que tu fuis, sinon tu finiras blessée comme tous les gens qui partagent ou ont partagés ma vie. Je te fais un cadeau en te crachant à la figure, en te disant que t'as fait une bêtise en venant frapper à ma porte. Il ne vaut mieux pas que tu en saches plus sur moi, parce que tu risques d'être déçue, jumelle ou folle. Le venin que je crache fait son effet. Tu sembles triste et tant mieux. J'ai pas envie de m'épuiser à te faire comprendre que ta vie, tu dois la vivre à des kilomètres de moi. Et si t'es vraiment ma jumelle, j'ai pas de réponses pour toi, pas d'amour à te fournir non plus. J'ai vécu seule 27 années et je pense que c'est mieux de continuer ainsi. Je pensais que tu laissais tomber, qu'une fois m'avoir entendue tu tournerais les talons mais je te fois sortir un paquet de ton sac. Éberluée, je te regarde déposer ce qui semble être un cadeau à mes pieds. Pour moi ? Prise d'un vent de panique, je suis obligée de me tenir à la porte pour éviter que mes jambes me lâchent." Pourquoi tu fais ça ? " Pourquoi tu sembles tant tenir à moi ? Pourquoi tu agis ainsi alors que je ne le mérite pas." C'est insensé. Je ne peux pas avoir de jumelle. " Tu peux pas débarquer pour venir chambouler ma vie. Pas maintenant. Pas quand j'ai besoin de retrouver une certaine stabilité.

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j’ai du mal à comprendre tu sais ? enfin. je me dis que c’est légitime, que je débarque comme ça et que je dois chambouler un peu trop de chose chez toi mais.. crois pas que je suis sereine de mon côté. j’ai pas pris la nouvelle de ton existence avec un grand sourire et un enthousiasme débordant. je crois que c’était même l’inverse en fait mais j’peux faire ce que je veux, ça change pas le fait que tu existes. t’es là et.. j’suis là aussi maintenant. alors si tu veux me pousser au loin, je vais pas insister. je suis pas venue dans l’optique de me battre ni de créer la moindre guerre. j’voulais juste des réponses. je sais que j’ai été adopté, j’en ai jamais eu grand chose à faire. j’ai jamais cherché la moindre information parce que je suis partie du principe que je m’en fichais, que j’avais pas besoin de plus que ce que je n’avais déjà. sauf que t’es là toi et j’crois que comme moi, t’as rien demandé non plus. je cherche pas à construire quoi que ce soit, je veux juste savoir. si t’as été adoptée aussi, si t’as été heureuse. si t’es restée avec nos parents et si c’est le cas, pourquoi pas moi ? j’ai le droit de savoir, tu crois pas ? mais non, t’es froide, t’es fermée et je pose juste le paquet avant de me retourner. peut être que je suis folle. folle d’être venue ici, d’avoir cru que tu comprendrais peut être. mais ta voix résonne et je me retourne doucement. « j’voulais juste.. pas venir les mains vides. » je sais pas en fait. j’ai pas spécialement réfléchi à mes raisons. on offre des cadeaux aux anniversaires non ? on ne se connait peut être pas mais dans le fond, on a un lien alors, voilà. cherche pas plus loin. « j’ai dis la même chose quand j’ai appris ton existence. » et donc ? on part sur la théorie que le clonage existe et on ne se revoit plus ? j’suis pas sûre qu’on puisse y croire sur le long terme. « je m’appelle demetria. » j’sais pas si t’avais retenu ça. peut être que tu t’en fiches. « j’ai été adoptée il y a 27 ans et je viens d’irlande. » voilà.

Si j'étais restée en Grèce à bronzer, enfin plutôt à m'enfiler des litres d'alcool sur la plage, tu n'aurais pas eu de réponses. Ca aurait été plus facile ainsi. Quoique tu serais revenue à la charge vu que tu sembles têtue et que d'après tes dires tu as visiblement posé tes valises à Boston. Je suis effrayée par cette idée que mon double se balade dans la même ville que moi. Que vont dire les gens qui vont te croiser ? Certains vont te redouter, pour sûr, te détester même et mes rares proches ne pas comprendre. Je ne suis pas sûre de vouloir vivre ça. J'ai d'autres soucis à gérer. Si j'ai coupé court à mon été c'est pour me reprendre en main. Déjà que c'était mal parti, il est certain que ça ne risque pas de s'arranger. La meilleure solution serait de faire comme si tu n'existais mais j'ai l'impression que ça va être compliqué. Tu n'as pas à bien te comporter envers moi vu tout ce que je viens te balancer à la figure. J'aurais été toi, le cadeau il aurait fini à la poubelle. Mais t'es pas moi. Enfin pas moralement parlant. Impossible de te répondre quoique ce soit face à ton élan de générosité." J'aurais honnêtement préféré que tu ne me connaisses pas. " Entrer dans ma vie, c'est prendre des risques, que je ne souhaite à personne, surtout pas à toi. Ce que tu ne dois pas savoir c'est que j'ai blessé des tas de gens et ce serait horrible que tu en subisses toi aussi les conséquences. Je cligne des yeux en t'entendant t'ouvrir à moi. Je ris nerveusement quand tu me fais part de tes origines." T'as pas la tête d'une irlandaise. " Je pense que c'est pas la première fois qu'on te le dit. C'est peut être blessant de dire ça mais c'est la pure vérité." Je te dirais bien que je suis italienne née à Rome et élevée par ma famille biologique mais là je remet tout en question. " C'est sans doute mieux que je ne sache pas si je vis dans un mensonge depuis des années mais est ce que je vais réussir à porter ce poids longtemps ? Je tourne la tête en voyant le livreur de pizza dans le couloir. Il doit se demander ce qu'il se passe. Je lui file ses quelques dollars, pas de merci pour récupérer mon dû. Pizza en main, je te regarde. Toute personne censée inviterait son hôte à manger mais je ne suis pas normale. Prise de court, je me mordille la lèvre." T'as faim ? " Que je te lance en ouvrant lentement la porte. Trop tard pour revenir en arrière. Je me jette dans la gueule du loup.

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je ne sais pas quoi te dire d’autres en fait. parce que ouais, comme je viens de le dire, j’ai été adopté. par conséquent, j’ai grandi dans l’ignorance de ton existence. mais j’crois que quelque part, on était destinée à se retrouver sur la route de l’autre un jour. j’veux dire.. on a grandit dans deux pays différents, on a pas les même cultures, pas les même amis, certainement pas les même passions et pourtant, t’as juste atterri en plein dans ma routine d’un coup d’un seul. alors je suis d’accord, c’est flippant. puis toi, t’as l’air aigri et pas mal sur la défensive mais je crois que t’as pas le droit de m’interdire d’avoir des réponses. j’suis passée par toi parce que.. t’es mon double ? et qu’en soit, nos parents —pour peu que tu les connaisses- j’en ai pas grand chose à faire. ils m’ont abandonnés et par conséquent, ne voulait probablement pas de moi. toi, c’est différent. t’es pas au courant t’as rien demandé, ça nous met un peu dans le même bateau, tu crois pas ? « je vois » je sais pas pourquoi t’es comme ça. pourquoi est-ce que les mots qui sortent de ta bouche sont aussi acide, pourquoi est-ce que t’as l’air aussi dévastée par la vie en générale mais.. j’y peux pas grand chose moi. et ouais, t’aurais préféré que je ne te connaisse pas —peut être même que t’aurais préféré que je n’existe pas— mais je suis bel et bien là et ça, je ne peux pas l’effacer. « l’histoire de ma vie. pas assez pâle, pas assez rouge. imagine un peu le contraste avec mes parents » je tente un sourire mais je suis pas certaine que tu sois le genre de fille à plaisanter. est-ce que ça t’arrives de sourire d’ailleurs ? « ouais, désolée.. » de débarquer soudainement et de foutre un peu trop le bordel dans ta tête et dans ta vie. mais t’imagines bien que de mon côté, c’est assez chaotique aussi. et y a un livreur qui débarque soudainement, pizza à la main, à nous jauger du regard un peu perdu avant qu’asia ne récupère ce qui était visiblement sa commande. « je.. ouais ? » ok, ça c’est du retournement de situation mais j’préfère pas attendre que tu te rétractes alors je rentre dans ton appartement où tu m’invites enfin. le truc, c’est que je ne sais pas spécialement quoi dire et j’te suis jusqu’à la salle à manger, tirant une chaise pour m’asseoir, un peu nerveuse. j’ai préparé deux trois trucs dans mon sac mais en y réfléchissant bien, je trouve ça plutôt stupide dans la finalité. pourtant, je sors ma carte d’identité, quelques photos allant de ma jeunesse à maintenant. j’crois que j’ai besoin de te prouver que je suis réelle en fait. que je suis loin d’être folle ou je ne sais quoi. alors je les pousse vers toi sans dire un mot. j’attends juste que tu fasses le premier pas.

Tout le monde me répond que j'ai tort quand je leur dis que je suis maudite jusqu'à la moelle. Pourtant les faits ils sont bien là. En vingt-sept années seulement, j'ai vécu autant de drame qu'une vieille de quatre-vingt ans et encore je suis gentille parce que y'a des vieux qui ont sans doute vécu une vie parfaite alors que moi je patauge dans la semoule depuis des années. Ca va être quoi dans dix ou vingt ans ? J'aurais accumulé toutes les merdes possibles et inimaginables c'est ça ? Je ne suis pas méchante quand je te dis que j'aurais préféré que cette rencontre n'ait jamais eu lieu. Je me protège, je te protège aussi de moi même. Bon nombre de gens ont préféré me fuir mais toi tu viens te jeter dans la gueule du loup. T'es bien trop curieuse, trop têtue faut croire que tu fais des choses déraisonnables. Ben sur ce point on peut dire qu'on se ressemble. J'avale difficilement ma salive en pensant à ça. Forcément je ris à savoir que t'es irlandaise mais je déchante quand tu dévoiles ton identité parce que pour le coup je suis totalement perdue. Et je suis certainement bien trop idiote à te suivre dans ta quête de vérité en t'invitant à partager ma pizza dont je n'ai plus très envie soit dit en passant. Sans grande surprise tu acceptes de passer le pas de ma porte. J'en profite pour ramasser le paquet et le poser sur le meuble dans l'entrée avant de refermer derrière nous. Sans bruit, je te guide jusque dans le salon. Si tu cherches des réponses aux murs à travers des photos de famille ben c'est raté, il y a quasi peu de photos, excepté ceux où mes amis apparaissent. Ouais les amis font office de famille me concernant. Je vais chercher deux assiettes, deux verres et une bouteille d'eau - quand bien même la vodka cachée dans le freezer me fait de l'oeil. Je pourrais me servir un verre discretos mais il vaut mieux que je garde les idées claires. Je soupire avant de m'asseoir en face de toi qui vient de prendre les devants en me tendant des photos. Je te regarde, d'un air toujours aussi blasée et ahurie, tant tu me ressembles." Je suis pas sûre d'avoir très envie de voir ces photos. " Pas parce que je te trouve moche hein mais parce que j'ai trop peur de m'effondrer. Ma main tremblante se pose sur les photos. J'aurais vraiment du prendre cette vodka. Mon coeur palpite avant que je me jette à l'eau. La première photo, t'es sur un vélo tout sourire. Sans doute que c'était la première fois que tu faisais du vélo sans les petites roues dans ce parc verdoyant. Sauf que c'est pas seulement toi que je vois, mais moi aussi." T'as l'air heureuse. " C'est l'essentiel non. C'est con mais je me mets à imaginer qu'à côté de toi sur ton nouveau vélo flamboyant, il y aurait moi arborant le même sourire. Je plaque, sûrement trop violemment, la photo sur la table." C'est trop... Je peux pas. " Je suis incapable d'en voir plus. J'ai chaud, je tremble, je passe ma main sur mon front pour essuyer les fines gouttes qui perlent. Je crois que je vais vomir pas à cause du manque d'alcool mais à cause de cette douleur qui me poignarde.