Hasard ou destin PV ma soeur

J'sors de la Dunster en panique, putain, putain. Un coup d'oeil sur l'horloge de mon téléphone, faut que j'me bouge ! J'avance tête baissée, luttant contre le vent qui me pousse, j'ai la petite impression que j'avance à reculons. Les bourrasques de vent me fouette le visage et pourtant je m'attends tellement pas à ce qu'il va se passer, là dans quelques instants. J'étais arrivée à Harvard par pur hasard, pour la simple est bonne raison de vouloir faire des études ici, l'une des universités les plus réputées des Etats Unis. Oui j'y étais et j'en étais fière, vraiment fière. Les cheveux dans les yeux la tête baissée je continuais ma traversée chaotique, quand soudain, boum, choc !

Je tombais à genoux laissant tomber le livre que j'avais à la main au sol dans un bruit sourd. Comme si je n'étais pas assez en retard comme ça, j'levais les yeux vers la fille qui se dressait face à moi. Elle avait l'air d'avoir vu un fantôme, elle refermait le livre et me le rendait. J'avais une impression bizarre, l'impression de la connaître sans savoir rien d'elle. " Excusez moi, je suis navrée pour ma maladresse, j'espère que vous n'avez rien. " je souriais, il n'y a pas de soucis, c'est moi qui suit désolée, je n'regardais pas où j'allais ... foutu vent... j'regardais mes genoux, mon collant était légèrement déchiré mais rien de bien grave ça va, ça va, n'vous en faites pas..

C'est bizarre la façon dont cette fille me regarde, j'me sens un peu mal à l'aise d'ailleurs, j'baisse la tête, m'époussetant les fringues un peu histoire de puis j'relève la tête vers elle. Elle n'a toujours pas détaché son regard de moi, j'sais pas c'quelle y cherche mais elle n'a pas l'air de vouloir lâché se regard qui est insistant et gênant. Elle en arrive même à en tortiller un mèche de cheveux, j'trouve ça bizarre comme réaction, vraiment trop bizarre cette situation. Pourtant quand j'la regarde j'ai presque l'impression de me voir en elle, et si c'était elle, non c'est pas possible, pas ici, pas comme ça. Pourtant cette rencontre est bizarre,j'le sens bien, j'baisse les yeux, j'sais pas quoi faire, j'sais pas comment réagir. Non c'est pas elle, j'me fais des films, ma mère ne m'aurait pas envoyé ici si elle savait, elle aurait trop peur de risquer de me perdre. Et si elle ne le savait pas. Au final elle ne m'a rien dit sur ma soeur, la seule chose que je sais c'est que j'ai une soeur, elle ne doit pas en savoir plus.

" Vous ne devez pas être du coin si vous êtes pas habituée au vent. Je suis encore vraiment désolé... euh Cheyenne c'est ça? " Je relève la tête, chassant ses idées étranges de mon esprit. En effet moi et l'vent c'pas trop trop ça, au Texas on en a ouais mais pas trop non plus. non on a pas trop d'vent là d'où je viens. y a pas d'mal, t'en fais pas. et oui c'est bien cheyenne, cheyenne eova-tessier... et toi ? j'lui dit mon nom oui, parce que j'sais que si c'est elle ma soeur elle aura une drôle de réaction en entendant le nom que nous avons en commun. C'est le seul moyen de savoir.

J’étais terrorisée à l’idée de lui annoncer quel genre de lien nous liait, ce n’était tellement pas courant comme situation, j’avais peur qu’elle me prenne pour une folle. Il fallait que je lui dise, je ne savais même pas si elle était au courant de mon existence, je me doutais pourtant que non, elle n’avait pas eu de réactions qui aurait pu trahir cela. Elle fouilla dans son sac et se rapprochait de moi, je n’osais plus bouger, j’étais comme pétrifiée, cette sœur que j’avais cherché était face à moi et j’avais juste envie de m’enfuir seulement je sentais que mes jambes n’allaient pas me tenir encore bien longtemps. J’attrapais le mouchoir qu’elle me tendait sifflant un « merci » entre mes dents. « Pourquoi te mettre dans tous ces états, je ne comprends pas, j’ai dit quelque chose qui fallait pas ou bien un geste déplacé ? » j’hochais la tête de droite à gauche, comment lui dire que j’avais enfin retrouvé ma sœur, comme dire que j’avais été enlevée à ma naissance, que nous étions sœurs jumelles. Je prenais une grande inspiration « Je suis née le dix-huit mai mille neuf cent quatre-vingt-onze à New York, j’ai été enlevée à ma famille par l’infirmière qui s’était occupée de me mettre au monde moi et ma sœur jumelle… » Les larmes continuaient à couler sur mes joues, j’avais peur qu’elle ne comprenne pas, j’avais peur de la choquée tellement qu’elle s’en irait. Je soufflais un bon coup « … ma sœur jumelle … c’est vous… enfin … toi… »

J’avais tout dit, j’avais tout sorti, j’aurais dû me sentir mieux, plus légère, mais ce n’était pas du tout le cas. Et si elle ne me croyait pas, et si elle se barrait me traitant de folle, j’avais peur, je l’avais retrouvé et je ne voulais pas la perdre à nouveau. Je me disais que j’avais été conne de lui dire de cette façon, j’aurais pu être amie avec elle, je ne lui aurais pas dit, j’aurais pu le garder pour moi. Pourtant c’était trop tard, les mots étaient sortis de ma bouche et je pense que cela m’avait fait du bien. J’étais paniquée à l’idée qu’elle ne me croit pas. Son teint était livide, je la comprenais, imaginez-vous deux secondes pensant que vous vivez dans la famille la plus équilibrée qu’on connaisse, que votre vie est à l’image de cette famille-là, puis qu’un jour une meuf se pointe et chamboule tout. S’il fallait me comparer à quelque chose j’aurais songé à une boule de bowling, la vie de Nevada aurait été les quilles et j’aurais foncé dedans les faisant toute tomber, striiiiiiiiiiiiiiiiiiiiike ! Dieu merci, elle ne s’enfuit pas, je m’autorisais à penser qu’elle y croyait à tout ce que je venais de lui raconter « C’est … Je … Enfin. » je baissais la tête attendant la suite de sa phrase, j’avais peur, je n’étais pas folle, je ne voulais pas la perdre à nouveau, j’avais des crampes au ventre, les mains moites, j’attendais qu’une chose ; qu’elle me croit. « Je suis désolée. » dit-elle, je relevais la tête, l’air inquiet, désolée de quoi ? Je sentais venir le moment où elle partirait me disant qu’elle ne pourrait pas assumer tant de bouleversements dans sa vie, j’étais tout bonnement terrorisée. « Enfin désolée, pas… désolée je ne veux pas te connaître, c’est pas du tout ça. » Elle avait l’air nerveuse, je baissais la tête « Oui je comprends, c’est moi qui suis désolée, j’arrive comme ça dans ta vie, on ne se connaît pas et je te dis que je suis ta sœur jumelle.. désolée… je voulais pas … je vais te laisser … C’est mieux. » Je reculais, doucement, j’espérais qu’elle me retienne, mais je me doutais qu’elle avait besoin de temps pour assimiler ou bien même vérifier auprès de ses parents tout ce que je venais de lui dire, c’était normal, j’aurais fait pareil à sa place.