(DINA) let's kill tonight

J'appelle 911, je gueule pour réclamer une ambulance. Dans le feu de l'action, j'ai l'air sûr de moi, j'ai l'air d'avoir la situation sous contrôle, d'avoir pris les choses en main comme il fallait. En réalité, je panique. J'ai envie de chialer et d'hurler à la fois, mon corps tremble, je me les pèle dehors sans ma veste qui est maintenant sur toi pour éviter que tu me fasses une crise d'hypothermie. J'sais pas ce que je fous Dina, mais m'abandonne pas dans mon désarroi, faut que tu gardes les yeux ouverts, au moins jusqu'à l'arrivée des secours. Après tu pourras dormir si tu veux, à condition que tu te réveilles le lendemain matin. Mais là, on ne s'assoupit pas. Tu me répètes de m'en aller et j'ai envie de te foutre des claques. "Non, j'vais pas me barrer, tu me prends pour qui putain?!" La colère qui l'emporte, manifestation de la peur et de l'agacement, de l'impatience de l'arrivée des urgences. Je serre ta main, je la serre fort dans la mienne malgré la douleur qui me brûle le poignet. Et j'ai l'impression de la serrer pendant des heures, cette main qui devient froide entre ma paume, avant que des sirènes ne se fassent entendre. Je bouge pas, je vais pas m'afférer à faire de grands signes, c'est impossible de nous manquer, impossible de manquer ma Tesla retournée, écrasée et qui fume encore sous l'accident. Et c'est comme si je lâchais prise, quand ils me poussaient de force et t'embarquaient dans leur camion. Deux gars me font avancer à la suite, me soulevant par les bras, et moi, c'est comme si mon cerveau était déconnecté. Plus un bruit, les mouvements qui défilent devant mes yeux au ralenti comme dans un mauvais film catastrophe. Sauf qu'on n'est pas dans un film. Et que c'est une réelle catastrophe. Me lâche pas, Dina.