(A&L) ✽ That was unexpected

Le Summer Camp ce n'est pas pour moi. J'ai pas envie de marcher pendant des kilomètres avec un sac sur le dos, traverser l'Europe alors que j'l'ai déjà fait plein de fois. L'hôpital de Boston m'attend, des cerveaux plus précisément. J'suis ici rien que pour quelques jours, maximum une semaine, puis je partirai pour Paris. Là, tout de suite, je m'allonge sur le sable alors que je viens de me mettre à poil. J'ai pensée à la crème solaire et aux lunettes de soleil. Mon but c'n'est pas de bronzer en habitant, mais aussi d'éviter de devenir un écrevisse. Perdu dans mes pensées et presque endormie, je ne prête aucune attention au monde qui m’entoure. Ta voix me tire de mes songes et je sursaute. Je la reconnais, c'est probablement ce qui me fait le plus peur, à l'heure actuelle. Je me redresse légèrement et retire mes lunettes pour te regarder. Tu es toi aussi nu comme un ver, assis à côté de moi et le regard devant toi. Ça ne m'étonne pas trop. Bon ok, j'exagère ; c'est vrai que j'suis étonnée. Mais sincèrement ? Jusqu'à maintenant, on dirait qu'aucune de nos retrouvailles n'a été "normale". Tu fais quoi ici ? Tu ne restais pas à Boston... ? Attend... comment t'as payé ton billet ? Tellement de questions et pourtant, j'en ai d'autre : Tu me stalkes ? Tu m'as suivi jusqu'à la plage nudiste ? Je te dévisage, bien que sans l'admettre, je suis plutôt contente que tu sois là.

La dernière fois qu'on s'était vus, on se disait au revoir. On s'était cherchés, pour se retrouver à s'embrasser dans la douche et se dire qu'on commençait à s'apprécier... à se plaire, à s'accrocher un peu. Tu m'avais fait promettre de ne pas t'oublier, et c'était pas prêt d'arriver. Pas après avoir vu ton sourire quand je t'avais dit que tu me plaisais et ce regard que tu m'avais lancé avant de partir. Pour autant, j'avais pas cru te recroiser si tôt, ni de cette manière. Tu te redressais vivement, choquée d'entendre ma voix. Tout bien réfléchi, t'as raison. J'esquissai un sourire en reportant mon attention sur toi. C'est vrai qu'aucune de nos rencontres n'avait été dans un contexte normal alors pourquoi cela devrait changer ? J'essayais tout de même un peu d'oublier qu'à l'instant présent, tu étais complètement nue à côté de moi. Mine de rien, nous n'avions pas couché ensemble alors qu'on aurait pu et que l'envie était clairement là... ça ne me donnait pas moins envie, très franchement. J'ai reçu des billets d'avion dans ma boîte aux lettres avec des menaces d'une de mes meilleures potes, qui disait qu'elle me ferait la peau si je venais pas la voir au Portugal... t'aimerais pas la voir énervée, elle est petite mais coriace. J'eus un léger rire en pensant à Skyler. C'était une vraie boule d'énergie cette fille. Sauf quand on avait trop fumé, comme tout le monde, ça la foutait à plat. C'était bien le seul truc d'ailleurs. Mais elle fait partie des équipes, donc bon... j'ai pas mal de temps libre quand elle est en épreuve. Et c'était le cas aujourd'hui. Je m'appuyai sur les coudes. Pour être honnête, je pensais pas te croiser comme tu m'as dit ne pas rester longtemps au Summer Camp.

Le fait que tu sois là n'est pas inquiétant (quoi que, si vraiment tu me stalkais, ça pourrait bien le devenir) mais plutôt curieux. Quand je t'ai rencontrée, tu vivais dans la rue, alors que tu puisses te permettre un voyage aussi cher et aussi random, c'est bizarre. Je te demande sans attendre, en essayant tant bien que mal d'éviter de te regarder trop. Tu t'expliques donc... encore une fois, c'est une gracieuseté d'une de tes amies. Il me semble que tu as beaucoup d'amiE dans ton entourage. Une qui te fait vivre dans ton jardin, une qui te paie des billets d'avion et une qui test ton lit et/ou ta douche ? Je vois ! Fidèle à moi-même : je ne réagis pas. Enfin, pas plus qu'une meuf étonnée de te voir ici. Tu m'expliques alors que ta copine est parti jouer à ses jeux d'équipes, que tu te retrouves un peu seul pour le moment. Ah bah tu peux rester ici. Tu t'appuies sur tes coudes et m'avoues que tu ne t'attendais pas à me voir ici comme je t'ai prévenu que je ne serais pas au Summer Camp très longtemps. T'es déçu, c'est ça ? Je me met à rire et me retourne, pour me faire bronzer le dos... Puis bon, j'me sens un peu moins exposée à toi comme ça. J'suis pas pudique, mais devant le garçon qui me plait et qui est censé ne jamais m'avoir vu toute nue, bah un peu quand même. La différence entre la dernière fois que tu m'as vu les seins à l'air et maintenant, c'est que l'autre fois, j'avais aucune idée de ton intérêt pour moi. Maintenant, disons que c'est devenu particulier... Tu me présenteras, à ton amie petite et coriace ? J'suis pas encore arrivée à trouver mes potes... du coup, j'dirais pas non à m'en faire d'autres. Et pour mater la compétition ahem ahem.

Tu ne réagissais pas plus que ça concernant Skyler, mais il n'y avait de toute manière pas grand-chose à dire. C'était une excellente amie qui ne comptait pas les zéros sur son compte en banque qui m'avait forcé à accepter son cadeau... Pas que j'étais pas content, au contraire. Juste j'aurais été du genre à refuser, mais elle le savait bien, et c'était justement pour ça qu'elle m'avait en quelque sorte posé le cul dans l'avion elle-même. Merci de l'invitation à rester, répondis-je avec un petit sourire amusé. Après tout... la dernière fois qu'on s'était vus, c'était pour se dire qu'on se plaisait. Alors se mettre à bronzer à poils l'un à côté de l'autre prenait une toute autre dimension, elle aurait très bien pu me dire d'aller me l'astiquer ailleurs. Déçu est pas vraiment le mot que j'aurais utilisé... Je le serai que si j'reçois pas ta lettre, en fait. Mais bon il restait du temps avant la fin des vacances... on se voyait là, mais on se redirait au revoir bien rapidement. Tu quitterais le Summer Camp probablement avant moi et on ne se reverrait qu'à ton retour de France... Ça me paraissait un peu loin, quand même. Tu veux rencontrer Skyler ? Je te dévisageai un court instant, pensif. Pas que j'avais quelque chose à cacher, loin de là... Mais... Mais Skyler... Sa possessivité pouvait rendre les choses compliquées et j'avais tout, sauf envie qu'elle pète mon coup. Y a pas d'problème, tu vas juste avoir besoin d'une préparation psychologique au préalable. Et j'espère que tu aimes le champagne ? Pour une française, le contraire m'étonnerait. Et moi aussi, j'aurais besoin de me préparer psychologiquement. J'eus un léger rire et m'allongeai à mon tour complètement sur ma serviette. Je serais probablement pas serein pour cette rencontre, mais pas de problème, j'allais appeler Skyler, lui hurler dessus jusqu'à ce qu'elle comprenne bien que je ferais de son Summer Camp un enfer si elle te faisait fuir. Simple.

Pourquoi je ne t'inviterais pas à rester ? Certes, la dernière fois qu'on s'est vu... Il y a eu des rapprochements et des révélations. Mais j'suis encore capable de garder mon calme, de prendre mon temps et d'apprécier ta présence sans te sauter dessus toute les trois secondes (oui parce que bon, l'envie elle, elle ne me quitte jamais.) Tu m'avoues qu'être déçu n'est pas le mot... ou du moins, pas tant que je planifie toujours de t'écrire une lettre. Je rigole. J'suppose que tu verras bien une fois rentré chez toi. Parce que c'est clair que c'est pas ici que tu vas les recevoir. Bref, je te demande à rencontrer ta copine, mais ta réponse me semble louche en premier lieu. Oui ? Skyler était donc son nom. C'est noté. Tu me dévisages puis admet qu'il n'y a pas de problèmes, mais que je vais avoir besoin d'une préparation psychologique. Je pouffe de rire et te dévisage à mon tour. Tant que ça ? Pourquoi ? Et ouais, au pire, je me noie dans le champagne. Je cesse de m'appuyer sur mes avants-bras et m'allonge complètement sur ma serviette, la tête tournée vers toi, les lunettes sur le nez. J'essaie d'ailleurs de t'observer subtilement, mais ma position ne me permet pas de regarder très bas... malheureusement.

Je ne répondis rien, mais tu attisais ma curiosité. Cette phrase était vague, elle pouvait signifier que tu l'avais déjà écrite et envoyée... ou que tu le ferais plus tard, ou que tu ne le ferais pas. Mais ça me convenait. Je t'avais relancé la perche mais tu voulais garder la surprise alors je prendrais les choses comme elles viendraient, simplement. Je m'étais rallongée alors que tu t'étais tournée sur le ventre et je tournais la tête vers toi en te regardant à travers mes lunettes. J'appréciais la vue, très clairement. Même si tu étais sur le ventre, je pouvais apercevoir ta poitrine. Cette fille est folle, assez pour m'envoyer deux billets d'avion de manière parfaitement impulsive. C'est justement cette folie qui fait que je l'adore, mais ça peut surprendre au premier abord. Mais j'te rassure tu seras pas la seule noyée dans le champagne, ni même enfumée d'ailleurs. Fallait savoir que Skyler et moi tâtions beaucoup l'excès quand on avait décidé de fêter quelque chose. Ça pouvait être un véritable truc à fêter, comme l'anniversaire de son poisson rouge ou de sa plus jolie paire de chaussettes. Je vais aller nager un peu, si jamais. Je commençais un peu à crever de chaud pour le coup, ça me ferait du bien. en me redressant, j'en profitai pour envoyer un sms à ladite Skyler puis me levai de ma serviette pour marcher vers l'eau, non sans un regard vers tes interminables jambes et tes fesses. Suffisamment bombées pour que j'ai envie d'y mettre une petite claque, uh. L'eau me ferait du bien.

Est-ce que j'ai ou je vais envoyer la lettre ? Qui sait. Mais ça m'amuse de te tenir en haleine comme ça... Sache que je prend tout de même en note que tu serais déçu si je ne l'écrivais pas. Ça peut jouer sur la balance. Bref, tu m'avoues en quelques mots que ta meilleure amie est impulsive et donc un peu folle, mais que c'est ce qui te plait chez elle. Ça ne m'étonne pas trop, parce que dès le début tu joues beaucoup sur la spontanéité entre nous. J'ai bien hâte de voir ça, alors ! Avouai-je, bien que ce soit à moitié vrai. Mais bon, j'ai suffisamment de charme pour séduire une femme aussi en temps normal, j'imagine que j'peux également avoir cette Skyler dans la poche non ? Pas pour coucher avec elle, mais pour avoir l'approbation de la fameuse bff. Je ne sais pas exactement à quoi m'attendre, mais peu importe ce qui arrive, je garde les yeux sur le prix. D'accord. Je t'attend ici. Je te regarde te lever, mais te perd de vue bien vite. Au bout de quelques secondes, je change d'avis et décide de me rasseoir sur ma serviette. Il commence à faire chaud et c'est vrai qu'un peu d'eau fraiche me ferait du bien ! T'as déjà les deux pieds dans l'eau, mais les fesses à l'air. Cette fois-ci, je me permet d'admirer la vue un instant. Au moment où je me décide à me lever, un homme dans la cinquantaine décide de m'aborder, de s'asseoir à côté de moi et de me parler. Apparemment, je lui rappelle sa femme, c'est très creep. À ta place Lauri, je brûlerais ma serviette ! Parce qu'un inconnu viens de déposer ses couilles poilu dessus sans demander la permission.

T'allais donc rencontrer Skyler. Je savais pas trop quand, mais incessamment sous peu... Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander ce que ça signifiait. Comment est-ce que je devais te présenter... ? Comme une amie croisée au Summer Camp ? Ou est-ce qu'on disait que finalement, c'était plus que ça ? Si j'te présentais comme telle à Skyler... est-ce que ça serait pas considérer que c'était un balbutiement de relation, aussi bancale soit-elle ? Je ne savais pas trop quoi en penser. J'avais l'impression de brûler sur cette serviette et sous ce soleil de plomb, j'avais besoin d'un peu de fraîcheur, je pourrais réfléchir plus posément. Je t'annonçais donc que j'allais nager un peu et tu me répondais que de ton côté, tu restais au niveau des serviettes. Je me relevai donc non sans admirer ton corps rapidement au passage et m'approchai de l'eau, trempant les pieds dans l'eau fraîche et sentant les frissons me parcourir instantanément. Je soupirai longuement, m'enfonçant un peu plus dans l'eau en me mouillant la nuque et les épaules. Du coin de l’œil, j'aperçus quelqu'un s'approcher de toi et en me protégeant les yeux, j'en conclus rapidement que c'était pas un pote à toi d'Harvard. Bien trop vieux. Je rêvais ou il venait de poser son cul merdeux sur ma serviette ? Je pinçai les lèvres en faisant demi-tour pour revenir jusqu'à toi, observant cet homme cinquantenaire que tu ne semblais pas connaître à en juger ta tête. Tu veux de l'aide pour draguer ma copine en posant ton cul terreux sur ma serviette ? L'homme commençait à protester, mais j'étais vraiment pas d'humeur à argumenter. Je l'étais rarement d'ailleurs. Je me penchai et tirai d'un coup sec sur la serviette si bien qu'il se retrouvait les couilles dans le sable, et après quelques échanges de noms d'oiseaux, il finit par décaler, non sans un dernier regard vers toi. Avec ses regards lubriques même pas cachés, il aurait mérité que j'lui fasse bouffer du sable. Dégueulasse. L'air dubitatif, je regardai ma serviette et finit par la retourner histoire que la face souillée soit contre le sable, puis je me rassis dessus. Il venait sur une plage nudiste pour draguer alors que les gens y venaient pour être tranquilles... il devait pas avoir compris le principe, et ça m'enchantait encore moins de l'avoir vu te faire du gringue, même si j'avais rien à jalouser à un porc dans son genre.

L'homme était dérangeant. Pas que je sois mal à l'aise d'être à poil, mais de l'être quand je sais qu'un vieux con me regarde et me compare à sa femme ? Creep. D'ailleurs, elle est où sa femme ? Elle veut pas venir chercher ses poubelles ? Toi par contre, tu reviens vers nous et tu t'assures de bien chasser le pigeon en m'appelant ta "copine" au passage. Je suis sure que c'est rien que pour gêner l'autre homme et en plus ça fonctionne. Il se lève après avoir fini les fesses dans le sable et commence à marcher pour nous laisser seuls. Tu me sembles toujours un peu énervé lorsque tu me dis qu'il aurait mérité de bouffer du sable et je ris. Tu as bien défendu ton territoire en tout cas ! et merci. Ton territoire est-ce que c'est moi ? Ou ta serviette ? Peut-être les deux, tiens. Tu retournes ta serviette et te rassois, pendant ce temps, j'ai eu une plutôt belle vue intégrale sur ton corps nu. Je me racle la gorge et me rapproche un peu pour te faire un bisou sur la joue. Profitant de cette proximité pour frôler ton bras avec ma poitrine, je relève un peu le menton pour murmurer à ton oreille : Il sort d'où ce téléphone ? J'croyais que t'en avais pas, et que c'était pour ça que je ne pouvais pas avoir ton numéro. Je reste encore comme ça, possiblement pour te déconcentrer ou même te convaincre de ne plus me mentir.