Tale as old as time (ANDREA, JAYSON)

Tale as old as time

Je revenais de ma séance de sport, depuis que j'avais revu Andrea, j'avais doublé mes séances tant je me sentais trop fragile. J'en avais parlé à un camarade de mes cours de gestion de colère et il m'avait conseillé de m'épuiser physiquement ainsi je penserai moins. Ca semblait marcher, pour l'instant du moins.
J'étais dans ma salle de bain, je finissais de me raser, je ne ressemblais plus à rien. Ca devait faire une semaine que je n'avais pas touché à ma barbe et je ressemblais presque à un SDF ainsi. J'avais mis un classique de Mozart en boucle sur mon tourne-disque. Mozart m'apaisait comme le fait de jouer du piano. Je finissais de raser ma joue gauche jusqu'à que la sonnette d'entrée retentit. Je fronçais les sourcils un instant. Je n'attendais personne. Qui cela pouvait-être ?
J'entourais une serviette de bain blanche autour de mes hanches, je la serrais au maximum avant de m'approcher de la porte. Autant garder intact l'innocence de la personne qui osait sonner à la maison des enfers. J'avançais à petit pas mais une voix bien trop familière m'immortalisa en un rien de temps. « Andrea ? » disais-je à voix basse comme si je parlais à ma conscience. Je ne bougeais pas, j'attendais d'être sûr que ce soit vraiment elle.

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@Andrea Cermolacce

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On ne faisait que de se croiser, Jayson et moi. Croiser par textos, par plans avortés puisqu'il ne pouvait pas se libérer quand j'étais libre et je ne pouvais pas refourguer Victoire à n'importe qui et surtout, à n'importe quel moment, pour le voir. Il fallait que l'on parle tous les deux. Je voulais savoir comment il se portait mais je devais aussi lui parler de cette grossesse que j'avais eu et dont il avait été le père. Je n'avais jamais eu aucun doute sur le paternel de cet enfant que je n'avais pas eu. Lorsque les médecins m'avaient dit de combien de mois j'étais enceinte, j'avais vite fait le calcul. Il n'y avait qu'avec Jayson que j'avais couché pendant cette période. Quelques fois, comme ça. Un défouloir, tel un sort d'Harry Potter. Oubliette. J'avais tout oublié dans ses bras mais j'en avais assez de fuir et de tout repousser au lendemain. Je lui devais ça, même s'il ne pourrait rien y faire. C'était un peu égoïste de vouloir partager ma peine, surtout avec Jayson. Mais il risquait de mal le prendre que je ne lui ai rien dis. L'autre jour, il m'avait donné son adresse alors je savais que j'étais au bon endroit. Je remettais ma robe en place, ouvrait ma veste parce qu'il faisait bien chaud dans cette immeuble et je frappais à la porte. " Jayson ? T'es là ? " Demandais-je rapidement, n'entendant pas de bruit de l'autre côté. On avait peut-être encore un timing de merde. Génial. Mais j'entends rapidement sa voix prononçant mon prénom. " Oui c'est moi ! Et une bouteille de bourbon ! " Peut-être pas l'idée du siècle mais j'étais là pour tout contrôler. Andrea et son envie de tout gérer. Ça allait mal finir.

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Tale as old as time

Je levais les yeux au ciel, pris un grand souffle d'air frais avant d'entrouvrir ma porte, ne laissant paraître que mon torse nu où quelques gouttes d'eau gisaient encore dessus. « Bonjour Andrea... Je.... Désolé je n'attendais personne aujourd'hui. » disais-je à voix basse comme si je parlais à ma conscience. Je ne bougeais pas, j'attendais d'être sûr que ce soit vraiment elle. Mes yeux ne pouvaient s'empêcher de la dévisager: elle était magnifique... Et elle était surtout seule avec son fameux bourbon. Elle avait toujours une petite attention. « Pardon, entre je t'en prie. » J'ouvris en grand la porte et j'espérais qu'elle ne me prenne pas pour un pervers narcissique en l'accueillant dans une telle tenue. « Je... Je vais me changer et enfiler quelque chose de plus convenable. Je fais vite. Tu peux t'asseoir au salon enfin... Si tu le veux bien, je ne veux pas te forcer à rester. » J'étais encore là, perché devant elle, alors que je devrais déjà être dans ma chambre en train d'enfiler un boxer, un jeans et un t-shirt. Mais tout semblait irréel que je voulais être sûr que Andrea soit bien là et non encore un énième mirage à cause des effets secondaires de la cocaïne.

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J'avais décidé de venir sur un coup de tête. On ne cessait de se louper de peu alors peut-être que la spontanéité nous servirait cette fois. J'avais pris mon temps pour arriver. J'avais déposé Victoire chez Maxime et lui avais demandé de me la garder toute la nuit. Puis j'avais fais un crochet par le supermarché pour acheter une bouteille. Ce n'était pas le cadeau idéal mais si je buvais, je me détendrais un peu avant de lui lancer la révélation du siècle. La porte s'ouvre rapidement et mes yeux glissent sur son corps. Calme toi Cermolacce, on dirait une enfant de quatorze ans face à son crush. " Désolée de débarquer à l'imprévu " Lançais-je rapidement, un léger sourire sur le visage. Oui, j'aurais peut-être du prévenir, il avait peut-être envie d'être seul ce soir. Eh merde, je faisais vraiment tout de travers, c'est pas possible autrement. Il ouvre grand la porte et je lui tends la bouteille. En fait, je lui colle sur le torse et dépose mes lèvres sur sa joue. " Ça marche, je vais t'attendre dans le salon ! " Je ne lui dis pas qu'il peut totalement rester comme ça s'il l'entend parce que j'aurais l'air de quoi ? Mais il y a vraiment quelque chose qui m'attire de fou chez lui et je n'arrive pas à l'expliquer. Il est du genre mauvais garçon qui me fait tellement d'effet mais j'en sais beaucoup sur lui. Je connais certains de ses démons et ça devrait me faire peur. Mais non. Je me décale et file vers le salon. Sur le chemin, mes yeux scannent l'appartement. Pas une touche de féminité, il n'a donc pas de femmes dans sa vie et ça me rassure. " Je m'incruste mais je reste pas longtemps. Tu as surement envie d'être seul " Et s'il pouvait dire que non, je pouvais rester autant que je le souhaitais bah... ça m'arrangerait grandement !

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Ma tenue n'était pas du tout apte pour cette situation et ce début de conversation. Certes ce n'était pas fait exprès mais j'avais l'impression que ça ressemblait plus à de la perversion ou à quelque chose de narcissique qu'un simple geste de banalité. Elle avait déjà vu mon corps, il n'avait aucun secret pour elle, elle connaissait mes cicatrices intérieures et extérieures, elle me connaissait mieux que quiconque… Mais me connaissait-elle encore ?

Je la voyais gênée, ne sachant pas où se mettre. J'avais posé son cadeau de " visite " étant prêt à partir pour me changer mais elle dit qu'elle ne resterait pas longtemps. « Je fais vite ». Je ne voulais pas rester ainsi face à elle durant des lustres, comme si je lui imposais une nouvelle fois mon corps sans rien lui demander. Je courais vers ma chambre, j'enfilai un boxer noir, un jeans et un simple t-shirt blanc. Mes cheveux étaient un peu en bataille, je les recoiffais vite fait à l'aide de mes doigts avant de revenir presque en courant vers Andrea. Je ne savais même pas où j'allais la retrouver… Elle connaissait déjà très bien cet appartement… J'avais encore des photos d'elle, des photos de " nous "… Est-ce qu'elle allait trouver cela déplacer de les conserver encore ? J'espérais que non… « Pardonne-moi, je voulais une tenue plus appropriée… ». A peine revenu vers elle que je fus subjugué par sa beauté. Elle était si divine… Je la revoyais comme au premier jour et je m'en voulais tellement de lui avoir fait ce que j'avais fait, j'avais une nouvelle fois envie d'hurler ou de me cacher.« Assis-toi… Je t'en prie. Tu peux partir quand tu veux mais rester debout… N'est pas très pratique ». . Je m'assis sur un petit fauteuil une place pour lui laisser le canapé entier. Je ne voulais pas qu'elle se sente oppressé. « Je n'ai pas envie d'être seul ce soir ». J'ouvre la bouteille de Bourbon et lui en sert un verre. Je lève mon verre et ajoute : « A nos retrouvailles ! ». Les retrouvailles de la dernière fois n'étaient pas idylliques et très gênantes. De quoi, ce soir, repartir de presque 'zéro'.

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" Prends ton temps, t'inquiète pas ! " Soufflais-je avec un léger sourire alors que mes yeux glissés sur ses fesses alors qu'il s'éloignait. Andrea, calme toi ! Il avait vraiment quelque chose de plus que tous les hommes que je rencontrais ces derniers temps. Un côté sombre qui m'attirait, moi toujours si lumineuse, heureuse et joueuse. Les opposés s'attirent, c'est bien ce qu'on dit non ? Je file dans le salon mais je n'ose pas trop bouger, m'asseoir et tout ce qui va avec. Je suis assez timide pour le coup et ça ne me ressemble pas. Mais j'ai l'impression d'arriver comme un cheveu sur la soupe, de le gêner et je n'aime pas ça. Je n'aime pas être de trop, c'est quelque chose qui m'angoisse. Alors je regarde autour de moi, je souris un peu, je visite à ma façon. Sans trop fouiner, sans trop rêver non plus. Parce que je n'aimerais pas que quelqu'un s'immisce dans mon intimité et se mette à tout fouiller, comme s'il avait le droit. Je lui souris quand il revient et s'excuse. Y a-t-il vraiment une tenue appropriée à tout ça ? À la vie, tout simplement ? Il s'assoit et je pose mes fesses sur le canapé. Je pense au texto que je viens d'envoyer à Carter avant d'arriver et ça m'arrache un large sourire. " Moi non plus, j'avais pas envie d'être seule ce soir et je me suis dis que c'était le moment ou jamais de tester si t'étais là vu qu'on arrive définitivement jamais à se croiser " Je passe une main dans mes boucles blondes et attrape le verre qu'il me tend. " À nos retrouvailles oui ! " Nos verres tintent et je bois une gorgée du bourbon que j'ai ramené. Si je m'écoutais, je boirais le verre cul sec. Mais ce n'est pas l'idée du siècle, non vraiment pas. Je ne bois jamais alors la moindre dose trop généreuse pourrait me retourner la cervelle. " Ça va depuis la dernière fois ? " Son état, sa santé mentale a toujours été importante pour moi et elle l'est encore plus ce soir. Évitons les problèmes en tout genre...

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Mon verre était vide, je venais de le boire cul sec. Je m'en reservis un autre. Mon problème enfin mes problèmes étaient toujours là. « Je te remercie d'être venue ». C'était une bonne chose qu'elle soit là. Sa présence me rassurait. « J'apprends beaucoup sur moi depuis que je vois des professionnels de santé. J'en apprendrai encore jusqu'à la fin de ma vie. J'essaie d'être assidu, sérieux dans mes décisions, mes mots et mes actes. Le sport m'aide beaucoup à me défouler… A dégager cette haine que je ressens envers moi-même au lieu de faire subir quelqu'un qui n'avait rien demandé. Et je sais que les gestes parlent mieux que les mots… ». Je me remets doucement de mon passé. J'ai toujours ses regrets qui me hanteront toujours. « Mais sache que ta présence ici me fait plaisir et que… T'avoir revu l'autre jour après tant de temps m'a… Fait plaisir comme blessé. Blessé car je ne me pardonnerai jamais… Qu'on se soit séparés... Tu m'as rappelé les bons souvenirs de notre relation, quand tu m'avais sauvé de la guerre avant que tout… Me rattrape. » Pourquoi étais-je encore attaché à elle ? Pourquoi je ne pouvais pas l'oublier ? Pourquoi ne pouvais-je pas tomber amoureux d'une autre femme et passer à autre chose ? Andrea était une femme admirable que j'aimais bien, j'adorais sa fille, Victoire… Passer du temps avec elle… Elle m'attendrissait. Elle était si différente de moi. Rester à ses côtés m'apaisait et elle m'aidait à oublier le monstre que j'ai été et que j'ai peur de toujours être. Pourtant Milena hantait toujours mes pensées.

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" Ce n'est pas grave Jayson. Tu sais, c'est moi qui suit partie le plus rapidement possible pour retourner en Afghanistan... " J'avais rompu avec Maxime, j'étais tombée dans les bras de Jayson pour de vrai, pour de bons. J'avais craqué bien comme il le fait, j'avais fini par céder à la tentation et après quelques jours de liberté, j'avais retrouvé mes esprits et je m'étais barrée dans le pays, dans l'enfer qui nous unissait. C'était comme ça. J'avais cette facilité à fuir, à aller oublier ailleurs pour revenir. Ce n'était pas toujours fructueux mais des fois, ça fonctionnait. Enfin, c'était ce que je voulais me faire croire. " Je suis contente que tu sois suivi par de bons médecins en tout cas. On en apprend toujours sur nous de toute façon. Celui qui dit se connaître à 100% n'est qu'un menteur " Sans compter que la guérison n'est jamais totale. " Je voudrais d'ailleurs te parler de quelque chose qui s'est passé à cette époque, vers début septembre 2015, quand on couchait ensemble ... " Soufflais-je en avalant le fond de mon verre. Et rapidement, je me ressers un verre, une double dose. " J'suis tombée enceinte à l'époque. De toi " Et c'est comme ça qu'on lâche la bombe. Bien Andrea, très bien. " Mais j'ai perdu le bébé et j'ai failli perdre la vie aussi à ce moment là... C'est pour ça que je t'ai pas recontacté à mon retour fin 2015-début 2016 et que... " Et que quoi en fait Andre ? " Et que j'ai repris contact avec toi qu'en décembre 2016 alors que j'étais revenue bien avant... Avant de repartir. Je n'ai pas menti quand j'ai dis que je revenais d'un stage à Paris à cette époque " J'avais attendu de longs mois pour me refaire une santé, une vie et ne pas éclater en sanglot en le voyant. Plus d'un an.

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Une bombe venait d'exploser. Andrea enceinte de moi ? Qui aurait pu mourir à cause de l'enfant ? « Tu aurai du m'en parler. Je ne t'aurai pas rejeter. Je t'aurai soutenu. C'était quelque chose en commun... J'aurai pris ce rôle à coeur. Je t'aurai accompagné et j'aurai pu être présent même si j'étais moi-même souffrant... ». Putain, j'aurai pu être père. Et comment aurait pu être ma vie ? Différente ? Certainement. Un enfant, c'est la vie; notre sang jusqu'à la mort. Mais aurai-je été un bon père ? Je ne peux pas dire. Mais ce bébé aurait pu être un moteur, mon oxygène, notre enfant. Je me lève du fauteuil, contrarié par le fait qu'elle m'est cachée la vérité. « Excuse-moi Andréa mais je ne comprends pas ! Pourquoi tu m'as menti ? Tu te rends compte que tu aurai pu mourir mais qu'aurai-je fait sans toi ? ». Etait-elle consciente que j'avais des sentiments pour elle ?

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" Jayson ça c'est pas passé comme ça, pas si simplement " Soufflais-je en passant une main dans mes cheveux. Je n'aurais peut-être pas du lui parler si clairement de cette grossesse, du fait qu'on aurait pu être parent tous les deux, qu'il n'y aurait jamais eu mon histoire avec Kale que j'affectionne tout particulièrement. Tout aurait pu être différent mais ça n'était pas le cas. Il se lève d'un bond et son ton se fait un peu plus sec. Je pose mon verre sur la table basse et me lève rapidement. " Jayson s'il te plait... " Soufflais-je en tendant la main pour toucher son épaule puisqu'il était dos à moi. Le contact m'électrise et je m'approche de lui. Je n'ai pas peur. Je n'ai jamais eu peur de lui alors que je sais très bien de quoi il peut être capable. Je me colle presque à lui et prends une légèrement respiration. " Je savais pas que j'étais enceinte et je l'ai appris que lorsque Sienna m'a emmené à l'hôpital " Soufflais-je doucement. " J'ai fais une grossesse extra-utérine et le foetus a... détruit l'une de mes trompes " Et un large frisson parcourait mon échine alors que je repensais à ce moment. " J'étais enceinte de quatre mois mais je le savais pas, un déni de grossesse et... Quand je l'ai su je voulais pas t'ajouter ce poids, ce deuil sur la conscience " Parce que j'avais voulu le protéger. Moi, j'avais pris ça comme un signe du destin, comme si on me montrait que je devais juste souffrir et ne plus avoir d'enfants, jamais. Parce que j'avais suivi l'ablation d'une trompe avec tout ça, une salpingectomie plus précisément. Et j'en avais souffert. Les médecins m'avaient dit qu'avoir un enfant, ce serait un peu mission impossible pour moi. Mais Victoire s'était immiscée là où il faut presque un an pile après ma première fausse couche...

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