Tale as old as time (ANDREA, JAYSON)

J'avais fais le choix de ne pas lui parler de ma grossesse, de ne pas lui parler de cet enfant que je n'avais jamais eu au final. Un choix que certain qualifierait d'égoïste mais ça n'était pas le cas. Je connaissais bien trop le tempérament et le caractère de Jayson pour lui infliger ça. Et j'étais vraiment contente qu'il reconnaisse ce que j'avais fais pour lui. J'avais accumulé et accepté la peine de cette perte toute seule parce que c'était la chose à faire, la bonne chose à faire. Je lui souris légèrement, debout au milieu du salon et souffle légèrement " On ne peut rien y changer Jayson .. " J'avais fais le choix de l'exclure de tout ça, de ma vie à ce moment précis et j'étais persuadée d'avoir eu raison. Je le savais en fait, j'avais eu raison du début à la fin. " Oui Victoire est une bénédiction, mon Miracle à moi " Que je souffle avec un léger sourire, une fois encore. Oui, c'est ma princesse, mon amour, ma bénédiction et tout ce qui va avec. " Elle est toute ma vie maintenant " Et ce n'était rien de le dire. Elle était vraiment parfaite. Ma petite perfection. " Et d'ailleurs je... J'suis tombée enceinte de Vic en décembre... " Je lui avais déjà donné un coup mais là, j'allais l'achever !

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. C'est une belle phrase quand on y pense. Mais j'en ai une meilleure : un petit être vous manque et toute votre vie est chamboulée. Dans le bon sens du terme bien évidemment. Et si j'avais réussi à le protéger lors de ma première grossesse, là tout pourrait être différent. Je le regarde, l'écoute chercher ses mots et m'installe à ses côtés. Docile, je le suis. De toute façon, c'est moi qui ai lancé un second pavé dans la marre alors bon ! " Je ne suis pas sûre " Soufflais-je doucement en baissant les yeux et le visage. " J'ai eu que deux partenaires à cette époque... Toi et quelqu'un d'autre " Captain obvious Andrea Cermolacce. " Je voulais pas savoir qui était le père jusqu'à ce qu'on retrouve en fait " Que je lui souffle doucement. " Mais si tu veux pas savoir, je comprendrais. Je m'occupe d'elle depuis sept mois, j'peux m'occuper d'elle jusqu'à ce que je passe l'arme à gauche, c'est pas un soucis " Lançais-je en riant légèrement. Des fois, il valait mieux ignorer et si Victoire veut savoir qui est son père, elle se débrouillera pour trouver lequel des deux est le bon. " J'suis désolée, je déboule avec un sacré lot de nouvelles merdiques " La chanson de Mily Cyrus et la phrase qui dit que je débarque comme une boule de démolition m'irait à la perfection pour le coup.

J'étais visiblement douée pour chambouler ma vie mais aussi pour chambouler et foutre la merde dans celle des autres. C'est triste. Je suis triste et je m'en veux. De quel droit je fais ça au juste ? Je me prends pour qui ? Une surhumaine qui dépasse tous les moments de bon sang ? Je me détestais de lui infliger ça. " Il habite Paris et je ne veux pas de lui dans ma vie " On avait eu une petite relation, une jolie idylle à Paris et puis, j'avais vu sa femme et sa fille débarquer à l'hôpital pour venir le voir. J'avais hésité à rentrer pour Noël et au final, je suis rentrée pour être loin de lui et de ses tentatives d'explication. Je n'en avais rien à foutre de tout ce qu'il me disait. Et puis, Jayson. Enfin, c'était la galère. " J'aurais un autre enfant un jour. Un, deux ou trois. Mais ça sera un enfant voulu par tout le monde " Victoire, je ne m'y attendais pas, c'est arrivé comme ça, sans que je fasse attention alors bon, forcément... " On ira faire les tests dès que tu auras le temps. Il faut la petite aussi et si je vais la chercher chez Maxime alors que je lui ai laissé pour la nuit, il va se poser trop de questions et j'ai pas envie d'en parler avec lui " Soufflais-je doucement. Maxime avait cru que Victoire était de lui lorsque je m'étais pointée en février l'année dernière avec un petit bidou. Ça avait été hilarant. Mais ça ne pouvait pas être sa fille, les dates de rapport ne concordaient vraiment pas.

Je le regarde et soupire légèrement. " J'pensais que c'était sérieux oui. Mais il menait une double vie quoi " Et qu'est-ce que ça m'avait fait mal de découvrir la réalité putain ! C'était horrible, j'avais frôlé le malaise, la crise de nerf et j'avais du me contenir, ne pas lui éclater les deux genoux avec ma prothèse. Nous n'étions que collègue pour l'ensemble du corps médical alors forcément, il fallait que je me tienne. Et puis, je n'avais pas envie d'être la folle qui pète un câble parce qu'un médecin lui a menti. Non, je veux être connue pour mon amour de la médecine, pour ma technique et clairement pas pour ma vie privée et sentimentale. Je lui souris quand il me souhaite d'être heureuse et je ne réponds rien. J'espère aussi que je trouverais chaussure à mon pied et lui aussi d'ailleurs. Et puis, il veut aller si vite que ça me prend de cours en fait. " Euh oui bien sûr.. " Je suis un peu surprise, je dois bien l'avouer. " Ça ne changera rien entre nous si tu n'es pas le père ? " Parce qu'il compte beaucoup pour moi. Il ne devrait pas, vu ce que je sais de lui, de son passé et pourtant... " On ira dans une clinique privée si ça te va. J'ai pas envie de faire ça à l'hôpital " Soufflais-je doucement alors que mon coeur rate un battement. Pas que j'ai honte qu'il soit potentiellement le père de ma fille mais peut-être un peu plus honte que mes collègues me prennent pour une marie couche toi là. " Il faut attendre un peu moins d'une semaine pour les résultats " Ça allait être long... Et c'était surement pour ça que j'avais repoussé cette annonce. J'allais mal dormir pendant toute cette longue semaine - ou presque - d'attente.

Je souris légèrement. Oui, Gauthier est un vrai connard mais le connard pour lequel j'ai craqué. Je m'intéresse toujours aux personnes qui ne valent pas la peine. C'est comme ça, je n'arrive pas à l'expliquer. Peut-être leur côté un peu sombre / inaccessible qui m'attire, je ne saurais pas dire. " Vraiment ? " Parce que j'ai vraiment peur de le perdre une nouvelle fois. Après tout, si Victoire n'est pas sa fille, il n'aura pas à me supporter, à nous supporter, la petite et moi. Il pourra nous effacer de sa vie en un claquement de doigts. Et ce n'est pas ce que je souhaite, loin de là même. Je veux le préserver, nous préserver et voir où ça peut nous mener tout ça. Surement nul part... Mais tout de même. Je lui souris légèrement et comprends très bien qu'il n'ait pas envie d'être obligé de confronter ses démons. C'est à lui d'en parler quand il en a envie. " Tu pourras venir manger avec nous un soir. Ça fera une soirée de moins à ruminer... " Lançais-je avec un léger sourire. La fumée de sa cigarette dans l'air, je tousse légèrement. " Ça va d'ailleurs, ta thérapie ? " Si on ne parle que du test toute la soirée, on va devenir fou. Il faut qu'on pense à autre chose, qu'on change de sujet. Même si je me doute bien qu'il va y penser. Comme moi. Ça ne va pas quitter mon esprit jusqu'au moment où ... Jusqu'au moment où on saura ce qu'il en est vraiment.