SOLIMAN & JOAN

Joan & Soliman

People’s Republik, à une époque on aurait pu croire que je vivais ici la journée et que le soir je faisais comme si j’arrivais du campus tellement j’y passais mes soirées mais les choses s’étaient tassées, je grandissais après tout et je me trouvais d’autres priorités. Bon, je n’étais pas non plus un vieux con qui ne voyait pas à quel point faire la fête pouvait faire du bien, au contraire il suffisait de regarder combien de fois j’étais venu depuis début novembre pour savoir que j’étais bel et bien jeune dans ma tête et physiquement parlant également, avoir vingt-trois ans ce n’était pas être excessivement âgé non ? Il y avait des mecs tellement plus vieux que je me sentais comme un élève de seconde qui se retrouve au foyer avec les élèves de dernière année, qu’est-ce qu’on pouvait se sentir mal à l’aise avec leur regard sur nous, et puis avec le temps on parvenait à s’imposer et on finissait par être le fameux terminal qui regardait les petits secondes qui débarquaient. Ouais, passons parce qu’on en a rien à foutre de cette philosophie à deux francs. Ce soir je prévoyais donc de faire la nouba jusqu’au petit matin, étant en deuxième année de master je comptais le plus régulièrement m’aérer l’esprit de cette manière afin d’avoir parfois envie de mettre le paquet étant parfaitement bien dans mon corps et dans ma tête. Mes quelques potes Winthrop qui avaient eu un plaisir non dissimulé à venir avec moi n’étaient déjà plus à mes côtés, bien trop occupés à flirter dans un coin ou peut-être même à avoir droit à une fellation au milieu des chiottes, tellement bas de gamme quand on y repensait. Ce n’est pas que je me trouvais mieux qu’eux mais je me sentais tout de même plus privilégié et avait l’impression de bénéficier d’une certaine classe qu’ils n’avaient pas, il m’arrivait d’être un chaud lapin malgré le fait que je me sois calmé depuis un moment mais malgré tout je prenais toujours le temps de bien choisir l’endroit… Les chiottes pourris d’une boite de nuit ça donnait tout sauf envie de baiser à mon sens.

La soirée me paraissait être bien trop courte, elle l’était hélas et j’en étais déjà à mon troisième verre de vodka, mes amis ne revenaient pas et je n’avais pas encore trouvé la motivation pour rejoindre la piste de danse que j’illuminerais de quelques petits pas de hip-hop bien placés. Sur ce point-là je pouvais remercier Lara et son gala de danse, elle m’avait appris pas mal de trucs et à présent je me sentais légitime pour frimer lorsqu’on me cherchait. Bref, il n’y avait rien de bien folichon à se mettre sous la dent, je toisais du regard tous les jeunes et moins jeunes qui se défoulaient sur la piste lorsque mon regard s’arrêtait sur une personne en particulier. Mon sang ne faisait qu’un tour, il s’agissait de Joan et je préfère vous dire que je m’étais plutôt bien attaché à elle, le fait est que j’étais peut-être un peu jaloux également mais la voir en compagnie des pires goujats du campus me donnait envie de tout casser, ni une ni deux étant guidé par mon impulsivité je débarquais poussant le mec qui tripotait la petite brune. « Elle n’est pas disponible, retournes voir ailleurs si j’y suis ! » Le mec avait bien envie de me répondre mais il savait également à quel point la dernière fois qu’il avait essayé mon poing s’était heurté à ses dents sans que je n’éprouve la moindre douleur. Entourant le dos de Joan à l’aide de mes bras je me dirigeais sur la piste de danse. « Fais attention aux mecs avec qui tu parles, ils auraient été capables de te violer ou de faire une tournante sur le parking et tu vaux bien mieux que ça ! »