(elliga) you know i try, it feels like it's never enough

On marche tranquillement, une petite promenade histoire de prendre l’air, de ne pas rester enfermés à la villa, de profiter un peu du soleil qui pointe enfin le bout de son nez après les nombreux mois d’hiver neigeux. On marche main dans la main, comme deux amoureux transits et… ouais, j’crois que je suis heureux. C’est silencieux, y’a pas besoin de mots entre nous. En fait, on est déjà plutôt bavard au quotidien et j’crois qu’on essaye juste de profiter du moment sans artifices. Sauf que… moi, le silence, je l’aime bien quand il dure trois secondes. Parce que sinon, le silence me fait réfléchir. Il active mon cerveau, il connecte des évènements qui n’ont aucun rapport entre eux, il crée des liens totalement saugrenus et… il pense trop. Juste, trop. Et y’a tout le reste qui s’efface, et simplement mon esprit qui se noie dans ces pensées totalement irrationnelles et parfois même toxiques. "J’comprends pas pourquoi tu veux qu’on parte Vega. J’comprends pas pourquoi tu veux me faire partir de la villa. On est pas bien là-bas?" Ouais, c’est sorti tout seul. Je sais pas pourquoi. Faut dire que tes messages, notre discussion sur le fait d’avoir notre endroit… Ça me travaille. Ça me fait peur parce que c’est un très grand pas, ça me travaille aussi parce que la villa, c’est un symbole de mon indépendance pour moi, d’une nouvelle vie suite au crash, de la coupure avec mes parents, d’un tournant pour mon amitié hors pair avec Nath. On l’a acheté à deux cette villa, on y a mis tellement d’argent que… la quitter, ça me parait inconcevable en fait. Et pourtant, c’est qu’une maison. Une putain de grande et belle maison. Mais c’est qu’une maison.

@Vega Avgeropoulos

parfois, je me demande si on va bien toi et moi. j’suis heureuse hein ? là n’est pas le problème. c’est juste que.. j’crois qu’on traîne une bonne dose d’handicap. t’as les tiens, j’ai les miens et forcément, ça fout des embûches sur notre chemin commun. j’ai un manque de confiance évident, j’suis certainement la personne la moins bavarde au monde et je déteste tellement énerver les autres que je préfère fuir plutôt qu’avoir une conversation. et j’sais que ça peut être bizarre par moment. j’suis douée pour écouter en fait, pas pour me confier. et c’est pas que j’ai pas envie de te parler, c’est juste que.. j’suis peut être pas prête à livrer tout ce que j’ai. sûrement que j’ai la trouille aussi. que tu t’en ailles soudainement si je fais le moindre faux pas alors dans tout ça, j’essaie de garder le contrôle. et puis, on est bien non dans le fond ? j’veux dire, ça marche plutôt bien dans l’ensemble. alors je me contente de te tenir la main, de marcher, de prendre le soleil sans rien dire et j’aime bien moi. le silence, le calme. avec saphir, c’est souvent le genre de truc qu’on fait. rester ensemble mais sans parler. lire des bouquins, profiter du silence. ça me gêne pas moi. j’préfère des fois. et j’crois juste que c’est parce qu’on est plutôt calme en fait. sauf que d’un coup, tu prends la parole, tu m’fais revenir sur terre et j’arque un sourcil avant de lâcher ta main. « je t’ai jamais demandé de t’en aller » en fait, j’mettrais même ma main à couper que je t’ai demandé de ne même pas y réfléchir. c’est toi qui décide d’en faire un drame et de le ressasser. et ouais, dans un sens, j’esquive toutes les autres questions mais encore une fois, c’est ce que je fais de mieux. « pourquoi tu remets ça sur le tapis ? je t’ai déjà dit de laisser tomber. » alors arrête. juste, arrête.

J’suis désolé, j’y peux rien, moi j’ai besoin de parler, parce que quand j’parle pas, mon cerveau bouillonne et c’est pas bon. C’est sûrement mon côté hyperactif qui ressort. Mais j’sais pas, le silence, moi, ça me plait pas trop parce que ça me pousse à réfléchir à des trucs que j’aurais préféré garder enfouis. Comme le sujet de notre emménagement, ou plutôt notre déménagement. De chez moi. De la villa. C’est comme une bombe pour moi, tu m’as demandé de ne pas y réfléchir, de laisser tomber, mais j’peux pas. Tu crois que j’vais juste oublier que tu m’as dit que tu voudrais qu’on vive ensemble? Et par ensemble, j’veux dire, rien qu’à deux? Compliqué. Impossible même. Alors la bombe explose, j’suis obligé d’en parler. Mais directement, je sens qu’un fossé se creuse entre nous. Tu me lâches la main, ton expression faciale se ferme un peu plus et tu te stoppes net dans notre marche. Et je soupire déjà intérieurement, regrettant presque d’avoir ouvert la bouche. "Non mais j’veux dire, nous en aller." J’étais maladroit pour ce genre de conversation moi, j’avais pas l’habitude de parler de trucs sérieux. "T’as dit que tu voulais qu’on vive ensemble, que toi et moi." Mais non, toi, t’as visiblement pas envie d’en parler, c’est limite si tu me demandes pas de me taire. "T’es sérieuse? Tu vas vraiment encore fuir cette discussion?" Tu pouvais parler de moi qui avais fui les étiquettes, toi tu fuyais la communication, c’était pire. "Pourquoi je remets ça sur le tapis? Parce que j’tiens à notre relation? Parce qu’on parle de notre futur là? Parce que je t’écoute quand tu parles?" Parce que j’m’en soucie, tout simplement? Non, à croire que c’est un crime aussi.

j’comprends pas à quoi tu joues en fait. tout vas bien et soudainement, t’as besoin de parler de ça. et c’est pas que je suis fermée, c’est juste que.. j’aime pas la manière dont t’abordes les choses. tu mets directement les deux pieds dedans et tu me fais sentir comme si j’avais tord d’avoir exprimé ça. sauf qu’en fait, j’comptais pas t’en parler en premier lieu, c’était toi qui avait forcé la conversation. et j’aimais pas que tu l’utilises en fait alors ouais, sûrement que je prenais un peu trop de recul mais ouais, j’avais pas envie qu’on s’aventure sur ça. « je t’ai dis de laisser tomber aussi. » sauf que non. toi tu prends que ce que tu as envie de prendre et tu fais pas attention au reste. « à quoi ça sert de l’avoir ? » donne des bons arguments. parce que moi, j’ai l’impression que tu t’engages là dedans sans aucun but. qu’est-ce que tu veux entendre elliot ? parce que moi, je ne sais pas quoi te dire. j’ai fais part d’une chose que j’aurais du garder pour moi mais j’préférais largement que tu me laisses tranquille avec ça. « mais t’as pas envie de bouger de ta villa. fin de l’histoire, non ? » j’sais pas, n’en fait pas tout un plat. t’as pas envie, je l’ai compris dans la seconde après t’avoir dit ce que j’avais dans la tête, j’ai pas cherché plus loin. j’suis vraiment pas une nana à histoire en fait. faudrait juste que tu t’habitue au fait que j’ai pas besoin de parlementer pendant des heures. un non est un non, j’en fais pas toute une histoire. « j’sais pas. qu’est-ce que tu veux que je te dise en fait ? » et j’haussais les épaules d’un air nonchalant, détournant le regard. moi j’étais pas douée dans ça. j’étais pas du genre à m’affirmer. et ouais, j’aimais pas cette conversation.

Ouais, tu m’as dit de laisser tomber, mais j’m’en fous. On peut me traiter d’égoïste, dire que j’respecte pas tes volontés, mais sérieux, comment veux-tu que je laisse juste tomber? C’est pas mon genre, non, moi j’insiste quand quelque chose me perturbe et toi, tes mots, vous me perturbez. J’ai besoin de comprendre, j’ai besoin d’en parler. Mais t’as vraiment l’air fermée, sur la défensive, alors je ferme ma gueule. Tu m’as même pas laissé m’exprimer sur le sujet, même par textos tu t’es directement braquée sans sembler comprendre que c’était soudain et que c’est un grand pas pour moi, laisser mes amis pour m’installer avec une fille. Alors oui, t’es pas n’importe quelle fille mais quand même, ça ne me ressemble pas et j’ai bien le droit d’avoir des doutes non? Non, apparemment non. "Rien." J’enfouis mes mains dans mes poches et reprends notre marche sans t'accorder un seul autre regard, comme si de rien n’était. Parce que c’était ce que tu voulais non? Prétendre qu’on avait jamais ouvert la bouche et fait part de ce qu’on ressentait. Dès qu’il y a un semblant de problème, toi, tu préfères faire l’autruche et faire comme si de rien n’était. Soit.

je ne comprenais pas. vraiment. pour moi, y avait rien à dire sur tout ça. j’étais consciente que ça allait sûrement trop vite et moi, j’avais pas envie de t’envahir. j’crois que j’étais toujours en train de me poser un trop plein de questions et ouais, c’était tout autant éprouvant pour moi. tu comprenais pas en fait que j’avais juste peur de mal faire et que ouais, ça pouvait être difficile pour moi parce que j’avais peur qu’au moindre pas de travers tu t’en ailles me laissant alors sur le bas côté. et ouais, j’sens que ça lance un froid. c’est pas ce que je voulais mais t’es capable de te braquer autant que moi. et peut être qu’on arrive pas à se comprendre sur ce côté là parce qu’on a deux manières totalement différentes de fonctionner. j’en sais rien en fait. ça m’fait chier que les choses puissent déraper aussi rapidement. puis tu t’en vas, comme ça. tu commences à marcher et tu me laisses juste là, à te suivre le pas trainant et les yeux rivés sur le sol. « ok » je souffle l’air un peu désemparée avant de m’arrêter net dans ma marche. « en fait tu comprends pas. » j’refuse pas la discussion parce que j’suis fermée ou quoi. « j’veux juste pas que.. tu crois que je veux aller trop vite et j’me dis que si on remet pas ça sur le tapis, ça te sortira juste de la tête. » et peut être que c’était mieux parce que ça t’éviterais de penser que je voulais te mettre la corde au cou. « j’ai envie qu’on ait un truc à nous deux parce que.. on aurait notre intimité. et que.. ce serait juste toi et moi mais j’entends que c’est peut être trop tôt et que j’aurais pas dû te le dire. » j’veux juste pas en faire toute une histoire quoi.

Ça me gavait en fait, ce genre de comportement que tu pouvais avoir. Que tu me dises de simplement "laisser tomber" un sujet aussi important que ça. Parce que ça l’était peut-être pas pour toi, mais pour moi, ça l’était. Mais soit, tu voulais pas en parler, j’allais pas non plus te mettre le couteau sous la gorge. Alors je recommençais simplement à marcher. Et tu reprends la parole. Ah, tu voulais parler maintenant que je laissais tomber? Fallait savoir ce que tu voulais à la fin. Alors je m’arrête également et me retourne vers toi, planté là, les bras croisés sur mon torse. Non, j’comprends pas, feel free de m’éclairer sur le sujet d’ailleurs. Je roule des yeux à ta première phrase. Tu pensais sincèrement que j’allais juste laisser filer une info aussi importante? Tu me prends pour qui? Tu me crois pas quand j’te dis que je t’aime? "J’ai même pas pu te dire si je pensais que c’était trop tôt ou pas, si je voulais ou pas. Tu m’as même pas laissé parler Vega." Non, t’as vu une once d’hésitation — légitime en plus — et tu t’es braquée, tu m’as balancé de ‘laisser tomber’ et depuis la conversation ne semblait pas repointer le bout de son nez. J’étais obligé de la déclencher vu que t’avais pas l’air décidée à le faire. "C’est bon, t’es prête à m’écouter? Ou tu vas encore me dire d’oublier et de laisser tomber?" que je siffle, yeux plantés sur toi.

c’est légitime, pas vrai ? ou peut être qu’encore une fois, je cherche à tout contrôler, j’en sais rien. peut être que c’est pas fair play de ma part de t’empêcher de discuter de ça mais.. ouais, j’ai la trouille en fait. parce que je sais que si tu me dis à haute voix que non, tu n’en as pas envie, ça va me blesser même si dans le fond, t’aurais totalement le droit de me fournir cette réponse là. alors ouais, j’évite autant que je peux juste pour pas entendre ce que j’ai pas envie et quelque part, c’est foutrement égoïste d’agir comme ça. mais je déteste encore plus te voir te renfermer et reprendre la marche sans me regarder. j’ai pas envie qu’on soit en froid, j’ai pas envie que tu m’en veuilles juste parce que je suis terrifiée sur bien trop de sujet. alors.. ouais. je relance. et je sais pas du tout où ça va nous mener mais t’as l’air d’avoir besoin d’en parler et je me fais violence pour accéder à ça. « je sais.. » je sais que je t’ai pas laissé t’exprimer mais je l’ai senti ton hésitation et dans ma tête, ça a directement tourné comme un « non ». alors ouais, j’suis désolée parce que je sais que je devrais arrêter d’éviter les conversations comme ça mais.. c’est moi ? on a chacun nos failles. et je la sens ta colère. j’le sens même si tu cherches à le cacher. et j’baisse les yeux sur le sol, me mordant la lèvre avec peut être un peu trop de force. « je t’écoute » c’est tout ce qu’il me reste à faire. j’inspire doucement, croisant mes bras autour de moi comme si ça pourrait me servir de barrière de protection. et c’est sûrement idiot mais ça me rassure un peu.

Okay, t’es prête à m’écouter. Il serait temps. Parce que j’veux pas ces problèmes de communication que j’avais avec Cléo avec toi. J’veux pas que ça nous mène sur une pente glissante, que ça nous mène à notre fin. "La villa, c’est plus qu’une maison pour moi. C’est un symbole. C’est mon indépendance envers mes parents, c’est la première fois que j’ai dit ‘non’ à mon père, c’est la première fois que j’ai pris ma vie en main, peu importe ce que mes parents en disaient. C’est ma reconstruction, après le crash. C’est une étape supérieure dans mon amitié avec Nath. C’est chez moi, j’y fais ce que je veux, quand je veux. C’est mes caprices de gosse de riches qui se sont réalisés, avoir une piscine, un jaccuzzi, un sauna." Tu comprends tout ça, au moins? Tu comprends que c’est pas juste un toit pour moi? "Mais ça veut pas dire que j’veux pas vivre avec toi. Au contraire, je t’ai demandé d’y venir, de t’y installer avec moi. Et j’comprends que tu puisses ne pas t’y sentir totalement chez toi. Et j’comprends que tu veuilles un truc à nous seuls, que tu veuilles notre intimité, parce que moi aussi j’veux pouvoir me sortir de la tête que tu peux pas te balader en culotte sans prendre le risque de tomber sur Nath ou Simen." Même si je leur fais confiance à 100%, ça reste des gars. "C’est pour ça que je t’ai dit que j’allais y réfléchir. J’ai pas dit non. Mais toi tu l’as compris comme ça et tu m’as totalement shut down. C’est compliqué pour moi de laisser tomber mes potes, quand ils ont toujours été ma seule famille." J’inspire doucement, repense à ma conversation de la veille avec Thalía. "Mais je veux vivre avec toi. J’ai peur que ça marche pas mais si c’est vraiment le cas… on aura toujours nos chez-nous d’avant qui nous attendent, n’est-ce pas?" Moi la villa, toi avec ton frère et ta soeur. Même si au final, ça pourrait totalement marcher et c’est juste moi qui pense au pire. "Je t’aime, Vega. J’sais pas en quelle langue il faut que je te le dise, mais je t’aime, et je veux être avec toi."

je te jure, j’aime pas ce genre de situation. ça me rend dingue en fait. j’ai l’impression de perdre tous mes moyens et.. j’suis nulle pour argumenter tu sais ? alors ouais, j’suis juste en stress parce que je sais que là, je ne peux plus éviter tout ça et j’aime pas. j’aime pas, on est en plein milieu de la rue, j’ai l’impression qu’on se donne en spectacle et c’est tellement pas moi ça. et j’crois que j’ai tellement peur de t’affronter que c’est pour cette raison que mon regard reste rivé sur le sol comme si les choses étaient un peu moins insurmontable comme ça. j’suis bête, pas vrai ? ou une enfant. ça, quand tu rencontreras saphir, elle te le confirmera. et j’entends tes explications, j’ai jamais été totalement fermé, je sais comprendre les choses quand on me les racontes mais tu vois, ça en revient à ce que je disais. c’est trop tôt et toi, t’es peut être pas prêt à quitter ta villa. quoi que.. le discours il change au fur et à mesure et c’est quand je commence à réellement comprendre où est-ce que tu veux en venir que je relève les yeux sur toi. attends, vraiment ? t’es vraiment en train de dire que ouais, c’est-ce que tu veux ? j’suis.. sur le cul. ouais, voilà. complètement sur le cul en fait. « je.. je suppose ? » du moins toi. moi, vu mes relations avec zeno ces derniers temps, j’étais pas certaine d’avoir encore un chez moi par la suite mais.. j’étais débrouillarde alors en soit, je trouverais bien une solution si comme tu disais, les choses ne fonctionnaient pas. mais clairement, j’espérais que ça n’arrive pas. parce que j’étais bien avec toi. vraiment bien. au point de vouloir rester à tes côtés pour une éternité. et entendre le « je t’aime » sortir si spontanément de ta bouche, ça me faisait quelque chose. c’était.. mieux que tout ? parce que ouais, ça déclenchait un tas de trucs chez moi que je ne cherchais même plus à essayer de comprendre. « et je t’aime aussi elliot maxwell. et je suis désolée d’être une abrutie complète parfois. » et de pas savoir discuter. mais j’essaie, je te jure que j’essaie.