Appel d'Elliot à Vega

« À tel point que depuis tout à l’heure je tourne et me retourne dans mon lit sans trouver une position assez confortable. » Parce que c’est toi qu’il manque, pour que je sois totalement confortable. « Si t’as l’envie, le talent vient avec. Et avec l’acharnement aussi, la dévotion. T’sais, j’pensais jamais savoir piloter un hélico… Mais j’avais l’envie de le faire, de me surpasser, et j’aimais ça. Ça sera pareil pour toi. Ne commence pas des études que tu risques de regretter parce que sinon tu te retrouves comme moi, en cinquième année, à ne plus pouvoir changer. » Et c’est triste, de ne pas faire ce que l’on voudrait vraiment. Un truc sportif? Je ris quelque peu. « J’fais même pas de sport… J’ai quitté l’équipe de basket y’a pas très longtemps, et j’fais un peu de muscu mais normal quoi. Et y’a pas de bonnes vagues à Boston. Cela dit, j’aimerais bien faire de la boxe. » C’est une idée qui me trotte dans la tête depuis quelques semaines déjà, sans que j’en ai parlé à personne. J’me dis que ça m’aiderait à me canaliser, à lâcher prise, à extérioriser ce que je garde à l’intérieur. « J’aime surfer. Mais on en a déjà parlé, faudrait que je déménage pour ça et… y’a mes proches ici. » Je soupire doucement, secoue la tête et reprends le jeu avec une nouvelle anecdote sur moi. « Je suis hyperactif. Quand j’étais petit on m’a diagnostiqué TDAH. ‘Troubles déficitaire de l’attention à prédominance hyperactive-impulsive’. Ça veut dire que j’ai du mal à rester immobile, je suis assez impulsif, je contrôle pas vraiment mes émotions. J’ai besoin de bouger, de parler, parce que y’a un peu trop de trucs qui se bousculent dans ma tête. Et ça fait aussi que je réfléchis pas avant de parler ou de faire quelque chose, j’suis un peu trop spontané. » Et ouais, c’était aussi pour ça que j’avais autant de mal à suivre les cours.

« et comment tu fais quand je ne suis pas là ? » que je soufflais doucement. Parce qu’en soit, je n’allais dormir chez toi que deux fois par semaine alors il restait cinq nuits où je n’étais pas à tes côtés. Et... ouais, je m’accrochais tellement à toi qu’en soit, ça ne me dérangerait pas spécialement d’être là plus souvent. Sauf que je préférais garder ce genre de pensées pour moi plutôt que te faire fuir devant trop de demande de ma part. Je supposais que le petit différent qu’on avait eu ce soir était déjà bien suffisant. « etre médecin ça demande énormément de capacités.. je sais pas si je les ai. » alors sûrement que t’avais raison et que je devrais y réfléchir à deux fois avant de prendre la moindre décision parce qu’il s’agissait de mon futur mais.. j’étais pas certaine d’être assez douée pour m’engager dans une voie comme celle là. « alors fais de la boxe. Qu’est ce qui t’en empêches ? » faudrait peut être que tu apprennes à suivre tes propres conseils en fait. Si t’avais envie de faire de la boxe, rien ne t’empêchait d’aller t’inscrire dans une salle exprès. « tu vois, si je faisais médecine, je trouverais peut être la solution infaillible pour gérer ce genre de souci » mais je n’étais que vega, youtubeuse lifestyle alors en soit, c’était pas demain que j’allais faire des miracles. « j’ai couché qu’avec quatre personnes dans ma vie et je crois que c’est parce que j’ose pas. Alors dans la finalité je suis totalement inexpérimentée dans tout... ça ? »

« Je passe de sales nuits. » Quitte à ne pas dormir du tout. C’est fatiguant en fait, de devoir dépendre de quelqu’un, d’un contact, pour avoir le sommeil tranquille. « Tu les as peut-être pas mais c’est le but des études, les apprendre et les acquérir. » Enfin j’crois. Normalement. Mais j’étais pas un élève très studieux alors j’avais pas fait l’effort de vérifier la chose. « Tu m’incites à faire de la boxe alors que tu m’as demandé de me tenir hors de danger? » Je ris doucement. « Tu serais prête à me voir rentrer pleins de bleus et le visage en sang? À recoudre mes plaies? » J’serais ton cobaye en fait, si tu fais médecine. Why not? Je secoue doucement la tête. « J’doute pas de tes capacités, mais y’a pas eu d’avancées majeures sur les TDAH dernièrement… Mais merci quand même. » Petit sourire aux lèvres attendri, je t’écoute parler. Quatre personnes? Waouh… Putain, par pitié ne me demande pas avec combien de nanas j’ai partagé mes nuits. Parce que y’en a trop, j’saurais même pas te donner une fourchette. « Pourquoi t’oses pas? C’est pour ça que t’as eu peur l’autre jour en ouvrant le tiroir? Parce que c’est totalement… inconnu, pour toi? » J’parle même pas forcément du BDSM en fait, mais rien que le fait d’expérimenter des choses que t’as jamais faites. Au pire moi j'peux t'aider là-dessus hein, aucun souci à ce niveau là.

le simple fait que je sois mal à l’aise à l’idée d’évoquer le sujet prouvait bien que c’était pas du tout mon domaine. et ouais y avait un manque de pratique, c’était certain. j’avais la sensation d’être une novice. de ne strictement rien connaître à tout ça et ouais, par moment c’était gênant. « tu voudrais que je vienne plus souvent ? » de base, je ne veux pas m’imposer mais si c’est toi qui me réclame, c’est totalement différent. « je t’incite à être heureux » et fallait que tu sois heureux pour toi, pas heureux pour me plaire. « j’prendrais soin de toi si tu veux que je le fasse » mais je m’imposais pas moi. j’étais pas le genre de fille à prendre trop de place, à montrer que j’étais là. j’voulais pas être envahissante en fait. « je serais peut être ton miracle » qui sait ? on ne savait pas ce que l’avenir pouvait nous réserver. et forcément, puisque je devais me livrer, j’parlais du sexe. au moins c’était clair. et puisqu’on se fréquentait, j’préférais lâcher le morceau maintenant que j’en avais l’occasion. j’inspirais un coup alors que toi, tu me posais des tas de questions. « je.. » je fermais les yeux avant de reprendre. « j’suis complètement nulle en fait. et ouais, voir que toi t’es.. alors que je suis.. laisse tomber. » j’arrivais même pas à m’exprimer.

« Tu voudrais venir plus souvent? » Regardez-nous là, deux gamins qui savent pas, qui n’osent pas dire ce qu’ils veulent. Alors je soupire quelque peu et prends les devants, comme l’ancien moi, celui que j’aspire redevenir, l’aurait fait. « Oui, pourquoi pas. J’suis bien avec toi, ta présence me dérange pas, au contraire. » J’aime bien passer du temps avec toi, j’ai vraiment l’impression de compter. J’suis pas juste un gars de plus, le gars qui te sert à oublier ton ex ou celui vers qui tu vas seulement quand t’as le temps. Et c’est plaisant. Je souris même à tes mots, relativement touchants. Dire que ça partait de l’idée que je m’inscrive à la boxe… « Au moins si je me prends des coups et qu’on doit aller quelque part, tu sauras me maquiller pour cacher les bleus. » J’ironise mais c’est vrai quoi, y’avait pas de mauvais côtés. « Vraiment, ça te dérangerait pas de rentrer ici pour me retrouver dans un sale état? » Parce que j’sais que ça aurait sûrement dérangé Cléo. Ça dérangerait sûrement Zora aussi. Et Hae trouverait ça stupide. « Pourquoi tu dis que t’es nulle? » J’te contredis pas encore, j’attends de comprendre le pourquoi du comment, comme ça mes arguments seront plus pertinents. « Je suis…? et tu es…? » que je répète, t’incitant à venir au bout de ta pensée. « Parle-moi Vega, tu me connais un peu maintenant, tu sais que je juge pas, tu peux tout me dire sans avoir ni honte ni peur… » Parce que c’est aussi comme ça qu’on développe la confiance et notre relation, non?

"on peut toujours en discuter" que je souffle, un léger sourire venant naître sur mes lèvres. c'était enfantin notre manière d'agir. à se retourner les questions comme si on avait trop peur de fournir une vraie réponse concrète. mais j'crois que dans le fond, on pensait la même chose alors ça avait un côté plutôt beau dans la finalité. "j'aime passer du temps avec toi aussi" tu te rends pas compte que je m'accroche ? parce que ouais, c'est ce que je fais. m'accrocher à toi. au point de céder pas mal de chose alors que.. c'est pas forcément moi. mais j'ai envie que ça marche, j'ai envie d'avancer un peu avec toi et.. ouais, on verra bien. "vrai, j'pourrais cacher tout ça en trois coups de pinceaux" et je ris légèrement parce que maintenant que les choses sont apaisées, j'aime la simplicité qui se dégage de nos échanges. comme si l'on pouvait réellement tout se dire sans avoir peur de quoi que ce soit. "j'vais pas dire que ça me dérangerait pas, j'pense pas que ça soit plaisant de te voir rentrer couvert de bleu mais.. si c'est ce que tu as envie de faire, alors vas y." laisse pas les gens te brider dans tout ça. laisse pas quiconque t'empêcher d'aller dans la direction que tu veux. tu dois vivre pour toi avant de vivre pour les autres. sauf que là, j'aborde un sujet plus difficile pour moi et.. ouais. heureusement qu'on est pas face à face à ce moment là. "j'veux dire que t'es.. expérimenté ?" t'as l'air de savoir ce que tu fais, ou tu vas. "moi j'suis un peu.. coincée ? j'sais pas en fait. j'sais juste pas trop."

« Ben… je pense que ça se fera naturellement non? Enfin j’veux dire, on vient d’en discuter. Ça te dérange pas, ça me dérange pas. Si t’as envie de venir, t’as juste à m’envoyer un message pour vérifier que j’suis là et tu viens. C’est aussi simple que ça. » Parce que pourquoi compliquer les choses quand elles peuvent être comme ça? Je sais que tu veux tout étiqueter, avoir des règles et une organisation bien précise mais… Moi j’fonctionne pas comme ça. Alors ouais, j’suis prêt à faire quelques concessions, mais toi aussi du coup, c’est donnant-donnant. J’vais pas te dire ‘alors les mardis, jeudis et dimanches, tu dors ici’ Non ça c’est pas moi. Désolé. Mais ouais, en fait, y’avait aucun souci puisque tu venais quand tu voulais, ma porte t’était ouverte. Et puis pour la boxe, j’préférais pas répliquer, on verrait bien par la suite si les choses se faisaient. Non, ce qui avait piqué ma curiosité, c’était la conversation que t’avais lancée de toi-même. Tu semblais trop gênée pour en parler librement, pourtant, t’avais lancé le sujet, c’est que tu le voulais. Et je me pince quelque peu les lèvres, réfléchissant un peu à comment répondre à ça. « T’sais… J’ai tendance à me questionner sur mes capacités. Et je sais que je suis bon au lit, donc… j’me suis concentré sur ça ces dernières années parce que j’ai l’impression que c’est le seul truc où j’suis vraiment bon tu vois? » Ouais, j’avais tendance à me sentir inutile, sans but précis et sans réelles compétences. Au moins, le sexe, je savais que je maitrisais. « Mais t’es pas nulle pour autant, crois-moi, loin de là, je parle en ayant testé… L’expérience, ça s’acquiert, tu seras de plus en plus en confiance avec le temps. C’est comme… faire du vélo tu vois, quand t’es petit t’as peur et t’as l’impression que tu vas tomber et plus t’en fais, plus ça va tout seul. » Bon j’étais nul en exemples et métaphores mais j’pense que t’avais compris. Puis j’voulais pas trop pousser non plus mais j’me dis que ça pourrait être bien de préciser que… « J’suis là si t’as besoin de pratiquer pour avoir plus d’expérience. » Au cas où hein. Même si dit comme ça, ça faisait un peu pervers obsédé qui sautait sur l’occasion.

« ok » ouais, c’était toi la simplicité dans tout ça. moi, je l’étais pas. j’veux dire, en tant que personne je l’étais mais mes actions, parfois.. bah disons juste que j’aimais un peu trop le contrôle. savoir où j’allais, comment et pourquoi. faut pas croire que mes plannings, je les faisais par passion. disons juste que c’était une habitude que j’avais prise juste parce que je détestais oublier les choses. alors j’avais besoin de tout cadrer dans ma vie. de tout contrôler à chaque fois. et j’avais bien compris que toi tu ne fonctionnais pas comme ça mais.. j’supposais que je pourrais peut être m’y faire avec le temps. « moi je pense que tu te sous estimes beaucoup trop en fait » et j’avais pas envie d’entendre que tu n’étais bon que dans ce domaine là parce que j’étais persuadée que ce n’était pas le cas. et.. j’avais un sourire qui venait naître sur mon visage à tes mots. sérieusement ? t’étais en train de comparer le sexe à du vélo ? ok, c’était sympa comme métaphore. je ne m’y étais pas attendu mais c’était sympa. « si tu le dis » j’étais pas non complètement fermée sur le sujet hein ? c’était juste que je m’en tenais vraiment aux bases. j’osais pas aller plus loin parce que j’avais pas envie d’être ridicule. « quoi ? tu me proposes d’être mon maître jedi pour maîtriser cet art ? » ok, j’en rigole. parce que ouais, la proposition est indécente mais ça vient de toi. et dans le fond, moi je me dis que tu te proposes parce que t’en as envie. parce que tu as envie de m’avoir et j’vais me conforter avec cette idée-là. « j’vais te laisser, j’crois que saphir m’appelle »

« Ben… J’ai pas vu Star Wars mais on va dire que oui. J’suis plus un Potterhead, donc j’te propose d’être ton prof qui t’apprendra la magie. » La magie du plaisir. Sympa non ? Je devine un petit sourire sur tes lèvres donc je comprends que tu n’as pas mal pris tout ça et j’en suis soulagé, parce que j’en avais un peu peur pour être honnête. J’hoche la tête. « D’accord. Bonne nuit Vega… On se parle demain. » Et je raccroche, te laissant vaquer à tes occupations avec ta famille pour aller dormir de mon côté. Et ouais, j’aurais aimé que tu sois là ce soir.