STORY OF MY LIFE
please tell us more
Cher journal,
Si je t’écris aujourd’hui, c’est bien parce que t’es le seul à qui j’arrive à me confier sur mon histoire. Alors pour commencer je suis australien, en effet je suis née à Sydney en 1998. Sydney dans cette magnifique ville d’Australie. J’adorais cette ville, ma terre de naissance. J’ai vécu dans une petite maison à l’écart du centre-ville. Mes parents souhaitaient avoir des enfants, ils en voulaient au moins deux. Pour leur plus grand bonheur, ils ont eu des jumeaux, ma sœur et moi. Ils étaient heureux de nous avoir en même temps, même si bébé, c’était un vrai calvaire de s’occuper de deux nourrissons, mais ils s’en sont bien sortis. Ma sœur et moi, on se ressemblait physiquement mais au niveau du caractère nous étions bien différents. Elle était douce et calme, alors que moi j’étais plus le genre de gamin à faire tourner en rond mes parents. Ma sœur me calmait de temps en temps. Entre nous, il n’y avait pas besoin de paroles, seuls des regards et des gestes faisaient en sorte qu’on se comprenne. Nous étions très fusionnels. Je l’aimais de tout mon cœur. Lorsque nous sommes entrés en primaire, le ou la première qui venait l’embêter avait à faire à moi. Hors de question que quelqu’un touche à ma sœur. Surtout que celle-ci ne se défendait pas, du moins elle n’y arrivait pas, donc dès qu’elle avait un problème, j’intervenais. Et je le ferais certainement toujours maintenant si elle était encore de ce monde. En primaire, nous avions la chance de jamais être séparés, toujours dans la même classe. Elle était avec ses amies et moi avec mes amis, mais ça ne m’empêchais pas de garder un œil sur elle. Quand on est entré au collège, on a malheureusement été séparé dans des classes différentes. J’avoue ne pas avoir été joyeux à cette idée, mais bon ça n’empêchait pas qu’on soit plus que proche. Elle savait tout de moi et moi d’elle. A nouveau, je prenais sa défense lorsqu’elle en avait besoin.
Nos parents nous aimaient plus que tout, ils faisaient tout pour nous, ne faisans jamais de différence entre nous. Si l’un recevait un cadeau d’anniversaire pour un équivalent de cinquante euros, l’autre recevait un cadeau équivalent cette somme. Ils ne voulaient pas créer de jalousie et de tension entre nous.
Je me souviendrais toute ma vie du cadeau qu’ils nous offert pour nos six ans. Une enveloppe pour nous deux. Evidemment je m’étais posé des questions pour la contenance de cette enveloppe. Nous l’avons ouverte ensemble, et avons découvert deux billets d’avions. Deux billets d’avions pour aller fêter Noël en Thaïlande. Fêter Noël ailleurs qu’en Australie était juste trop bien. De plus ce n’était pas très loin de Sydney, à quelques heures d’avions. Nous étions plus que ravis de passer Noël ailleurs qu’en Australie. C’était en 2004…
Nous avons passé l’été à Sydney, mes parents avaient payés très cher, notre voyage en Thaïlande, du coup nous sommes restés en Australie pour cet été. Les vacances de Noël sont rapidement arrivées. Nous étions tous les deux heureux. A peine les cours terminés, que nous nous envolions pour la Thaïlande, sur une île, dans un hôtel, non loin du tout de la mer. Déjà dans l’avion j’étais impressionné par ce paysage, toutes ces différentes îles. J’étais aux anges, mais j’ignorais carrément ce qui allait se passer là-bas. Nous sommes arrivés quelques heures plus tard à l’aéroport. La chambre était spacieuse, la piscine était immense, et on voyait la mer de notre balcon de l’hôtel. A peine cent mètre de la mer. Les premiers jours se passaient très bien, nous nous amusions que ça soit à la piscine, ou à la plage. Finalement le 24 décembre est arrivé. L’hôtel avait préparé une petite fête pour réveillonner. Un bon repas, de la musique. Enfin voilà, toutes les personnes de l’hôtel se parlaient sans aucune gêne. Le lendemain matin vers onze heures, nous nous sommes levés, ma sœur et moi et des cadeaux nous attendaient. Nous étions pressés de les ouvrir, comme tout enfant. Après le déballage des cadeaux, nous avions passé une journée des plus normales, au bord de la piscine. C’est le 26 Décembre que ma vie bascula. Si nous avions su, nous serions partis, le 25 Décembre au soir. Mais non, notre avion était prévu pour le mois de Janvier.
Nous nous sommes levés aux alentours de neuf heures pour ensuite aller déjeuner. Aux alentours de onze heures. Je ne sais pas quelle heure il était exactement, mais je me souviens exactement de tout ce qui s’est passé. Ma sœur venait de sortir de la piscine pour récupérer le ballon que nous avions envoyé plus loin. Je la regardais faire, mais surtout derrière elle, j’ai vu cette immense vague nous foncer droit devant. Ma sœur est restée paralysée devant. Elle avait le ballon en main et ne bougeait pas. Je lui criais dessus pour qu’elle me rejoigne. Je n’aurais jamais eu le temps de venir vers elle pour la prendre avec moi. J’étais dans la piscine à l’autre bout. J’ai vu la vague s’approcher rapidement, et alors qu’elle allait nous toucher de plein fouet, j’ai vu ma sœur courir vers moi, pour sauter dans la piscine. Mon premier réflexe a été de mettre ma tête dans l’eau de la piscine, espérant peut-être échapper à cette vague. J’ignorais ce qu’il se passait. Une fois que j’avais ma tête sous l’eau, j’ai complètement perdu connaissance. Je ne me souviens pas de tout. J’ai heurté de nombreuses choses dans l’eau. J’ai repris connaissance, sortant ma tête de sous l’eau. Mon premier réflexe n’a pas été de voir si j’allais bien, mais ça a été de chercher ma sœur. J’avais peur. Peur qu’il lui soit arrivé quelque chose. Elle n’avait pas eu la chance d’être dans la piscine, et je m’en suis voulu de l’avoir laissé récupérer le ballon, alors que c’est moi qui l’avais envoyé plus loin. Je criais son prénom de toutes mes forces. J’avais mal partout, mais ça ne me faisais pas aussi mal qu’au cœur. J’avais peur d’avoir perdu ma sœur, et surtout mes parents. J’avais peur d’être le seul survivant. Pourquoi a-t-il fallu qu’on aille juste cette année en Thaïlande. Pourquoi ? J’avais finalement trouvé un bout de bois où m’accrocher, lorsqu’au loin je vis un corps sur un morceau de bois. Je m’y suis approché et j’y ai découverts ma sœur. Elle était consciente, mais elle était blessée, grièvement blessée à la jambe, où elle avait perdu beaucoup de sang. La plaie était ouverte, et j’étais sûr qu’elle allait choper une infection. Nous avons réussis à retrouver la terre ferme, mais mon but premier était le l’emmener dans un arbre, au cas où une nouvelle vague frapperait. Nous avons finalement trouvé un arbre assez solide. Je l’ai aidé à monter dessus, et je suis venu la rejoindre, attendant des secours. J’ignore combien d’heures nous sommes restés sur cet arbre, mais aucun mot n’avait été échangé. Non, je m’étais contenté de la prendre dans mes bras, lui disant à quel point je l’aimais et à quel point je m’en voulais. Des secours avec une charrette sont finalement arrivés. Je leur ai confié ma sœur en premier et je suis ensuite descendu la rejoindre. Ils nous ont emmenés dans un hôpital, le plus proche. Lorsque nous y sommes arrivés, j’ai rapidement pu voir les dégâts que cette vague avait faits. Il y avait beaucoup de victimes, certaines légèrement blessés, d’autres dans le même état que ma sœur. Je n’ai pas quitté ma sœur des yeux. Ils ne pouvaient pas s’occuper en priorité d’elle et je les comprends après tout. Il y avait un tas de victimes. Ma sœur s’affaiblissait petit à petit. A l’aide d’autres personnes, lorsque ma sœur se reposait, je téléphonais aux autres hôpitaux pour voir s’ils avaient des nouvelles de mes parents. Mais aucun d’eux ne me répondaient positivement. Je pleurais tous les jours lorsque ma sœur dormait. Je ne voulais pas me montrer comme cela devant elle. Deux jours sont passés, et un médecin m’annonce que ma sœur va être opérée aujourd’hui. Je suis rassuré mais aussi anxieux. J’avais peur qu’elle ne s’en sorte pas. Son état était très instable et elle était très faible. J’étais dans une petite pièce à côté de la salle d’opération, mais lorsque j’ai vu le chirurgien sortir, avec une mine désolé, j’ai éclaté en sanglot. Je venais de perdre ma moitié, une partie de moi-même. Les médecins ont essayé de me réconforter, mais je les envoyais balader. Je ne voulais pas de la pitié des gens, je voulais qu’on me redonne ma sœur et mes parents. Je voulais retrouver ma famille, je n’avais que sept ans, j’avais encore besoin d’eux. L’Etat australien m’a ramené dans mon pays, dans ma ville, pour pouvoir me placer dans une famille d’accueil.
Je suis tombé sur une bonne famille, avec deux enfants d’à peu près mon âge, mais ça n’effaçait pas la douleur que je ressentais en ce moment même. Ils ont tout essayé pour me redonner le sourire, pour me faire revivre, mais je n’y arrivais pas. Je ne parlais pas. Je pleurais tous les jours, dès que je me retrouvais seul. J’avais mis des photos d’eux un peu partout dans la chambre que j’avais. Je les aimais plus que tout, et on m’a pris ma famille. On m’a envoyé voir une psychologue, mais ce n’est pas ça qui allait m’aider à aller mieux. Malheureusement les cours ont repris au mois de Janvier et j’ai dû y aller. A l'école tout le monde me regardait avec pitié. Mes amis étaient venus me voir pour me dire leurs condoléances, mais je les ai envoyés balader. J’étais seul, je ne ressentais plus aucune joie de vivre, et je me disais même que j’aurais dû mourir avec eux aussi. Au moins je n’aurais pas souffert autant de leur mort. Aller à l’école et apprendre mes cours me permettaient d’être ailleurs et de ne pas penser à cela.
Mais j'ai eu de la chance, mes parents adoptifs, du moins mon père adoptif a eu une opportunité de travail à Boston. Ca m'arrangeait bien. Ca m'évitait de penser à ma famille. Donc j'ai directement apprécié ce départ. Et c'est comme ça que j'ai atterri dans cette ville.
Le reste de ma vie est banal. Il ne s'est pas passé grand-chose. J'ai réussi à avoir mon bac assez facilement, ce qui m'a permis de rentrer à Harvard. Depuis plusieurs années, je souhaite faire des études d'économie et c'est là dedans que je me suis orienté. L'avantage c'est qu'on est ouvert à plusieurs types d'opportunité. On peut finir entièrement dans l'économie, partir dans le management, dans le droit ou encore la comptabilité. Donc c'est typiquement ce genre d'avenir que je veux. A long terme j'aimerais pouvoir ouvrir ma boîte ou alors avec un poste haut placé. En attendant je suis encore à l'université. Je travaille dur, mais je profite de la vie, parce que c'est à ce moment là où on peut le plus en profiter. Je remercie énormément mes parents adoptifs de pouvoir me payer Harvard. Pendant les examens d’admission, ils m’ont énormément soutenus et je leur en remercie.
Je suis en fin de seconde année d’étude et je vais entamer, après l’été, ma troisième année d’étude à Harvard. Mes parents ont accepté de me prendre un appartement pour que je puisse vivre ma vie comme je le sens. C’est aussi pour ça que j’ai pris un job au Starbucks. Mes parents me payent le logement et les études, et moi je m’occupe des sorties et de tout le reste.