VIZRA ◇ ça fait boum

Le séjour était passé bien trop vite, et ils allaient devoir partir, retourner à leurs vies. En clair, ça voulait dire retourner dans la gueule du loup, surtout avec la discussion qu'elle avait eu la veille avec Ryder. Il lui avait dit qu'il l'aimait, qu'il voulait se mettre avec elle. Sa réponse, il l'aurait à son retour, ce soir. Le week-end avait été bon enfant, deux gamins qui se rappelaient des souvenirs, qui parcouraient les rues qu'ils avaient connus avec une innocence presque touchante. A peine les yeux ouverts, Violet s'était traînée du lit à midi, et Ezra s'était réveillé dans la foulée. Bonjour la belle au bois dormant. On doit filer tu te souviens ? Ils doivent se préparer, vider la chambre et refaire leurs sacs comme s'ils partaient à la guerre et c'était presque le sentiment que cela donnait alors qu'ils bouclaient les derniers détails du voyage. New York est baigné par le soleil et Vee prépare l'élément indispensable : ses lunettes sur le haut du crâne, elle ne fait pas attention lorsqu'Ezra la saisit par le poignet et la bloque entre le mur et lui. Violet soupire : S'il te plaît, ne fait pas ça... Le souvenir de leur baiser lors de leur dernier séjour était resté marqué au fer rouge dans sa mémoire, et c'était certainement pas le moment de craquer une nouvelle fois alors qu'elle était à l'aube d'une nouvelle vie. Ezra restait toujours une partie importante de sa vie, mais là... Il fallait faire un choix, et il avait été fait la veille. Ca ira, je ne vais pas disparaître une fois de retour sur Boston.  Parce que ouais, malgré tout, ils ne disparaîtrait pas de la vie l'un de l'autre. Ils trouvent le chemin de la voiture dans le silence et pour le combler, la brune allume la radio dans l'espoir que la musique suffise à apaiser leurs cœurs lourds ou trop anxieux. Elle se surprend même à fredonner certains airs, ricanant lorsque sa langue fourche ou se trompe de mot dans les paroles. Same old Vee... Et soudain vite, trop vite, le tout est secoué, la boîte de conserve devient un piège et Violet sent son souffle coupé alors que la ceinture de sécurité retient le choc. Elle sent le bord de la ceinture brûler sa peau au niveau de son cou, et elle a le souffle coupé. Sa tête vient taper contre la vitre à sa droite, et soudain, tous les bruits du monde n'existent plus, un long sifflement prend la place. Le contre coup lui fait taper l'arrière du crâne contre son siège, double peine. La douleur se fait ressentir et petit à petit le monde revient à la vie alors qu'elle entend Ezra l'interpeller. Ez... Sous le choc, et sonnée, la brune reste bouche bée face à la vitesse à laquelle tout avait dérapé. Ils sont vivants. Ca aurait pu être pire, mais vu l'état de la voiture ils étaient déjà chanceux de s'en sortir avec un traumatisme crânien et des blessures superficielles, du moins apparemment. La poitrine de la jeune femme se soulève et c'est douloureux à chaque fois. Vee n'a pas les mots, sa tête lui fait mal. Qu'est-ce que...  Elle regarde autour d'elle, comme complètement perdue, sa main vient chercher du réconfort près de l'épaule d'Ezra à qui elle attrape le bras comme pour se raccrocher à une bouée en pleine mer. Tu... ?  Elle voulait lui demander si ça allait, mais les mots ne viennent encore pas. Son esprit se désembrume un peu... L'avion... Elle se fout bien des cours et de tout le reste. Ezra avait un travail et des responsabilités. Et puis elle avait quelque chose qui l'attendait aussi. Au loin, les pompiers arrivent et Vee constate petit à petit que la route est bloquée par leur carambolage. Les pompiers procèdent à l'extraction des deux accidentés, et Vee est contrainte de lâcher Ezra, l'espace d'un instant pour être sortie. Mademoiselle, il faut venir avec nous, intervient l'un de ses sauveurs, mais Violet voit le monde au ralenti, les camions à gauche et à droite formant une prison. Un coup d'oeil à la voiture lui fait savoir qu'elle est désormais inutilisable. Il faut vous éloigner le temps que nous nous assurions que les camions ne contenaient rien de dangereux. Autrement dit : si ça risquait pas d'exploser d'un instant à l'autre. La police arrive également, et Violet sent qu'une couverture de sécurité lui est jetée sur le dos. Un infirmier tente de l'examiner. Votre nom, mademoiselle ? Vous m'entendez ? Violet balaye la scène du regard, mais ne répond à aucune question, perdue. Elle cherche Ezra du regard, mais tombe au final sur ce qui semble être le conducteur du camion en face d'eux. Il n'en faut pas plus pour déclencher les fureurs de l'héritière. Malgré la douleur, elle se lève et laisse tomber la couverture. Espèce de gros con !  Elle entame une marche vengeresse vers le responsable et pour sûr que si personne ne l'arrête, elle allait le tuer. Il serait malheureux de sous estimer la colère de Violet Goldman.

After work

mise en page par mad love« Je ne vais pas t'embrasser Vio... Pas maintenant. » Je lui souris, je caresse sa joue et nous n'avons pas d'autre choix que de nous diriger vers l'aéroport. Toutes les bonnes choses ont une fin, nous devons rentrer et reprendre nos vies jusqu'à ce que nous reprenions un coup de speed et repartions ensemble je ne sais où. Finalement, l'Inde et le Taj Mahal c'est un voyage plutôt amoureux, mais qui a dit que l'île de Paques était romantique ? Je vais peut être embarquer Violet avec moi à la découverte des statuts. « Je sais, mais tu ne seras plus qu'à moi. J'aime bien ça. » Elle et moi, juste nous deux. Ca fait du bien, un bien fou en fait. C'est comme si le temps s'arrêtait. Elle a eu raison, depuis le début elle avait raison : il était nécessaire qu'on se retrouve amicalement parlant avant tout autre chose. Et elle était plutôt douée pour mettre les barrières afin qu'il n'y ait pas autre chose entre nous. Frustration, enfin non, je ne sais pas trop ce que je ressens à ce moment là à part que je n'ai pas envie de rentrer mais qu'il le faut. Les évènements ont l'air d'être d'accord avec moi. Mon manque d'attention déclenche un freinement au dernier moment puis le camion derrière nous le voit trop tard et c'est dans un vacarme sans nom que tout s'immobilise et que je porte mes yeux sur la brune à côté de moi. Elle a l'air d'aller bien malgré le fait qu'elle soit complètement sonnée, tout comme moi, mais je ne le montre pas, je veux la rassurer. « Calme Vio. Calme. » Il ne faut pas paniquer, on va venir nous chercher, les pompiers sont déjà là et la voiture va être désincarcérée. Une fois sortie, je me demande comment on peut ne rien avoir, on a eu de la chance je crois même si la jeune femme doit surement se dire que j'ai fais exprès de louper l'avion... Tant qu'on est en vie c'est l'essentiel non ? Je sais qu'elle va bien à la force qu'elle emploie à me serrer le bras pour s'assurer que je reste avec elle. Mais les pompiers nous emmènent chacun de notre côté et plusieurs minutes s'écoulent sans que je ne la vois. Le verdict est clair pour moi : deux côtes fêlées et une bonne séance d'ostéopathie à programmer pour remettre le thorax en place. Violet a l'air de ne pas avoir plus que moi, en tout cas, si elle a plus elle se remet vite car je l'entends hurler sur le mec qui nous a rentré dedans. Je vire la couverture de survie de mes épaules pour courir dans sa direction, en grimaçant tout de même et la chopper par le bras pour l'enlacer, la bloquer contre moi, la rassurer, la calmer. Faire tout ce que je peux pour me rattraper. « Stop. Stop. C'est de ma faute pas la sienne. » Je la serre un peu plus contre moi, mes cotes sont douloureuses mais je m'en fous. « J'ai freiné au dernier moment parce que j'étais en train d'essayer de trouver un moyen de rater l'avion de manière naturelle. » Au final j'avais réussi mais ce n'était pas trop ce à quoi j'avais pensé. Loin de là même. Je la relâche un peu pour plonger mon regard dans le sien et lui demander : « Calme toi et dis moi que tu vas bien ok ? » Son avion, notre avion, il attendrait demain.