Step One : Discutons autour d'un dîner (Cômbi)

Cela faisait plusieurs jours maintenant que tu avais fait cette bêtise, qui t'avait coûté la confiance de ta petite sœur Olympe puisque tu avais tout de même couché avec sa meilleure amie. Sur le coup, tu n'avais pas su comment réagir puisque tu ignorais totalement le fait que Clary et Oly se connaissaient... De toute façon, cette coucherie t'avait vraiment coûté beaucoup de choses dont et surtout ton histoire « ambiguë » avec Bambi. En fait, ce n'était plus une histoire, c'était bien plus que cela non ? Tu avais encore du mal à définir mais depuis quelques semaines, c'était de l'exclusivité pure entre vous. Du coup, tu t'en voulais sincèrement d'avoir fait ça et maintenant tu voulais te rattraper. Très honnêtement, tu ne savais pas trop comment faire ça parce que tu ne t'étais jamais retrouvé dans cette situation puisque d'habitude, tu fuyais tout ça comme la peste. Les filles, les sentiments et tout ça pouvait engendrer... Tu t'étais toujours dit que tu ne voulais pas souffrir ou faire souffrir quelqu'un. Sauf que tu n'arrêtais plus de le faire... Tu avais un sacré problème quoi ! Bref, ce weekend tu ne travaillais pas donc tu as pris la décision de faire l'aller-retour jusqu'au Portugal pour passer un peu de temps avec Bambi. Tu avais appris pour son cas médical et ça t'avait mis dans le mal, donc tu avais fait en sorte qu'elle reprenne ses droits d'être sur la liste des greffes. C'était la première fois que tu utilisais ton nom et ta fortune pour obtenir quelque chose, mais là c'était sacrément important. Bref ce soir, tu l'avais invitée à dîner. Tu voulais pas trop la jouer romantique mais tu avais quand même ses fleurs préférées. C'est le début de la reconquête ? Oui, c'est ainsi que tu voyais les choses... Une tâche ardue t'attendait mais tu n'abandonnerais pas cette fois. Va-t-elle venir ? Voilà la question qui te trottait dans la tête.

Prudence. Voilà le terme qui qualifiait aisément Bambi face à l'invitation de Côme. Au départ, l'envie de refuser purement et simplement et de l'envoyer sur les roses avait été là, mais l'italienne souhaitait être plus intelligente que cela, jouant la carte de l'indifférence pure. Il l'invitait, elle venait par politesse, point final. Au bout du compte, ce jeune homme l'ayait trahie n'avait plus rien de celui qu'elle considérait auparavant comme son meilleur ami. Il avait sciemment tout piétiné, leur amitié ainsi que le reste... rendant rancunière la demoiselle la moins colérique de celle bonne planète. Pour sûr, il avait frappé fort. Mais aujourd'hui, la vengeance ne faisait pas briller les prunelles turquoises de la timide brune : elle se résignait plutôt. Habillée d'une jolie robe d'un blanc pur, ses longs cheveux tombant en cascade contre ses épaules, dévoilant un décolleté léger mais sexy... oui, elle était belle. Magnifique, même. Sans doute une façon de lui montrer ce qu'il avait perdu, tandis qu'elle pénétrait dans le restaurant d'une démarche aérienne. Le visage impassible, aucunement marqué par la colère ou la rancune. Bonsoir, Côme fit-elle d'une voix douce, d'un ton égal, attendant qu'il ne l'invite à s'asseoir. Ton invitation m'a... surprise, dirais-je. Prudente, effacée, Bambi donnait l'impression de faire face à un inconnu. Mais n'était-ce pas le cas, dans le fond ?

Tu es fatigué, tu n'avais que peu dormi depuis ton retour de la finale de la Coupe du monde. Et encore moins depuis que tu es de retour à l'hôpital de Boston, où tu enchaînes les heures sans réfléchir. De plus, le soir où tu n'es pas de garde, tu bosses sur tes vidéos Youtube donc en gros, tu ne dors que très peu d'heures par jour... Si ce n'est parfois de vraies nuits blanches etc. Aujourd'hui par exemple, tu sors de deux nuits blanches mais tu n'as pas le droit de flancher. Tu as invité Bambi à dîner pour que tu puisses rattraper le coup, même si au final, le mal est fait et il sera difficilement effaçable. De toute façon, tu ne cherches pas à gommer tes erreurs... Bien au contraire, tu souhaites les utiliser à bon escient pour ne plus les refaire à l'avenir. Finalement la jeune femme arrive à ta hauteur et tu te mets à déglutir en la découvrant dans cette tenue très sexy. Tu lui adresses un sourire courtois et avenant tandis qu'elle te salue, en disant que ton invitation l'avait surprise. « Je suis content que tu aies accepté. » réponds-tu d'un ton courtois avant de te lever pour tirer légèrement la chaise. Lorsqu'elle s'installe enfin, tu te rassieds sur ta propre chaise. « Qu'aimerais-tu boire ? Le serveur m'a conseillé un porto qui m'a l'air exquis. Ça te dirait d'y goûter ? »

Bambi, très sérieuse et mesurée, sondait les moindres faits et gestes de Côme. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi il l'avait invitée après cette bourde monumentale... après tout, personne ne l'avait obligé à coucher avec la fille en question, dont elle voulait surtout continuer à ignorer l'identité, et le remord ne semblait pas l'accabler à priori. Mais l'habit ne fait pas le moine et, sans forcément aller jusqu'à lui offrir le bénéfice du doute, chose qu'il ne méritait aucunement, elle laissait sa curiosité guider les événements et ses potentielles réactions. Je pensais refuser au départ expliqua-t-elle dans un élan d'honnêteté l'honorant absolument. Je ne sais pas encore bien pourquoi je suis ici... S'il pensait que la situation serait simple, elle se permettait de remettre les choses à plat, de jouer carte sur table avant qu'il ne lui tire la chaise et ne l'aide à s'installer. Ce fut la première fois où elle rompit le contact visuel, pour regarder la carte. Allons-y pour le Porto alors, mais en apéritif dans ce cas... c'est trop sucré pour aller avec un plat je pense reprit-elle, toujours si sérieuse et mesurée. Bambi demanda au serveur de leur amener deux verres de Porto dans un portugais parfait, offrant un sourire éclatant à ce dernier. Sourire qui s'amoindrit aussitôt quand elle reposa ses prunelles sur son interlocuteur premier. Pourquoi m'as-tu invitée, Côme ?

Tu ne t'y attendais pas vraiment à ce qu'elle accepte mais maintenant elle est face à toi donc il fallait que tu fasses de ton mieux pour réussir tout ce que tu avais prévu ce soir. Même si ce ne serait que la première étape dans le chemin de la réconciliation avec la jeune femme. Tu n'es pas très fort dans ce genre de situation mais tu as lu des livres, des témoignages etc et tu es prêt à te lancer dans le grand bain maintenant. « Je t'avoue que même dans mes rêves les plus fous, je pensais que tu refuserais... Ce qui me semblait normal au vu de la situation » dis-tu franchement tout en la regardant. Par la suite, tu lui proposes de boire du porto. « Oui bien sûr. Je le proposais surtout en apéritif. » répondis-tu avec douceur, puis elle demanda lesdites boissons. Elle parlait le portugais avec perfection, tu es légèrement surpris. « J'avais envie de te voir. Et passer mon weekend de libre avec toi. Si tu m'avais dit non, je pense que j'aurais tout fait pour bosser. » tu n'avais plus que ça maintenant. Ta sœur te faisait la tête, Bambi t'en voulait à mort... Tu es en panne sèche niveau inspiration avec ton manga et tes vidéos. Bref, le seul truc qui te permettait de rester humain, c'est le travail. « J'ai appris pour ton état de santé aussi... Et je me doute que tu vas également m'en vouloir... Mais j'ai tout fait pour qu'on te mette en priorité dans la liste des greffes... » ça t'attristait de la savoir mourante donc tu ne pouvais que faire ça, en tant que médecin premièrement mais aussi et surtout parce que tu tenais énormément à elle malgré tout ce que tu avais pu faire.

Bambi, très sérieuse et mesurée, sondait les moindres faits et gestes de Côme. Elle ne comprenait toujoursLa lucidité de Côme aurait très bien pu l'honorer si et seulement si Bambi n'était pas autant dans la retenue, sur ses gardes. Elle n'y voyait rien de potentiellement agréable ou de susceptible de la conduire sur le chemin du pardon, à l'heure actuelle. Il avait merdé en profitant bien d'un moment avec une autre, point final. Il n'existait rien d'autre à rien, et rien n'effacerait le mal ayant été fait. Dans tes rêves les plus fous ? Étrange formule... j'aurais plutôt choisi le cauchemar personnellement... arqua-t-elle un sourcil une fois qu'ils furent seuls. L'italienne n'avait pas l'intention de s'exprimer avec le moindre public et faisait donc preuve d'une discrétion exacerbée. Après tout, son meilleur ami - si toutefois elle pouvait encore le nommer ainsi - l'avait suffisamment humiliée pour les décennies à venir. Tu avais envie de me voir... bien bien... plissa-t-elle les yeux légèrement. Parce que tu m'as humiliée et que tu te sens péteux ? Après avoir détourné le regard, Bambi se prit l'équivalent d'une massue en pleine poire face à la confession de Côme. Qu'il soit au courant la dérangeait déjà, mais qu'il s'en soit mêlé plus encore... De quel droit ? Je ne crois pas que cela te concerne, de près ou de loin... tu n'avais pas à être informé déjà, quant à intervenir encore moins ! Je ne crois pas au destin. Si j'ai été enlevée de cette liste, tant pis. Je n'avais pas l'intention de me battre pour y retourner... pourquoi devrais-je être sauvée quand je vois comment je suis considérée par mes soit disant proches ? Je veux que tu défasses ce que tu as fait...

Comment la jeune femme allait réagir vis-à-vis de tout ce que tu faisais aujourd'hui ? Tu ne voulais pas trop penser aux conséquences, tu souhaitais que la soirée se passe bien dans son ensemble. Même si tu te doutais qu'elle n'allait pas trop apprécier ce que tu devais lui dire. « Mes rêves sont également mes cauchemars » répondis-tu doucement sans la quitter tes yeux. Tu n'arrivais plus trop à rêver de choses gaies, tu ne voyais que le travail, la mort et ta détresse personne que tu n'arrivais tellement pas à maîtriser... Encore moins à chasser. Par la suite, comme elle te demandait pourquoi tu l'avais invité, tu lui expliquais que tu avais envie de la voir. « Parce que c'est ce que je désire le plus au monde actuellement. » finalement, tu osas lui avouer ce que tu avais fait... Et la réaction de Bambi était clairement celle à laquelle tu t'attendais. Tu déglutis légèrement tout en l'écoutant. « Je suis désolé de m'en être mêlé... J'ai entendu des médecins en parler, parce que ça les préoccupait. Et ça m'attristait de te savoir mourante... Tu ne mérites pas ça, ni personne. Tu as encore toute la vie devant toi. Tu es une personne précieuse pour moi, malgré tout ce que j'ai fait. Je préfère encore mourir à ta place. Si je peux te sauver et d'autres personnes dans le même cas – que j'ai fait remettre sur la liste aussi – j'aurais réussi mon rôle de médecin. Je ne fais pas ça parce que j'ai pitié, mais parce que je crois vraiment en toi, que tu mérites de vivre comme tout le monde parce que tu es forte malgré tout ce que tu surmontes... »

Plus la discussion avançait, et plus Bambi se sentait amère. Son corps se tendait telle une corde d'arc, incapable de saisir pourquoi il ne tarissait pas d'éloges sur l'italienne alors que dans le fond, il avait tout gâché. Tout aurait pu être bien différent s'il s'était maîtrisé... Tes cauchemars sont de la gnognotte à côté des miens... quant à vouloir me voir plus que tout au monde, excuse-moi de ne pas bien saisir pourquoi tu te donnes tant de mal alors qu'il aurait été si simple, tellement simple de juste de ta garder dans le pantalon ! La brune ne voulait surtout pas savoir de qui il s'agissait et avait de plus en plus envie d'écourter cette soirée. Cela ne menait à rien, la rancune l'empêchant de voir les choses de façon calme ou méliorative... Arrête dire dire que je suis précieuse tu n'en crois pas un mot !! s'emporta-t-elle subitement avant d'éviter soigneusement son regard. Tu n'as qu'à te dire que je ne suis personne, que je ne vaux pas le coup. Tu as agis tout comme, alors oublie ce que les toubibs ont dit et agis pour quelqu'un d'autre... moi je ne veux pas de cette vie.

La discussion semblait s'enliser dans une situation inextricable et tu n'arrivais pas du tout à t'en sortir, malheureusement pour toi. Mais tu n'avais pas vraiment d'espoir par rapport à cette histoire, parce que franchement, ta vie avait basculé toute seule. Par ta faute et tu n'avais plus que tes yeux pour pleurer sur ton propre sort... « Je ne sais pas pourquoi j'ai fait cette bêtise... Je pourrais sortir toutes les excuses du monde, mais je sais que j'ai fait une grave erreur que je regrette sincèrement. » à force d'y penser, tu avais fini par comprendre l'étendue des dégâts que ça avait déclenché. « Je me suis persuadé des choses... Par peur que ça soit réellement fini. J'ai jeté l'éponge tout seul. » si ce n'était pas le cas, je ne pense pas que j'aurais fait ça... « J'ai toujours voulu le meilleur pour toi, Bambi... Parce que tu le mérites avec tout ce que tu vis. Tu n'es pas personne, c'est difficile pour moi de te voir autrement. Si tu ne veux pas de cette vie, accroches-toi à une vie meilleure pour tes amis, ta famille. Ne le fais pas pour moi, je ne te le demande pas... J'ai fait ça parce que c'était mon devoir de le faire. Pardonnes-moi... »

Bambi plissa légèrement les yeux alors que Côme avouait ne pas savoir pourquoi il avait fait cette bêtise. Si lui ne savait pas, alors elle encore moins. Parce que tu n'es qu'un mec incapable d'aller jusqu'au bout des choses. Parce que tu piétines et qu'après tu te dis : oh merde j'ai fait du mal... bah fallait y penser avant ! maugréa-t-elle en desserrant à peine les mâchoires. L'italienne était tellement amère qu'elle se défendait d'exploser sous peine que ce soit vraiment, vraiment ugly. Je ne veux pas entendre tes excuses de toute façon, ça ne changera rien au fait que tu m'as humiliée et piétinée sans aucune vergogne et que dans le fond, si c'était à refaire, je suis sûre que tu retournerais bien sagement vers l'autre fille... haussa-t-elle les épaules avant qu'un ricanement ne laisse la place. Tu ne m'as pas comprise, Côme... si je me suis battue pendant toutes ces années, c'était justement pour mes proches. Mes amis, ma famille. J'ai enduré bien plus que je ne le pensais justement pour arrêter de les inquiéter ou ne pas être un boulet. Mais tout ça, c'est fini. Je jette l'éponge... plus de traitements, plus de passages à l'hôpital sous respirateur, plus de coma... j'arrête. Je vis le peu qu'il me reste aussi dignement que possible et je partirai comme j'ai toujours vécu : telle une ombre. Je t'ôte un devoir et un poids, elle est pas belle la vie ? Bambi était sarcastique, mais le pire dans tout ça, c'est que son sourire était léger. Elle pensait chaque mot.