(laurandy) ✽ I will still be here, stargazing

Andy commença à se relever après mon refus pour lui donner un numéro de téléphone, et je récupérai ma guitare au passage, la posant dans l'herbe. Je me relevai en même temps qu'elle et à mesure que la jeune femme parlait, je sentais un sourire se dessiner sur mes lèvres. Rien de moqueur. Mais elle semblait gênée, et étonnamment pressée de partir tout d'un coup. Ouais, je l'ai vue, répondis-je à propos de la pub pour le road trip. Hey... Je soutenais son regard. C'était bête à dire, mais sa réaction me faisait plaisir. Elle pouvait pas comprendre pourquoi je ne lui filais pas mon numéro de téléphone, et je ne pensais pas utile de lui dire que je n'en avais tout simplement pas. Ça l'offusquerait probablement, quel jeune de nos jours n'avait pas de numéro de téléphone ? Ça la conforterait plus qu'autre chose dans l'idée que je voulais pas la voir. Mais égoïstement, ça me confortait dans l'idée que ce rendez-vous dessin, elle y tenait. Et ça, pour moi, ça comptait. J'espère vraiment te revoir avant. Je savais comment j'étais de toute manière. Ça passe ou ça casse. J'aime faire rêver, j'aime frustrer, j'aime attendre. Même si j'avais eu un téléphone, je n'aurais pas voulu rusher, justement parce qu'elle me plaisait. Je voulais qu'en faisant son chemin quotidien, elle ait un coup d’œil vers ce coin d'herbe en espérant m'y voir, je voulais qu'elle pense à moi. Parce que je savais que j'allais penser à elle, je le faisais déjà. Au fait... Amusé, je croisai les bras sur le torse. J'm'appelle Lauri. Plus qu'une présentation, c'était clairement une invitation pour qu'elle me dise le sien, de prénom. Que si je ne la revoyais pas avant Août, je puisse au moins mettre un prénom sur son visage.

Donc tu as vu l'affiche, tu sais de quel voyage je parle. En même temps, ça m'aurait étonnée que tu n'aies pas vu toutes les publicités pour le Summer Camp - y'en a tellement et ce, partout et à chaque année. L'ambiance change très rapidement avec ton petit "Hey" tout simple... Je deviens plus curieuse, plus attentive. J'devrais peut-être pas mal le prendre que tu ne me donnes pas ton numéro - nah en fait, c'est pas vraiment que j'le prend mal, mais plutôt que j'suis surprise. J'suis une femme de science moi, la technologie, ça fait énormément partie de ma vie et si tu m'avouais que tu n'avais pas de numéro, ni de téléphone, je ne sais même pas si j'te croirais. Tu vois, c'est parce que la possibilité que tu n'aies pas de toit non-plus sur la tête, ça ne me vient pas du tout à l'esprit. Bref, tu m'avoues que t'aimerais me revoir avant que je parte et je retrouve un peu de mon sourire, du vrai. Ça, c'est plus dans mes cordes comme réaction ! Puis là, tu m'apprends ton prénom... Lauri. C'est court, c'est simple à retenir, un peu comme mon propre prénom en fait. D'ailleurs, son prénom ressemble beaucoup à mon deuxième, Laure. Enchantée, Lauri. Je te fais un petit sourire et sors un stylo de ma poche, avant d'attraper ta main pour écrire dessus. Comme tu te la joues un peu old school... j'te donne une autre adresse, si jamais tu veux trainer dans le coin et peut-être qui sait, me croiser "au hasard". Je relâche ta main pour que tu puisses la reprendre et clique le bout du stylo avant de le ranger. Un petit sourire en coin, je me retourne pour commencer à marcher et avant de trop être éloignée, je tourne la tête pour te dire par-dessus l'épaule, en français : Et moi, c'est Andy.

J'avais senti qu'après mon refus, elle avait peut-être mal interprété mes paroles. Je m'étais alors relevé en même temps qu'elle et lui faisais comprendre que malgré ça, son désir de me revoir était réciproque. Elle ne répondit rien, mais elle semblait plus à l'aise ? J'n'étais pas très sûr. Elle sortit un stylo après que je me sois présenté. Qu'est-ce qu'elle allait faire, me faire deviner le sien ? Je la dévisageai avec curiosité et la laissai prendre ma main. Ah je vois... t'as raison, on est jamais trop prudents. On appelle ça forcer le destin, il paraît, et j'aimais bien l'idée pour le coup. Je souris en penchant la tête pour regarder ce qu'elle écrivait sur mon avant-bras. Je connaissais sa rue. Faut dire que je vivais dehors, alors je les connaissais fatalement très bien, les rues de Cambridge. Lorsqu'elle eut terminé, elle m'adressa un petit sourire satisfait et tourna les talons, commençant à s'éloigner. Et son prénom alors, elle allait vraiment me laisser en plan ? Par-dessus son épaule, je l'entendis me dire quelque chose, mais ce n'était clairement pas de l'anglais. Très bien, j'étais pas le seul à jouer le jeu de la frustration, et elle était douée à ce jeu-là. J'éclatai de rire et lorsqu'elle tourna au coin de la rue, je récupérai ma guitare, le sourire aux lèvres. C'était clair, cette fille me plaisait vraiment.

*** terminé ***