DROGO M. VALESTREL ► will higginson

La clef à molette venait de voler à travers la pièce, et ce n'est pourtant qu'après un raclement de gorge que Drogo se rendit compte que cette dernière avait frôlé son majordome, un plateau en main. Mon but n'était pas de jouer aux fléchettes, en premier lieu... tenta-t-il une pointe d'humour sans trop y croire. Lorsque le jeune prince se trouvait dans cet immense garage, empli de pièces détachées, où il tentait de réparer on ne sait trop quoi... cela n'annonçait rien de bon, et James le savait. Cet homme le connaissait mieux que personne, et pour cause, il l'avait vu naître, grandir, devenir celui qui se tenait fièrement sous ses fières iris. Je n'ai jamais cru que vous me prendriez pour cible, que votre altesse se rassure. Le flegme andorran, qui répondait si bien à celui de l'étudiant, arracha un petit rire à ce dernier. Comment diable faisait-il pour le détendre en quelques mots ? Lui qui savait tout, toute cette noirceur ? Un soupir échappa des lèvres du beau brun, alors qu'il essuyait consciencieusement ses longs doigts fins avec un torchon prévu à cet effet. Depuis que sa petite sœur, Anna, se trouvait à l'hôpital à la suite d'une attaque, il ne dormait plus, et passait le plus clair de son temps dans ce foutu garage, à ruminer sa vengeance. Que l'on puisse s'en prendre à une fillette de six ans le rendait semblable à un fauve, un chien enragé prêt à mordre. Son petit ange demeurait sa seule famille, désormais, depuis la mort de leurs parents. Drogo veillait sur elle et avait promis à leur mère de ne jamais laisser personne lui faire du mal, mais sa promesse avait failli ce soir, et la culpabilité le rendait plus rageux encore. Je vais leur faire la peau, James... si je les trouve, prince ou pas, je n'aurais de répit qu'en les enterrant au fond du trou le plus crasseux qui soit... Ses doigts enserreraient une nouvelle clef, avec une telle nervosité que ses muscles se bandaient telle une corde d'arc. Mais son majordome s'approcha précautionneusement pour lui ôter l'outil des mains, se moquant bien de la présence de cambouis sur cette dernière. Votre altesse... vous connaissez mon engagement auprès de vous, de votre famille. Je serai à vos côtés jusqu'à la fin. Mais à l'heure actuelle, ce dont votre jeune sœur a besoin c'est de votre présence et de votre soutien pour guérir. Si vous me permettez d'outrepasser ma place juste cette fois... vous ne pourrez pas l'aider si vous êtes mort. Laissez-moi enquêter. Je vous promet de glaner des indices, et de retrouver les coupables. Si, pour le moment, le fauve était contenu par ces propos rassurants, Drogo ne tiendrait pas longtemps en cage. Il réclamerait sa vengeance... après tout, s'ils avaient fui la principauté pour les USA, c'était pour se mettre à l'abri, vivre une vie normale, poursuivre des études et veiller sur sa sœur. Mais dans ces conditions... les héritiers du trône étaient-ils vraiment en sécurité ?