pigs beach (ellimen)

Je rêve. Je rêve de pleins de trucs agréables. Un bon burger, une glace à la vanille, mes mains sur de belles courbes féminines, le bruit des vagues qui s’échouent sur le sable, le soleil qui tape sur ma peau… Sauf qu’à force de taper, ça chauffe. Ça comment même à brûler en fait. Et ça devient un peu désagréable. Mais ce qui est encore plus désagréable, c’est cette voix stridente qui hurle mon prénom. Putain, même dans mes rêves on essaye de me réveiller? Laissez-moi dormir en paix bordel ! Mais non, on me secoue. Et c’est des secousses trop fortes pour que ça ne soit que dans mon rêve. Non, j’ai bel et bien tes mains sur mes épaules à me casser les couilles au lieu de me foutre la paix. Qu’est-ce qui te prend? Je grogne comme un animal qui montre les crocs et cherche à faire fuir son prédateur, mais ça ne fonctionne pas. Non, t’es putain de déterminé à me tirer de mes rêveries. Alors je râle en ouvrant difficilement les yeux. Le soleil et les vagues, c’était pas un rêve. J’ai chopé un vilain coup de soleil sur le torse — normal si j’ai passé la matinée à dormir sur le dos — et les vagues s’échouent sur le sable et mouillent mes pieds. « Tu veux bien arrêter de HURLER! » dis-je en hurlant mon dernier mot moi aussi. Totalement contradictoire puisque j’me donne encore plus mal au crâne. La lumière du jour me crame les iris en plus. « Arrête de me secouer putain j’suis réveillé! » Ou pas. C’est en voyant les dizaines de cochons qui nous entourent que je commence à émerger. Et c’est surtout en voyant que j’suis fringué comme une escort cheap que mon cerveau est complètement actif. « What the fuck? » J’avoue que je pige pas là. Mais te voir fringué à la même sauce que moi, ça me fait marrer. C'est encore plus drôle sur les autres en fait. Et j’ris de plus belle en te voyant paniquer. Ok, tu m’as donné un fou rire.

Franchement, tu pouvais arrête de gueuler deux secondes? Avoir un peu d’empathie et de compassion pour mon pauvre crâne qui était en train de me détester et de me martyriser? Non? Apparemment non. Alors je grognais, me redressant un peu pour voir pourquoi t’étais dans tous tes états. Quels cochons? Et c’est en entendant un autre grognement dans mon dos que je me retournais pour voir… ouais, des dizaines de cochons qui nous entouraient. Oh putain. Et double putain quand je vois comment on est fringués. Au final, j’éclate de rire. « T’es belle, bébé. » dis-je en t’offrant un petit clin d’oeil, désignant ton accoutrement d’un hochement de tête. Roh allez fais pas cette tête ! Rigole un peu, y’a pas mort d’homme. Alors quand tu te détends enfin, que tu m’offres enfin un sourire, ça ne fait qu’augmenter mes éclats de rire. Et c’est contagieux apparement. Alors on reste là, au milieu des cochons, en soutien-gorge et en string, en train de rire comme deux idiots. « Nan tu crois? » dis-je en me calmant quelque peu, reprenant finalement mon sérieux. « T’as des souvenirs de la soirée? Ou du la nuit? » Ou n’importe quoi en fait?

On finit par se marrer au lieu de s’engueuler et de paniquer. Parce que bon, faut avouer que la situation est plutôt cocasse. On vient de se réveiller au beau milieu d’une plage, la gueule dans le sable, les pieds dans l’eau, vêtus de soutien-gorges et de strings, avec des tas de cochons dont certains pour nous renifler les fesses. Comment ne pouvait-on pas en rire? « Qui sait, ça se trouve c’est toi qui nous a fringué comme ça, t’as craqué pour moi et tu m’as entrainé dans un jeu de rôle sordide! » que je réplique, dans un haussement de sourcils suggestif. Peu probable. Du moins, je l’espérais. Pour notre dignité, surtout… Sinon, tu te souvenais de quelque chose? Parce que moi, à part les shots de tequila paf, c’était le trou noir. « Une danse sexy sur le bar? Moi? T’es sérieux? Non mais… » J’avoue que c’était probable, si j’avais pas mal bu. Oh putain. J’espérais qu’aucune vidéo ne sortirait sur les réseaux sociaux. Et quand tu suggérais de fouiller nos poches, je fis claquer ma langue contre mon palais. « Allo Einstein. On n’a pas de poches. On est à poil. » Ou presque. Je me redressais pour m’asseoir dans le sable non sans une grimace de douleur à cause de mes plaies aux abdos, acquises à cause de coups de couteau avant le Spring Break. « Putain, elles ont baigné dans le sable pendant je sais pas combien de temps… J’espère que ça va pas s’infecter. » Et un cochon trop mignon - bon, tout est relatif - vint grogner contre moi en se laissant tomber à mes côtés, le ventre vers le ciel. Je viens donc lui offrir une gentille caresse. « Merci de ton réconfort mon gars. » que je lui dis, comme s’il me comprenait. « Dis, ça mord ces trucs là? » Qu’est-ce que j’savais des cochons moi? J’étais en train de le caresser comme je caressais mon chat à la maison quoi.

Non, j’espérais bien qu’on ait pas fini en partie de jambes en l’air costumée. Quoique, me connaissant, c’était fort possible, mais pas avec toi quand même, si? Bon, au pire, on s’en souvenait pas. Tant mieux, dans un sens. Pas sûr qu’on aurait aimé conserver ces potentielles images. « Mais ouais, c’est une bonne idée ça! » Retrouver nos téléphones — y’aurait sûrement des photos voire des vidéos dans nos pellicules qui nous montreraient ce qu’on a fait de notre soirée visiblement bien trop arrosée. D’ailleurs, il est où, mon téléphone? Et le reste de mes affaires? Tu te poses la même question alors que je remarque avec une grimace de dégoût que mes plaies ont baigné dans le sable pendant plusieurs heures. Putain, j’espère ne pas aller à l’hosto. « J’vais pas crever, détends-toi. J’te manquerais trop. » que je réplique dans un petit clin d’oeil complice. Et puis, un cochon vient me montrer son affection, chose que je lui rends bien en lui caressant son ventre bien rond alors qu’il roule sur le dos. Ouais, y’en a au moins un qui est heureux ici. La belle vie pour cette petite bête. Qui ne rêverait pas que je le caresse? Okaaay, on arrête ici les pensées encore un peu alcoolisées. J’suis bien trop absorbé par mon nouvel ami pour remarquer que tu te lèves et te mets en mode Robinson Crusoe pour retrouver nos affaires. J’entends ta voix un peu plus loin qui me questionne sur mon téléphone. « Si c’est un iPhone blanc avec une plage trop belle en fond d’écran, si, c’est le mien. » Une belle photo de ma terre natale, l’Australie, pour m’amener un peu de soleil dans le temps gris de Boston. Je me tourne finalement vers toi, sans pour autant arrêter de caresser mon pote le cochon qui kiffe sa vie présentement. « T’as trouvé quelque chose? » Et puis, soudainement, j'me rappelle que t'es le prince de Norvège. « Eh mec ça se trouve tout le pays est à ta recherche! » Elliot Maxwell, ou l'art de se faire des films.

Franchement, on avait l’air d’être dans un mauvais remake de Very Bad Trip. Mais moi, j’me marrais. Allez quoi, c’était drôle. On était sur une plage avec des cochons. Y’avait pire comme scénario de lendemain de soirée. Et j’étais content quand même d’être avec toi dans cette situation, parce qu’on était de bons potes et que j’savais que je finissais toujours par passer un bon moment avec toi, à déconner un peu. Tu testes mes réflexes en me lançant mon téléphone et je le rattrape avec brillo — même si bon, il a trainé dans le sable donc j’espère qu’il fonctionne encore. Miracle, c’est le cas. Je le déverrouille en hochant légèrement la tête, toujours une main sur mon cochon d’amour. T’façon, t’es le prince de Norvège, non? Ta famille doit être à ta recherche, sans nouvelles de toi. Enfin, j’sais pas trop comment ça marche, ces trucs de royauté. Je ris à ta remarque. « Faut voir. J’suis pas contre faire la une des magazines à ton bras. Et si j’peux être prince, encore mieux. » Bah quoi? T’étais un sacré beau gosse, j’avais jamais caché que j’étais pas contre la virilité masculine même si je préférais les courbes féminines. Être prince par contre, pas sûr d’apprécier. Les responsabilités, les règles à suivre… C’était pas pour moi. « Arrête, toi qui adore faire chier tes parents, ça serait un super plan. » J’hausse un sourcil en te regardant, suggérant réellement l’idée. Moi, j’étais toujours partant pour emmerder les paternels, que ce soit les miens ou ceux des autres. « Continue à m’appeler comme ça, je kiffe. » Je t’envoyais un baiser dans les airs avant de replonger mon nez dans ma pellicule d’iPhone. Et j’commençais à rire. « On a beaucoup de photos avec des filles… Et elles sont pas très habillées. J’sais pas, ça ressemble à un club de strip. » répliquais-je, le sourire en coin, en te montrant l’écran de mon téléphone pour que tu vois les quelques photos de toi-même. Ça m’étonnerait pas de nous, en fait.