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Si tu t’excuses auprès d’Esteban, c’est avant tout pour avoir déblayé ce tas de cendres provenant de son passé. Évidemment, ce n’est pas de ta faute s’il a choisi une cassos pareil. Sur ce point-là, vous semblez d’ailleurs assez similaire. « Mais pfff » prononces-tu avant de quitter le Mather en faveur de son lit. La tête enfouie sous ses oreillers, tu te mets à proférer tes pensées, sans aucun filtre. Tu débites tout ce qui arrive à ta conscience, à bout de souffle, noyée sous des litres de larmes. Tu sens par la suite le matelas se tordre sous le poids d’Esteban. Sa voix se rapproche de ton oreille. Il ôte le coussin sous lequel tu t’es réfugiée. T’es désormais à découvert, le pif mouillé contre ses draps. « Biiiih, t’es dégueulasseuuuh, tu veux d'la mouille erk » Tu grimaces et te retournes sur le dos en posant tes mains sur ton abdomen. Tes yeux oscillent entre le plafond et les prunelles claires de ton ami. Esteban reprend la parole et exprime clairement ce que tu ressens tout au fond de toi. Démasquée Chamberlain. Ses mots te font l’effet de plusieurs coups de poignard se logeant toujours plus profond dans ton coeur. T’as envie de coller ta main sur sa bouche pour qu’il arrête de te dire ces vérités qui blessent, mais tu t'abstiens. Tu en as besoin de cette objectivité. « Tu as raison. Tu as raison sur beaucoup de choses et ça me saoule. T’es pas censé me comprendre autant, ça me fait peur quand tu me parles comme ça. On dirait que tu es implanté dans mes pensées. J’sais très bien qu’il doit encore être divisé entre son ex et moi. T’sais que je lui ai déjà posé un ultimatum ? J'ai passé plusieurs jours sans nouvelles, pis il est revenu et il m’a dit avoir mis un terme définitif avec elle… Mais, toi et moi, on sait que les pensées sont incontrôlables hein. Je ne pense pas qu’il m’aime tu sais. C’est sûrement trop tôt. Pfffou. Je n’ai pas la même vision des choses que lui on dirait. J’vais toujours trop vite. Je m’attache vite, et intensément. Je vais l’effrayer si je l’ouvre. Alors je préfère me taire, parce que je tiens à lui, beaucoup. Je ne savais pas que j’étais capable de tels sacrifices ptin » Tu soupires et pivotes vers le français dans une position identique à la sienne. Tu le regardes de tes yeux humides avec une moue éprouvée. Esteban s’aventure près de ton visage et dégage une de tes mèches obscurcissant ton champ de vision. Tu t’attendris quelque peu avant qu’il ne se mette à hurler comme un taré « LOUISOOOOON LA FOLLE ET CHIANTE EST TOUJOUUUUUURS LÀÀÀÀÀÀ OHHHH ! » T’attrapes furtivement l’oreiller derrière toi pour le flanquer dans la tronche de l’étudiant « Ah, ça fait du bien quand il se tait lui » Tu rigoles et grimpes sur lui à califourchon pour lui retirer le coussin de la tronche. « Ah ouais, tu fais le mort ? C’est pitoyable ce que tu serais prêt à faire pour que ma bouche entre en contact avec la tienne » Tu te marres et tapotes son visage inanimé du bout de tes doigts « Heeeeey, arrête, j’aime pas ça !!! Ok, j’appelle les pompiers pour déclarer un homicide involontaire » Tu fauches le portable à côté du Mather et aperçois le nom d’une nana qui lui a envoyé un texto « Mh, bon et toi ? Tu sors avec combien de meufs en même temps ? Tu fourres ta coloc ? » lui demandes-tu crûment pour le sortir de son pseudo décès. « Je vois que tu souris ! Tes narines bougent comme un cheval qui respire aussi ! T’sais pas bien faire le moooort »
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