LAURI ► ANDY

Je souris à ta question. Évidemment que je le sais. J'étais en droit je te rappelle et bien sûr que je suis au courant de l'amende et de la taule que je risque, mais ça change rien à ma décision. Ils me prendront pas le fric que j'ai pas et la taule m'offrirait au moins un toit, ironisais-je avec un léger rire. Mais j'étais très sérieux, j'avais conscience des risques, pourtant je décidais de les prendre quand même. Elle a besoin d'aide Andy. Ça foutrait une partie de sa vie en l'air et j'la laisserai pas se faire broyer comme ça m'est arrivé. Elle veut pas y retourner alors je ferai ce qu'il faut pour qu'elle reste ici.

Tu le sais, t'étais en droit. Alors justement tu devrais savoir que tout ça, c'est une grosse erreur et que t'aurais jamais dû ! Mais de ce que tu me dis, t'as strictement rien à perdre, alors ça ne change pas ta décision. Tu en ris et moi, j'arrive même pas à sourire. Ça ne m'amuse pas. Cool alors t'as signé le document qui souligne que Daya est à ta charge financièrement pendant au moins 10 ans ? Comme t'as fait droit, tu dois te douter qu'il y a un minimum de revenu familiale requis pour te permettre de la prendre sous ton aile... ? Me dit pas qu'une "amie" t'aide pour ça aussi...

Je soupirai longuement à tes paroles. Oui Andy. Oui, j'ai signé tout ça, et oui, j'ai conscience de tout ça. On n'a jamais dit que ce serait facile avec Daya bien au contraire. Maintenant quoi, tu vas me ressortir le contrat comme si je l'avais pas lu ? finis-je par demander avec un nouveau soupir. Je te dis que je sais dans quoi je me suis engagé.

Je fronce les sourcils et en fait, tu ne me dis même pas c'que t'as fait pour réussir à passer par-dessus la question de financement. Je me frotte les yeux et passe ma main dans mes cheveux, en soupirant. Sauf que moi, j'savais pas dans quoi je me suis engagé. J'pense qu'il vient de là, mon problème. J'savais pas que t'étais marié quand j'ai choisi de m'ouvrir autant à toi - et j'savais encore moins que tu le faisais au risque d'être emprisonné pendant 5 ans.

Il y eut un court moment de silence avant que je ne réponde. Je sais... J'aimerais que tu me laisses ma chance mais je peux pas te forcer, finis-je par dire calmement. Je pouvais pas faire plus, encore moins depuis le Portugal...

Malgré tout, tu me demandes de te laisser une chance... Je déglutis. Je sais pas... faut que j'y réfléchisse, j'crois...

Je me mordais les lèvres, le cœur battant et suspendu au téléphone, mais la réponse ne venait pas... t'avais besoin d'y réfléchir, et je sentais que je n'étais pas au bout de mes peines. J'comprends... Je rentre dans une semaine de toute manière, tu sauras où me trouver, finis-je par dire, le cœur lourd.

J'ai le cœur au bord des lèvres, je dois raccrocher et malgré que j'ai les pieds sur terre, j'ai pas envie de déposer le téléphone. Est-ce que je me suis déjà attachée à toi, en fait ? J'me rappelle pas de la dernière fois où j'ai été aussi inquiète et jalouse, qu'aujourd'hui. Dans le jardin, ou la chambre de Daya ? Ça peut paraître froid et provocateur comme question, mais le pire, c'est que je me la pose réellement.

Les temps de réponse sont un peu plus lents de chaque côté, le ton est redescendu et on réalisait tous les deux. Je voulais que tu me laisses ma chance, j'abandonnais pas et de ton côté tu ne te résolvais pas maintenant à laisser tomber... peut-être bien que ce voyage au Portugal nous avait très (trop ?) rapprochés. Pourquoi, ça te déplairait de me retrouver dans ton appartement ? demandai-je curieusement. Après tout Daya et toi étiez colocataires... je comprenais que quoique tu décides, on allait forcément se revoir, avec cette histoire.

Si le temps de réponse était de plus en plus lent, c'est parce qu'on essayait tous les deux de bien choisir nos mots. Notre relation étant toute fraiche, elle ne tenait qu'à un fil. Je t'ai proposé mon aide, mon lit pendant les vacances... Disons que je ne m'attendrais pas à ce que t'acceptes celui d'une autre... Je déglutis, réalisant que ce que je viens de dire, est un reflet parfait de la jalousie que je pouvais ressentir. J'ai déjà l'impression d'avoir trop parlée.