(CARTER) hospital for souls

C’est pas dans tes gènes certes, mais à un moment ou à un autre tu vas devoir prendre du temps pour toi. Pour gérer tout ça. Tous les malheurs et les traumatismes qui t’arrivent, qui te frappent en plein visage. Pour digérer, analyser, consoler, avancer. Guérir. Parce que oui, Carter. Tu guérirais. Ça prendra du temps, de l’effort, de l’énergie que t’auras pas forcément tout le temps, mais t’y arriveras. Parce qu’on y arrive tous, si on se donne les moyens. Alors oui Carter, faudra sortir un peu de ta zone de confort si tu veux t’en sortir. Mais j’étais pas sûr d’être le mieux placé pour te dire ce genre de choses, alors je me contentais de garder la bouche fermée. Et je t’écoutais parler de toi, comme un livre totalement ouvert, peut-être même un peu trop. Ça m’inquiétait encore plus en fait Carter, de te voir te livrer comme ça sur ce genre d’expériences affreuses que t’avais pu traverser, comme si tu ne ressentais rien. Comme si t’avais fait ton deuil de ces malheurs. Alors oui, on arrivait à passer à autre chose avec le temps, à passer au-dessus, mais… Là t’avais juste l’air dénuée d’émotions et ça me donnait la chair de poule. « Tout le monde mérite le bonheur Carter. » Sauf les assassins, les violeurs, ce genre de cas exceptionnels quoi. Mais sinon, j’étais persuadé que la poursuite du bonheur était notre objectif premier en tant qu’être humain sur la Terre. J’allais reprendre la parole quand une voix étrangère résonnait à mes oreilles de façon un peu trop stridente. « Qu’est-ce que vous faites là? Les heures de visite sont terminées. » Ah merde, j’en avais carrément oublié que j’avais pas le droit d’être là. Je soupirais quelque peu. « Promets-moi que tu vas essayer d’aller mieux, Carter. » Promets-le moi. Et j’veux pas de fausses promesses, de promesses pour me faire plaisir, j’y tenais à ce genre de chose. « Je vais appeler la sécurité. » Je roule des yeux et me lève de ma chaise, avançant à reculons vers la porte alors que l’infirmière m’attrape le bras. A vrai dire, elle essaye d’être ferme, mais j’la sens à peine. « Promets-le moi Carter. » J’partirais pas sans réponse. Elle pouvait appeler les gros bras cette vieille, j’m’en irais pas tant que je savais pas que t’allais au moins essayer.

Elle débitait tout ça comme ci elle avait appris ces phrases par cœur dans le but de se présenter, comme ci c’était des phrases comme ça, comme ci c’était banal dans le fond. Pour elle ouais, puisque c’était sa vie depuis des années maintenant, mais ce n’était pas forcément le cas pour tout le monde, elle le savait parfaitement. Elle ne savait pas réellement pourquoi elle passait en faisant un truc pareil, elle se fichait de tout maintenant ou c’était ce qu’elle voulait montrer. Elle n’en savait rien, mais elle était comme ça. Ses épaules se haussèrent simplement face à sa réponse, elle avait presque envie de lâchée un petit rire montrant clairement qu’elle ne croyait plus à ces trucs, à ses yeux c’était juste des phrases toute faites pour faire rêver les gens, pour faire rêver les personnes qui étaient assez forte pour se battre et croire à ce genre de truc. Avec le temps, elle était devenue fataliste, c’était presque triste à dire – c’est bien pour ça qu’elle gardait ses mots là pour elle, qu’elle gardait tout ça pour ne pas avoir à s’expliquer ou faire face encore une fois à des phrases toutes faites. La blonde sursauta en entendant la voix d’une infirmière qui venait d’arriver dans sa chambre et pour entendre par la suite la demande d’Elliot. Il était sérieux ? Il voulait réellement qu’elle lui promette ce genre de chose ? Elle n’en serait pas capable, elle n’avait plus la force d’essayer. Ne plus se faire de mal elle pouvait, mais elle sera toujours triste, elle serait toujours la même quoi qu’il arrive et là, il lui demandait de changer. Elle ne prenait pas la parole, ses yeux étaient juste posés sur lui avant que l’infirmière reprenne la parole. Lui aussi d’ailleurs, elle leva les yeux au ciel avant de lui répondre. « D’accord, je te promets d’essayer d’aller mieux ! » Et Carter était du genre à tenir ses promesses. Puis elle avait promis d’essayer, pas d’aller mieux, ça faisait une grande différence à ses yeux, mais elle ne préférait rien dire. Il serait capable de la faire promettre autre chose. La blonde le laissait partir avant d’enfoncer sa tête dans son oreiller pour crier un bon coup, quel bordel putain.

Fin du rp.