Appel de Cloé à Kim

Plus de trente minutes que je cherche le courage de l'appeler. Je ne pensais pas qu'elle allait envoyer le premier message, je ne pensais pas qu'elle allait vouloir en parler ce soir. Je prenais mon courage à deux mains et je saisissais mon téléphone pour appeler Kim. Je me disais que les tonalités allaient m'aider pour penser à ce que je pourrais bien lui dire, mais elle décrochait trop vite pour que mes pensées ne puissent se démêler. «Salut... Tu voulais parler, alors je t'écoute. » dis-je simplement, avec une petite voix.

Depuis son dernier message, je regardais mon téléphone toutes les trente secondes et quand il sonnait enfin, je sautais dessus pour répondre. « Cloé... D'abord, je veux que tu saches que je ne regrette pas ce qu'il s'est passé entre nous, parce que je suis amoureuse de toi. Je sais que tu as souffert à cause moi et je m'en veux horriblement, mais je t'aime à en crever et j'ai envie d’être avec toi. Je voudrais te revoir. » J'étais honteuse, même derrière mon téléphone.

Quand je l'écoutais ouvrir son coeur, je sentais les larmes me monter aux yeux. Mais ce n'était pas le sujet que je voulais aborder avec elle. « Moi non plus j'regrette pas, mais c'est pas ça le sujet, Kim. Tu m'as pas dit pourquoi t'étais partie. T'as pas voulu m'expliquer pourquoi tu t'es sauvée comme ça, pourquoi tu m'as brisé le coeur. Parce qu'on était bien, t'as rien voulu dire. Alors j'veux que tu m'expliques, s'il te plait... » J'allumais une clope, en regardant par la fenêtre, en attendant qu'elle me réponde.

J'essayais de fuir mes responsabilités, mais je devais assumer tout ce que j'avais fait, et pourquoi. « Tu veux vraiment savoir ? D'accord. Mon père devait se marier avec Nina, et ils nous ont invitées. Pourtant, il savait très bien que je ne pouvais pas supporter cette connasse. Il savait que je lui en voulait pour la mort de ma mère. Alors j'ai pété les plombs. J'ai pas supporté et je ne voulais pas que tu me vois redescendre plus bas que terre. Alors j'ai décidé de prendre mes affaires, en te faisant croire que j'étais malade pour ne pas venir avec toi en cours. J'ai écrit un mot pour toi, mais j'ai pas eu le courage d'assumer, donc je l'ai jeté à la poubelle. Je suis pas partie pour faire la fête, au contraire. Je suis partie pour ne pas me plomber la tête. J'ai longtemps regretté de t'avoir laissée là, je le regrette encore. J'ai honte de t'avoir brisé le cœur, parce que j'ai jamais cessé de t'aimer pendant tout ce temps...» Plus je m'ouvrais à elle, plus je me sentais faible, prête à craquer. « Pardonne moi, je t'en supplie, mon cœur...» dis-je finalement, en éclatant en sanglots.

J'écoutais ce qu'elle me disait, ses regrets, ses remords, ses états d'âme au moment où tout ça s'est produit. Et ce qui m'a fendu le coeur, c'était de l'entendre pleurer. Je ne savais pas quoi faire derrière mon téléphone. « Laisse moi le temps d'encaisser tout ça... J'm'attendais pas à tout ça, je... Désolée... Pour tout ce que t'as dû traverser seule. Mais j'étais là pour toi, j'aurai préféré t'aider à tout surmonter. Et arrête de pleurer, s'il te plait... Laisse le temps faire les choses. On se retrouvera vite, je te le jure. » Je n'avais qu'une envie, me rendre chez elle pour la consoler.

J'étais en larmes et je ne pouvais plus me contrôler. « Je veux te voir, j'ai besoin de toi et je m'en rend compte maintenant, j’espère que c'est pas trop tard pour te récupérer. Cloé, je t'aime, reviens moi. » Je priais de toutes mes forces pour qu'elle vienne me prendre dans ses bras.

Je me sentais coupable de l'entendre dans cet état, mais d'un autre côté, c'était de sa faute. « Tu pourras me récupérer, c'est pas la question... J'ai besoin que tu me prouves toutes les belles choses que tu m'as dites. J'ai besoin que tu me prouves que tu vas pas me lâcher encore. Je t'aime, Kim, de toute mon âme. Mais j'ai tellement souffert de ton absence que j'ai besoin de tout ça... Tu veux me rejoindre à la coloc ? » lui demandais-je alors, parce que sans l'avouer, j'avais également besoin de sa présence à mes côtés.

J'étais contente de savoir que je pouvais la récupérer si je lui prouvais ce que j'avais promis. « Je vais te prouver que je t'aime et que je veux rester près de toi. Venir à la coloc, non merci, je voudrais pas que ta coloc me voit comme ça, puis j'aime pas pleurer devant les gens à moins que tu sois seule ? Ou alors viens à la maison toi. » Je lui proposais de venir me rejoindre en lui disant de venir a la maison comme si mon appart était le sien et effectivement elle était autant chez elle que moi ici et encore une fois je me rendais compte que je voulais vivre avec elle et que j'avais besoin d'elle.

Elle disait ne pas vouloir venir à la coloc pour que personne ne la voit pleurer et que j'y aille moi-même. « J'ai picolé, j'peux pas conduire là... Et Lhassa n'est pas là, donc on sera seules. Viens me rejoindre, tu auras une surprise, peut-être... lui dis-je alors, pour l'amadouer. Je savais exactement quoi faire, d'ailleurs.

Elle avait bu et ne pouvait pas venir. « Une surprise ? C'est quoi ? Attend mais, Cloé, t'as bu ?» Je me faisais du soucis pour elle parce que je savais qu'elle avait bu pour oublier et je suis bien placée pour savoir que c'est pas une solution. Elle me parlait aussi d'une surprise et j'avais bien envie de savoir.