(florian) got a secret, can you keep it?

Ouais, j’suis confus devant les tas de jouets qui jonchent le sol. Et j’ai peur que tu m’annonces que oui, t’as bel et bien un gosse. Que t’es papa. Vous me faites tous flipper à devenir parents là, moi c’est même pas un truc que je considère, never ever. J’sais déjà pas m’occuper de moi même alors m’occuper d’un gamin qui court partout et réclame ton attention h24, non merci. Pourtant j’avais devoir le faire, pour les bébés de Meghan. J’sais pas dans quoi je m’engage mais j’lui avais promis que je serais là pour elle - et pour eux - et j’tenais toujours mes promesses. J’vais pas te mentir, je suis soulagé quand même quand tu me dis que c’est ton frère et pas ton gosse. Ouf. 5 ans? Ils parlent déjà à cet âge là? Sérieux moi j’y connais absolument rien aux bambins. Vraiment rien. J’hoche simplement la tête. Même si j’comprends pas trop pourquoi ton petit frère est avec toi à Harvard au lieu d’être avec tes parents en France. Sauf que j’vois bien à ta tête que c’est clairement pas un de tes sujets favoris. « Okay. » que je réponds simplement. Puis tu commences à tout débarrasser, moi j’ai un peu mal au crâne de la soirée de la veille mais je soupire doucement. « Attends, j’vais t’aider. » Je me lève à mon tour et t’imite, rangeant les jouets où tu sembles les entreposer. « Il s’appelle comment? » C’est bon, c’est pas une question trop invasive pour toi?

Tu t’en veux d’avoir été si insouciant, toi qui planifiais tout à l’habitude. L’alcool avait cependant joué dans la situation et il était trop tard pour retourner en arrière. Tu ne pouvais pas mentir non plus. Ton appartement avait tout pour lui, même sa chambre. Il était clair qu’un petit habitait ici avec toi. Tu espérais que ton ami garde cela pour lui cependant. Tu ne voulais pas qu’on te voit différemment. Tu tenais beaucoup à ton petit frère. Tu faisais bien des choses pour lui, le faisant même passer avant toi régulièrement. Sauf que tu aimais avoir ta vie de ton côté également, comme si tu étais un étudiant normal. Tu commences donc à ranger un peu, parce que c’est un peu le bordel dans le salon. Tu n’avais cependant pas prévu inviter quelqu’un chez toi hier. Tu souris un peu lorsqu’il se lève pour venir t’aider. « T’inquiètes, j’ai l’habitude. » Tu vois bien qu’il a encore sa soirée de la veille dans le corps d’ailleurs. « Une autre habitude que j’ai, c’est de me lever lors de lendemain veille, sauf qu’en général c’est plutôt et avec des cris qui me demandent de faire à manger ou venir jouer. » Tu ris un peu en disant cela, dans le fond ton matin est plutôt calme et ça te fait du bien. Tu l’entends te demander comment il s’appelle. Apparemment ton ami s’y intéresse et même si tu aurais préféré qu’il ne l’apprenne pas, tu ne peux te résigner à éviter carrément le sujet. « Léo. » Beaucoup plus à prononcer ici que ton prénom, tu es jaloux.

Je me lève finalement pour venir t’aider à ranger un peu ton appartement. Ton petit frère a tendance à s’étaler, à ce que je peux voir. Mais ça me fait légèrement sourire. Moi, j’pourrais pas vivre avec un môme. J’saurais même pas m’en occuper, en fait. Donc t’as du mérite. Ca, les cours, les sorties… J’sais pas comment tu fais. « Il est où là, ce Léo ? » Bah ouais, si tu t’en occupes, pourquoi il est pas là ? Il va où quand tu décides de venir en soirée avec nous ? Je réfléchis quelque peu pendant que je dispose des jouets dans des caisses attitrées, et mon cerveau court-circuite – faut pas lui en vouloir, ça arrive tout le temps. « Peut-être que tu pourrais m’aider. » Non, j’allais pas te faire du chantage en mode ‘aide-moi sinon je dévoile ton secret’. Ton secret est à l’abri avec moi, t’as vraiment aucune crainte à avoir là-dessus. « J’ai une de mes meilleures amies qui est enceinte de jumeaux et… J’suis vraiment nul avec les gosses, j’ai même jamais eu un bébé dans les bras, rien du tout. Mais j’ai envie d’être là pour elle, de pouvoir l’aider si elle en a besoin tu vois ? » Tu comprends ce que je veux ? Que tu m’aides à devenir un minimum responsable et adulte en présence de bambins. Parce que ça se trouve, Meghan n’aurait pas besoin de mon aide. Mais au moins, si un jour elle m’appelle en détresse, j’pourrais voler à son secours en étant serein de mes capacités.

Tu ne t’attendais pas à ce qu’Elliot s’intéresse à ton petit frère. Enfin d’un côté, il était une grande partie de ta vie et changeait pas mal tout à ton quotidien. Le voilà qui se demandait où il était là et tu ris un peu. Il devait s’imaginer que tu étais irresponsable ou un truc du genre, mais tout était planifié pourtant. Tu n’étais probablement pas le tuteur parfait, mas en tout cas tu étais bien mieux que tes parents. « Chez sa babysitter, j’ai pas vraiment le choix de le faire dormir là-bas si je veux sortir… » Autrement, il faudrait qu’elle passe la nuit chez toi et tu ne voulais pas. Tu avais un peu honte et tu préférais simplement aller le porter chez elle à la place. Tu savais qu’il était bien là-bas de toute façon et que ça lui faisait plaisir de sortir ainsi et y passer la nuit, comme si c’était une activité. Enfin il ne se plaignait pas pour l’instant, mais tu te doutais que ça ne durait pas toujours comme ça, alors tu en profitais. Ton ami te dit par la suite que tu pourrais l’aider. Comme vous étiez simplement en train de ranger les jouets, tu ne comprenais pas trop. « T’aider? » Tu hausses un sourcil, redressant la tête pour le regarder t’expliquer l’histoire de l’une de ses meilleures amies. Un petit sourire apparait sur tes lèvres, te rendant compte qu’il te demandait de l’aide pour s’occuper d’un enfant, ce qu’il n’avait jamais fait apparemment. « Donc… tu veux que je t’aide à aider ton ami? » Cette phrase était complètement stupide et tu ne pus t’empêcher de rire. C’était toutefois ce que tu en avais compris. « J’accepte le rôle! C’est hyper simple tu verras… enfin avec des jumeaux j’espère qu’elle n’est pas seule, parce que ça ne doit pas être facile à gérer. » Tu essayais de t’imaginer avec deux enfants. Aujourd’hui, c’était différent parce qu’il était pas mal autonome, mais lorsqu’ils sont bébés et totalement dépendant de la personne qui s’en occupe, c’est autre chose.

J’apprends qu’il a une gentille babysitter qui accepte de le garder quand toi tu veux profiter de ta jeunesse. C’est bien que t’aies trouvé des compromis comme ça, c’est tant mieux. Le meilleur des deux mondes, quoi. Et peut-être que tu peux m’aider pour que je puisse m’occuper des bébés de Meghan si besoin est. Je ris légèrement à ta phrase récapitulative. « Oui, c’est ça. » Et je suis content que tu acceptes le fardeau que j’vais prochainement être. Parce que j’y connais vraiment, vraiment rien. J’sais pas à quel âge ça marche, à quel âge ça parle, à quel âge ils font pipi tout seuls. J’en sais rien, de tout ça. « Elle est pas seule et au pire moi je suis là. » Si Sullivan évite de merder à nouveau. « C’est justement pour ça que j’veux pouvoir m’occuper de ses enfants. Si jamais elle a besoin d’aide. Elle est forte, ça devrait aller, mais on sait jamais, tu vois? » Elle l’avait pas prévue en plus, sa grossesse. Ça lui tombait un peu dessus par hasard, à moitié contente, à moitié bouleversée. Sa vie allait changer et moi, j’voulais pas juste être spectateur sans rien pouvoir y faire. « On commencera les leçons un autre jour, tu veux bien? Parce que là, j’ai la tête qui va exploser… » avouais-je finalement en rangeant le dernier jouet qui traînait, m’étirant pour faire craquer mon dos. « Et t’inquiète, j’en parlerai pas. » Pour ton petit frère. Ça restait entre nous.

En tout cas, tu ne t’attendais aucunement à ce que ton ami soit soudainement intéressé par tes qualifications en matière d’élever un enfant. En réalité, comme tu n’en parlais à personne, tu n’avais pas l’habitude qu’on te questionne là-dessus et que tu sois une personne ressource. Tu trouvais cela étonnement touchant d’ailleurs, il avait confiance en toi. Et de ton côté, tu devais avouer que tu l’aimais bien Elliot, tu aurais pu avoir bien pire comme réaction ce matin. « Bien sûr! C’est plus facile qu’on le croit, vraiment, mais seul ça peut devenir beaucoup… » Et tu en savais quelque chose. Tu l’avais vécu, tu y avais consacré beaucoup de temps. Voilà pourquoi tu avais remis le projet université à plus tard et que tu étais plus vieux que la majorité des premières années. Tu ris en l’entendant te dire que sa tête va exploser. Le pauvre, il doit toujours se réveiller dans des conditions parfaites. T’imagine le lit douillet avec la fille qui lui apporte à manger et des cachets. Bref. « Pas de problème, tu pourras toujours m’écrire. » De toute façon, les bébés n’étaient pas nés, alors vous aviez bien le temps pour travailler. Enfin, tu voyais déjà ton ami se pratiquer avec une poupée dans les bras et tu marrais bien. Tu fus rassuré lorsqu’il te dit qu’il n’en parlerait pas. Il t’avait bien cerné. « Merci… » Tu sais que tu ne peux pas faire confiance à tout le monde, mais en lui tu en envies de le faire.