What did you do again ?! (Cômbi)

Rentrer quelques jours à Boston pour éviter sa famille à Palerme lui paraissait être une bonne idée, étant donné que Bambi comptait s'en tenir à ceci : plus traitement, plus d'acharnement. D'ailleurs, si d'aventure on lui en parlait, pour sûr elle risquait de s'énerver. Mais ce petit crochet par Boston ne fut pas reposant pour autant, car plutôt que de mettre les doigts de pied en éventail, elle était passée s'occuper de son chien, des enfants au centre spécialisé où elle officiait en tant que clown et, bien évidemment, faire quelques heures à l'hôpital pour se vider l'esprit et aider son prochain lui parut une bonne idée avant son avion le lendemain matin. A son plus grand désarroi, le cas sur lequel son titulaire la plaça fut celui... de Côme, victime d'une overdose. A lire le dossier, les mains de l'italienne se mirent à trembler, se demandant dans quel gouffre il était encore tombé. Ni une ni deux, puisqu'il lui fallait s'en occuper, la brunette se rendit dans sa chambre, chignon haut, tenue d'interne immaculée. Son premier réflexe fut de mettre en place une perfusion, mais lorsque leurs regards se croisèrent, Bambi émit un soupir. Tu peux me dire ce que tu as foutu ? Tu voulais quoi, me punir ? fronça-t-elle les sourcils, en ayant parlé à voix basse. Une chance qu'il soit dans une chambre seul...

Suite à ta dernière discussion animée avec Bambi, tu avais décidé de retourner à Boston pour ne plus du tout quitter les lieux. C'était mieux ainsi surtout avec tout ce qu'il s'était passé... Ma petite sœur me faisait la tête aussi parce que la coucherie avec Clary avait brisé ce lien que je commençais à entretenir avec ma petite sœur. Du coup, j'avais l'impression d'avoir clairement tout perdu. Fin, heureusement qu'il me reste le travail et du coup, depuis mon retour à Boston je n'arrêtais pas de bosser à l'hôpital et sur ma chaîne Youtube que j'étais en train de relancer complètement. Je faisais des tests de jeux vidéos dont PES 2019 qui devrait sortir très prochainement donc la Bêta était déjà en ligne. Je ne suis pas très fan mais ce n'est pas trop grave, je faisais tout ça pour ne pas penser à mes problèmes. Je ne dors quasiment pas ; ou bien seulement 2 à 3 heures par nuit... J'abuse même de somnifères pour dormir et de café pour tenir les longues heures de gardes... Jusqu'au jour où j'ai craqué au boulot en tombant alors que j'étais en pleine consultation... Diagnostic des médecins : overdose de médicaments... Et j'avais même beaucoup de chance de m'en être tiré à si bon compte. Je me trouve actuellement dans une chambre d'hôpital et une médecin fait son entrée, mais je me fige en la reconnaissant... Il s'agit de Bambi ! Pendant qu'elle tâche de me mettre la perfusion, elle me demande ce qui m'est passé par la tête. « J'ai trop tiré sur la corde... » dis-je en baissant les yeux avant de poursuivre : « Tu n'as rien fait pour que je te punisse... Je me suis mis dans cet état tout seul parce que je ne me rendais pas compte que mon corps était au bout du rouleau »

Bambi leva les yeux au ciel. Non pas qu'elle condamnait le fait qu'il se soit plongé dans le boulot, réflexe ô combien normal et qui avait été le sien pendant ce petit interlude bostonien lui évitant une discussion salée d'avec sa famille... mais de là à faire des cocktails et à se payer une overdose de médocs non, décidément elle ne comprenait pas. Pourtant, la colère ne dirigeait pas les gestes de l'italienne, qui parvenait à prendre suffisamment de recul pour garder sa place et agir en tant qu'interne. Quelle idée de faire un tel cocktail en même temps... soupira-t-elle en s'éloignant quelques instants de la perfusion pour noter les constantes de Côme sur sa feuille de lit. Très professionnelle, ne laissant aucune place à ce qui les opposaient, elle permit à un silence de s'installer entre eux, sans que ce dernier ne la dérange plus que cela. Ce n'est qu'une fois son job de futur médecin fait qu'elle prit place à côté du lit, détaillant le jeune homme du regard, bien que son visage soit résolument impassible. Je suis assignée à ton cas. Je n'ai donc personne d'autre à traiter jusqu'à mon départ demain matin... donc si tu as envie de vider ton sac, je suppose que c'est le moment ou jamais... non parce que l'overdose, moins malin que ça c'est pas possible hein...

C'était tout toi ça ! Bosser jusqu'à en perdre connaissance... Quoique c'était bien la première fois que ça t'arrivait mais il fallait bien une première fois à tout non ? Tu avais clairement abusé ces derniers jours en augmentant la dose de tes somnifères, parce que tu n'en prenais pas qu'un seul en plus... En plus de ça, tu buvais un peu trop etc donc le résultat était sans appel. Tu allais devoir rester quelques temps dans cette chambre d'hôpital alors que tu avais des patients qui avaient bien plus besoin de toi. Par contre, tu ne t'attendais pas à ce que ça soit Bambi, l'interne qui s'occupe de toi. Tout en restant professionnelle possible, alors que tu te doutais qu'elle était énervée à cause de toi, elle te demandait pourquoi tu avais ça. Tu avais alors répondu que tu avais simplement tiré sur la corde... Tu la laissas bosser, sans rechigner même si tu pouvais faire ton propre diagnostic et tout. Une fois qu'elle ait terminé son taff de médecin, elle s'installa à tes côté avant de te dire qu'elle était assignée à ton cas et que tu pouvais vider ton sac du coup... Tu te mis à réfléchir légèrement avant de répondre d'une voix désolée :  « Après avoir longuement réfléchi à ma situation, j'ai voulu faire un break de mes pensées en travaillant au maximum. Mais avec mes heures qui s'accumulent, mes vidéos Youtube que j'ai repris à fond, je commençais à être sacrément fatigué... Sauf que je ne m'inquiétais pas sur le coup. J'ai donc pris quelques somnifères pour m'aider mais ça n'a fait qu'empirer les choses et tu connais la suite. »

Non pas que cela enchantait particulièrement Bambi d'être là, soyons clairs. Côme était son ami, mais ça c'était avant. Avant tout ce qui s'était passé, avant le couteau dans le dos. Les excuses finissaient par n'être que des mots face au mal fait... et pourtant, aucun moyen de s'extirper de cette situation : l'italienne étant assignée à son cas, elle devait le veiller toute la nuit durant, éviter de le laisser s'endormir, veiller sur ses constantes... ordre de son titulaire. Et s'il la chassait, elle ne devrait pas bouger, quand bien même la discussion tournerait au vinaigre. T'es qu'un crétin lâcha-t-elle sans pouvoir se retenir, brute de décoffrage, à la fin de sa confession. T'es un futur toubib et tu fais joujou avec les dosages, sérieusement ? Tu ne t'es pas dit que cette connerie allait te suivre pendant toute ta carrière ? Pas sûr qu'ils te fassent beaucoup confiance ici pendant un moment vu qu'ils ne seront pas franchement sûr que tu ne vas pas à nouveau leur faire un coup de Trafalgar... soupira-t-elle en croisant les bras contre sa poitrine.

Tu avais été débile là, mais ce n'était pas grave... Tu te doutais que tu allais finir par tomber à un moment donné. Tu ne fais que bosser, dormir c'était un luxe que tu ne pouvais pas t'octroyer. Tes patients avaient besoin de toi alors il fallait que tu sois là pour eux, et ce même si c'était au détriment de ta propre santé... Tu ne penses jamais à toi dans ce genre de situation et même si Bambi t'insultait de tous les noms, ça ne changerait rien. « Non, vu que le patron m'a dit que ça ne sortirait pas de l'hôpital. C'était la première fois donc ils me laissent une cartouche... De toute façon, ils sont au courant pour mes fréquentes insomnies. » dis-tu tristement, tout en levant les yeux vers elle. « Je suis un crétin, c'est vrai... Mais ma santé n'a jamais été la priorité pour moi et jusqu'à présent, j'ai toujours tenu le coup. Et je vais bien... » de toute façon, avant qu'elle n'arrive pour s'occuper de toi, tu avais déjà discuté avec ton titulaire pour voir des suites. Tu as fait une erreur personnelle, tu ne peux le nier mais ça n'a affecté personne hormis toi non ? « De toute façon, ça ne sera que bénéfique à tout le monde que je meure. C'est le châtiment que mérite un connard... » ajoutas-tu sans la regarder cette fois.

Bambi connaissait la bonté du titulaire de Côme, pour avoir déjà travaillé avec lui pendant plusieurs stages. Des stages super, d'ailleurs, qui l'avaient confortée dans son désir d'être mère, bien que ce désir ne soit plus qu'histoire ancienne désormais puisque l'italienne refusait tout traitement. L'inutilité de la chose se posait là. Tu as du bol sur ce coup là d'avoir un titulaire compréhensif... D'autres ne l'auraient pas été et il fallait que le jeune homme en prenne conscience pour éviter de recommencer ses conneries. S'il ne le faisait pas pour lui-même, qu'il le fasse pour les patients lui tenant à cœur, et ayant besoin de lui. En revanche, et il fallait s'y attendre, la discussion dévia rapidement et la brune s'emporta aussitôt. Oh pitié pas de ça avec moi ! Tu joues la carte du pauvre bichon avec qui tu veux mais pas avec moi, ça prends pas ! vociféra-t-elle en le fusillant sur place. Oui t'es un connard, ça c'est net, mais tu t'es mis dedans tout seul, tu te rappelles ?! Alors me fais pas suer avec ce genre de discours, paye ta dette, c'est ça le courage, plutôt que de pleurnicher sur ton sort !

« Je dois surtout remercier le fait d'être un interne sans histoires jusqu'à présent. Parce que sinon, même un titulaire compréhensif ne m'aurait jamais pardonné... » Tout ce que disait Bambi, tu le savais déjà. Et tu t'étais également préparé à subir la foudre pour ce que tu avais fait mais au final tu t'en tires à très bon compte. Tu n'étais pas suspendu alors que tu le méritais tellement. Du coup, tu allais faire de ton mieux pour te racheter, même si tu savais mieux que personne que tes problèmes d'insomnies n'allaient pas se régler aussi facilement. Ça faisait presque 22 ans maintenant que tu en souffres donc voilà, ça fait un bail. Elle était en train de s'emporter vis-à-vis de ton discours légèrement fataliste. « Tu voulais que je dise le fond de ma pensée... Je cherche un moyen de réparer mes erreurs ne plus jamais les commettre. Je n'ai pas abandonné la vie... Je travaille et je continue ma passion de youtube, ce qui m'est arrivé là c'est juste un accident de parcours parce que je n'ai pas fait attention. » tu te tais légèrement avant de rajouter : « Bambi, je ferais tout ce que je peux pour te retrouver, me faire pardonner... Alors je veux faire les choses dans l'ordre. » c'était pour cela que tu voulais profiter de la latitude qui s'était installée entre vous mais finalement, tu l'avais rompu pour faire ton annonce qui n'avait pas eu l'effet escompté... « Je suis désolé de ne pas avoir compris plus tôt que tu voulais simplement me protéger ce jour-là. J'aurais dû faire plus attention à tes sentiments plutôt que rager dans mon coin parce que je n'ai pas eu ce que je voulais à l'instant T... » t'excusas-tu en lui prenant doucement les mains pour la forcer à te regarder.

Bambi n'était pas certaine de tenir cette conversation sur la durée. Alors qu'elle enguirlandait littéralement Côme, lui prétendait vouloir tout faire pour réparer ses erreurs. Revenir en arrière restait impossible bien entendu, et à ses mots, l'italienne se tendit telle une corde d'arc, serrant ses poings contre ses genoux. Et en mourant, tu vas vachement réussir ! lâcha-t-elle sans même le contrôler, amère. Certes, la brune ne faisait pas mieux mais quelque part, elle ne se détruisait pas. Elle ne prenait pas de traitement et laissait son corps résister le temps qu'il pourrait, point barre. Elle ne cherchait pas à le pousser dans ses derniers retranchements et ne cherchait pas à mourir plus vite... elle abandonnait la bataille, point final. Bien sûr que je voulais te protéger, tu croyais quoi ?! Que je m'éloignais parce que ça m'avait juste pété ? Merde Côme ! Je t'ai pourtant expliqué dans quoi tu mettais les pieds, j'avais juste besoin de temps pour mettre tout en place, faire en sorte que tu sois en sécurité... j'ai pris d'énormes risques pour pouvoir continuer à faire partie de ta vie et au lieu de ça, tu t'es jeté dans les bras d'une autre, littéralement !! Bambi s'était levée, crachant tout ce qu'elle avait sur le cœur et qui n'était pas sorti jusqu'ici. Bientôt, elle porta une main à sa poitrine, redescendant en pression car cette dernière lui faisait mal. Tout ce que j'ai fait n'a servi à rien, c'est tout. Je dois avoir une tête pour ça... soit on me tabasse et on me laisse pour morte, soit on m'abandonne, soit on me plante un couteau dans le dos...

Tu essayais tant bien que mal de lui expliquer ce que tu comptais faire. Que tu cherchais un moyen pour réparer tes erreurs et tu ne comptais pas revenir en arrière même si c'était tentant, sauf que c'était impossible. Sa petite pique bien amère te fait légèrement déglutir avant de répondre : « Je ne cherche pas à mourir... Je suis déjà passé par le stade de la tentative de suicide et je ne suis pas prêt de recommencer... » non ton overdose de somnifères c'était juste une grave erreur qui avait failli te coûter cher. Finalement tu t'excusais pour tout, de ne pas avoir compris ce qu'elle cherchait vraiment à faire ce fameux jour où elle t'avait repoussé... Tu avais cru que c'était la fin ! « Je l'ai finalement compris... Mais sur le coup, je pensais que tu me faisais tellement pas confiance qu'il n'y aurait aucune chance que ça change... » tu inspiras légèrement avant de reprendre : « Je me suis aveuglé tout seul. Et je le regrette... Et s'il te plaît, pourrait-on arrêter de nous engueuler maintenant ? Je ne te promets pas de réussir maintenant, mais je ferais de mon mieux pour me faire pardonner... Je n'abandonnerais pas, j'utiliserais tout ce que j'ai pour te récupérer dans ma vie... » c'était une promesse que tu te faisais intérieurement.