Like an anchor... - DINANO

Je ferme mon sac avant de le poser à côté de moi sur le lit. Je t’attends, pressée de quitter cette chambre et le dernier souvenir qui l’a marqué. Celui de ce mec, la peau couleur ébène et les yeux assez clairs pour capter son âme. Je sais pas pourquoi c’est toi que j’appelle, pourquoi c’est vers toi que je me tourne aujourd’hui mais j’ai encore les fragments de moments passés avec toi dans la tête. Des souvenirs que mon cerveau s’est refusé à oublier. Peut-être parce qu’ils étaient trop beaux pour les effacer, qu’inconsciemment, je pouvais pas tirer un trait dessus. Je regarde l’aiguille tourner, j’en peux plus de t’attendre et de suffoquer de solitude. Sauvée quand la porte s’ouvre et que tu entres à l’intérieur sans prévenir. Tu me dévisages et par réflexe je cache mes bras et mes blessures. Pas envie de plus t’attirer, pas envie que tes yeux ne se languissent plus de ma peau. J’enlève doucement ma main quand tes doigts effleurent à peine les hématomes, les dents serrés et incapable de baisser le regard. - Accident de voiture.. C’est de ma faute. Entièrement la mienne. C’est moi qui ai poussé Elliot à prendre cette poudre, qui l’ai poussé à venir me chercher, c’est moi qui l’ai poussé à nous foutre en l’air ce soir là. - Merci.. D’être là alors que t’es pas obligé. Merci d’être toi.

C'est un bad plan que d'aller la chercher. J'veux dire, j'viens de me caser avec Alaska... Genre ouais moi casé pour de vrai, dans une vraie relation avec une fille stable. Ça peut sonner drôle, comme une blague et pourtant c'est vrai. Alors allez récupérer la meuf qui m'fait le plus bander sur cette terre après ça? C'est pas une bonne idée. Pourtant j'le fais. Disons qu'au delà de son cul, je l'apprécie cette petite au regard de braise. On est clairement fait pour se retourner dans tous les sens tous les deux mais au delà, j'pense qu'il y a quand même un rapport amical, on s'entend, on se comprend et ça compte. Puis elle a besoin de moi et j'ai décidé de pas la laisser en chien. So... Dina me voilà. Faudra que je prévienne Alaska tout de même, pour le principe que j'suis franc jusqu'au bout m'voyez. Sauf que le spectacle en arrivant il fait mal... Elle est là, couverte de bleus, de blessures et j'vois bien qu'elle fait en sorte de les cacher sauf que non, je les vois Dina désolé. Et je viens même glisser mes doigts sur sa peau, tout en douceur, près de là où elle est touchée et elle retire sa main à mon geste car elle comprend que j'veux voir. Un instant passe et je demande ce qu'il s'est passé et elle me répond - Accident de voiture.. C’est de ma faute., je fronce les sourcils et relève mon regard dans le siens "De ta faute?" comment ça peut être de sa faute? Dans quel contexte? J'veux savoir. Et soudain elle me dit - Merci.. et je sers les dents, inspirant un grand coup pour exprimer lentement et hocher légèrement la tête d'un "Allons-y." on parlera de tout ça en route, j'aime pas être ici. Sans attendre, je prends son sac et l'invite à me suivre vers le couloir et l'extérieur...

T’es encore là. T’as toujours pas envie de t’en lasser ? Même quand tu me vois dans cet état lamentable, même quand je suis plus celle que t’as baisé dans ton bureau avec toute l’assurance que le monde pouvait lui offrir. Je ressemble plus à rien de cette meuf là dans ce lit d’hôpital, au beau milieu de cette chambre toute blanche et toi.. T’es quand même là Gab. Je serre la lanière de mon sac entre mes doigts, j’ai pas envie de te regarder toucher la peau abîmée que je te laisse entrevoir. J’ai pas envie de voir une seule once de pitié dans ton regard, je le supporterais pas je crois. Je rebondis pas sur ta question, j’ai pas envie de me rappeler de l’accident, j’ai pas envie de me rappeler qui me manque des bouts de ma vie maintenant. Je veux juste me barrer loin d’ici, dormir dans tes bras ce soir pour oublier l’odeur du désespoir qui traîne dans les draps de ce lit d’hôpital. Je me lève, tu récupères mon sac et je te suis jusqu’à la porte de la chambre, j’attrape ton bras pour te retenir encore quelques secondes ici. - Hey.. Je souffle avant de venir plaquer mes lèvres contre ta joue. - J’avais envie. Dis-je un petit sourire enfantin au coin des lèvres. - J’ai faim, on commandera quelque chose ? Je demande en refermant la porte, lâchant les mauvais souvenirs à l’abandon à l’intérieur. Au moins pour ce soir, au moins quand je suis avec toi.

J'suis pas un aussi grand connard que j'en ai l'air finalement. J'ai sous toute cette froideur un petit cœur qui bat, des fois. Et ouais, il m'arrive de faire des trucs bien, comme ce soir, venir la chercher afin qu'elle passe quelques jours au calme chez moi. J'sais déjà que ça sera pas du gout d'Alaska et je la préviendrais pas j'suis du genre quelqu'un qui, quand il s'engage, bah.. Fait les choses jusqu'au bout. Un accident ça peut marquer à vie, alors j'vais tâcher de lui faire oublier ça dans la mesure du possible. Je prends donc ses affaires et l'invite à me suivre vers l'extérieur. Sauf qu'arrivé à la porte de sa chambre elle me stop d'un - Hey.. et vient poser ses lèvres sur ma joue. Je la fixe sans bouger, l'écoutant me dire d'un sourire d'enfant - J’avais envie., je reste stoïque, hochant légèrement la tête avant d'ouvrir la porte pour marcher à travers le couloir jusqu'au premier ascenseur venu. De là elle me demande - J’ai faim, on commandera quelque chose ?, en attendant qu'il arrive je la regarde du coin de l'oeil pour répondre "Oui, tu me diras ce que tu veux." et la porte de l'ascenseur s'ouvre et on entre à l'intérieur. Appuyant sur le bouton, la porte se referme et suis droit comme un I, son sac toujours en main "Tu m'expliqueras ce qu'il s'est passé ou on en restera là?" avec juste un "c'est de ma faute".

Ça me fait du bien de te voir. Toi, je sais que j’aurais pas de leçon de moral, j’aurais pas d’explications à donner, en fait.. J’aurais rien à donner. Je pouvais juste prendre ce qu’il y avait à prendre, apaiser mon esprit sans me torturer avec des questions qui n’en valent pas la peine. Rien de tout ça, juste toi, juste moi et tout est trop simple entre nous. On a pas besoin d’artifice, pas besoin de se tuer à petit feu, c’est juste bon. T’es pas très réceptif à mon baiser,je rebondis pas là-dessus parce que je commence à te connaître à force. Je sais que t’as pas l’habitude, que tu penses pas être assez bien pour le mériter. Que tu penses qu’on peut t’apprécier que pour le grand méchant loup que tu aimes montrer à tout le monde. On longe le couloir, croise une infirmière ou deux et ma main s’attache à la tienne. Les portes de fer s’ouvre, je tourne la tête vers toi et la relève pour avoir ton visage en vision. - J’ai envie que tu m’embrasses. Que je lâche simplement en te suivant dans l’ascenseur. Je m’adosse contre la paroi métallique, laisse retomber mon crâne contre elle en soupirant sans quitter du regard les portes qui se referment sous nos yeux. Je baisse la tête, humidifie mes lèvres sèches. - J’suis une pauvre conne immature. J’ai demandé à un.. Ami de me rejoindre à la fin d’une soirée. Je bloque légèrement sur le mot « ami », parce que d’après lui, d’après ses mots, ont étaient même pas ça. - Il avait trop bu, moi aussi et j’avais de la coke sur moi.. Je déglutis encore, je récite sans trop réfléchir en retenant la boule prête à exploser au fond de ma gorge. - Tu connais la suite. Je lâche finalement en reniflant rapidement en relevant la tête vers les portes qui s’ouvrent à nouveau.

J'suis pas ici pour la fliquer, l'engueuler ni lui faire la leçon. Alors non, j'fais pas chier et l'emmène directement. Juste, j'veux savoir pourquoi elle est ici avec ces marques sur le corps c'est tout. J'veux savoir à quoi m'en tenir. Sauf qu'elle embrasse ma joue et que ok j'tolère vu le contexte mais qu'au delà j'peux pas laisser passer plus que ça et ça doit se sentir dans ma réaction. Bon sans compter que de toute façon, j'suis pas un bisounours dans l'âme. De là on avance dans les couloirs et elle vient glisser sa main dans la mienne. Un regard vers elle, vers son geste et je continue à avancer en inspirant un bon coup. C'était peut-être pas la meilleure idée du monde que j'sois venu en fait, m'enfin trop tard, j'vais devoir m'adapter. J'ai jamais refuser les avances d'une fille canon, du moins une fille qui me plait. Sooo... Ça sera la première fois. Arrivés dans l'ascenseur, elle me dit l'air un peu déçus - J’ai envie que tu m’embrasses. et mon regard dérive sur elle un instant pour lui dire doucement "Non j'le ferais pas Dina." j'peux plus parce que j'suis un mec d'honneur malgré mon métier. Y'a certaines choses que je respect dans la vie. Puis enfin elle me raconte brièvement - J’suis une pauvre conne immature. J’ai demandé à un.. Ami de me rejoindre à la fin d’une soirée. Il avait trop bu, moi aussi et j’avais de la coke sur moi.. j'sens qu'elle a du mal à l'dire, à finir et je détourne les yeux qui fixaient la paroi métallique pour les poser sur elle à nouveau. Elle a du mal à finir - Tu connais la suite. et renifle sur cette fin. Je hoche la tête d'un simple "T'es entière c'est tout ce qui compte." et la porte s'ouvre pour nous laisser sortir direction l'extérieur et le parking puis ma lamborghini aventador. Allumage du moteur et direction le big appartement. Putain et dire que c'est la première fois qu'elle met les pieds chez moi. C'pas tellement le meilleur contexte du monde m'enfin... Nous y voilà enfin. Une fois dans le parking souterrain on met pas bien longtemps à reprendre l'ascenseur pour arriver à mon étage, duplexe qui prend le haut de l'immeuble ou du moins la moitié sur deux étages. Grand, lumineux, froid, comme moi quoi. J'ouvre la porte pour marcher et poser ses affaires sur le grand canapé "Tu veux quelque chose à boire?" ça pourra pas lui faire de mal.

J’hoche simplement la tête, les lèvres pincées à ta réponse. C’est à ça que je dois m’habituer maintenant avec toi ? Au « non » que t’était pas censé dire aussi tôt, si rapidement. Je pensais pas que tu la trouverais trop vite, celle qui te garderait en cage. - D’accord. Que je souffle simplement, résignée à accepter le refus. Celui que tu t’obliges à mettre pour les formes, pour ton nouveau statut officiel. Mais la conversation tourne rapidement autour de l’accident, j’essaye de t’expliquer les faits, de te raconter le pourquoi du comment mais j’ai à peine les idées construites. Je me souviens seulement de l’humeur joviale dans la voiture, de la musique qui tourne en boucle et qu’on chante sans vraiment connaître les paroles. Et puis je me rappelle du fossé, du sang, de la peur au fond de ses pupilles et l’extinction des miennes. Je me rappelle de ça et c’est le pire, les souvenirs me prennent à la gorge et je peux qu’abréger le récit pour ne pas m’effondrer dans la cage de fer. - Ouais.. Entière, avec des morceaux de souvenirs qui ce sont envolés. Avec un bout de ma mémoire en moins. Les portes s’ouvrent, le regard pensif s’efface pour me diriger dans le parking jusqu’à ta voiture dans laquelle je grimpe rapidement. J’appréhende, j’ai le cœur serré et le ventre noué tout le long du chemin et tout s’allège quand on arrive enfin chez toi. J’entre à l’intérieur, découvrant l’endroit qui ressemble à quelques choses près à ton bureau. C’est la même solitude qui plane dedans, la même odeur de glace qui caresse mes narines. Je tourne autour de moi, dévisageant les lieux un instant avant de me retourner vers toi quand ta voix m’interpelle. - T’as quoi à me proposer ? Que je demande en faisant quelques pas en avant jusqu’au canapé sur lequel tu déposes mes affaires. Je laisse glisser mes doigts le long du cuir, relevant mes yeux jusqu’aux tiens. - Je dois dormir ici aussi c’est ça ?

Ouais je sais ça refroidit clairement l'ambiance mais comme d'hab' j'suis franc et sérieux pour le coup dans ce en quoi j'me suis engagé. Alors je préfère couper court avant que ça dérape, par principe. Elle se pince les lèvres et recule d'un simple - D’accord., un regard vers elle et je repose mes yeux sur cette porte froide d'ascenseur qui s'ouvre après qu'elle m'est expliqué sa mésaventure. Moi tant qu'elle est entière, elle fait ce qu'elle veut de sa vie, j'suis malheureusement personne pour lui interdire ou la juger. Seulement son patron en fait et tant qu'on est pas au boulot, j'ai rien à lui reprocher, bien que ça m'fasse chier qu'ils est été aussi idiots. Un simple - Ouais.. en guise de réponse et on est dans la voiture direction chez moi. Une fois passé la large porte d'entrée, son sac sur le canapé, j'avance vers l'ilot centrale de ma cuisine ouverte pour lui demander si elle veut boire. Elle est là, à découvrir les lieux avant de me répondre - T’as quoi à me proposer ?, une légère moue et je réponds "De l'eau, des jus de fruits, des boissons énergisantes et beaucoup d'alcools." ouais, j'ai presque tout là dessous autant qu'elle m'dise ce qui l'intéresse le plus. Mon portable vibre, le boulot, je raccroche aussi sec pour leur faire comprendre que je suis occupé et me serre un bourbon bien sec alors qu'elle se pose sur mon canapé pour me demander - Je dois dormir ici aussi c’est ça ?, buvant une gorgée, je réponds en montrant l'escalier en verre qui menait sur le palier ouvert "Non là haut, j'ai une deuxième chambre." qui sert genre... Jamais? Ou ultra rarement si on prend en compte le passage de Willa quelques semaines. Mais mon canapé il est pas fait pour dormir dessus crois moi j'ai déjà test.

Je déteste l’atmosphère nouvelle que tu fais régner entre nous, ce genre d’atmosphère blindé de frustration, de froideur pour ne pas laisser la chaleur nous consumer encore une fois. À nouveau, parce que je suis certaine que tu y repenses, que quand tu me regardes t’as envie de recommencer encore et encore mais tu te résignes juste à moins me regarder. Pour garder la face, le contrôle aussi sûrement quelque part. Je m’installe sur le canapé, celui que je pensais mien pour cette nuit jusqu’à ce que tu me donnes la réponse fatidique. - J’aimerais la même chose que toi s’teuplait.. Je souffle en levant légèrement la tête vers toi, juste derrière moi qui fait couler l’éthanol dans le cristal. - J’ai pas bu une goutte d’alcool pendant mon séjour à l’hôpital, j’ai besoin d’un bon verre. Clairement besoin. J’attends que mon verre se remplisse avant de l’attraper quand tu me le tends, buvant une gorgée dans la foulée, l’acidité et la chaleur de l’alcool me cisaille la gorge mais ça me fait tellement du bien. - C’était pas vraiment la question.. J’Voulais savoir si tu me laisserais dormir avec toi ce soir, pas dans une chambre à côté. Je froisse la bouche, mes ongles claquant contre le verre dans une mélodie aiguë.