holding on by letting go (sluzy)

Peut-être que notre mariage avait démarré d'un mauvais pied... peut-être qu'on était pas aussi prêt qu'on aurait voulu l'être. Peut-être qu'on est pas fait l'un pour l'autre, ou peut-être qu'on l'est mais pas "comme ça"... Peut-être qu'il y a trop de "peut-être", peut-être qu'on a besoin d'arrêter de réfléchir... tous les deux. Je me sens comme un lourd fardeau, comme si j'étais la boule à son pied... et c'est douloureux. Tout ce que je veux, ce que j'ai toujours voulu, c'est de le rendre heureux... et si pour ça je dois le laisser partir, alors soi. La Suzy qui essaie de le blesser volontairement en disant des bêtises, je ne veux pas la connaître. J'suis encore moi, j'suis encore celle que j'ai toujours été : une fille indépendante, qui connait ses valeurs et ses limites. J'ai une force et une détermination inébranlable et je ne mérite pas qu'on me choisisse à cause d'un bout de papier. Je mérite qu'il me choisisse par amour et rien de moins - s'il me choisi, toutefois. Sloan est l'homme de ma vie, mon âme sœur, j'en suis persuadée. Mais il faut que je lui accorde du temps - du vrai temps seul pour qu'il soit aussi sure que moi. En attendant... je dois rassembler mes forces et me rendre jusqu'à chez lui. J'enfile des fringues très simple : jeans, t-shirt, veste en cuire et talons. Pas de rouge, pas de décolleté, pas de tentation. Je ne vais pas le voir pour coucher avec lui, pour l'attirer dans mes filets comme une sirène, j'suis pas ce genre de fille.

Face à sa porte, je tombe dans la lune en fixant l’œil magique de la porte... puis reprend mes esprits et frappe délicatement. Mes genoux sont mou et j'ai froid, j'ai peur...

Ils avaient beaucoup de choses à se dire et à se dévoiler. Voilà deux semaines qu'ils étaient rentrés du Spring Break et clairement, Sloan était méconnaissable. Il survivait le jour et sombrait dans l'insomnie la nuit. C'était compliqué pour lui de prendre un peu de légèreté, il n'était que dureté et lourdeur. Le sourire avait quitté ses lèvres et même s'il faisait bonne figure devant ses proches, à l'intérieur de lui, il souffrait plus jamais. Sa bipolarité ne le lâchait pas vraiment, il alternait les crises de dépression, souvent la nuit, et se montrait agressif et limite violent avec les gens. Ce samedi, il devait le passer avec Suzy, il était content de pouvoir la voir durant cette journée et pourquoi pas, ce week-end. La brunette n'allait pas tarder à débarquer chez lui et mine de rien, il était légèrement stressé. Lorsqu'elle sonna à la porte, il alla ouvrir avec le sourire aux lèvres et l'envie de prendre une bonne bouffée d'air pur et de soulagement. Mais lorsqu'il ouvrit la porte, il tomba sur une Suzy triste et morose. « Je ... Euh ... » Il connaissait l'air qu'elle prenait mais c'était bien la première fois qu'il la voyait aussi effondrée. Il ouvrit la porte en grand pour la laisser passer. Quelque chose n'allait pas, quelque chose en plus de d'habitude. « Ca va Suzy ? T'es toute pâle ... » se risqua-t-il à lui demander en refermant délicatement la porte derrière elle.

Mon corps tout entier tremble. J'ai les mains moites, les genoux faible et la gorge sèche... Ce n'est que deux signatures sur un papier, rien que ça. Ce mariage ne voulait rien dire à la base, si nous n'étions pas un "nous" pendant tout ce temps, alors l'annuler ne devrait pas être aussi compliqué... mais pourtant si. Et c'est justement parce que c'est difficile qu'il faut que j'le fasse. Je me rattache à ce petit bout de papier, je me rattache à ça pour le garder près de moi et ça c'est égoïste. Je l'aime, Sloan. Je l'aime plus que je m'aime moi-même et Dieu sait que je l'aime plus que n'importe qui ne pourra jamais l'aimer. Le moment est enfin arrivé : Sloan ouvre la porte, tout sourire. Comme si jamais rien ne s'était passé entre nous... comme s'il ne voyait rien venir. Une seconde et j'ai envie de reculer, de mettre les voiles et faire demi-tour. Mon visage devient transparent, je ne me suis jamais senti aussi vide, aussi morte. Il me laisse passer et j'entre sans dire un mot, sans faire un son. Je n'ai pas contacté d'avocat, j'n'ai pas essayé de prendre les devants, j'suis venue avec mon idée dans la tête. Sloan me demande si ça va, parce que je suis apparemment toute blanche... il referme la porte et je me retourne avec une envie brûlante de pleurer. Mes poumons se compressent, j'en ai tellement mal au ventre. Je t'aime, Sloan. Je t'aime tellement que pour toi, j'ai perdu ma virginité, j'ai essayé la weed, j'suis partie sans payer d'un restaurant, j'ai donné mon premier "je t'aime", je sacrifie mon corps pendant 9 mois, je suis prête à subir les vergetures et la prise de poids massive, les nausées et tous les autres symptômes qui vont avec... Je t'aime tellement que je t'ai donné ma main et je serais encore prête à le faire. Je t'aime tellement que j'étais prête à ne jamais avoir d'enfants, prête à avorter à la première grossesse pour ne pas te mettre trop de pression et tu sais, même à la deuxième... Je t'aime tellement qu'entre sauver ta vie ou celle de ma meilleure amie, je n'ai pas hésité. Je t'aime tellement, qu'je néglige parfois ma relation avec Liz et les autres pour passer du temps avec toi. T'es prioritaire pour moi, notre relation est prioritaire. T'es mon monde entier. Je t'aime tellement que, même si je ne sais pas pourquoi tu ne peux pas être fidèle à moi en ce moment, parce que même si clairement on s'aime tous les deux et on est bien quand on est ensemble... j'ai envie de te laisser le temps qu'il te faut pour t'amuser avec d'autres filles si ça veut dire que toi et moi, on va finir nos vies ensemble. Ça me fais chier Sloan, ça me fait mal mais pour toi j'le ferai. Parce que je t'aime, Sloan. Parce que tu m'as changé aussi Sloan... Je retiens mon souffle un instant, pour retenir un hoquet. Puis j'avale ma salive avec difficulté et rouvre la bouche pour reprendre le speech : Tu m'as changé aussi, j'suis plus la Suzy que j'étais il y a 7 mois... Parce que maintenant, je sais comment aimer quelqu'un. Je sais comment t'aimer et je n'aurais jamais su, si tu ne m'aurais pas laissé t'aimer pendant ces 7 derniers mois. Ça y est, les larmes me grimpent aux yeux et je spasme rien qu'en essayant de retenir mes sanglots. Il faut divorcer, Sloan... Je plonge mon regard dans le sien Divorcer et recommencer quand tu seras prêt... à apprendre comment s'aimer trop et s'aimer bien. Toi, moi... et la crevette.

Pour l'avoir côtoyé tous les jours pendant sept mois, Sloan commençait à la connaître. Il savait que Suzy n'allait pas bien, que quelque chose clochait, en plus de la rupture qu'il avait provoqué. Il mit quelques secondes avant de penser au bébé. Elle l'avait perdu, encore une fois. Son propre teint devint livide, il ne pouvait pas croire une telle chose, pas après s'être fait à l'idée qu'il allait devenir père. Certes la situation n'était pas idéale pour avoir un enfant mais il le voulait, il était prêt. « Parles-moi, dis-moi ce qu'il se passe ... » lui demanda-t-il en refermant la porte pour un peu plus d'intimité. Le jeune Bushnell était tellement loin de s'imaginer ce qu'elle allait lui sortir. Suzy ouvrit la bouche et commença à parler, le pétrifiant sur place. Il ne bougea plus et l'écouta, les yeux rivés vers elle. Elle se livra à lui et insista bien sur le fait qu'il pouvait voir d'autres filles. Sloan ne comprenait pas ce qu'il se passait, où elle voulait en venir, alors il la laissa parler et se dévoiler. Les mots étaient durs à entendre pour certains. La brunette était vraiment mal, elle était sur le point de pleurer, elle lui avoua même qu'elle voulait divorcer. La mâchoire de l'ancien Eliot se serra avant de s'approcher d'elle pour la prendre dans ses bras. C'était plus fort que lui, il ne pouvait pas la laisser dans cette situation. « Je .. » Il ne savait pas quoi dire, ni par quoi commencer. Suzy attendait énormément de lui, il devait livrer tout ce qu'il avait sur le coeur, c'était l'occasion où jamais. Il repensa à la discussion qu'il avait eu avec sa meilleure amie, tout le monde lui disait de divorcer, même Suzy. Sloan posa délicatement sa tête contre la sienne et ferma les yeux. « J'ai pas envie de divorcer en fait, tu l'sais très bien. Suzy, il n'a jamais été question de m'amuser avec d'autres filles, j'sais pas pourquoi tu insistes sur ça, je ne t'ai jamais demandé un peu de solitude pour aller baiser tout tinder. » Les mots que la brunette lui avait dit étaient encore bien présents dans son esprit et ouais, il lui en voulait beaucoup. « Mais on va divorcer Suzy, puisque ça a l'air d'être la réponse à tout. J'veux pas te perdre et en divorçant, j'ai l'impression que c'est le cas mais soit. » Suzy lui avait fait une vraie déclaration d'amour mais il avait du mal à lui dire les mêmes choses, il s'en voulait d'être comme ça. Depuis tout le début, tout était de sa faute, bah ouais, faut bien un coupable. Il ne voulait pas divorcer et ce retrouver de nouveau seul. Sloan s'était accroché à ce mariage. De toutes les émotions qu'il pouvait ressentir, là il se sentait juste abandonné. Il préférait être à des millions de kilomètres plutôt qu'ici. S'il suivait son impulsivité, il quitterait Boston pour quelques temps mais il ne pouvait pas. L'ancien Eliot était enchaîné à Harvard et à l'entreprise de Georges. Il la lâcha et avança dans l'appartement, il ne voulait plus la voir pour aujourd'hui, c'était trop pour lui. Sloan aurait presque voulu s'énerver mais non, il était juste triste et abandonné. Puis finalement, sa bipolarité reprit rapidement le dessus sur lui. Il se retourna vers elle et la pointa du doigt. « T'as pas l'droit de faire ça .. de .. de débarquer comme ça en me sortant de jolis mots pour au final demander le divorce. » Fallait pourtant la laisser partir, il le fallait. « Si c'est vraiment ce que tu veux Suzy, va-t-en. » Sloan réagissait comme il le pouvait, il le faisait peut-être super mal mais c'était ça ou rien. Ah tiens, un truc à rajouter à sa longue liste de truc négatif chez lui.

Je vis un cauchemars. C'est forcément ça... je ne suis pas réveillée : je dors. Je dors et je fais le pire des cauchemars qui soit, en m'imaginant me rendre jusqu'à chez lui... pour rompre, pour mettre fin à notre mariage. Sloan veut que je parle, que je lui dise tout maintenant... Son visage est pâle, lui aussi. Il le sait quand ça ne va pas et il sait que quand ça ne va pas... c'est parce que généralement, j'ai une très bonne raison de ne pas bien aller. Je ne me plains généralement pas pour des conneries, je ne m'inquiète généralement pas pour des bêtises... Je me lance, alors. Tranquillement... mes mots forment une véritable déclaration d'amour, une véritable lettre d'amour. Il est toute ma vie, Sloan. Il est la seule personne qui m'importe vraiment... la seule personne à qui je veux confier tous mes secrets, même les plus sombres. Il est pas juste le père de mon enfant, pas juste mon mari mais aussi mon meilleur ami et aujourd'hui, je risque tout, en lui rendant sa liberté d'expression. Je fini de parler et fait tout de suite face à un grand silence... Sloan serre la mâchoire et s'approche de moi pour me serrer dans ses bras. Trop faible pour réagir, je reste figée et je me concentre sur ma respiration pour m'éviter une crise d'angoisse majeure. Les larmes ne s'empêchent pas de sauter la barrière de mes paupières et je ferme les yeux, à bout de tout. Sloan n'avait pas envie de divorcer. Il pose sa tête sur la mienne et m'avoue qu'il n'a jamais été question d'aller voir d'autres filles... Mon cœur bat vite mais ma tête est confuse. Lorsqu'il continue sur sa lancée et me dit qu'ça semble être la réponse à tout, qu'il a l'impression qu'avec ce divorce il va me perdre... Je perds mes moyens. Il se détache, me tourne le dos. Je cherche mon air, je fronce les sourcils en le regardant. Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi est-ce que... j'le sens triste ? Irrité même, comme si je venais de baisser les bras sur nous deux alors que c'est tout le contraire. Lorsque je m'apprête à le contredire, il se retourne et me pointe du doigt, me jetant à la tronche que je n'avais pas le droit de faire ça. De partir si c'est vraiment ce que je voulais...

Mais c'est pas ce que je voulais. Il n'a pas le droit de faire ça, il n'a pas le droit de me rendre aussi... confuse. Tout était tellement clair pour moi, depuis le mois de Septembre, tout est tellement clair : Sloan est celui que j'aime, il est celui avec qui j'ai envie de vaincre les mauvaises journées, celui avec qui j'ai envie de m'endormir le soir et me réveiller le matin. Je m'en fous qu'il finisse plombier ou caissier chez McDo, ou PDG d'une entreprise multimilliardaire. J'm'en fous complètement. Qu'il fasse de la boxe, qu'il vend des oranges sur le bord des autoroutes ou qu'il conduit des taxis, ça n'a aucune importance pour moi... Au final, c'est lui que j'aime, pas ses ambitions. J'aime le Sloan toujours inquiet, toujours incertain, toujours instable. Je l'aime pour ce qu'il est, pour ce qu'il veut devenir et pour ce qu'il pourrait être. Je l'aime sous toutes ses formes, je l'aime dans toutes ses phases maniaco-dépressives et bien évidemment, je l'aime dans ses moments de lucidité.

Je suis folle amoureuse de l'homme qui se trouve devant moi... Comment est-ce que j'suis censée lui demander le divorce et lui tourner le dos, quand il pense que c'est c'que j'veux et que je l'abandonne ? Comment ?

J'reste là, j'bouge pas, j'le regarde. J'ai mal au cœur et surtout, j'ai mal à l'amour. Qu'est-ce que je dois faire... qu'est-ce que je dois faire, maintenant que je suis tout aussi confuse que lui ? Je veux le laisser partir pour le laisser mieux revenir, mais je ne veux pas partir si c'n'est pas ce qu'il a de besoin... Je ne sais pas quoi faire. Pourquoi est-ce que les humains ne sont pas venus avec un manuel d'instruction ? C'est tellement compliqué, les sentiments. T'es ma famille Sloan Ma gorge se resserre, ma voix craque. Il est ma famille, tout simplement. Je n'ai pas besoin d'un papier pour le savoir, j'ai pas besoin d'une bague pour me le rappeler à tous les jours... J'ai pas besoin de notre bébé non-plus pour prouver qu'on est lié, parce qu'enceinte ou non, t'es ma famille Sloan. Tu seras toujours ma famille. Divorce ou pas divorce, lui et moi sommes liés à jamais... Je baisse la tête et rattrape une de mes larmes avec le revers de ma main. Si tu ne veux pas divorcer... ne divorçons pas Sloan. Ne divorçons pas... Je ne veux pas divorcer non-plus. J'insiste bien sur "veux pas" parce que c'est comme que je dis : Je ne veux pas divorcer. C'que je veux, Sloan ? C'est toi. 100% toi. Le toi qui a ses hauts et qui a ses bas. Traitement, pas traitement, boxe, sans boxe. New york, Boston, France, Bahamas... J'm'en fous où et comment et quand, mais j'te veux toi ! J'te veux toi, personne d'autre. Et par personne d'autre... j'entends bien aucun autre homme. Aucune autre femme entre nous, aussi. Toi et moi, dans notre bulle, dans notre monde. Je te demande pas d'être riche, j'te demande pas de sourire à tous les jours, te demande pas d'être collé à moi 24h sur 24... J'te demande rien Sloan, tu peux être libre d'être qui tu veux avec moi... Moi j'te veux toi. Sloan Bushnell. J'te veux toi... pour le meilleur et pour le pire, j'suis sérieuse, Sloan. J'ai jamais été aussi sérieuse de toute ma vie ! J'avale difficilement ma salive et serre les poings en le regardant. Est-ce que tu me veux moi, toi aussi ?

Sloan avait les émotions coincées en lui, il ne savait pas comment les faire sortir, ni comment réagir face à la bombe que Suzy venait de lui lancer. Divorcer était une bonne idée en soit, c'était une façon de repartir de bonnes bases. Sa meilleure amie lui avait dit les choses, elle lui avait expliqué en quoi il devrait divorcer de sa femme. Mais l'admettre aujourd'hui, après toutes les belles paroles qu'elle eut pour lui, était vraiment compliqué. Le jeune Bushnell se sentait trahis et abandonné, une fois de plus. Sa vie n'était qu'une succession de mauvais choix et, même si refuser le divorce en était surement un, il ne pouvait pas faire autrement. A chaud, il ne voulait pas mettre fin à son mariage parce que, fatalement, il avait l'impression de mettre fin à sa relation avec Suzy. Alors, en grand impulsif qu'il était, il la pointa du doigt pour l'accabler. La brunette n'avait pas le droit de lui faire une telle déclaration d'amour et à la fin, lui demander de tout arrêter. Sloan n'arrivait pas à réfléchir et à positiver, il voyait que le mauvais côté de la situation. Sa respiration s'était accéléré, il avait cette putain d'impression qu'elle lui échappait et qu'il la perdait, malgré les mots qu'elle venait d'avoir. Ce papier, il ne le signerait pas, il n'en avait pas envie. C'étai trop brutal, c'était trop tôt. Il avait besoin de temps et elle lui avait laissé quoi, deux semaines, pas plus. Suzy reprit rapidement la parole, ne lui laissant pas vraiment le temps de s'emballer encore plus. « Si j'suis ta famille, pourquoi tu veux divorcer ? Pourquoi ? Tu ne crois plus en nous c'est ça, c'est juste du temps que je t'ai demandé, rien de plus. J'comprends pas. » Ses mains s’engouffrèrent dans ses cheveux, il était stressé et perdait tous ses moyens. Sloan paniquait malgré lui. Sa femme pleurait mais il gardait ses distances parce qu'il avait peur de ses propres réactions. Suzy se lança dans un autre discours d'amour, une autre déclaration qui se voulait nettement plus rassurante que la première. Elle était sérieuse. « Mais ? » Parce que tout à l'heure, il y avait eu un mais. L'ancien Eliot attendait son mais sauf qu'il n'arriva pas. A la place, elle lui demanda simplement ce qu'il voulait, s'il la voulait elle. Le jeune homme semblait s'être calmé à travers les mots de sa femme, il paraissait déjà moins menaçant et stressé qu'il y a dix secondes. Dans le plus grand des silences, il tendit sa main vers elle et attendit que Suzy ne la saisisse et s'approche d'elle. Lorsqu'elle déposa sa main fébrile dans celle de son mari, il attrapa sa deuxième et la regarda dans les yeux. « Je ne mérite pas une fille comme toi Suzy, je ne l'ai jamais mérité. J'suis pas un bon copain et encore moins un bon mari mais une chose est sure c'est que je t'aime aussi, je n'ai jamais cessé de t'aimer. J'espérais trouver les réponses à mes questions en m'éloignant de toi mais tout ce que j'ai réussi à faire c'est de te rendre malheureuse. Alors oui, je te veux, je t'ai toujours voulu. J'aurais préféré t'avoir dans de meilleures conditions mais l'important est qu'on reste ensemble et qu'on soit soudé .. sinon on n'arrivera à rien. Je ne veux pas divorcer .. en plus tous nos proches sont au courant de notre mariage clandestin. » Un faible rire s'échappa de ses lèvres avant de reprendre son sérieux. « Donnes-moi une deuxième chance Suzy, donnes-moi l'espoir et les réponses que je cherche. Faisons-le ensemble ... »

Divorcer semblait être la réponse de tout le monde, quand on y pense. Arizona a vu le bateau Sluzy couler à des kilomètres sans daigner nous prévenir ou essayer de nous aider, sa meilleure amie lui conseillait de demander le divorce, Liz pense que c'est aussi une bonne idée de tout arrêter pour mieux repartir à 0... Avec CS dans tout ça qui nous considère comme un couple "lourd", c'est facile de croire qu'personne n'est d'accord avec nos sentiments l'un pour l'autre. Personne ne nous supporte, comme si nous étions Roméo et Juliette des temps modernes. Sloan me pointe du doigt, m'accuse de lui avoir fait des faux espoirs en quelque sorte avec mes belles paroles... Et me demande de partir, si c'est c'que j'veux. "Si c'est c'que j'veux". Putain, c'est pas c'que j'veux ! Il ne comprend rien depuis le début, moi non-plus en fait. On a mis un paquet de mots dans un bol et on a pigé les phrases au hasard, c'est pas possible d'être aussi incohérent autrement ! Le voir comme ça me brise le cœur et c'est tellement, tellement loin d'être c'que j'veux. J'ai jamais voulu être celle qui lui fait du mal comme ça, je n'ai jamais voulu me mettre à travers notre route. J'suis pas l'obstacle, j'suis son co-pilote dans la vie et c'est horrible pour moi de le laisser croire l'inverse. Il est ma famille putain ! C'est plus rien qu'une histoire d'amour, c'est devenu... plus grand que nous. Je ne sais même pas comment le mettre en mots, c'est indescriptible. Il y a un lien qui nous lie et qui est impossible à détruire ou même ignorer. Sloan pense que je ne crois plus en nous, mais c'est tellement pas le cas. Non ! Je crois en nous ! J'ai mal. Du temps... oui du temps, je veux t'en donner, mais du temps pour douter de moi ? de nous ? de nos sentiments ? Quand nous sommes ensemble, tout est tellement parfait. La passion brûle entre nous comme au premier jour et on arrive à rire ensemble comme si rien ne nous est jamais arrivé. Quand je suis avec lui, j'oublie les problèmes que j'ai avec lui - c'est fou. Je me lance dans une autre déclaration, parce que je ne compte pas partir comme ça. Partir maintenant ressemblerait trop à un abandon et c'est tellement tout le contraire de c'que j'fais ou veux faire ! J'n'abandonne pas, au contraire, j'suis Pro-Sloan Bushnell depuis le tout début... Je l'encourage dans chaque décision qu'il prend, si ça veut dire qu'en fin de journée, il est un peu plus heureux qu'à son réveil. Sloan attend le "mais" mais... mais rien, en fait. J'suis sérieuse, plus sérieuse que jamais. Depuis la rupture, je l'écoute parler, j'essaie d'agir en fonction de ce que je pense qu'il veut que je fasse, mais je ne dis pas vraiment c'que moi je veux parce que j'ai peur de l'étouffer. Je me montre très présente pour lui mais c'est normal qu'il soit confus, parce que parfois "être présente pour lui" signifie que je dois prendre du recul pour le laisser respirer et prendre ses propres décisions... et parfois, au contraire, je laisse mes émotions parler pour moi et j'invente des mensonges.

Pas de mais, donc. Je lui demande s'il me veut aussi... comme je suis, à 100%. Parfois trop insistante, parfois trop indépendante, parfois trop impliquée émotionnellement. S'il m'accepte comme je suis : Amoureuse de lui, rien que de lui. Malgré ses défauts. Parce que vraiment, c'est fatiguant d'avoir à se battre avec son mari sur le pourquoi du comment je l'aime et pourquoi je n'ai pas envie d'aller voir ailleurs. Il devrait se laisser border par mon amour et arrêter de se poser des questions. Enfin... il peut s'en poser sur tout ce qu'il veut, mais pas sur moi, c'est hors de question ! Le visage de Sloan se déplisse, j'ai l'impression qu'avec quelques mots j'ai réussi à soulager ses maux. Il me tend la main et je baisse les yeux pour la regarder. Sans rien ajouter, je tend ma main à mon tour pour la saisir... puis lui laisse ma deuxième main, aussi.

Puis il ouvre la bouche. Il ne me mérite pas, il ne m'a jamais mérité... C'est reparti, je pleure, je m'attends au pire. J'ai plus envie d'entendre ces mots-là, mon cœur ne peut plus le prendre ! Je l'écoute encore mais rien que d'une oreille, la moitié de mon esprit est ailleurs... Surement pour m'éviter plus de mal que j'en ai déjà. Sauf que son discours se transforme en quelque chose de plus positif, l'expression sur mon visage se transforme aussi. Je passe de la tristesse à l'incompréhension. Je ne me suis jamais autant senti aussi... instable. Comme si la bipolarité de Sloan était contagieuse, en fait. Je n'ai jamais autant pu comprendre que là, tout de suite. Il ne veut pas divorcer... même si je lui offre sur un plateau d'or, il ne veut pas divorcer. Et en plus de ne pas vouloir divorcer... il veut être avec moi, qu'on reste soudé. Une deuxième chance. J'expire tout l'air de mes poumons en alternant mon regard entre ses deux yeux. Finalement, l'information se rend à mon cerveau et un sourire s'affiche au coin de mes lèvres. ... T'es sure que c'est c'que tu veux ? Je passe ma langue entre mes lèvres et serre un peu plus ses mains dans les miennes. Puis, j'hoche la tête. Parce que si c'est vraiment c'que tu veux... Je me rapproche de lui et pose mon front contre son épaule. J'te quitterais plus jamais.

Les deux mains de Suzy entre les siennes, Sloan voulait que ça se passe bien. Il voulait arrêter de réfléchir, arrêter de faire passer les mauvaises émotions en premières mais surtout, arrêter d'agir dans le dernier des abrutis. S'il ne voulait pas du traitement, c'était pour continuer à ressentir les choses, telles qu'elles venaient, le plus intensivement possible. Et en cet instant, c'était tellement indescriptible ce qui pouvait se passer en lui. De la mélancolie, de la tristesse, du regret, de la colère mais aussi de l'amour, beaucoup d'amour. Il ressentait tellement d'émotions parfois même contradictoires entre elles. on coeur battait vite, il avait énormément de mal à soutenir le regard de sa femme qui pleurait à cause de lui. Le jeune Bushnell serra également ses mains en la voyant réceptive à ce qu'il venait de dire. Il la laissa s'approcher de lui et baissa enfin le regard, relâchant une certaine pression qui planait sur lui. « Oui c'est ce que je veux Suzy mais j'veux surtout qu'on fasse les choses bien, pas de précipitation. » Il soupira bruyamment, un poids se libérait de son esprit, un poids non négligeable. « J'vais quitter cet appartement, je vais m'en prendre un, un peu plus grand que celui-là. On va le choisir ensemble et on fera comme au début, quand tu venais m'voir à l'hôtel, ça te dit ? Pas de pression, tu viendras quand tu en auras envie, tu auras un double des clés bien évidemment. Faut qu'on apprenne à s'aimer trop et s'aimer bien. » Sloan ne voulait pas répéter les mêmes erreurs que dans le passé, il voulait qu'ils apprennent à s'aimer et qu'ils laissent le temps au temps. « Un appart avec plusieurs chambre, ça t'va ? J'ai jamais été maison de toute façon. » Il rigola légèrement, tout en enroulant ses bras autour d'elle. Suzy était son soutien le plus complet dans ce monde ingrat. « Qu'est ce que tu en dis ? Tu m'suis ? »

Est-ce qu'il est sure que c'est ce qu'il veut ? Il a besoin de temps pour réfléchir ces derniers temps, sur tout et sur rien... Est-ce qu'il prenait encore une décision impulsivement, là ? Je ne voudrais pas me faire de faux espoirs inutilement, s'il rompt encore avec moi dans une semaine ou deux... Mais le jeune homme confirme que c'est bel et bien ce qu'il veut, mais qu'il veut que tout se fasse sans précipitation et que tout se fasse bien. Je relève la tête pour croiser son regard et écoute attentivement ses idées, avec le cœur qui s'emballe. Sloan est indécis depuis trois semaines et vachement difficile à suivre... mais pour la première fois en trois semaine, j'ai réellement l'impression que ma patience est récompensée. Qu'on va quelque part, ensemble. Il me dit qu'il va quitter cet appart et s'en prendre un nouveau, avec plusieurs chambres. Il me demande de ne pas habiter avec lui tout de suite, mais de lui rendre visite et d'avoir un double de clé comme on avait déjà parlé... Je lui souris lorsqu'il reprend mes mots, ceux que j'ai dis plus tôt en essayant de lui demander le divorce. Je ris un peu lorsqu'il me dit ne pas avoir trop aimé être en maison de toute façon et hoche la tête à sa question. Ça m'va parfaitement. C'est parfait même. J'ai, moi aussi, vraiment besoin qu'on se retrouve comme un tout nouveau couple... J'ai besoin de ressentir les papillons, de gribouiller son nom sur tous les bouts de papiers que j'trouve et de faire des petits cœurs à côté... J'ai envie de redevenir adolescente avec lui, j'en ai besoin, de cette simplicité. Sloan enroule ses bras autour de moi et me demande si son plan fonctionne pour moi, si je le suis. J'hoche la tête, en reniflant le reste de mes larmes. C'est parfait, Sloan... C'est parfait... Merci... J'enfouis mon visage dans son cou et prend une grande inspiration, tout en le serrant très fort contre ma petite personne. Du coup je peux quand même rester en appartement avec Louison pour un moment... ? On parlait de faire une grande colocation... Ou est-ce que tu préfères que je sois toute seule aussi ? Je ne sais plus trop où ça en est, Louison et lui. Je sais que dans les derniers temps, Sloan refusait de passer à l'appartement tant que ma meilleure était présente... Si on est pour vivre séparément pendant un moment, ce serait bien qu'il se sente à l'aise de passer chez moi aussi et surtout, qu'il soit à l'aise avec le fait que j'ai une ou des colocs. Bref, je lui demande son avis, parce qu'encore une fois... Je ne veux pas faire quelque chose qui serait susceptible de le décevoir ou de le rendre nerveux. Louison a été d'une très grande aide, dernièrement... Je pense vraiment que tu pourrais bien t'entendre avec qui elle est devenue. Elle a... enfin pas qu'elle a changée, mais elle a beaucoup appris de ses erreurs. S'il préfère que je sois en appartement toute seule, ça ne me dérange pas. Mais je ne pourrais pas me séparer de ma relation avec Louison, ça je ne peux pas, je ne peux plus. Je me met à rire doucement en réalisant que je l'enterrais de questions. Pardon, j't'en demande trop tout d'un coup... Répond pas, répond plus tard, prend le temps de réfléchir Je ris encore avant de me mettre sur la pointe des pieds, pour l'embrasser. Piou... pour la première fois depuis trop longtemps maintenant, je respire. Je respire vraiment.

L'amour entre ces deux-là dépassait l'entendement mais c'était vraiment compliqué pour eux de s'apprivoiser et de vivre avec. Sloan avait énormément de mal à ne pas vriller et elle, à le supporter. Il était à l'origine des problèmes dans leur couple et en était parfaitement conscient. Le jeune Bushnell restait un homme difficile à cerner et indomptable. Il avait une personnalité unique en son genre et une impulsivité qui dépassait l'entendement. Il demanda alors à Suzy si elle était prête à le suivre et à fonctionner dans son sens. Sloan avait juste besoin de temps pour espérer bien faire les choses et se retrouver. Il ne voulait surtout pas du divorce et, dans tous les cas, il ne signerait pas le putain de bout de papier. Pas maintenant. Pas alors que tous les espoirs n'étaient pas perdus. « Alors on fait comme ça Suzy, ça me va parfaitement aussi. » Il déposa un chaste baiser sur son crâne et la serra un peu plus dans ses bras. Le moment était tendre, la pression se relâchait un peu entre eux. Rapidement, la brunette lui demanda si elle pouvait rester en colocation avec Louison ou si elle devait se prendre un appartement toute seule aussi. Sloan ouvrit la bouche pour répondre mais elle continua sur sa lancée. Il fronça les sourcils en entendant ce qu'elle avait à lui dire et lorsqu'elle eut terminé de se dévoiler légèrement, il laissa un faible silence s'installer. Il se recula un peu pour la regarder. « Heu .. honnêtement, tu sais que je ne porte pas ta copine dans mon coeur mais si tu veux rester avec elle, tu peux. Fais comme bon te semble Suzy. Je l'ai sms l'autre coup pour m'excuser mais ça n'a pas vraiment eu l'effet escompté. J'sais pas ce que je lui ai fait à celle-là mais elle m'aime pas du tout. C'est réciproque en même temps .. Moi, tant qu'elle ne te fais pas souffrir avec ses délires chelous, ça ne me dérange pas. Maintenant, il est clair que j'vais pas aller beaucoup à votre appart, que vous soyez deux ou trente, j'suis pas trop sociable tu l'sais. Mais bon. Te retrouve pas dans une colocation avec que des mecs, c'est tout ce que je te demande. » Parce que là, il n'aura pas l'esprit tranquille de savoir qu'un ou plusieurs mecs dorment pas loin d'elle. Non, en fait, il ne voulait pas du tout. Louison ok, mais pas avec des mecs. L'ancien Eliot était jaloux, ça, ça n'avait pas vraiment changé.