Alors nous sommes le 9 février, enfin je crois, il est 3h05 du matin et je n'arrive pas à dormir. Ça m'arrive souvent en ce moment. Je n'arrive pas à trouver le sommeil, nuit blanche. Et c'est horrible de ne pas arriver à dormir, vous n'imaginez pas à quel point.. Vous êtes crevé mais visiblement pas assez pour vous endormir alors tous vos problèmes refont surface. Vous ruminez, ressassez votre passé et commencez à disserter sur votre vie tout seul, à voix haute en faisant le tour de votre salon pendant des heures. C'est quand vous vous mettez à parler seul que vous devez vraiment vous inquiéter. J'ai donc commencé à m'inquiété il y a une heure de ça lorsque je me suis surprise à penser à voix haute. Je me parlais à moi-même et puis j'attendais que je me réponde, sauf que je n'avais pas de réponse, ce qui amena une autre question qui elle non plus n'avait pas de réponse, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucune question à poser. C'est pour ça que j'ai décidé d’entamer un journal. Je ne prends pas trop de risque en faisant ça sur une vulgaire page word, c'est juste que j'ai besoin d'un endroit où m'exprimer librement étant donné que depuis que je suis à Harvard on ne peut pas dire que j'ai noué de grandes amitiés. Biensur il y en a eu, j'ai quelques amis, mais il y a des choses qu'on préfère garder secrètes.
3:45 - Et là je me dis que, puisque je ne peux pas dormir, autant profiter de ce temps à tuer pour faire le point sur ma vie. J'ai essayé de me remémorer tous les souvenirs de mon enfance, ce qui peut paraître assez bête ou inutile, mais je me dis que tout re-écrire ici serait un bon moyen pour moi de n'oublier aucun moment, au cas où un jour je perde la tête.. Je m'appelle Bonnie Lua Patricia Hostyn, née à Canne en France. Mes parents se sont rencontrés alors qu'ils n'avaient que 16ans. Ma mère Patricia Martin était une jeune artiste peintre originaire d'Antibes qui, malgré son jeune âge, savait déjà que l'art ferai partie intégrante de sa vie. sa vie bascula quand le bel américain fan de musique arriva dans son lycée. Rick Hostyn, 1m75 de talent, cheveux mi-longs et blonds, ma mère tomba directement sous son charme. Ils m'ont toujours dit que ce fut le coup de foudre, tu m'étonnes, pour avoir un bébé à 18 ans ils avaient intérêt de s'aimer beaucoup! mais comme la plupart des couples d'ados ça n'a pas marché, mais ça a quand même duré. Nous avons fondé une petite famille puis mon père a commencé à faire n’importe quoi, ma mère en a eu marre, elle l'a viré après 6 ans de vie commune. J'avais donc 6 ans, plus de père et ma maison était un petit appart minuscule quelque part implanté dans Canne. ma mère m'y a élevé du mieux qu'elle pouvait. Entre temps mon père est retourné aux USA, chez lui. Il a réussit à être une rock star, déménager à Hollywood, faire une cure de désintox, ruiner sa carrière à coups de scandales, se marier 6 fois divorcer 5 fois et avoir 3 autres enfants. Il m'avait adorablement oubliée.
4:13 - La vie avec ma mère était simple. Patricia était facile à vivre, toujours le sourire aux lèvres, mais vous savez ce qu'on dit: les gens qui sourient trop cachent un secret. ça c'est le moins qu'on pouvait dire! ma mère était pleine de secret et tout ce que je sais maintenant ne m'a jamais été révélé par elle. premièrement elle m'a caché son cancer. Soit disant parce qu'elle ne voulait pas que je m'inquiète pour elle, sauf qu'une fois qu'elle était morte il était trop tard pour m’inquiéter et je n'avais plus que mes yeux pour pleurer. Ce jour là j'avais 17 ans, déjà mon bac en poche, un héritage qui me tombait dans les poches et plus rien ne me retenait à Canne. C'est à ce moment là que j'ai décidé de partir "faire le tour du monde". Bon je ne suis pas allé bien loin au début. Direction Paris pour 6 mois chez un ami du collège qui me proposa gentiment de m'héberger tout ce temps. Biensur notre histoire n'était pas innocente. On prenait du bon temps ensemble, on jouait, on pariait, nous étions jeunes et pensions que le monde s'offrait à nous, qu'on pouvait faire tout ce qu'on voulait sans se préoccuper des conséquences. Ô doux Antoine... Souvent je repense à notre "histoire" et je regrette cette période, puis je me dis que c'est le destin, rien n'arrive sans raisons, c'est mieux comme ça. En fait nous nous sommes quittés car l'idée de retrouver mon père devenait trop obsédante. je n'avais plus de nouvelle de lui depuis le décès de ma mère et je voulais vraiment le retrouver, pour parler, pour voir, je ne savais pas vraiment pourquoi mais je voulais le retrouver. j'avais besoin d'un père, pas d'un petit ami. Direction Hong Kong car on me fit croire qu'il pouvait s'y trouver. Après quatre mois à croire que mon père s'y cachait avec sa nouvelle famille de chinois je me rendis compte que c'était une idée stupide et pris un vol direction Los Angeles. Je savais qu'il était originaire de là bas alors il devait surement y être retourné! Le retrouver ne fut pas si compliqué que ça, même à Hollywood ce n'est pas compliqué de retrouver une ex rock star droguée s’appelant Hostyn. Mon vieux père (quoi que pas si vieux que ça vu nos 18 ans de différence) vivait dans une splendide demeure avec sa femme Miranda, blonde et siliconée, et leurs trois têtes blondes. J'appris ainsi que j'avais quatre demi-frères/soeurs qui avaient tous des noms d'américains superficiels. On avait Branda, Jack, Bradley, Britney. Shame on us. Mon père était tout content de me retrouver, et c'est là qu'il m'offrit de ma payer mon admission à Harvard dans la section de mon choix: "adieu chérie, content de te retrouver mais maintenant dégage, tu fais tâche dans notre tableau familial, tu n'es ni blonde ni a gros seins." Voilà ce que je m'étais imaginé qu'il pensait, et je suis toujours persuadée que c'était le cas.
4:49 - A part Antoine dans ma vie, je n'ai jamais vraiment eu de grand amour ni d'amis proches, a part Mia. Je l'ai rencontrée sur la blague à Beverly Hills pendant que je squattais chez mon père. Etant donné que ce fut une brève période, Mia et moi n'avons pas eu le temps de beaucoup faire connaissance, mais tout de même, je sentais que nous étions sur la même longueur d'ondes, nous étions différentes et pourtant nous entendions à merveille. Il y a peu Mia m'a appelé en me disant qu'elle était venue s'installer à Cambridge dans l'espoir de pouvoir intégrer Harvard, je croise les doigts pour qu'elle puisse me rejoindre au plus vite.
Il y a aussi mes colocs, Germaine et Luck. Ils sont comme tic et tac, inséparables. moi à côté je suis comme invisible. Mais ils sont plutôt cools et je suis contente d'être tombée sur eux car ils ne me dérangent pas trop pour le moment. Notre appart est immense, c'est papa qui paye.
En arrivant à Harvard j'ai essayé de faire des efforts, mais ça n'a pas forcément porté ses fruits. Alors j'ai ma petite équipe avec qui je peux traîner, mais j'aime aussi bien rester seule la plupart du temps. Les gens doivent me voir comme la fille bizarre. l'autre jour j'ai entendu un Eliot dire "Bonnie? elle est choue mais qu'est-ce qu'elle est bizarre, non, moi je préfère les filles faciles." Alors voilà comme me voient les gens, une fille mignonne mais étrange. On me dit que je suis sombre, une artiste en devenir mais tellement torturée. Je n'en crois pas un seul mot. En fait je suis juste Bonnie.
5:30 - et maintenant Bonnie va se coucher. Je dois me lever dans deux heures, cours d'art visuel, je ne veux pas manquer ça, c'est mon préféré.