a little hurricane ✩ (esteban)

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{ a little hurricane }
crédit/ tumblr ✰ w/esteban

Ces deux derniers jours ont été une véritable hécatombe. Liam, ton meilleur ami a craqué son slip et ton compte bancaire s’est envolé en fumée. La folie. Tu commences sévèrement à paniquer, t’as besoin de quelqu’un qui puisse écouter tout ce qui te tombe dessus, quelqu’un que tu pourrais emmerder et qui manie de préférence la langue de Molière. Bingo, Esteban fera l’affaire. Un bon produit français, sans conservateurs ni pesticides, le luxe. Tu ne l’as pas vu depuis un moment et le fait qu’il sache ce qu’il s’est produit entre Liam et toi te motive assez pour aller lui rendre une petite visite surprise. Après ton cours de droit, tu sors de l’amphithéâtre par l’escalier de secours. Tu te diriges ensuite vers la Mather House à grandes enjambées. Tu entres dans la confrérie sans crainte étant donné que tu fais encore partie de cette jolie petite tribu. Tu te pointes devant la chambre de ton ami et fous un bon coup de pied dans la porte à la Bruce Lee. Raté, elle ne cède pas et tu sens l’intérieur de ta cuisse brûler. Tu grimaces de douleur et attrapes la poignée sans demander si le champ est libre de l’autre côté, rien à battre. Tu te la joues agent secrète et dégaines de ton sac ton pistolet (déchargé). Tu te doutes que la blague ne va pas passer, mais au moins, ça a le don de paraître réel. Tu pointes le gun en direction d’Esteban, sans un sourire pouvant trahir ta farce « Les mains en l’air, vous êtes en état d’arrestation Lindley » Tu jettes un coup d’oeil un peu partout dans la pièce en vérifiant qu’il n’y a pas d’autres suspects, comme sa coloc. « Où est mon pognon enculé ?! » T’ouvres un placard et balances des tas de vêtements au dessus de ta tête. La tornade Chamberlain poursuit son chemin, tu t’aplatis devant un des lits et tombes nez à nez avec un emballage de préservatif. Dégueu. « Erk » Tu l'attrapes et l’envoies en direction d’Esteban et de ses gros yeux exorbités « À genoux ! T’es en état d’arrestation j’ai dit !  » t'exclames-tu un peu plus fort en reculant pour fermer la porte et vous isoler. Manquerait plus que quelqu'un aperçoive la scène et appelle les flics, les vrais.

Cette nouvelle colocation était plutôt au goût d'Esteban. Retrouver son ancienne amie, aussi chieuse soit-elle, était assez plaisant. Pour l'instant, cela se passait bien, pourvu que ça dure. Voilà quelques jours qu'il avait posé ses deux énormes sacs de fringues ici, il avait élu domicile dans cette petite chambre à peine faite pour deux. Avachi sur le lit d'Arielle, il s'était plongé dans son compte rendu d'opération qu'il avait effectué un peu plus tôt dans la journée. Il squattait le lit de la blondinette dans l'unique but  de la faire chier, de la taquiner. C'était plutôt marrant d'emmerder le monde et dans ce domaine, Esteban excellait particulièrement. Son esprit était ailleurs, il était juste présent physiquement, absorbé par sa lecture. Le Mather fit un bond de quinze mètres en entendant un bruit monstrueux s'échapper de la porte. Un faible rire s'échappa de ses lèvres en s'imaginant Arielle se vautrer sur la porte, saoule, pour essayer de l'ouvrir. « Arrête de boire Arielle, tu fais pitié j'te jure ! » marmonna-t-il assez fort pour que ça s'entende de l'autre côté de la porte. Son attention se reporta de nouveau sur son document avant de relever la tête en entendant un vacarme pas possible. Louison entra en furie dans sa chambre, braquant un flingue vers lui. Ce n'était pas Arielle mais bel et bien son amie d'enfance. Surpris, il posa son compte rendu sur le lit et plissa les yeux en la regardant. Un fin rictus narquois apparu sur le bord de ses lèvres. « Qu'est ce que tu fais là oh ! » grogna-t-il en se rapprochant du bord du lit. Louison alla fouiller dans son armoire en hurlant des phrases menaçantes. « Vas-y tu peux foutre le bordel, c'pas mon armoire. » dit-il en un haussement d'épaule. « De quoi tu parles putain, t'es bourrée ? » Le flingue avait l'air plutôt vrai et Louison était sure d'elle, déterminée. Elle parvint à lui foutre le doute quelques secondes. Lorsqu'elle se pencha vers l'avant pour attraper le plastique de la capote, Esteban se mit debout. Elle était folle mais il avait l'habitude. Quand elle se redressa, il feinta de lever les bras légèrement mais gardait ce sourire sur ses lèvres. Il lui attrapa le poignet, lui tordit le bras pour mettre sa main derrière son dos. Il fit de même avec l'autre poignet de la belle blonde. « Qu'est ce que tu vas faire maintenant avec tes quarante kilos toute mouillée, hm ? » Amusé, il la rapprocha du lit et vint l'allonger sur le ventre. Sans chercher à comprendre plus loin, le Mather vint s'asseoir à califourchon sur elle pour l'immobiliser. « Ah on fait moins la maline là hein .. puis donne moi ça, tu risques encore de te crever un oeil. » Esteban prit le flingue dans sa main et l'examina d'un peu plus près. « Mais t'es complètement taré ma parole. J'en veux un aussi, tu l'as eu où ? » Il lâcha ses poignets en se doutant qu'il devait lui faire mal mais ne bougea pas de ses fesses. « Bon j'fais quoi de toi moi hm ? J'te lâche, j'te fou la fessée ou j'fais comme Liam, je t'embrasse ? » Le Mather éclata de rire, fallait qu'il l'embête avec ça, c'était inévitable.

Pendant que tu te masses l’intérieur de ta cuisse dans le couloir, tu entends ton pote rouspéter à l’intérieur de la chambre en t’appelant Arielle. C’est qui ça ? Tin, il regarde encore trop les dessins-animés lui. T’es pas une putain de sirène, t’aurais pas pu foutre un coup de pied dans la porte sinon. Tu dégaines ton arme en entrant dans la pièce pour le pointer sur la tronche niaise d’Esteban. D’ailleurs sa figure paisible se décompose en une fraction de seconde quand tu fais irruption. Tu fous la chambre en bordel. Tu jonches le sol de vêtements de meuf, pauvre coloc, Esteban se débrouillera pour expliquer ta crise de nerfs « J’suis pas bourrée, j’ai arrêté la picole, ça n’a plus d’effet sur moi Lindley ! » Tu te couches sur le sol pour vérifier le dessous de lit, mais tu ne trouves pas de valises pleine de pognon, juste un vulgaire emballage de préservatif sans intérêt. Tu râles et te relèves en pointant maladroitement ton flingue vers Esteban qui lève à peine ses bras. Il te sourit bêtement, ce qui te fout doublement en rogne « Qu’est-ce qui te fait… » Tu n’as pas le temps de compléter ton interrogation, Esteban bondit sur toi et te tord le poignet pour te désarmer. Il lie tes mains dans ton dos et te pousse vers le lit où tu t’effondres, faute d’équilibre. « Ta gueule ! » Tu gigotes dans tous les sens comme un pauvre poulet capturé et que l’on va bientôt décapiter pour le dîner. Le Mather accapare ton arme. Tu tournes ton visage sur le côté en essayant d’apercevoir sa frimousse du coin de ton oeil non masqué « C’est pas un jouet imbécile, je l’ai eu dans un quartier malfamé que je fréquentais il y a quelque temps. Le type d’endroit où tu te pisserais dessus mauviette » Esteban lâche enfin tes poignets, tu les récupères et les jettes au dessus de ta tête, toujours coincée sous lui. Tu remues ton popotin pour te débarrasser de son emprise, mais c'est tout bonnement impossible. « Haha, très drôle. Ben, qu’est-ce qui te fais le plus envie Esteban ? » Il te cherche, bah on va voir jusqu’où il est prêt à aller le coco. « J’croyais que j’étais comme un membre de ta famille à toi aussi » Tu fronces tes sourcils, même s’il y en a qu’un seul de visible à l’heure actuelle « J’sens tes boules chaudes aplaties sur mon merveilleux cul, c’est strange. Tu vas bander et ça va être gênant »

« Bah voyons, toi t'es une rebelle d'la campagne et moi une taffiole qui s'pisse dessus dès que je vois une araignée. » s'amusa-t-il à répondre ironiquement en levant les yeux au ciel. Esteban examina l'arme entre ses mains et contempla les moindres détails, c'était vraiment un beau gun qu'elle avait là. Dommage qu'il soit entre des mains aussi instables que celles de Louison. La blondinette était capturée, elle ne pouvait plus bouger, c'était pas plus mal. Qu'elle arrête ses conneries cinq secondes. Le Mather était paisible en train de réviser, il fallait qu'elle débarque pour venir le faire chier. C'était à son tour de lui rendre la pareille. Elle se débattait comme elle le pouvait, arrachant un soupire des lèvres du jeune homme, excédé par cette boule de nerfs. « Ah j'fais parti de ta famille ? Merde, j'croyais être ton âme soeur, j'suis déçu, t'as gâché ma soirée ça y est. Merci Chamberlain. » répondit-il avec beaucoup de légèreté. Esteban ne prenait rien au sérieux et surtout pas les innombrables délires qu'il avait avec son amie d'enfance. Elle gesticulait sous lui et le provoquait par la même occasion. Le Mather croisa ses bras contre son torse et rigola à ses mots. « Il m'en faut plus que ça pour bander .. puis t'es pas vraiment mon style. Enfin physiquement j'parle, parce que mentalement, tu sais bien que j'ai un petit faible pour les filles caractérielles mais physiquement .. il t'manque un peu de formes. » lança-t-il le plus naturellement du monde. L'ambiance était plutôt bonne, pas de prise de tête, comme à son habitude Esteban restait fidèle à lui-même. Puis, en ayant déjà marre, il se leva et vint donner une petite tape sur les fesses de Louison. « Tu vois, qu'est ce que je disais, y'a pas de matière à claquer, y'a rien. » Il éclata de rire en s'éloignant d'elle. Le Mather attrapa une clope qu'il alluma directement avant de se mettre près de la fenêtre qu'il ouvrit en oscilo battant. « Bon qu'est ce que tu veux minou ? En quoi puis-je t'être utile ? » Il marqua une courte pause en gardant la fumée dans ses poumons, avant de reprendre en soupirant. « Putain ça fait du bien de parler Français un peu là. J'me sens revivre ! C'est ce qu'il s'est passé avec Liam qui t'amène ici .. ou ton nouveau mec ? » la questionna-t-il en dégustant sa cigarette, lentement. Allez Louison, raconte tout à Tété.

Rebelle de la campagne ? N’importe quoi. Tu viens de la même ville que lui, une ville où le crime y est bien présent, malgré les beaux quartiers dans lesquels vous avez grandi. Bloquée sous son poids, tu te fatigues à gesticuler pour te sortir de son emprise pendant qu’il te vanne au sujet de Liam. Tu répliques avec provocation en t’étouffant à moitié avec la couette « J’ai pas d’âme soeur, tout le monde sur Terre en a une, sauf moi, ironie du sort » Tu poursuis en crachant des bêtises bien grossières. Il te fait rire. « J’suis pas ton style parce que je te résiste trop, je vois. Tu préfères celles qui disent oui facilement, t’inventes pas d'excuses mon beau. J’suis bien roulée, j'aime mon corps.  » Il te libère et te fesse, tu cris en exagérant, comme si on venait de t’amputer. « En tout cas, Pluton trouve toujours matière lui » râles-tu en roulant sur le côté pour te retrouver enfin sur le dos et respirer. Tu sens soudainement l’odeur de la nicotine qui titille tes cellules olfactives. Tu bondis du pieu comme une droguée en manque et rejoins le Mather près de la fenêtre « C’est tout qui m’amène ici. » balances-tu en lui fauchant sa clope coincée entre ses doigts boudinets. Ouais, parce qu’Esteban il est pas censé être sexy pour toi. Faut que tu lui trouves des tonnes de défauts. Tu tires une première taffe en noyant ton regard dans le paysage urbain en face de vous « J’suis fauchée en fait. Comme les blés. Je faisais du shopping avec mon "nouveau mec" quand j’ai découvert que je n’avais plus rien… J’suis même en négatif. Comme j’suis parano, j’ai même cru que c’était un coup monté de l’ex de Pluton, j’pars loin hein. J’pense que je me suis juste faite connement piraté. J’ose pas l’dire aux parents, mais je vais plus avoir le choix si j’veux continuer à rester ici… » Tu soupires et prends une autre bouffée toxique. Il ne te reste plus que la moitié d’un paquet et vu que tu n’as plus que cinq cent dollars en billets, tu préfères les économiser en cas de vraie urgence. « Et Liam, j’comprends pas. Comme toi, j’suis pas son style, alors je me dis que c’était un moment d’égarement. Il est fragile malgré l’apparence qu’il montre à tout le monde. Fin, tu le connais aussi bien que moi maintenant… Il t’a reparlé de ça d'ailleurs ? De moi ? »

« Bah heureusement qu'il aime ton cul, sinon pourquoi serait-il avec toi hm ? » s'amusa-t-il à dire. Esteban se foutait de tout et de tout le monde. Il ne connaissait absolument pas son nouveau mec mais du peu qu'il avait entendu, un peu partout, sur lui, il ne l'aimait pas. Il avait un jugement assez négatif sur ce mec mais s'en carrait l'oignon. Tant qu'il ne venait pas le faire chier, il s'en foutait carrément. Les yeux du Mather se posèrent sur Louison qui fonça dans sa direction pour lui prendre sa clope des mains. « Putain t'es chiante quand tu t'y mets toi. » Mais les chiantes, il adorait ça, donc elle était déjà toute pardonnée. Comme prévu, la blondinette ne mit pas longtemps avant de se livrer et de lui dévoiler ce qui n'allait pas dans sa vie. Esteban prit une autre clope qu'il déclara et entama. Il restait attentif à ce qu'elle lui racontait, aucun détail lui échappa. Il se tourna entièrement vers elle et fronça les sourcils. « Tu crois qu'on t'as piraté ton compte ? T'sais que tu peux faire opposition à tout ça, porte plainte contre la banque, ils seront bien obligés de trouver l'origine de la disparition de l'argent. T'es sure que c'est pas ton coq qui te l'a emprunté ? » Pour ne pas dire volé. « Peu importe ce qu'il s'est passé, va voir ta banque, ils vont trouver d'où ça vient. Et .. que dalle tu rentres pas en France, tu restes là, s'il faut je t'aiderais pour les frais de scolarité, c'pas un problème ça. » Tété était vraiment sérieux, il faisait souvent le malin mais il restait un mec de confiance, qui savait aider ses amis dans le besoin. Le jeune Lindley apporta la clope à ses lèvres et vint inspirer longuement pour en extraire un maximum de tabac. La blondinette avait, quant à elle, embrayé sur le cas Liam. « Hm nan il ne m'en a pas reparlé .. En fait, il m'a dit qu'il avait embrassé sa meilleure amie, j'ai dû creuser un peu parce que visiblement il en a deux. Il voulait pas m'le dire ce con, j'ai dû ramer. Il m'a un peu expliqué la situation et .. t'inquiète, t'as pas à te tracasser. Ça lui a échapper, ça pourrait m'échapper à moi aussi. T'es loin d'être une fille moche et inintéressante Louison, il a eut un moment d’égarement, rhooo ça arrive à tout le monde. Faut pas te stresser avec ça, faut pas non plus que ça gâche votre amitié. » Esteban marqua une courte pause pour balayer le surplus de cendre dans le cendrier, avant de se retourner vers elle. « Après .. peut-être qu'il y a plus, j'en sais rien. Peut-être que c'est lui ton âme soeur et pas moi !! » Il lui donna un léger coup de coude, amusé. Lourdeur Esteban, lourdeur.

Ne le laisse pas s’immiscer dans ta tête. Pluton n’est pas avec toi uniquement pour tes fesses. Il apprécie aussi ta personnalité, il te l’a dit, si si. Puis comme le dit Esteban, si les hommes raffolent des boules méga rebondis, t’es loin du compte, du coup, ça te parait dingue que le Dunster soit avec toi pour ton popotin. « Rah, tais toi, t’es méchant » À pas de velours, tu t’approches du français et lui dérobe la cigarette qu’il grille lentement. « Désolée » Ton hyper activité se dissipe brutalement au profit de l’angoisse qui ronge ton estomac depuis deux jours. Même si entre toi et Esteban c’est souvent en dents de scie, tu lui fais confiance et tu sais qu’il a un minimum de ressources pour te dépatouiller d’histoires te dépassant. Ainsi, tu lui avoues ta mésaventure financière afin de chercher une solution grâce à son cerveau beaucoup plus logique que le tien. Esteban semble convaincant dans ses propos, comme si tout allait pouvoir se régler avec une simple visite à la banque. Il accuse aussi Pluton et cela suffit à te faire pincer trop fort ta cigarette entre tes lèvres « C’est pas lui, il ne manque pas de pognon… Il n’est pas dans l’excès non plus, mais tout va bien de son côté. Après, j’vois pas ce qu’on peut faire avec 10 000$… Bref, t’es gentil Tété et tu me rassures un peu, j’irais voir ma banque alors... Mais ça m’étonnerait qu’on me rembourse tout rapidement. Pis ils vont me parler en terme technique, ça va me gonfler et j’vais m’énerver, tu me connais » Tu embraies ensuite sur le sujet Liam, pas prête à accepter l’argent d’un de tes proches pour l’instant. Tu vas plutôt tenter de survivre, le temps d’analyser correctement la situation et d’éliminer une quelconque erreur personnelle ayant pu te conduire à ce trou béant dans ta poche. En te répondant au sujet de ton meilleur ami, Esteban te décroche plusieurs sourires avec son franc-parler. Tu rougis également lorsqu’il te flatte ingénieusement. Tu le regardes du coin de l’oeil tout en te balançant nerveusement de droite à gauche. Alors c’était vraiment un moment d’égarement pour Liam ? Ouf. Tu ronges toutefois ton pouce en regardant l’horizon à peine perceptible, totalement songeuse. Ton ami reprend la parole et capture ton attention en moins de deux avec ses âneries. « Franchement, si toi et moi étions des âmes-soeurs, alors j’serais vraiment sur le cul. J’ferais un procès à l’univers de ne pas me l’avoir signalé plus tôt, quand nous vivions à deux pâtés de maisons et que tu bavais sur ton ex dont je tairais le prénom. » Tu te débarrasses de la cendre accumulée au bout de ta clope dans le cendrier « Pour Liam, c’est assez intrigant, je dois te l’avouer. Tu sais qu’on étudie les mêmes matières ? C’est un signe tout con, mais le combo droit et théâtre, c’est rare. Il veut devenir avocat, comme moi. Il est stupide, comme moi. On aime se piquer, peut-être parce qu’on se cache un truc ? Fin, moi je sais que j'ai enterré volontairement certains trucs à une époque, mais lui il n’en a pas encore conscience. Le pauvre, il est dans le déni. » Tu rigoles et te décales d’un pas sur la gauche pour appuyer ta tête sur l’épaule du Mather « Je me fais des films. Il est amoureux d’une fille, c’est compliqué. Et pour le moment j’suis très bien avec Pluton. On a une connexion pas mal. J’sais pas s’il ressentira juste de l’amour pour moi un jour. Il est possédé par son ex. Genre, toi… tu as déjà ressenti d’autres sentiments pour une fille après Zoé ? Tu t’es sorti de son emprise ? »

« Un procès à l'univers, carrément ? On est des âmes soeurs Louison, tu l'sais aussi bien que moi, c'est juste que le moment pour nous n'est pas encore arrivé, c'est trop tôt. Y'a trop de paramètres négatifs autour de nous pour l'instant, c'est qu'une question de jours, de mois, d'années peut-être. J'men fais pas, j'sais bien qu'un jour tu seras à moi. » s'amusa-t-il à dire le plus sérieusement du monde. Pour créer le doute, pour la faire chier ou pas. C'était plaisant ce genre de discussion, ça amusait grandement Esteban en tout cas. Il ne releva pas lorsque Louison évoqua son ex et accessoirement la seule ex qu'il ait eu dans toute sa vie. Il se contenta de se focaliser sur cette histoire d'âme soeur, de sourire et de chasser cette pensée de sa tête. La discussion tourna rapidement autour de Liam et ce fameux baiser échangé. Quel veinard ce Liam quand même. « Ah mais vous avez pleins de points communs, c'est vrai t'étais amoureuse de lui ? C'est trop mignon. Bah écoute, j'sais pas quoi te dire, peut-être qu'il est in love de toi mais qu'il ne le sait pas encore. Enfin j'pense pas. J'pense qu'il se cherche avec son père et la pression qu'il lui met. Moi j'mets ce qu'il s'est passé sur le compte d'un dérapage, j'peux me tromper mais ça m'étonnerait. » Esteban ne bougea pas lorsque la blondinette posa sa tête contre épaule. Il inspira longuement avant de froncer les sourcils. « Liam amoureux d'une fille ? Qui ça ? Putain il m'a rien dit ce connard ! » grogna-t-il en rigolant. Bordel, Esteban allait le faire chier avec ça, c'était obligé. Le sourire que le Mather avait jusque là, disparu bien vite lorsque le prénom Zoé fut évoqué. « Compare ce qui est comparable Louison. Ce que j'ai vécut avec Zoé n'a absolument rien à voir avec ton Pluton là. Zoé m'a brisé, c'est une salope, une garce égoïste. J'ai jamais été sous son emprise, j'étais amoureux jusqu'à ce que ma soeur ne décède mais ce qu'elle a fait .. jamais j'pourrais lui pardonner. A la seconde même où Ali a perdu la vie, je l'ai rayé de ma vie. J'veux plus jamais la voir. » Le constat était accablant. Esteban nourrissait une haine sans précédent envers son ex, il lui en voulait énormément et, à cause d'elle, il ne s'investissait dans aucune relation. Le Mather n'avait que des coups d'un soir et quand ça devenait trop sérieux, il trouvait toujours un moyen de foutre en l'air pour ne pas souffrir. Et même si dernièrement, il ressentait presque le besoin de trouver une fille avec laquelle aller plus loin que quelques nuits de baises, il restait méfiant. « Ça m'fou en rogne la relation que t'as avec ce mec. Tu mérites tellement mieux putain. Il a tout gagné ce crétin, t'es là à ses pieds et lui, il hésite entre son ex et toi. Il joue à un jeu dangereux et la seule qui va perdre, c'est toi. J'te reconnais tellement pas dans cette histoire. Elle est où la Louison sure d'elle qui sait ce qu'elle veut, qui joue de son impulsivité pour tout tourner à son avantage. Hein ? Elle est où ? J'vais te dire une bonne chose, elle a disparue. T'es accro à ce gars et tu acceptes de vivre dans la crainte qu'il retourne voir son ex à tout moment. Excuses moi d'te le dire mais c'est pas vivable. Du tout. C'est facile pour lui, tu acceptes donc il continue, il te dis les mots que tu as envie d'entendre, il va peut-être même t'inviter au bal pour te faire miroiter .. J'espère que tu sais dans quoi tu fou les pieds Louison, j'espère sincèrement pour toi ! »

Il blague ? Il ne blague pas ? Pourquoi s’y met-il lui aussi ? Comme si Liam ne suffisait pas à t’embrouiller en ce moment-même. « Tu sembles tellement sûr de toi, j’y croirais presque et ça me fout les jetons ! N’empêche, la tronche que tirerait mon père si je te ramenais un jour à la maison… » Ce n’est pas nouveau, ton père a toujours pris en grippe la famille Lindley, tout ça à cause d’une vieille histoire d’amour entre le père de Tété et ta mère. Bref, penser à toi et Esteban main dans la main, c’est plutôt flippant, pire que Liam t’embrassant à pleine bouche tout en faisant péter les boutons de ton chemisier. D’ailleurs, tu rebondis sur ce sujet et fais par de tes pensées à Esteban. Il te confirme que ces baisers n’étaient qu’un dérapage de ton meilleur ami. T’espères aussi. « Amoureuse c’est un bien grand mot hein… J’en pinçais pour lui, c’était l’époque où mes hormones étaient en ébullition. Pour la fille, je ne dirais rien, désolée. S’il ne veut pas en parler, je vais respecter ça… Ne le fais pas chier où j’serais contrainte de te castrer et à cause de ça, on n’aura jamais d’enfants ! Toute la prophétie s’écroulera, tu te rends compte ? » Tu souris et poses ta tête tendrement sur son épaule. Tu te laisses aller aux confidences tout en puisant dans le passé du Mather pour éclairer ta lanterne sur ta relation actuelle. T’aurais pas dû. Esteban se raidit et hausse légèrement le ton en ressassant le coup de pute que Zoé lui avait fait au pire moment de sa vie. Tu décolles alors ta joue de son articulation saillante en écrasant ton mégot. « Excuses moi… » murmures-tu en plissant tes yeux. Tu ne voulais pas le replonger dans cette mélasse qu’il a traversé. Pendant plusieurs longs jours et nuits, tu as d'ailleurs tenté de le recoller, en vain. Cette fille lui a ôté toute espérance en l’amour et c’est fort dommage. Dommage pour son âme-soeur qui n’attend sûrement que lui, quelque part ici bas. Tout à coup, Esteban rouvre la bouche et te démolit mot après mot. Ton coeur saigne, très fort. Tes yeux se gorgent de larmes, ta gorge se noue. Tu te bats beaucoup en ce moment pour Pluton. Tu essaies de ne croire que lui, pas tout ce que l’on peut te dire à son sujet, mais là, ça fait beaucoup. Suzy, Liam et maintenant Esteban. « Je sais merde » lâches-tu douloureusement en reniflant fort « Louison est morte avec son premier amour, celui qui est parti avec une autre, tu ne te souviens pas ? » () Depuis Ezio, tu as changé de personnalité, par peur que les mecs te fuient de nouveau. Tu es devenue l’ombre de toi-même, celle qui s’amourache faiblement pour sûrement ne pas faire face au chaos régnant en elle. Sauf qu'avec Pluton, c'est particulier, tu ne peux pas nier votre connexion... C'est juste semé d'embûches. « T’as complètement raison, pour le moment je souffre plus qu’autre chose. Il m’a déjà invité ouais… Raaah tu m’énerves » Les sanglots éclatent. Tu te retournes et cours jusqu’au lit du français en te jetant à plat ventre. Tu te caches sous les oreillers et chiales enfin toutes les larmes que tu retenais depuis ces derniers jours. « J’sais pas dans quooooi j’fous les pieds, je le trouve spécial, il me rend spéciaaale pourtant je sais que j’le suis pas. Il m’aimera jamais, j’suis pas assez inatteignable pour lui, comme l’amour de sa vie que je ne serais jamais » cris-tu la tronche ensevelie sous les oreillers. Esteban ne doit rien entendre, juste des sons étouffés entrecoupés de ta respiration saccadée « J’aurais dû crever avec mon gosse » rajoutes-tu en vibrant sous ta crise de larmes ridicule « J’suis pitoyable, j’ai plus d’air aussiiiiii » te plains-tu comme une gamine tout en tapant des pieds sur le matelas.

« Pourquoi tu t'excuses ? C'est pas d'ta faute si j'suis tombée sur la pire garce que la terre n'ait jamais porté. » soupira-t-il, pas content. Esteban n'aimait pas évoquer le nom ou le souvenir de son ex. Zoé l'avait pourri et rendu insensible. C'était triste mais c'était comme ça qu'il se protégeait le mieux des autres et des filles. Il vivait dans la crainte de revivre cette souffrance et cet abandon avec une autre. Un jour, sa vision des choses changera certainement mais pour l'instant, il n'était visiblement pas encore prêt à aller de l'avant. Et oui, même neuf ans après, les blessures étaient encore bien présentes. Heureusement pour lui, la discussion changea rapidement de sujet pour se concentrer sur ce fameux Pluton. Ce mec qu'il ne connaissait absolument pas mais dont les échos n'étaient pas bons à entendre. Esteban ne voulait pas la mettre mal, il voulait juste essayer de lui faire ouvrir les yeux sur cette situation qui n'était pas sainte du tout. « Ouais, encore un connard lui aussi, tu tombes que sur des connards toi c'est pas possible. C'est un critère de sélection ? » répondit-il sans trop jouer sur la corde humoristique. L'atmosphère était déjà assez lourde comme ça. Esteban n'aurait pas dû en rajouter puisque la blondinette éclata en sanglots et alla se cacher sous son oreiller. Le Mather fronça les sourcils en essayant de déchiffrer ce qu'elle était en train de lui raconter. Il affichait une mine plutôt sereine mais en réalité, ça le bouffait de la voir dans cet état-là. Il comprit des brides de mots, de phrases mais rien de bien concluant. Rapidement mais toujours très calmement, il vint écraser son mégot dans le cendrier et s'approcha du lit. Il vint s'allonger à ses côtés et enleva l'oreiller de la tête de son amie. « Allez respire un grand coup, t'as besoin d'air .. puis t'es en train de salir mes draps là. Quitte à les salir, j'préférerais avoir une autre substance que ta morve dessus. » Esteban ne rigola pas, il savait bien que Louison n'avait pas besoin d'un comique là tout de suite, elle avait besoin de conseils d'un ami. Même si c'était plus fort que lui et qu'il s'était senti obligé de faire une petite remarque, il allait devenir sérieux et revêtir le masque de confident qu'elle voulait certainement qu'il mette. « Ecoute Louison, j'vais mettre de côté le fait qu'on soit des âmes soeurs pour te donner un avis objectif sur ce que tu vis. Ok ? Je pense que cette situation est trop malsaine pour toi mais que, d'un sens, tu t'y retrouve un peu. J'veux dire, depuis ton crétin d'ex, tu recherches peut-être la relation que t'as vécut avec lui, dans les bras d'un autre. Tu ne sais pas trop ce que tu veux mais tu recherches l'exclusivité d'un homme. Et cette exclusivité, pour l'instant, Pluton ne peut pas te l'apporter. Si, dans l'sens où il ne va surement pas voir son ex par respect pour toi mais dans l'sens où tu n'es pas seule dans sa tête. Il a encore son ex et tu te dis que si elle n'était pas là, vous vivriez le parfait amour. Peut-être qu'il faut que tu le laisses régler ça, peut-être que tu lui mets la pression pour qu'il choisisse entre les deux. Oh il doit t'aimer ce type, j'en suis même persuadé mais ce qu'il fait avec toi c'est pas correct. J'suis pas en train de te dire de le quitter, loin de là, si tu sens que tu dois être avec lui, que t'en as envie, alors reste avec lui mais ça veut dire que t'acceptes qu'il soit encore amoureux de son ex, qu'il n'ait pas encore tourné la page. Et ça j'suis désolé mais je maintiens ce que je pense .. tu mérites mieux. » Le Mather posa sa tête contre sa main pour plus d'appui et afficha un mince sourire. Il parlait beaucoup mais ne réglait en rien la situation, il en était conscient, affreusement conscient. Il enleva une mèche de cheveux blonds qui était devant le visage de Louison. Il inspira longuement, il avait de la peine pour elle. « J'aime pas te voir comme ça .. RENDEZ MOI MA LOUISON FOLLE ET CHIANTE ! » se mit-il à gueuler dans la chambre avant de s'affaler de tout son poids sur le lit, la poussant légèrement au passage. Il éclata de rire.