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BASILE & DINA.
Je grince des dents, au milieu de tout ce monde, de tout ceux qui font semblants de savourer leur moment pour supporter leur routine, au milieu de ceux qui le savourent pour de vrai, pour de bon, en face d’un amour qui vient d’éclore. Un amour trop sain pour exister, un amour idyllique dans lequel ils se complaisent, s’accrochent en pensant que cette fois c’est le bon, c’est la bonne pour au final se rendre compte que tout ça ne valait rien. Qu’un jour, ils repenseront à ce restau, à ce moment et ils se diront à quel points ils ont étaient bêtes d’y croire. Et ils se rappelleront de nous, autour de cette table, nos regards blindés de non dits, de haine, de rage, de rancoeur et de sentiments trop vrais, ceux qui pèsent lourds et qui sont pas faciles à apprivoiser. Ils se rappelleront de nous et ils prieront secrètement, au fond d’eux, de pouvoir un jour nous ressembler. Ils se souviendront des regards fais de critiques qu’ils auront posés sur nous, sans savoir qu’ils avaient tous torts. Qu’on avait raison. Qu’on a toujours raison quand il s’agit de nous. Je te regarde encore un peu, une dernière fois dans les yeux et les lèvres pincées sous la colère. - J’étais même plus moi ! Que j’essaye de caler entre tes mots avant d’abandonner la guerre. D’abandonner l’amour en face de moi pour rejoindre les toilettes. Je voyais flou, je pousse la porte dans mon élan, le souffle rapide et le visage qui se déforme dans la tristesse. Je tourne en rond, je laisse ma tête retomber en arrière pour respirer mieux. Pour respirer tout court parce que je m’intoxique, je manque d’air depuis que je suis ici. Avec toi. Et je laisse couler quelques larmes, me tourne vers un lavabo et ouvre un robinet pour laisser couler l’eau dans le vide. Dans le vent. Je ne me regarde même pas dans le miroir d’en face, j’ai peur de mon propre reflet depuis que tu m’as changé. J’ai peur de ne plus me reconnaître, j’ai peur de briser encore un peu plus. Alors j’ai la tête baissée, je ferme fort les yeux en pensant bêtement que quand je les ouvrirais à nouveau, tout aura disparu. La peine, les maux, l’Enfer, Iris. Tout. Je pensais qu’en les ouvrants à nouveau, tout irait mieux, que je redeviendrais moi. Mais non, c’est ta voix qui brise le silence, c’est encore toi qui débarque comme un ouragan quand j’ai besoin d’un peu de répit. T’attrapes mon poignet, je serre le poing prête à me débattre mais tout va trop vite, ton emprise est trop forte et tes mots trop vifs. Trop violents que tes doigts sur mon poignet n’existent même plus. Je les sens à peine. On tape à la porte, ils crient des paroles trop lointaines pour que je les comprennes. Moi, tout ce que je vois c’est tes yeux, tout ce que j’entends c’est ta voix et maintenant ton souffle saccadé. - J’étais à toi Basile.. Avant l’hôtel, avant l’accident, avant cette fois chez toi.. Je m’arrête un instant, le regard vide, la voix qui n’arrive plus à se lever, mes muscles qui se relâchent quand je suis en train de tout abandonner. De lâcher prise, de te lâcher toi. - J’étais à toi, moi. T’aurais dû être à moi bien avant ce restau, avant l’hôtel, avant l’accident, avant cette fois chez toi.. Je murmure, prononçant machinalement les mots. J’ai plus de force pour nous, pour toi. J’ai plus de force pour te laisser paraître que je suis forte quand tout en moi est faible, fragile, quand tout se casse la gueule. - Mais tu l’étais pas, à moi. Alors non Basile.. Ma bouche saigne, mon cœur saigne encore plus. - Je suis plus capable de l’assumer. Parce que je l’étais, même en oubliant, même avant ça encore. C’était toi que je voulais, ça a toujours été toi que je voulais. Mais je t’ai pas suffit, je te suffirais jamais Basile. Alors, ouvre la porte maintenant.
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