APPLE&TORREY ∆ oh, you.

J’étais de retour à Cambridge depuis à peine une semaine lorsque j’ai enfin eu droit à des nouvelles de ma meilleure amie Apple. Elle avait accouché ce qui, selon moi, n’était pas normal du tout. Elle l’avait eu prématurément cet enfant et quelque chose ne devait pas tourner rond. Je m’informai donc le plus rapidement possible à savoir où je pouvais la voir et découvrit qu’elle était à l’hôpital. Ma petite Cora chérie était toujours à la pouponnière, incapable de vivre par ses propres moyens parce qu’elle était trop petite et j’imaginais déjà l’état dans lequel Apple devait se trouver. Posant une main sur mon ventre en regardant le grand immeuble qu’était l’hôpital de Cambridge, j’entrai par les portes coulissantes, me dirigeant directement vers l’aile dans laquelle elles se trouvaient. Apple devait être ici aujourd’hui, je n’en doutais même pas et, bien que ce ne soit pas les retrouvailles que j’avais imaginé, je tenais à être là pour elle dans ces moments!

Je pris bien sûr l’ascenseur pour monter jusqu’à cet étage, ne voulant pas m’épuiser avant d’arriver là-haut et marchai d’un pas rapide vers la pièce qu’on m’avait indiqué. Je la vis alors qui se tenait bien droite et immobile face à cette vitrine par laquelle elle devait regarder sa petite chérie sans pouvoir faire quoi que ce soit. Un grand sentiment d’impuissance m’envahit alors que j’avançais toujours vers elle. M’arrêtant finalement à quelques pas, je lançai d’une voix faible; « Apple… »

Elle se tourna rapidement vers la gauche et s’aperçu que je n’y étais pas. Tournant finalement la tête vers la droite, son regard croisa le mien et une tonne d’émotion traversa ses yeux alors qu’elle croisait les bras sur sa poitrine, se fermant à moi. Elle m’en voulait d’être partie si vite et je la comprenais. Seulement j’étais là maintenant. J’étais revenue et j’étais là pour elle alors nul besoin n’était de m’en vouloir ou de me faire la tête. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » Je fis un pas dans sa direction, espérant simplement qu’elle n’allait pas reculer. « Je suis revenue… Et j’ai cru que tu aurais besoin d’une amie ici…» J’esquissai un léger sourire en coin, à peine perceptible et très incertain. Tout ce que je voulais, c’était qu’elle ne me rejette pas. J’avais autant besoin d’elle qu’elle de moi. Après tout, elle m’avait terriblement manqué durant ces mois d’absences! J’arrivai finalement assez près d’elle pour m’arrêter et tournai brièvement la tête vers cette vitre par laquelle elle regardait tout à l’heure. Impossible pour moi de dire qui de ces enfants était Cora puisque je ne l’avais encore jamais vu, mais un grand sentiment de tristesse m’envahit en voyant tous ces enfants qui ne pouvaient encore vivre d’eux-mêmes. Je tournai à nouveau la tête vers Apple, m’arrachant à ce spectacle beaucoup trop maussade. « Besoin de ta meilleure amie… »

Apple avait reculé et je me sentais terriblement mal. Je savais qu’elle m’en voulait et que cette période n’était pas la meilleure pour elle, mais je savais qu’au fond d’elle, elle avait terriblement besoin de moi sans vouloir l’admettre. Mon cœur se serra tout de même lorsqu’elle commença à m’engueuler. « Ma meilleure amie ? Quelle sorte de meilleure amie es-tu ? Tu ne m'as même pas appelée, ni rien pour mon anniversaire ! T'étais même pas là quand Andy a organisé une fête et encore moins quand j'ai accouchée... » J’hochai la tête, piteuse. C’est vrai, je n’avais pas été là pour elle durant tout ce temps et c’est pourquoi je tenais à me reprendre maintenant. « Et encore, j't'épargne la partie où t'as quittée froidement la ville sans donner d’explication ! »Je baissai à nouveau la tête, fixant mes pieds quelques secondes et la regardant à nouveau, les larmes aux yeux. « Je sais… Et j’en suis sincèrement désolé Apple… » Elle ne m’avait pas donné de nouvelles non-plus, mais ce n’était pas le moment de le lui rappeler. « J'ai pas besoin de toi. J'ai besoin de personne... » Je serrai la mâchoire, elle parlait au travers de son chapeau là, c’était plus qu’évident. « Apple… arrête s’il te plait. Je sais que tu as besoin de soutient plus que jamais présentement et je sais que je n’ai pas été fiable durant les derniers mois, mais je suis là maintenant et je ne te lâcherai plus… C’est promis. » J’avançais encore vers elle, souhaitant de tout mon cœur qu’elle me laisse approcher.

Apple ne recula pas, mais elle me regarda si durement que je failli reculer moi-même. Pourtant, je n’étais pas prête à abandonner si facilement. Qui avait dit que les retrouvailles seraient faciles? Pas moi. Je savais que ce serait éprouvant et j’étais prête à passer au travers pour que ma meilleure amie comprenne que j’étais là pour elle… « Et comment j'suis censée t'faire confiance ? De toute façon tu ne me comprends pas et tu ne me comprendras jamais ! Ton bébé il est encore là, près de toi, mais pas moi. » Je fronçai les sourcils, c’était injuste. Lily n’était même pas encore au monde, que souhaitait-elle? Que je fasse une fausse couche peut-être? Mon cœur se serra dans ma poitrine et j’eu comme un haut le cœur à cette idée. Non, Apple ne pouvait pas me souhaiter ce genre de chose. Elle me poussa l’épaule et je restai sans broncher. «C'est parfait pour TOI, mais pas pour moi, okay ?! Je n’ai pas besoin de TOI pour me juger et me dire que je ne vais pas bien. J’suis capable de gérer ça toute seule… » J’étais à bout. Je faisais tout pour lui faire comprendre que j’étais là et ça ce voyait clairement qu’elle avait besoin de soutient. Mais Apple était têtue et ça commençait sérieusement à me gonfler. J’aurais très bien pu tourner les talons et la laisser ici toute seule, mais elle se mit à pleurer et je ne pouvais simplement pas l’abandonner à nouveau. Alors, qu’elle le veuille ou non, je serais là pour elle. Je passai mes bras autour de ses épaules et la serrai contre moi. « Chuut… Tout va bien… Je suis là. »

Apple lutta pour que je la laisse tranquille, que je me détache d’elle et que je m’en aille, mais je ne comptais rien faire de tout ça. Je maintins ma prise comme si c’était un gros poisson qu’il ne fallait pas laissé s’enfuir. Je lui prouverais coute que coute que j’étais là pour elle et que je ne l’abandonnerais plus jamais. Au bout d’un moment, elle cessa sa lutte, s’abandonnant plutôt à ses émotions. Je savais que c’était très difficile pour elle puisqu’elle n’avait pas l’habitude d’être si émotive. Mais nous avions tous des jours sans et des jours avec. Dans le cas d’Apple, c’était toute une période de vie qui s’annonçait sans. Ses pleurs s’intensifièrent et elle finit par se laisser tomber au sol, complètement à bout. J’avais commencé à pleurer moi-même sans même m’en rendre compte et je glissai avec elle, ne la lâchant pas d’une semelle. Je caressais en alternance son dos et ses cheveux, laissant les larmes couler sur mes joues. Je pleurais parce que je ressentais sa peine, mais aussi parce qu’elle m’avait terriblement manqué et que ces retrouvailles étaient les plus éprouvantes que j’avais vécues jusqu’à maintenant. Je n’étais pas médecin et il m’était impossible de savoir si tout irait bien pour Cora, mais j’avais la ferme impression qu’elle s’en sortirait. Cet enfant était forte, aussi forte que ses parents et ce n’était pas peu dire.